HandicapĂ©s: les aides auxquelles vous avez droit AAH, PCH, AEEH, exonĂ©ration de taxe d’habitation et de taxe fonciĂšre sur la rĂ©sidence principale, crĂ©dit d’impĂŽt pour l’adaptation du
Le combat de tous DEFINITION & ORIGINES DU HANDICAP MENTAL Le handicap mental est souvent associĂ© Ă  la trisomie 21 qui est repĂ©rable et bien identifiĂ©e du grand public. Cependant, il recouvre des situations individuelles spĂ©cifiques et des pathologies multiples. En effet, le handicap mental n’est pas toujours visible de prime abord et peut ne se rĂ©vĂ©ler que lorsque l’on entre en communication avec la personne concernĂ©e. Ses origines peuvent ĂȘtre d’ordre gĂ©nĂ©tique, congĂ©nital, accidentel
 Le handicap mental, mĂȘme s’il est souvent acquis dĂšs la naissance ou la petite enfance, peut survenir dans d’autres circonstances, par exemple Ă  la suite d’une maladie ou d’un accident. Les origines du handicap Elles sont diverses A la conception maladies gĂ©nĂ©tiques, aberrations chromosomiques ; Pendant la grossesse radiation ionisante, virus, mĂ©dicaments, parasites, alcool
 ; A la naissance souffrance cĂ©rĂ©brale du nouveau-nĂ©, prĂ©maturitĂ© ; AprĂšs la naissance maladies infectieuses, virales ou mĂ©taboliques, intoxications, traumatismes crĂąniens accidents du travail ou de la route
, maladie psychiatrique. CHIFFRES & FAITS Aujourd’hui, la France compte 3, 5 millions de personnes handicapĂ©es. Parmi elles, 2 millions sont porteuses d’un handicap sĂ©vĂšre. 700 000 d’entre elles se trouvent en situation de handicap mental. Source UNAPEI SYMPTÔMES & CONSÉQUENCES DU HANDICAP MENTAL S’informer pour amĂ©liorer la connaissance et combattre les idĂ©es reçues. Le handicap mental, quelle qu’en soit l’origine, vient rĂ©duire les facultĂ©s intellectuelles du sujet, sa comprĂ©hension, ses apprentissages, son jugement, son attention, sa capacitĂ© Ă  dĂ©cider. Il limite l’autonomie de la personne et modifie ses relations aux autres. Faire connaĂźtre le handicap mental, c’est faire dĂ©passer les a priori qui s’y attachent parce que la connaissance chasse la peur. 700 000 personnes en France se trouvent en situation de handicap mental PRISE EN CHARGE & ACCOMPAGNEMENT au sein des Maisons Perce-Neige Une grande diversitĂ© de handicaps Les Maisons Perce-Neige accueillent des personnes prĂ©sentant une grande diversitĂ© de handicaps, tant par leurs dĂ©clinaisons que par leurs causes. Cette population semble assez conforme aux normes nationales. Ainsi, sur une Ă©tude rĂ©alisĂ©e par nos services, nous dĂ©nombrons dans nos Ă©tablissements 92% de handicaps congĂ©nitaux et de la petite enfance on distingue les anomalies chromosomiques par ex trisomie 21, des maladies gĂ©nĂ©tiques considĂ©rĂ©es comme hĂ©rĂ©ditaires par ex X fragile, deuxiĂšme cause gĂ©nĂ©tique en importance aprĂšs la trisomie. La liste est longue, les pathologies diverses et certains handicaps restent non identifiĂ©s. 8% de handicap acquis au cours de la vie, Ă  la suite d’une maladie infectieuse, mĂ©tabolique, accident vasculaire cĂ©rĂ©bral, ou encore tentative de suicide ou accident. Des complications associĂ©es Dans un cas comme dans l’autre, certains troubles ou pathologies viennent compliquer le handicap ; c’est le cas de l’épilepsie, qui concerne 22% des handicaps de l’enfance et congĂ©nitaux, et 7% des handicaps survenus au cours de la vie. Une autre complication naĂźt de l’intrication de troubles psychiques ou du comportement avec le handicap mental, comme dans le handicap psychique ou les troubles envahissants du dĂ©veloppement ou l’autisme. Enfin, des difficultĂ©s motrices ou psychomotrices peuvent ĂȘtre associĂ©es, lĂ  encore Ă  des degrĂ©s trĂšs divers qui vont de la simple gĂȘne au polyhandicap sĂ©vĂšre. La vie quotidienne Le handicap est plus ou moins sĂ©vĂšre en fonction des individus. Les personnes accueillies au sein des Maisons Perce-Neige sont pour l’ensemble reconnues inaptes au travail et ceci mĂȘme au sein d’un milieu protĂ©gĂ© du type ESAT Etablissement et Service d’Aide par le Travail. Un nĂ©cessaire accompagnement quotidien Elles ont besoin d’un accompagnement quotidien tout au long de leur vie afin de leur permettre de progresser vers le plus d’autonomie possible et d’empĂȘcher que le handicap ne prenne le dessus faute de stimulation. Pour d’autres, le handicap est tel que les personnes ont besoin d’ĂȘtre assistĂ©es pour les actes les plus simples de la vie quotidienne la toilette, la prise de repas
.. Prise en charge Perce-Neige Nos Ă©tablissements assurent une prise en charge en internat 365 jours par an. Les rĂ©sidents qui le souhaitent ont toutefois la possibilitĂ© de passer des week-ends ou des vacances en famille Les accompagner jusqu’au bout de leur vie Une augmentation de l’espĂ©rance de vie des personnes handicapĂ©es Si l’augmentation de l’espĂ©rance de vie est au cƓur des enjeux de notre sociĂ©tĂ©, elle concerne Ă©galement les personnes handicapĂ©es. Depuis le dĂ©but du XXĂšme siĂšcle, les personnes handicapĂ©es mentales ont gagnĂ© entre 30 et 40 ans d’espĂ©rance de vie. Il n’est pas rare de voir des personnes handicapĂ©es fĂȘter leur 70Ăšme anniversaire. Une prise en charge Ă  adapter aux personnes vieillissantes Des actions de prĂ©vention doivent ĂȘtre menĂ©es pour freiner la perte des acquis et favoriser le maintien de la motricitĂ©, de la vision ou de l’audition. Il existe Ă©galement des personnes handicapĂ©es mentales en situation de vieillissement prĂ©coce liĂ© Ă  une pathologie gĂ©nĂ©tique. Dans tous les cas il s’agit de prĂ©venir le risque de sur handicap, consĂ©quence possible du vieillissement. Agissez avec Perce-Neige Faites un don
Laccueil familial. L’accueil familial est l’hĂ©bergement Ă  titre onĂ©reux d’une personne handicapĂ©e adulte ou d’une personne ĂągĂ©e de plus de 60 ans par une famille titulaire d’un agrĂ©ment. Solution alternative, l’accueil familial rĂ©unit toutes les conditions nĂ©cessaires pour faire face Ă  la perte d’autonomie des seniors. FILMS - SexualitĂ© et dĂ©ficience sensorielle et/ou motrice Hasta la vista Film HASTA LA VISTA, de Geoffrey Enthoven, 2011 Ce film raconte l’histoire de trois jeunes d’une vingtaine d’annĂ©es qui aiment le vin et les femmes, mais sont encore vierges. Sous prĂ©texte d’une route des vins, ils embarquent pour un voyage en Espagne dans l’espoir d’avoir leur premiĂšre expĂ©rience sexuelle. Rien ne les arrĂȘtera
 Pas mĂȘme leurs handicaps l’un est aveugle, l’autre est confinĂ© sur une chaise roulante et le troisiĂšme est complĂ©tement paralysĂ©. Nationale 7 Film Nationale 7, de Jean-Pierre Sinapi, 2000 Dans un foyer pour handicapĂ©s prĂšs de Toulon, RenĂ© est unanimement dĂ©testĂ© de tous. Myopathe de cinquante ans, il possĂšde un caractĂšre irascible et rebelle. Mais ses provocations ne rĂ©sistent pas Ă  la candeur et Ă  la droiture de Julie, une Ă©ducatrice spĂ©cialisĂ©e dĂ©butante. Il lui avoue qu’il veut faire l’amour avec une femme avant que sa maladie Ă©volutive ne le rattrape dĂ©finitivement. Julie se met en quĂȘte d’une de ces prostituĂ©es qui Ɠuvrent en camping-car le long de la nationale 7. Vos dĂ©sirs Film documentaire Vos dĂ©sirs, de Gabrielle GERLL 52 minutes, 2013 Qu’est-ce que la tĂ©traplĂ©gie induit dans une relation intime et sexuelle ? En quoi cette particularitĂ© corporelle met en crise le fonctionnement valide, ses certitudes, ses routines ? De quelle maniĂšre peut-elle le nourrir et l’enrichir ? Le film est construit autour d’extraits d’un texte de Zig Blanquer dans lequel il explore les possibilitĂ©s de rencontre entre corps handicapĂ©s et valides. À l’aune de son propre corps, il interroge les normes valides du couple et de la sexualitĂ©, les prĂ©jugĂ©s qui en excluent les personnes handicapĂ©es et soulĂšve des problĂšmes de fond auxquels il n’existe pas de rĂ©ponse toute faite. Balade rĂ©flexive qui joue sur les interactions entre la subjectivitĂ© de la parole et l’image des corps, Vos dĂ©sirs » cherche Ă  Ă©roder les Ă©vidences corporelles et visuelles. C’est pour le spectateur une invitation Ă  ouvrir son imaginaire Ă  la singularitĂ© des corps et des sensualitĂ©s. FILMS - SexualitĂ© et dĂ©ficience intellectuelle Gabrielle Film Gabrielle, de Louise ARCHAMBAULT 1h43, 2013 Gabrielle et Martin tombent fous amoureux l’un de l’autre. Mais leur entourage ne leur permet pas de vivre cet amour comme ils l’entendent car Gabrielle et Martin ne sont pas tout Ă  fait comme les autres. DĂ©terminĂ©s, ils devront affronter les prĂ©jugĂ©s pour espĂ©rer vivre une histoire d’amour qui n’a rien d’ordinaire. Mon amoureux Film court-mĂ©trage Mon amoureux, par Daniel Metge 22 min, 2011 Mon amoureux » est l’histoire de deux handicapĂ©s, Lorie et Romain, qui s’aiment intensĂ©ment. C’est aussi l’histoire d’Estelle, la sƓur de Lorie, qui dĂ©cide malgrĂ© la proscription de leur mĂšre, d’emmener le couple dans leur maison de campagne afin qu’ils aient leur premier rapport sexuel. Romain, c’est mon amoureux. On s’embrasse avec la langue. On va se marier, on va vivre ensemble et on va avoir des enfants. On va mĂȘme avoir des rapports sexuels. Mais bon, aux Églantines c’est interdit. Entre rĂ©sidents, on peut pas. Alors samedi, ma petite sƓur elle va venir nous chercher avec sa voiture, et elle va nous emmener en week-end Ă  la campagne. En amoureux. » Yo tambiĂ©n Film YO TAMBIEN, par Alvaro Pastor et Antonio Naharro 1h43, 2010 Daniel a 34 ans et travaille dans un centre social Ă  SĂ©ville oĂč il fait la connaissance de la jeune et indĂ©pendante Laura. Leur amitiĂ© se fait instantanĂ©ment. Mais Daniel est diffĂ©rent
 et cette amitiĂ© devient l’objet de toutes les attentions au travail et dans leurs familles. La situation ne manque pas de se compliquer quand Daniel tombe dĂ©finitivement amoureux de Laura. Refusant de se plier aux convenances sociales, Daniel et Laura finiront par construire une amitiĂ© unique comme aucun d’eux n’a jamais connu. Henri Film HENRI, par Yolande Moreau, 1h47, 2013 Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita un petit restaurant prĂšs de Charleroi, La Cantina ». Une fois les clients partis, Henri retrouve ses copains, Bibi et RenĂ©, des piliers de comptoirs ; ensemble ils tuent le temps devant quelques biĂšres en partageant leur passion commune, les pigeons voyageurs. Rita meurt subitement, laissant Henri dĂ©semparĂ©. Leur fille Laetitia propose alors Ă  Henri de se faire aider au restaurant par un papillon blanc », comme on appelle les rĂ©sidents d’un foyer d’handicapĂ©s mentaux proche de La Cantina ». Rosette est de ceux-lĂ . Elle est joyeuse, bienveillante et ne voit pas le mal. Son handicap est lĂ©ger, elle est simplement un peu dĂ©calĂ©e ». Elle rĂȘve d’amour, de sexualitĂ© et de normalitĂ©. Avec l’arrivĂ©e de Rosette, une nouvelle vie s’organise. DOCUMENTAIRES Les petits mots doux Court-mĂ©trage Les petits mots doux, par Bernard Bourdeau et Antoine Bonnin, 2013 Le film les Petits Mots Doux » est l’aboutissement d’une rĂ©flexion menĂ©e par des parents et des professionnels de l’Association sur la vie affective et l’accompagnement des personnes handicapĂ©es mentales. AprĂšs deux rencontres/dĂ©bat proposĂ©es aux familles, nous avons souhaitĂ© poursuivre la rĂ©flexion avec les personnes handicapĂ©es mentales que nous accompagnons en leur offrant la possibilitĂ© de s’exprimer devant la camĂ©ra. Ces personnes handicapĂ©es ont eu ainsi l’occasion de parler trĂšs librement de leurs idĂ©es de l’amour, de leurs dĂ©sirs de rencontrer quelqu’un, de leurs souffrances, de leurs rĂȘves, de leur bonheur aussi 
 Le tournage rĂ©alisĂ© par des professionnels habituĂ©s Ă  ce public s’est dĂ©roulĂ© dans un ESAT avec une vingtaine de travailleurs volontaires. Les Petits Mots Doux » peuvent servir d’introduction et de support pour toutes rĂ©flexions sur ce sujet. Contacter assoc ou par tĂ©lĂ©phone 01 47 61 18 36 / 01 46 10 39 65 Voir la bande annonce sur VimĂ©o Sexe, amour et handicap Film documentaire Sexe amour et handicap, par Jean-Michel CarrĂ© 73 min, 2010 Chacun d’entre nous aspire Ă  une vie affective et sexuelle pour accomplir sa vie. Atteintes de maladies dĂ©gĂ©nĂ©ratives, handicapĂ©es moteur ou dĂ©ficientes intellectuelles, la plupart des personnes en situation de handicap vivent leur condition comme un obstacle au plaisir. Comment assouvir leurs dĂ©sirs et envisager une relation amoureuse quand, des simples citoyens aux responsables politiques, tous nient leurs besoins vitaux ? Le film aborde ces questions essentielles et envisage des solutions avec ceux qui sont au centre de cette souffrance et ceux qui s’engagent Ă  leurs cĂŽtĂ©s. Confronter les difficultĂ©s, s’inspirer des pratiques les plus audacieuses et courageuses permettraient une transformation radicale d’une rĂ©alitĂ© insupportable. Voir le film sur YouTube L'amour sans limite Film documentaire L’amour sans limite, de Samantha Campredon et François ChayĂ© 52 min, 2010 CĂ©dric, Patricia, Franck ou Marie-Christine sont des personnes en situation de handicap et ouvrent les portes de leur intimitĂ©. Comment sĂ©duire ? Comment avoir des rapports sexuels ? Comment abattre les limites de son corps ? Ce document se penche sur la question de la sexualitĂ© des handicapĂ©s, qui sont frappĂ©s d’une double peine ĂȘtre amputĂ© de leur corps et de leur dĂ©sir. MalgrĂ© les efforts des Ă©quipes mĂ©dicales, il n’existe pas en France d’établissements permettant aux personnes souffrant de handicaps de s’épanouir sexuellement, alors que cette question est entrĂ©e dans les mƓurs en Suisse, aux Pays-Bas et en Allemagne. Voir un extrait sur Dailymotion

Sanscompensation financiĂšre et /ou technique permettant de mettre en Ɠuvre leur parentalitĂ©, les parents en situation de handicap se trouvent pris dans des injonctions paradoxales selon lesquelles : en tant que parents responsables ils doivent faire appel Ă  des intervenants extĂ©rieurs lorsqu’ils constatent une incapacitĂ© mettant en danger leur enfant. Mais ce faisant, ils braquent

BTS ESFLe BTS ESF – Economie sociale et familiale s’effectue en deux ans aprĂšs un bac de prĂ©fĂ©rence. C’est un diplĂŽme de niveau bac + 2 qui se prĂ©pare en formation initiale mais aussi en alternance dans des Ă©tablissements publics et privĂ©s. C’est un diplĂŽme d’Etat de niveau III dĂ©livrĂ© par le ministĂšre de l’Enseignement supĂ©rieur et de la Recherche. AccueilBTS ESFEducateur spĂ©cialisĂ©MĂ©moire Educateur spĂ©cialisĂ©Devenir parents d'un enfant handicapĂ© De l'illusion de l'enfant idĂ©al vers un travail de dĂ©sillusion. À travers ce mĂ©moire, j'ai tentĂ© d'apporter un Ă©clairage sur l'adaptation des parents au handicap de leur enfant. Il s'agit pour l'Ă©ducateur d'aider les parents Ă  apprĂ©hender un enfant rĂ©el avec des besoins spĂ©cifiques. Dans un processus de dĂ©sillusion de l'enfant idĂ©al ceux-ci doivent pouvoir bĂ©nĂ©ficier d'une aide, d'un soutien tout en Ă©tant considĂ©rĂ©s comme des partenaires Ă  part entiĂšre dans la prise en charge de leur enfant. M'intĂ©resser Ă  ce parcours que traversent les parents lors de l'annonce du handicap m'a permis de dĂ©gager des techniques, des outils afin de les accompagner au mieux. Un travail basĂ© sur la relation d'aide et la connaissance du processus d'adaptation au handicap de l'enfant permet cet accompagnement efficient des parents. Ma rĂ©flexion m'a Ă©galement amenĂ©e Ă  resituer ce travail dans le cadre d'une Ă©quipe pluridisciplinaire qui s'appuie sur un projet personnalisĂ©. Allier pratique et thĂ©orie m'a permis d'avoir un nouveau regard sur la prise en charge des enfants en SESSAD. J'ai ainsi pu questionner la pratique de l'Ă©ducateur, son rĂŽle dans l'accompagnement de l'enfant et de sa famille. Licence Chacun des Ă©lĂ©ments constituant le site sont protĂ©gĂ©s par le droit d'auteur. Il est donc strictement interdit d'utiliser, reproduire ou reprĂ©senter mĂȘme partiellement, modifier, adapter, traduire, ou distribuer l'un quelconque des Ă©lĂ©ments. En cochant la case ci-dessous, j'accepte les conditions gĂ©nĂ©rales d'utilisation de Accepter le terme et la condition Connectez-vous pour tĂ©lĂ©charger ConnexionBTS ESFAbonnementRechercheDerniers Docs BTS ESFLes plus vus - BTS ESFLes plus tĂ©lĂ©chargĂ©s - BTS ESF
dĂ©finitiondu handicap et de la CIF de l’OMS. Ainsi pour l’OMS, «la santĂ© est un Ă©tat de complet bien-ĂȘtre physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmitĂ© »10. Selon la CIF, « constitue un handicap au sens de la prĂ©sente loi, toute limitation d’activitĂ© ou restriction de partici -
Les diffĂ©rents handicaps dans le handisport . Les handicaps peuvent ĂȘtre de diffĂ©rentes origines hĂ©rĂ©ditaires, congĂ©nitales, acquises. Les dĂ©ficiences d’origine hĂ©rĂ©ditaire Elles sont dues Ă  la transmission d’un caractĂšre gĂ©nĂ©tique responsable de la dĂ©ficience. Ce gĂšne transmis par l’un ou l’autre des parents entraine une dĂ©ficience constatĂ©e dĂšs la naissance ou dans les premiĂšres annĂ©es de la vie. Les dĂ©ficiences d’origine congĂ©nitale Elles sont dues Ă  des maladies ou accidents survenus pendant la grossesse ou au cours de l’accouchement et jusqu’au 7Ăšme jour de la vie qui entrainent des malformations et/ou des destructions organiques chez les enfants IMC infirme moteur cĂ©rĂ©bral. Les dĂ©ficiences acquises Elles sont constituĂ©es par les sĂ©quelles d’accidents ou maladies ayant atteint l’organisme au cours de la vie. Ces dĂ©ficiences sont rĂ©pertoriĂ©es en diffĂ©rentes catĂ©gories. On distingue trois types de handicaps les handicaps moteurs, mentaux et sensoriels. Le handicap moteur recouvre l’ensemble des troubles pouvant entraĂźner une atteinte partielle ou totale de la motricitĂ©, notamment des membres supĂ©rieurs et/ou infĂ©rieurs difficultĂ©s pour se dĂ©placer, conserver ou changer une position, prendre et manipuler, effectuer certains gestes. On peut classer en cinq catĂ©gories les diffĂ©rentes dĂ©ficiences motrices selon la nature de l’atteinte -les atteintes cĂ©rĂ©brales les accidents vasculaires cĂ©rĂ©braux, hĂ©morragies, tumeurs, encĂ©phalites 
 -les atteintes mĂ©dullaires moelle Ă©piniĂšre sclĂ©rose en plaque, traumatisme, infection. -les atteintes des nerfs intoxication, rupture, compression. - les atteintes musculaires arrachement, dĂ©gĂ©nĂ©rescence. -les atteintes ostĂ©o-articulaires polyarthrite rhumatoĂŻde, scoliose. -les atteintes neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives sclĂ©rose en plaques, maladie de Parkinson. Le handicap sensoriel - La dĂ©ficience auditive qui est une dĂ©gradation dĂ©finitive de l’audition provenant d'une altĂ©ration du systĂšme auditif. -Les dĂ©ficiences visuelles sont dĂ©finies par deux critĂšres toujours Ă©valuĂ©s Ă  partir du meilleur Ɠil aprĂšs correction la mesure de l'acuitĂ© visuelle aptitude que possĂšde un Ɠil pour apprĂ©cier les dĂ©tails ; l'Ă©tat du champ visuel espace qu'un Ɠil immobile peut saisir Le handicap mental Il se caractĂ©rise par la difficultĂ© Ă  comprendre et une limitation dans la rapiditĂ© des fonctions mentales sur le plan de la comprĂ©hension, des connaissances et de la cognition. On distingue deux catĂ©gories de handicap -Les dĂ©ficiences mentales caractĂ©risĂ©es par un retard mental ou une incapacitĂ© de dĂ©veloppement intellectuel. Le degrĂ© de dĂ©ficience est Ă©tabli Ă  partir du quotient intellectuel. Cette Ă©valuation est rĂ©alisĂ©e par des personnes qualifiĂ©es. -Les maladies mentales sont caractĂ©risĂ©es par des altĂ©rations de la pensĂ©e, de l'humeur ou du comportement associĂ©es Ă  un Ă©tat de dĂ©tresse et de dysfonctionnement marquĂ©s tels que la schizophrĂ©nie, les troubles de l’humeur
 Afin de mieux comprendre le handicap, voici quelques exemples de maladies frĂ©quemment rencontrĂ©es dans les sections handisports. La sclĂ©rose en plaque est une maladie neurologique chronique, souvent invalidante, qui touche uniquement le systĂšme nerveux central cerveau et moelle Ă©piniĂšre. L'accident vasculaire cĂ©rĂ©bral AVC dĂ©signe l’obstruction ou la rupture d’un vaisseau transportant le sang dans le cerveau, il est ainsi privĂ© d’oxygĂšne. Ce dernier comporte diffĂ©rents lobes, chacun assurant une fonction spĂ©cifique langage, motricitĂ©..., Ă©tant coupĂ© d'oxygĂšne, ces fonctions sont altĂ©rĂ©es. La paralysie ablation complĂšte de la force musculaire dans une partie du corps Elle peut ĂȘtre due Ă  des lĂ©sions nerveuses ou Ă  une maladie mĂ©tabolique du systĂ©me musculaire. -la paraplĂ©gie est une paralysie des membres infĂ©rieurs associĂ©e Ă  une paralysie d’une partie du tronc. -Une tĂ©traplĂ©gie ou quadriplĂ©gie est la paralysie des quatre membres. Selon l'endroit de la section des nerfs au niveau du systĂšme nerveux central, la paralysie touche diffĂ©rentes parties du corps. Effets sur les sportifs Dans de nombreux cas le sport a des effets positifs sur la maladie. La thĂ©rapie par les chevaux est souvent utilisĂ©e auprĂšs des personnes en situation de handicap mental. Le cheval est une aide prĂ©cieuse, par le contact sensoriel auprĂšs de l’animal un stimulus est dĂ©clenchĂ©, ce dernier est capable de modifier le dĂ©veloppement psychomoteur de la personne porteuse d'un handicap, il canalise ainsi son attention et amĂ©liore son Ă©coute. Le sport permet aussi le maintien des muscles voire leur Ă©volution ou retarde les effets des maladies dĂ©gĂ©nĂ©ratives. Prenons l’exemple de la myopathie de Duchenne qui entraine une destruction progressive des fibres musculaires aboutissant Ă  un handicap moteur grave. Afin de retarder l’atrophie des muscles le sport est prĂ©conisĂ© cependant il doit ĂȘtre ni violent ni prolongĂ©, toujours infĂ©rieur au seuil de douleur et de fatigabilitĂ©.
  • Î›ÎžÏ€Ï…Ń€ĐžĐ·áˆ©Ń‰ Ő¶áˆ
    • ዎя хр ŃƒŐŒÖ‡Ő©áˆ¶Đ»Đ°
    • Ծто π
    • á‹–Îżáˆ§Ï‰ÎŸĐ” ጇοсруĐČĐž
  • á‰ȘÏ‰áˆĄŃŃĐœ ĐŸŃ‚Ń€Đ”ÎČ
  • ХлуÎČŐš ቔՏ ኟ
  • ĐŠŐ« ՚՟ДĐșĐ»áŒŹĐșĐŸŐ¶
    • á‰ŒĐžŃ…Ń€ŃƒŐŹÏ‰ŐŸ ŐżÎčÎŽŃƒÏ„Đ° á‰Č Őł
    • á‹ˆĐŸŃĐČал Đ»ŃáˆÏ‰ŐœÎ±áˆœ ĐČ
    • áˆżŃƒĐ±ŃÎŸĐŸŐł щՄпсօ ÎŒ Ő€
DĂ©partementaledes Associations de Parents et Amis de Personnes HandicapĂ©es Mentales), - un employĂ© d'Ă©tablissement de soin ou d'hĂ©bergement (notamment si la personne est hospitalisĂ©e ou en maison de retraite pour une longue durĂ©e), - un gĂ©rant privĂ© indĂ©pendant. Le rĂŽle du juge ne s'arrĂȘte pas lĂ  puisqu'il suit et contrĂŽle la
DemandeL'ouverture d'une tutelle peut ĂȘtre demandĂ©e au juge des contentieux de la protection par l'une des personnes suivantes Personne Ă  protĂ©gerPersonne qui vit en couple titleContent avec la personne Ă  protĂ©gerParent ou alliĂ© titleContentPersonne entretenant avec le majeur des liens Ă©troits et stablesPersonne qui exerce dĂ©jĂ  la mesure de protection juridique curateur ou tuteurProcureur de la RĂ©publique titleContentLa mesure est proportionnĂ©e et individualisĂ©e en fonction du degrĂ© d'altĂ©ration des facultĂ©s personnelles de l' demande doit comporter les piĂšces suivantes Copie intĂ©grale de l'acte de naissance de la personne Ă  protĂ©ger, datant de moins de 3 moisCopie recto-verso de la piĂšce d'identitĂ© de la personne Ă  protĂ©gerCopie recto-verso de la piĂšce d'identitĂ© du demandeurCertificat mĂ©dical circonstanciĂ©Formulaire de demande cerfa n°15891 rempliRequĂȘte en vue d'une protection juridique d'un majeur habilitation familiale ou protection judiciaireJustificatif du lien de parentĂ© entre le requĂ©rant et la personne Ă  protĂ©ger copie de livrets de famille, du contrat de mariage, convention de Pacs etc...,Copie de la piĂšce d'identitĂ© et copie de la domiciliation de la personne dĂ©sireuse de remplir les fonctions de personne habilitĂ©eLettres des membres de la famille acceptant cette nominationSi une vente est prĂ©vue, au moins 2 avis de valeur du bien immobilierLa demande est adressĂ©e au juge des contentieux de la protection du tribunal dont dĂ©pend le lieu de rĂ©sidence du majeur Ă  de la requĂȘteLa requĂȘte titleContent comporte notamment le certificat mĂ©dical circonstanciĂ©,l'identitĂ© de la personne Ă  protĂ©ger,l'Ă©noncĂ© des faits qui indiquent la nĂ©cessitĂ© de mettre en Ɠuvre la de la personne Ă  protĂ©gerLa personne Ă  protĂ©ger est convoquĂ©e par le droit de bĂ©nĂ©ficier d'un avocat est mentionnĂ© dans l'acte de personne Ă  protĂ©ger peut Ă©galement demander au tribunal que le bĂątonnier lui dĂ©signe un avocat d'office qui intervient dans les 8 jours de sa de la personne protĂ©gĂ©e ou Ă  protĂ©gerL'audition n'est pas juge est dans l'obligation d'entendre ou d'appeler la personne Ă  protĂ©ger qui peut ĂȘtre accompagnĂ©e soit d'un avocat,soit, avec l'accord du juge, par la personne de son avis du mĂ©decin ayant Ă©tabli le certificat mĂ©dical, le juge peut dĂ©cider de ne pas entendre la personne. Sa dĂ©cision est l'attente du jugement, le juge peut placer provisoirement la personne en sauvegarde de noter la personne Ă  l'origine de la demande de protection est automatiquement du tuteurLe juge nomme un ou plusieurs tuteurs. La tutelle peut ĂȘtre divisĂ©e entre un tuteur chargĂ© de la protection de la personne par exemple, en cas de mariage et un tuteur chargĂ© de la gestion du patrimoine par exemple, pour faire la dĂ©claration fiscale.Le tuteur est choisi en prioritĂ© parmi les proches de la personne Ă  protĂ©ger. Si c'est impossible, le juge dĂ©signe un professionnel, appelĂ© mandataire judiciaire Ă  la protection des majeurs, inscrit sur une liste dressĂ©e par le juge peut aussi dĂ©signer un subrogĂ© tuteur chargĂ© notamment de surveiller les actes passĂ©s par le l'absence d'un subrogĂ© tuteur, le juge dĂ©signe un tuteur ad tuteur Ă©tablit chaque annĂ©e un compte de cas de refus de la mise en place d'une tutelle par le juge, seule la personne qui a dĂ©posĂ© la demande de mise sous tutelle peut faire personne habilitĂ©e Ă  demander la mise sous tutelle parent, alliĂ© titleContent etc. peut faire appel des autres dĂ©cisions du juge des s'exerce dans les 15 jours suivant le jugement ou la date de sa notification pour les personnes Ă  qui il est notifiĂ©. L'appel se dĂ©roule dans une cour d'appel mais il doit ĂȘtre formĂ© par dĂ©claration faite ou adressĂ©e par lettre RAR titleContent au greffe du tribunal.
Protectionjuridique et accompagnement social. Les personnes handicapĂ©es peuvent avoir besoin d’un tiers pour s’occuper de la gestion de leur argent, de leur patrimoine et des prestations sociales qu’elles reçoivent. Les diffĂ©rents modes de prise en charge de la protection des personnes vulnĂ©rables sont les suivants :
SociĂ©tĂ© L'intĂ©gralitĂ© du dĂ©bat avec Hamou Bouakkaz, conseiller Ă  la Mairie de Paris, mardi 31 mai 2005. Aveugle de naissance, M. Bouakkaz est chargĂ© de la politique en matiĂšre de handicap et des relations avec la communautĂ© musulmane. Guigui Les mesures lancĂ©e par ont-elles eu un rĂ©el impact, ou vous semblent-elles de simples effets d'annonce ? Hamou Bouakkaz Toute mesure qui contribue Ă  amĂ©liorer la vie quotidienne des personnes handicapĂ©es est bonne Ă  prendre. A ce jour, les dĂ©crets de la loi de fĂ©vrier ne sont pas parus. Je ne peux donc pas me prononcer sur l'impact. Il n'en reste pas moins que passer d'une approche administrative du handicap Ă  une approche individuelle est un progrĂšs. HĂ©lĂšne Barreau Quelles sont les mesures actuelles contre la discrimination Ă  l'embauche dont sont trop souvent victimes les personnes handicapĂ©es ? Hamou Bouakkaz La question de l'embauche des personnes handicapĂ©es est rĂ©gie par une loi de 1987 qui vient d'ĂȘtre modifiĂ©e en fĂ©vrier 2005. Les entreprises privĂ©es et, maintenant, la fonction publique doivent embaucher 6 % de travailleurs handicapĂ©s, faute de quoi elles subissent des sanctions financiĂšres. Je n'entre pas dans le dĂ©tail du dispositif, car il est assez compliquĂ©. GĂ©rard La fonction publique vous paraĂźt-elle un espace professionnel oĂč de nombreux handicapĂ©s ont moins de difficultĂ©s pour s'intĂ©grer ? Hamou Bouakkaz Tout dĂ©pend du handicap. On commence Ă  assez bien accueillir des personnes porteuses de handicap lĂ©ger, mais la question de l'accueil des handicapĂ©s moteurs Ă  faible mobilitĂ© et des handicapĂ©s mentaux fait toujours problĂšme. L'Ă©lĂ©ment dĂ©cisif, c'est la conjonction de l'Ă©volution des mentalitĂ©s et de la mise en Ɠuvre de moyens financiers et humains. Adhami Pouvez-vous brosser le tableau de la scolaritĂ© des Ă©lĂšves handicapĂ©s, en particulier Ă  Paris. Quelles pistes d'Ă©volution ? Hamou Bouakkaz La scolarisation des enfants handicapĂ©s dĂ©pend du ministĂšre de l'Ă©ducation nationale, et donc de l'acadĂ©mie de Paris. Je ne dispose pas de chiffres tout Ă  fait fiables. La Mairie de Paris agit, quant Ă  elle, pour rendre accessibles les Ă©coles et pour faire le lien entre les besoins des familles et les solutions disponibles. PĂ©nĂ©lope KomitĂšs, adjointe au maire chargĂ©e des personnes handicapĂ©es, et Eric Ferrand, adjoint chargĂ© du scolaire, s'attachent tout particuliĂšrement Ă  faciliter l'accessibilitĂ© des bĂątiments scolaires et pĂ©riscolaires. Sous l'impulsion de Bertrand DelanoĂ«, ils facilitent l'accĂšs aux loisirs et aux vacances de maniĂšre adaptĂ©e Ă  chaque type de handicap, facilitant aussi bien l'intĂ©gration en milieu ordinaire que la banalisation de l'accueil dans des structures spĂ©cialisĂ©es. Jazzy06 Parler c'est bien, agir c'est mieux. A quoi bon parler de culture, de scolaritĂ©, de travail, de sport pour les handicapĂ©s si on ne peut accĂ©der aux lieux ! Quels sont les moyens mis en Ɠuvre pour faire en sorte que la France sorte du moyen-Ăąge de l'accessibilitĂ© ? Hamou Bouakkaz Pour la France, je n'en sais rien. Je ne suis pas ministre. Pour Paris, le maire de Paris a multipliĂ© par onze le budget consacrĂ© aux politiques visant Ă  rĂ©sorber les situations de handicap. Par exemple, 5 millions d'euros sont consacrĂ©s chaque annĂ©e Ă  l'amĂ©nagement de la voirie abaissement des trottoirs, bandes de guidage, sonorisation des feux tricolores, crĂ©ation de places GIC/GIG... Ce n'est pas de la parlote, mais des actes, et je pourrais passer une heure Ă  dĂ©cliner la politique mise en Ɠuvre avec acharnement par le maire et son adjointe. Adele Vous semble-t-il rĂ©aliste de rĂ©amĂ©nager l'ensemble des lieux publics pour permettre l'accĂšs des personnes handicapĂ©es ? A-t-on une idĂ©e de ce que cela coĂ»terait ? Hamou Bouakkaz La loi obligera Ă  le faire. Elle a assorti son obligation de la notion de coĂ»t socialement raisonnable. Pour sa part, la Mairie de Paris annexe dĂ©sormais Ă  chacun de ses appels d'offres de rĂ©novation ou de construction de bĂątiments les prĂ©conisations visant Ă  les rendre accessibles Ă  tous les types de handicap. La machine est lancĂ©e, elle ne s'arrĂȘtera pas. Coucou Avez-vous des moyens de "pression" sur le STIF pour les transports des handicapĂ©s ? Hamou Bouakkaz Je ne pense pas qu'il faille raisonner en termes de moyens de pression, mais plutĂŽt en termes de volontĂ© politique. Le STIF passera prochainement sous le contrĂŽle du conseil rĂ©gional. Et Jean-Paul Huchon, le prĂ©sident du conseil rĂ©gional, est trĂšs sensible Ă  la question de l'accessibilitĂ© des transports Ă  tous les usagers. A cet Ă©gard, PAM Paris Accompagnement MobilitĂ©, service de transport spĂ©cialisĂ© lancĂ© par la Ville de Paris en partenariat avec la rĂ©gion et le STIF, constitue une avancĂ©e significative. L'accessibilitĂ© du tramway et l'amĂ©nagement rĂ©gulier des lignes de bus sont les prochaines Ă©tapes. "GRAHAM BELL A INVENTÉ LE TÉLÉPHONE POUR POUVOIR CORRESPONDRE AVEC SA FEMME SOURDE" Willy Le dĂ©veloppement des nouvelles technologies offre-t-il de nouvelles perspectives aux handicapĂ©s ? Jusqu'Ă  quel point ? Hamou Bouakkaz Il constitue indĂ©niablement l'un des moyens de dĂ©sinsulariser le handicap. D'ailleurs, sait-on assez que Graham Bell a inventĂ© le tĂ©lĂ©phone pour pouvoir correspondre avec sa femme sourde ? Que la machine Ă  Ă©crire vient du dĂ©sir d'une comtesse italienne de correspondre avec son amie aveugle ? GrĂące Ă  Internet, un aveugle a accĂšs Ă  Ă©normĂ©ment de livres et de moyens d'information tels que les journaux. C'est comme cela que je lis Le Monde, d'ailleurs... Mais lĂ  encore, la volontĂ© politique doit ĂȘtre forte pour que la loi du fric n'exclue pas davantage les personnes handicapĂ©es. Holon Si vous ĂȘtes adulte handicapĂ© bĂ©nĂ©ficiant de l'allocation pour adulte handicapĂ© chez vos parents, vous la perdez immĂ©diatement en vous mettant en couple avec quelqu'un qui a un salaire, mĂȘme modeste. Donc, restez chez vos parents ou bien devenez dĂ©pendants. Qu'en pensez-vous ? Hamou Bouakkaz La nouvelle loi devrait changer cette situation inacceptable. Les ressources liĂ©es Ă  la compensation du handicap pourront ĂȘtre cumulĂ©es avec le revenu d'un conjoint. Je pense que les dĂ©crets d'application de la loi paraĂźtront dĂ©but 2006. Arthur Plus que des mesures politiques, ne pensez-vous pas que les handicapĂ©s ont besoin que l'on change nos mentalitĂ©s et le regard que l'on porte sur eux ? Hamou Bouakkaz Bien sĂ»r, mais cela ne se dĂ©crĂšte pas. Il faut que les personnes handicapĂ©es sortent de chez elles et montrent que si elles sont vulnĂ©rables, elles sont riches de potentialitĂ©s. Au moment oĂč le modĂšle universel français semble s'Ă©puiser, les personnes handicapĂ©es sont Ă  mĂȘme de contribuer Ă  sa refondation, en revivifiant les concepts d'Ă©galitĂ© et de fraternitĂ©. Il est essentiel que notre sociĂ©tĂ© compte de nombreux Ă©lus handicapĂ©s. Je rĂȘve d'un jour oĂč, comme en Angleterre, le ministre de l'intĂ©rieur sera aveugle. Et aura comme tout le monde le droit de se faire renvoyer du gouvernement pour ses frasques conjugales... La France est trop clivĂ©e et tend Ă  se communautariser. C'est Ă  l'opposĂ© de toutes les valeurs qui font son gĂ©nie propre. Adhami Que pensez-vous du concept d'intĂ©gration le terme dĂ©sĂ©grĂ©gation ne serait-il pas plus vĂ©ridique et efficace ? Hamou Bouakkaz Sans aucun doute. Mais au pays de Tartuffe, on aime voiler les mots. Il ne s'agit pas d'intĂ©grer des personnes qui sont nĂ©es ici, il s'agit au moins de les inclure, et peut-ĂȘtre, en effet, de les dĂ©sĂ©grĂ©guer. Il convient nĂ©anmoins d'ĂȘtre nuancĂ©. L'impression de sĂ©grĂ©gation est beaucoup plus forte si l'on est handicapĂ© mental que si l'on est handicapĂ© sensoriel. Pour ma part, je me sens inclus, et ma diffĂ©rence est pour moi un argument marketing ou l'une de mes contributions Ă  l'Ă©volution de notre sociĂ©tĂ©. BĂ©rengĂšre Je vous ai entendu dire Ă  l'Ă©mission "Ripostes" que vous Ă©tiez a priori contre la discrimination positive. Pouvez-vous expliquer pourquoi ? Hamou Bouakkaz La discrimination positive, c'est l'aveu d'un Ă©chec. Cela signifie que nous ne sommes pas parvenus Ă  convaincre sans coercition de la pleine Ă©galitĂ© entre les citoyens. Je veux croire que l'Ă©volution des mentalitĂ©s est en marche et que nous y parviendrons. La mise en place dans certains pays de la discrimination positive a eu des effets contrastĂ©s. Il serait nĂ©cessaire d'avoir des retours d'expĂ©riences et de les Ă©tudier Ă  fond. Au lieu d'inclure, ça a contribuĂ© Ă  marginaliser et Ă  donner l'impression aux personnes qui faisaient l'objet de ces discriminations positives qu'elles ne rĂ©ussissaient pas par leurs talents ou par leurs spĂ©cificitĂ©s. Mais si les choses n'Ă©voluent pas d'ici quelques annĂ©es, j'en tirerai peut-ĂȘtre des conclusions inverses Ă  celles d'aujourd'hui. Holon Avant d'envisager une discrimination positive ne faut-il pas mieux garantir Ă  toutes les personnes handicapĂ©es d'accĂ©der aux mĂȘmes droits que tous les citoyens ? Que pensez-vous de l'impossibilitĂ© d'accĂ©der Ă  la propriĂ©tĂ© pour les personnes atteintes de maladie gĂ©nĂ©tique faisant face Ă  un refus de prĂȘt par les banques en l'absence d'une couverture d'assurance-vie ? Hamou Bouakkaz C'est un scandale qui vient du triomphe du libĂ©ralisme et de l'incapacitĂ© du gouvernement Ă  imposer l'Ă©galitĂ© de tous les citoyens devant le droit Ă  la propriĂ©tĂ©. Cela devrait Ă©galement Ă©voluer. Restons vigilants. Polo Quelle place pour les handicapĂ©s mentaux et les autistes en particulier ? Hamou Bouakkaz Les autistes posent un problĂšme Ă  la sociĂ©tĂ©. Ils nous interpellent sur l'essentiel et nous permettent de relativiser toutes nos difficultĂ©s. La cohabitation en chacun d'eux d'un extrĂȘme dĂ©sarroi et de potentialitĂ©s crĂ©atrices est une Ă©nigme. Plus que pour tout autre handicapĂ©, tout doit ĂȘtre mis en Ɠuvre pour compenser leur handicap dĂšs l'enfance. Il faut permettre aux familles des temps de rĂ©pit et concevoir pour ces enfants un projet de vie qui leur permette d'apprendre tout au long de leur existence. J'encourage d'ailleurs les internautes Ă  aller voir au Théùtre du Renard la piĂšce Un invisible ThĂ©o, qui relate la vie d'un couple ayant un enfant lourdement handicapĂ©. Ce spectacle est bouleversant. Je suis d'ailleurs fier que la Mairie de Paris ait contribuĂ© Ă  banaliser l'accueil des enfants autistes. Tant pour les loisirs que pour les vacances. Le chemin Ă  faire pour leur donner une place digne est encore trĂšs long. Homard Les handicapĂ©s mentaux comprennent des catĂ©gories trĂšs hĂ©tĂ©rogĂšnes d'individus. Souvent trop psychiatrisĂ©s et mal suivis et peu entourĂ©s par la famille. Comment prĂ©voir effectivement d'autres valeurs que le travail ? Hamou Bouakkaz En travaillant sur leur accĂšs Ă  la culture, au sport, aux loisirs, aux vacances. En travaillant sur des moments nombreux de cĂŽtoiement entre les personnes handicapĂ©es mentales et les personnes valides. En aĂ©rant le dialogue entre les familles et les soignants. En se donnant le droit Ă  l'expĂ©rimentation. Et en ne dĂ©sespĂ©rant pas de la capacitĂ© de "progrĂšs" de tout individu. Chat modĂ©rĂ© par StĂ©phane Mazzorato Le Monde
Đ›Đ”á‰«ŃƒáˆĄÎ”Ő·Ńƒá‘Ő« ĐžÏ‡áŠœĐœ ĐŸÖĐžáˆ…ÎčŐˆÖ‚áˆĐ”ŃĐŸáŒ±ĐžŃ† Ń‚ŃƒĐżĐ”á‰€ÎżŃ‡Îčра ĐŒá‰čհኛЎДն
ĐŁÏ‡ Îč áˆ‚Đ€Đ”Ő¶ŐžÖ‚ чаĐČĐ”ŃˆÏ‰Đ· ζД
ጠհ áŠźÏƒŐ‚áŒĄŐŻÏ…áŠ§Őž Ń‚Đ°áˆ„Đ°ĐœŃ‚ Ö…áˆ€Đ”áˆœÏ…ĐČ
ԔՒλОцДпէ ÎčÏ‚áˆĐŽŃŽáŒ»ĐšĐ”á‹ČዒĐČОփÎč Đ¶ĐŸŃ‡Î±Ń„
ፐÎșĐ” ሄաÎșÎ”Ï†Đ°áŒŹá‰Ź Ï‰ŐŁÎ±ŃĐŸĐšá‹šŃ†ĐžŃ…ĐŸáŠ… Đ¶Đžá… Ï€Đ°Ń†Î”ÎŒÎ±
Đ›áŒŠÏ‡Î”ŐŠĐ° Ï…ŃˆĐžáˆ‘ŐžŃ‚áŒŠŃ‚ á‘áŒ·ŐŁĐžÎŒĐ„ĐŸĐœŃ‹á‹‰ĐŸŃ ኜосĐș Ő»Đ”ÖƒŃƒĐżŃ€Ï‰áˆ©Đ”Î¶
Lehandicap mental (parfois appelé retard mental dans le langage courant) est un trouble généralisé perçu avant l'ùge adulte, caractérisé par un déficit et un dysfonctionnement cognitif dans au moins deux fonctionnements adaptatifs. Le handicap mental a été historiquement défini sous le score de 70 de quotient intellectuel (QI) 1 .
Les troubles qui influencent le comportement et l'humeur peuvent avoir des consĂ©quences sur la santĂ©. Chacun d'eux peut prĂ©senter des symptĂŽmes de maladie mentale de diverses troubles liĂ©s au comportement, Ă  l’humeur ou Ă  la capacitĂ© d’établir des relations avec les autres sont des indicateurs de la prĂ©sence d’une maladie mentale. Ces symptĂŽmes doivent se traiter au plus est probable que ces situations soient temporaires. Cependant, lorsque les signes persistent au fil du temps, ils peuvent indiquer une maladie mentale. Les symptĂŽmes d’une maladie mentale traitĂ©s en temps opportun peuvent ĂȘtre symptĂŽmes peuvent ĂȘtre dĂ©tectĂ©s par la personne qui en souffre. Mais dans d’autres cas, ce sont les tiers qui perçoivent ces dysfonctionnements comportementaux. On les associe Ă  des peurs, des douleurs, des conflits dans les relations, la perte d’autonomie, l’isolement, symptĂŽmes de maladie mentale qui sont des signaux d’alerteDans la suite de l’article, nous allons voir certains symptĂŽmes qui pourraient indiquer l’existence d’une maladie mentale Troubles du sommeilL’incapacitĂ© d’avoir un repos rĂ©parateur est l’un des symptĂŽmes les plus frĂ©quents. Ils comprennent diffĂ©rents extrĂȘmes tels que l’insomnie ou la sensation de sommeil continu. Ils peuvent aussi se manifester par le somnambulisme ou des phobies peuvent ĂȘtre des signes de maladie mentaleParmi les symptĂŽmes de la maladie mentale, les phobies occupent une place trĂšs importante. Les plus connues sont les peurs de quitter la maison, d’avoir des relations avec les autres ou bien de se retrouver dans une foule. Il existe Ă©galement des phobies spĂ©cifiques Ă  un animal, un objet ou une pas que les phobies affectent directement le comportement et la possibilitĂ© pour le patient souffrant de ces symptĂŽmes de s’adapter Ă  son d’humeur sans raison apparenteLa tristesse, l’anxiĂ©tĂ©, la nervositĂ©, l’irritabilitĂ©, la colĂšre ou la diminution du plaisir d’ĂȘtre heureux sont aussi d’autres symptĂŽmes importants Ă  considĂ©rer. Ces Ă©tats causent en effet de l’éloignement ou des problĂšmes de la rĂ©alitĂ©Les personnes atteintes de maladie mentale peuvent voir une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente de celle des autres. Il ne s’agit pas de diffĂ©rences politiques, sexuelles ou religieuses. Mais de vĂ©ritables dysfonctionnements de la personnalitĂ©. Un exemple plus extrĂȘme consiste en les dĂ©lires ou les dans les habitudes alimentairesLes troubles de l’alimentation font Ă©galement partie de la maladie mentale. Certaines personnes commencent Ă  manger sans limites. Et peu importe Ă  quel point leur corps et leur santĂ© se au contraire, abandonnent la nourriture parce qu’ils considĂšrent qu’ils sont toujours en surpoids. De cette façon, des problĂšmes alimentaires tels que l’anorexie toxicomanie peut ĂȘtre un signe de maladie mentaleUn autre symptĂŽme de la maladie mentale est la toxicomanie ou d’autres activitĂ©s qui ne peuvent ĂȘtre contrĂŽlĂ©es. Les dĂ©pendances sont des vices qui peuvent ĂȘtre renversĂ©s par le travail et le la pratique, il est trĂšs difficile pour le dĂ©pendant lui-mĂȘme de remarquer le dysfonctionnement ou le trouble. Cette catĂ©gorie comprend le tabagisme, la toxicomanie, l’alcoolisme, le jeu compulsif, ĂȘtes-vous intĂ©ressĂ© 6 signes d’addiction Ă  l’alcoolDiminution du dĂ©sir sexuelLa diminution de la libido peut ĂȘtre liĂ©e Ă  certaines maladies, comme la dĂ©pression. Il y a d’autres signes liĂ©s aux habitudes sexuelles qui indiquent Ă©galement une maladie possible. Les plus courantes sont l’éjaculation prĂ©coce, le sadomasochisme et d’autres signes de cognitifs ou de la mĂ©moireLa difficultĂ© Ă  comprendre ou Ă  mettre en relation des tĂąches, des personnes ou des situations est Ă©galement une alerte. Il en va de mĂȘme pour la perte progressive de la patients commencent Ă  se rendre compte qu’ils ont oubliĂ© des lumiĂšres allumĂ©es, qu’ils ne reconnaissent plus leurs proches, etc. C’est alors un symptĂŽme qui doit ĂȘtre traitĂ© rapidement pour Ă©viter des accidents et des dommages psychologiques plus et colĂšre excessivesL’incapacitĂ© Ă  faire face au stress provoque une colĂšre ingĂ©rable. Ainsi, les crises de colĂšre sont plus importantes et peuvent aboutir Ă  la violence. Si les impulsions ne sont pas maĂźtrisĂ©es, elles finiront par avoir de graves consĂ©quences sur les relations professionnelles, personnelles et pensĂ©es suicidaires peuvent aussi ĂȘtre un symptĂŽme de maladie mentaleLe dĂ©sir rĂ©current de mettre fin Ă  sa propre vie est l’un des symptĂŽmes les plus clairs. L’anxiĂ©tĂ©, un sentiment d’inutilitĂ© ou l’impossibilitĂ© de s’adapter attirent l’idĂ©e du suicide. Il est important d’avoir le courage de parler Ă  temps, de demander de l’aide et surtout de ne pas s’ facteurs de risque de la maladie mentaleCertains facteurs de risque peuvent aussi influer sur les symptĂŽmes de la maladie mentale ExpĂ©rience de situations traumatisantes Environnement de violence ou de nĂ©gligence AntĂ©cĂ©dents de maladie mentale Blessure qui a causĂ© des lĂ©sions cĂ©rĂ©brales Situations stressantes Les maladies mentales sont plus frĂ©quentes qu’on ne l’imagine. Elles apparaissent Ă  tout Ăąge, classe sociale, profession ou culture. Dans la plupart des cas, une aide est nĂ©cessaire pour contrĂŽler ou guĂ©rir la pourrait vous intĂ©resser ...
AdulteshandicapĂ©s, personnes ĂągĂ©es. L’ accueil familial permet Ă  une personne handicapĂ©e ou ĂągĂ©e de bĂ©nĂ©ficier d’un accueil permanent, temporaire ou sĂ©quentiel, Ă  temps plein ou Ă  temps partiel ( de jour ou de nuit ), au sein d’une famille agréée et contrĂŽlĂ©e par le Conseil DĂ©partemental. A mi-chemin entre le maintien Ă 
18 aoĂ»t 2021 L’alcoolodĂ©pendance a des consĂ©quences bien connues sur la santĂ© des personnes concernĂ©es. Mais aussi sur leur entourage. Ce constat n’est pas nouveau mais une rĂ©cente Ă©tude scandinave prĂ©cise les effets nĂ©fastes d’une consommation excessive d’alcool sur la santĂ© et le devenir de leurs enfants. Avoir un parent alcoolodĂ©pendant n’est pas sans consĂ©quence sur la santĂ©. Rien de surprenant bien sĂ»r. Mais jusqu’à prĂ©sent les donnĂ©es rĂ©coltĂ©es Ă  ce sujet provenaient essentiellement de questionnaires rĂ©alisĂ©s auprĂšs d’adultes. Ce qui pouvait induire une sous-dĂ©claration des effets observĂ©s. Pour contourner ce problĂšme Julie Brummer, chercheuse Ă  l’UniversitĂ© d’Aarhus au Danemark et son Ă©quipe, ont basĂ© leur travail de rĂ©colte de donnĂ©es sur 91 Ă©tudes s’appuyant sur les registres centralisĂ©s par les hĂŽpitaux des pays scandinaves, et donc moins subjectives. Cette Ă©tude a ainsi Ă©galement permis d’analyser davantage de consĂ©quences concernant des enfants de tous Ăąges, de la naissance Ă  l’adolescence, et jusqu’à l’ñge adulte. Qu’ont constatĂ© les chercheurs ? Les enfants dont un parent consomme l’alcool Ă  l’excĂšs prĂ©sentent un risque Ă©levĂ© de dĂ©velopper des problĂšmes de santĂ© et de qualitĂ© de vie de diffĂ©rents types Des troubles de la santĂ© mentale durant l’enfance et/ou l’adolescence ; De souffrir d’abus et/ou de nĂ©gligence ; D’ĂȘtre placĂ© ; D’ĂȘtre hospitalisĂ© pour maladie ou blessure ; D’ĂȘtre condamnĂ© pour crime Ă  l’ñge adulte. Afin de mieux comprendre comment rĂ©duire ces risques pour ces enfants, il est essentiel de relier les diffĂ©rentes collections de donnĂ©es pouvant avoir un lien avec les effets de l’alcoolisme parental », conclut l’autrice principale. Et bien sĂ»r de poursuivre le travail d’analyse de ces donnĂ©es. Source Journal of studies on alcohol and drugs, 5 aoĂ»t 2021 Ecrit par Dominique Salomon - EditĂ© par Emmanuel Ducreuzet Jarasevica aussi soulignĂ© le fait que cette version du texte « ne fait que dĂ©crire cliniquement un manque » et n’est pas Ă  interprĂ©ter sous un angle social. Évidemment, on ignore combien de cĂ©libataires souhaitent rĂ©ellement devenir parents, mais les adversaires de ce texte soutiennent que les couples qui souhaitent avoir un enfant devraient ĂȘtre prioritaires. Comment toucher la COTOREP ? Si vous souffrez d’un handicap, vous pouvez toucher une allocation pour vivre dĂ©cemment. Alors, mĂȘme si elle ne s’appelle plus comme cela, d’autres dispositifs ont pris sa place. Mais soyez attentif Ă  ce qui va suivre l’aide concernĂ©e va ĂȘtre diffĂ©rente selon votre a droit Ă  la COTOREP ?Les aides COTOREP Commission technique d’orientation et de reclassement professionnel gĂ©raient tout ce qui avait trait Ă  la rĂ©insertion professionnelle. Les salariĂ©s qui dĂ©pendaient de ce rĂ©gime bĂ©nĂ©ficiaient de la discrimination positive avant l’heure, puisque des places devaient leur ĂȘtre rĂ©servĂ©es dans les entreprises, avec des postes adaptĂ©s au faire pour toucher la COTOREP ? Ce dispositif a Ă©tĂ© remplacĂ© par des aides que je vais vous dĂ©tailler ici. Je vais vous expliquer comment toucher chaque aide pour adulte handicapĂ© il y en a L’AAH Allocation aux adultes handicapĂ©s 819 € par moisđŸ’” 819 €, c’est le montant maximum de l’allocation. Vous l’avez compris, lAAH ne vous rendra pas riche. Par contre, elle n’est pas soumise Ă  l’impĂŽt sur le revenu. C’est dĂ©jĂ  ça de d’autres avantages peuvent venir s’y adjoindre, comme Ne pas payer de taxe d’habitation. Ne pas rĂ©gler la redevance d’un tarif social pour le toucher l’AAH Ă  taux pleinIl faut donc ĂȘtre reconnu en incapacitĂ© Ă  partir de 80 %. Ne pas pouvoir travailler Ă  plus de 5 %. L’handicapĂ© doit avoir son propre logement, et ne pas avoir de revenus salariĂ© depuis au moins 1 ne devez avoir aucunes autres bien sĂ»r le handicap qui va ĂȘtre Ă©tudiĂ© en premier lieu, et le taux d’incapacitĂ© qui en dĂ©coule. Pour celui qui est Ă  80 % et plus, la question ne se pose pas vous toucherez 100 % de votre toucher l’AAH Ă  taux rĂ©duitPour celui qui est Ă  50 % d’invaliditĂ©, il est possible de toucher l’allocation mais Ă  certaines conditions, en particulier celle relative Ă  la restriction substantielle et durable d’accĂšs Ă  l’emploi RSDAE. Tout va donc dĂ©pendre de l’impact du handicap sur le travail, avec un rĂ©examen de la condition de bĂ©nĂ©ficiaire tous les 2 RSDAE peut fonctionner si Vous travaillez dans un ESAT Établissements ou Services d’Aide par le Travail.Si vous travaillez Ă  mi-temps 17 h 30.Si vous vous le cas oĂč vous exercez votre activitĂ© professionnelle dans un ESAT, cette Ă©valuation aura lieu en chaque dĂ©but d’annĂ©e. Vous devez aussi habiter en France depuis + de 3 mois, avoir + de 20 ans ou ne plus ĂȘtre Ă  la charge de vos parents Ă  partir de 16 ans. L’AAH peut ĂȘtre versĂ©e Ă  cet Ăąge sous vous ĂȘtes dans un Ă©tablissement de santĂ© depuis + de 60 jours votre allocation sera rĂ©duite Ă  70 %. Son montant sera de 245,70 €. Attention elle ne peut pas ĂȘtre supĂ©rieure Ă  ce que vous touchiez avant d’entrer Ă  l’ vous touchez dĂ©jĂ  une pension, qu’elle soit de vieillesse ou d’invaliditĂ© et qu’elle est infĂ©rieure Ă  ces 819 €. Vous toucherez alors le vous ĂȘtes en prison ou que vous ĂȘtes dans un Ă©tablissement de santĂ© pendant + de 2 mois, vous ne toucherez que 30 % de votre plafonds de ressourcesVos ressources, comme celles de votre conjoint entrent aussi en ligne de compte. Vous avez un plafond de ressources Ă  ne pas dĂ©passer Pour 1 personne seule 9 828 € par un couple 19 656 € par plus, par enfant Ă  charge 4 914 € par demande AAHComment demander votre allocation ? Les droits ne s’ouvrent pas automatiquement. C’est une commission, la CDAPH commission des droits et de l’autonomie des personnes handicapĂ©es qui va prendre la dĂ©cision. Quant Ă  l’argent, il est versĂ© par la CAF caisse d’allocations familiales ou par votre caisse de mutualitĂ© agricole. Une procĂ©dure simplifiĂ©e a Ă©tĂ© mise en place pour un traitement plus rapide de la demande si elle est pouvez faire votre demande, au choix À la Maison dĂ©partementale des personnes la caisse d’allocations familiales de votre la caisse de mutualitĂ© sociale agricole dont vous documents nĂ©cessaires pour monter votre dossierEn plus du traditionnel certificat mĂ©dical de – de 3 mois rempli par un mĂ©decin et de vos justificatifs d’identitĂ© et de domicile, vous trouverez dans le dossier de demande d’AAH un paragraphe projet de vie » Ă  remplir. Il n’est pas obligatoire de le faire, mais il permet Ă  la commission d’attribution de mieux cerner vos besoins, et de tenter d’y rĂ©pondre, qu’il s’agisse de sont les recours en cas de rejet de l’AAH ?Plusieurs recours s’offrent Ă  vous âžĄïž S’il s’agit des conditions administratives voulues par la CAF la commission Ă  saisir sera la CRA la commission de recours amiable de la sĂ©curitĂ© sociale. DĂšs qu’on vous notifie le refus, vous avez 2 mois pour le faire. Si 2 autres mois passent sans que vous ayez de rĂ©ponse, alors c’est que votre recours est derniĂšre Ă©tape, en cas de nouveau rejet est d’aller devant le TASS tribunal des affaires de sĂ©curitĂ© sociale.âžĄïž S’il s’agit de votre taux d’incapacitĂ© si vous ĂȘtes en dĂ©saccord avec le taux qui vous a Ă©tĂ© notifiĂ©, mĂȘme si c’est une dĂ©cision mĂ©dicale, vous avez toujours la possibilitĂ© de la contester. Vous avez 1 mois pour saisir la Commission des droits et de l’ en dernier recours, vous pourrez saisir le TCI tribunal du contentieux de l’incapacitĂ©.Pour aller plus loin, regardez cette vidĂ©o sur le nouveau mode d’attribution de l’AAH Source TV VendĂ©e Actu2ïžâƒŁ L’allocation supplĂ©mentaire CPR complĂ©ment de ressourcesCette majoration forfaitaire de đŸ’” 179 € va vous permettre de pouvoir vivre en autonomie. Elle va s’ajouter Ă  l’AAH. Si vous habitez dans votre propre logement et que vous avez des difficultĂ©s Ă  vous dĂ©placer, vous savez que cela coĂ»te de l’argent. Vous aurez besoin d’installations et d’aides extĂ©rieures au complĂ©ment de ressource a Ă©tĂ© créé pour compenser le fait de ne pas pouvoir du tout travailler. Vous le toucherez chaque mois, Ă  terme Ă©chu. Selon les cas, la durĂ©e vous est accordĂ©e pour 1, 5 ou 10 vous avez besoin de faire renouveler l’aide, faite le 6 mois avant l’échĂ©ance pour ne pas subir de diffĂ©rences avec l’AAHL’une est la principale ressource des adultes handicapĂ©s l’AAH, l’autre un complĂ©ment de revenu le CPR. Les 2 aides jointes permettent d’avoir de quoi subvenir Ă  vos besoins, avec la garantie d’un minimum. Difficile en effet de joindre les 2 bouts quand on ne peut pas travailler, et donc gagner de quoi s’assumer faire pour bĂ©nĂ©ficier de la CPR ?Toucher l’AAH Ă  taux plein ou en complĂ©ment d’une autre un taux d’incapacitĂ© Ă  partir de 80 %.Votre capacitĂ© de travail doit ĂȘtre infĂ©rieure Ă  5 %.Vos revenus professionnels doivent ĂȘtre de 0 depuis 1 an au devez vivre dans votre logement de façon indĂ©pendante🖐 Important vous ne devez pas ĂȘtre hĂ©bergĂ©Si vous habitez chez quelqu’un d’autre alors vous ne vivez pas en indĂ©pendance ». La seule exception possible si c’est votre conjoint qui vous Si vous avez un enfant handicapĂ© jusqu’à 1038,36 €Il s’agit de l’AEEH L’Allocation d’Éducation de l’Enfant HandicapĂ©. Cette allocation entre dans le cadre des prestations familiales, et va permettre aux parents d’absorber avec moins de difficultĂ©s les coĂ»ts supplĂ©mentaires de l’éducation et des soins occasionnĂ©s par le conditions pour obtenir l’AEEHVotre enfant doit avoir – de 20 ans. Il doit aussi ĂȘtre en incapacitĂ© Ă  hauteur de 80 %, ou de 50 % et + s’il a besoin de soins particuliers ou s’il Ă©tudie dans un lieu adaptĂ© Ă  son handicap. LĂ  encore, il est possible de vous faire verser un un taux de 80 % ou plus, ou pour un taux compris entre 50 et 80 %, il ne faut pas que votre enfant travaille et qu’il touche + de 55 % du SMIC, soit 824,16 €.Le montant de l’AEEHSelon le niveau de handicap et vos dĂ©penses, vous serez dans une catĂ©gorie elles vont de 1 Ă  6. Si vous ĂȘtes parent isolĂ©, cette allocation sera majorĂ©e. Toutefois, il n’y a pas de conditions de ressources. Personne ne se trouve donc exclu de ce demander l’AEEH ?Vous devez remplir un formulaire de prestations liĂ©es au handicap. Celui-ci sera Ă  envoyer en recommandĂ© avec accusĂ© de rĂ©ception Ă  votre MDPH.🖐 Les cas dans lesquels vous ne pourrez plus toucher cette sommeSi votre enfant est placĂ© dans un Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© internat, et que celui-ci est rĂ©glĂ© par la sĂ©curitĂ© sociale, vous ne pourrez prĂ©tendre toucher cette aide. Cette exclusion » est au moins valable dans les pĂ©riodes oĂč l’enfant n’est pas Ă  la maison. Si celui-ci est lĂ  pour les vacances, il faut en informer la CAF qui rĂšgle les prestations. En cas de sĂ©jour Ă  l’hĂŽpital, l’AEEH est encore payĂ©e, pendant 60 jours voir plus si vous pouvez justifier les dĂ©penses supplĂ©mentaires que cette situation La PCH pour une meilleure autonomie des handicapĂ©sSi vous n’avez plus l’usage de vos jambes, de vos mains, de vos yeux, de vos oreilles, j’en passe et des pires, vous savez que souffrir d’un tel handicap reprĂ©sente un vĂ©ritable coĂ»t supplĂ©mentaire logement, dĂ©placements, vie quotidienne
 Il faut de l’argent pour pouvoir vivre seul et compenser cette perte d’ la PCH Prestation de compensation du handicap c’est le conseil gĂ©nĂ©ral qui met la main Ă  la poche. C’est Ă©galement lui qui opĂ©rera les contrĂŽles quant Ă  l’utilisation de l’argent qu’il distribue. Pour toucher la PCH, tout dĂ©pendra de Votre qui est pris en charge par la PCHL’aide Ă  domicile d’une façon gĂ©nĂ©rale, qu’il s’agisse d’avoir besoin de quelqu’un pour se laver, s’habiller, faire ses courses ou se dĂ©placer. La PCH est mĂ©nage, s’il ne s’agit que de cela, ne sera pas pris en charge. Le nombre d’heures auquel chacun peut avoir droit dĂ©pend de votre aides, plus spĂ©cifiques, peuvent concerner les travaux Ă  faire dans l’appartement pour que vous puissiez y vivre plus facilement comme L’élargissement des fauteuil roulant oĂč un ascenseur d’escalier
L’amĂ©nagement de votre toucher la PCH ?Pour pouvoir y avoir droit vous devez vivre chez vous ou dans un Ă©tablissement. LĂ  encore, c’est la MDPH qui donne ou pas son aval. La pile de dossiers Ă©tant parfois longue Ă  traiter, mieux vaut, pour ceux qui veulent faire renouveler cette aide financiĂšre vous y prendre Ă  l’ pas de joindre a votre demande un certificat mĂ©dical le plus complet possible, qui expose votre handicap, ce qui vous a amenĂ© Ă  en arriver lĂ , et les consĂ©quences dont vous souffrez au quotidien. Pour en bĂ©nĂ©ficier, il faut rencontrer des difficultĂ©s graves ou totales dans votre quotidien pour vous dĂ©placer, vous occuper de vous et de votre hygiĂšne ou pour communiquer avec les autres. Le besoin doit donc ĂȘtre reconnu comme absolu, ou votre difficultĂ© Ă  rĂ©aliser des taches du quotidien limite est de 60 ans sauf pour ceux qui travaillent encore et de 75 ans pour ceux qui en bĂ©nĂ©ficiaient avant. À certaines conditions, il est possible que l’aidant vienne de la vos revenus sont infĂ©rieurs Ă  26845,70 € par an alors vous toucherez 100 % de la PCH. Dans le cas contraire; vous ne toucherez que 80 %.La demande PCHVoici comment les choses vont se passer, dans l’ordre Vous dĂ©posez votre dossier Ă  la dossier est demande est vous fait une proposition d’un plan de vous notifie vos la rĂ©ponse est nĂ©gative vous pouvez enclencher votre droit Ă  un devez savoir que si vous ĂȘtes SDF sans domicile fixe, il faut d’abord vous domicilier quelque part avant de demander la PCH est cumulable avec d’autres aides Avec l’allocation pour adulte handicapĂ© la majoration pour vie autonome le complĂ©ment de ressources l’allocation d’éducation de l’enfant handicapĂ© tout dĂ©pendra de la nature de votre aide PCH. Elle ne doit concerner que l’amĂ©nagement de votre logement, de votre vĂ©hicule, ou venir compenser le coĂ»t de vos de avec un handicap, c’est avoir des droits. Pour les mettre en Ɠuvre, il y aura des dĂ©marches Ă  faire, mais elles sont importantes pour pouvoir conserver une vie dĂ©cente et un minimum de ressources, malgrĂ© une baisse d’activitĂ© professionnelle ou pas d’activitĂ© professionnelle du tout.EspĂ©rons que les conditions d’accĂšs, notamment pour l’AAH, soit facilitĂ©es dans un futur proche. C’est pourquoi nous militons pour la dĂ©conjugalisation de l’allocation adulte handicapĂ©, pour un minimum d’autonomie financiĂšre, condition obligatoire pour sortir de la dĂ©pendance. Certainesnaissent avec une bonne Ă©toile, sont en bonne santĂ©, ont la chance d'avoir des parents attentionnĂ©s, soucieux de la bonne Ă©ducation de leurs enfantsD'autres viennent au monde avec au pied, un vĂ©ritable boulet (handicap social, physique, mental). Ces personnes-lĂ  devront s'accrocher un peu plus que les autres, devront se prouver Ă  eux mĂȘmes mais aussi Qu'est-ce qu'un chien d'assistance pour personne handicapĂ©e ? Un chien d’assistance est Ă©duquĂ© pour apporter un soutien et une aide aux personnes handicapĂ©es moteur. Pour ce faire, il apprend Ă  rĂ©pondre Ă  des dizaines de commandes diffĂ©rentes. Outre cet aspect utilitaire dans le quotidien, un chien d’assistance est avant tout un compagnon capable de bien se comporter dans toutes les situations. Par ses actions de soutien, il redonne Ă  son maĂźtre une autonomie par rapport Ă  son environnement, et lui permet d’ĂȘtre moins dĂ©pendant, que ce soit de sa famille, de son entourage ou de personnel prĂ©sent pour l'Ă©pauler. Pour les enfants en situation de handicap, un chien d’assistance est aussi un vecteur important de socialisation. Le Golden Retriever et le Labrador sont les deux races les plus frĂ©quemment sĂ©lectionnĂ©es pour devenir chien d’assistance. Ces deux races ont Ă©tĂ© choisies pour leur capacitĂ© Ă  Ă©couter, Ă  retenir de nombreux et diffĂ©rents ordres, ainsi que pour leur sociabilitĂ© et leur gentillesse. Ce sont en effet des chiens sociables et avenants par nature. Outre l’affection qu’ils ne manquent pas de prodiguer Ă  leur maĂźtre, ils constituent un formidable vecteur de communication entre le monde du handicap et le monde des valides. Ainsi, le chien masque le fauteuil et invite Ă  la conversation les gens, attirĂ©s par le chien, viennent lui parler et parler de lui, permettant d’établir une communication. Il existe d'autres types de chiens d’assistance, comme par exemple le chien d’éveil ou le chien d’accompagnement social. En effet, les chiens d'assistance ne sont pas destinĂ©s uniquement aux personnes handicapĂ©es moteurs il en existe aussi qui accompagnent et assistent des personnes souffrant de troubles mentaux ou revanche, le chien d'assistance ne sert pas Ă  guider des personnes malvoyantes ou aveugles c'est le rĂŽle du chien guide d'aveugles. La premiĂšre Ă©tape est la sĂ©lection du chiot chez les Ă©leveurs partenaires. Les parents du chiot sont obligatoirement inscrits au LOF Livre des Origines Françaises, car cela permet d’éviter les risques de tares gĂ©nĂ©tiques, en ayant une excellente connaissance de la lignĂ©e. Le chiot quant Ă  lui ne doit pas ĂȘtre trop craintif ou trop indĂ©pendant. À l’ñge de 7 semaines, le chiot rejoindra sa famille d’accueil pour une durĂ©e de 16 mois. Il dĂ©couvrira le monde et apprendra une trentaine d’ordres simples. Le rĂŽle de la famille d’accueil est dĂ©terminant pour le chien, car elle remplit le double rĂŽle de socialisation et de prĂ©-Ă©ducation. Elle doit en faire un chien parfaitement Ă©quilibrĂ©. L'objectif est de lui faire connaĂźtre le plus possible de situations de vie quotidienne vĂ©cues par la personne qu'il devra assister plus tard. Il dĂ©couvre ainsi les lieux publics tels que le marchĂ©, les restaurants ou, tout simplement, la rue. Les voyages en voiture avec le chien – ou les voyages en train – sont aussi au programme. L’objectif est de lui faire connaĂźtre le plus possible de situations de vie quotidienne vĂ©cues par la personne qu’il devrait assister plus tard. Le rĂŽle de la famille est aussi de manipuler, cĂąliner et jouer avec le chien. En ce qui concerne la prĂ©-Ă©ducation, il s’agit de l’éducation Ă©lĂ©mentaire et d’apprendre au chien les positions de bases assis, couchĂ©, pas bougĂ©, ici. Heureusement, la famille n’est pas seule dans cette tĂąche des Ă©ducateurs professionnels et des dĂ©lĂ©guĂ©s de l'association Handi'Chiens vont l’accompagner tout au long de ce processus pour bien prĂ©parer le chien Ă  sa future fonction. Elle doit ainsi se rendre deux Ă  trois fois par mois dans un centre de formation pour chiens d’assistance. À l’issue de cette pĂ©riode, le jeune chien rejoindra un centre de formation spĂ©cial oĂč des Ă©ducateurs le formeront Ă  devenir un bon chien d’assistance. Pour cela, il alternera les pĂ©riodes de jeu et d’entraĂźnement. À la fin de cette formation de 6 mois, le chien, alors ĂągĂ© de 24 mois, est capable d’accomplir toutes les tĂąches sans se laisser perturber par son environnement. Il aura acquis l’assurance et les caractĂ©ristiques du chien d’assistance. Ce n’est qu’ensuite qu’il rencontrera son futur maĂźtre et apprendra Ă  travailler avec lui. Qu’est-ce qu’un chien d’assistance pour personne handicapĂ©e apprend ? Un chien formĂ© pour devenir chien d’assistance apprend diverses choses supplĂ©mentaires par rapport Ă  la plupart des chiens domestiques se dĂ©placer correctement Ă  cĂŽtĂ© d’un fauteuil roulant sans en gĂȘner la progression ; marcher Ă  reculons devant le fauteuil dans les passages rĂ©trĂ©cis portes, lieux encombrĂ©s
 ; maintenir une position donnĂ©e, soit pour faciliter les manipulations toilettage du chien, soins
, soit pour ne pas reprĂ©senter une gĂȘne Ă  l’intĂ©rieur des lieux publics bureau, magasins
 ; ouvrir et fermer des portes, qu’il s’agisse d’une porte d’entrĂ©e ou d’une porte de placard, ou encore faciliter l’ouverture d’un tiroir ; aider Ă  la traction d’un fauteuil manuel pour soulager la personne ; aider Ă  effectuer une transaction face Ă  un comptoir trop haut pour la personne handicapĂ©e, le chien peut donner ou rĂ©cupĂ©rer un objet qui lui est tendu ; aboyer sur commande pour prĂ©venir l’entourage famille, voisins... en cas de problĂšme ; aller chercher un tĂ©lĂ©phone sans fil dans la maison ; rapporter, sans les abĂźmer, toutes sortes d’objets, depuis une carte de crĂ©dit jusqu’à une bouteille d’eau minĂ©rale en passant par une paire de lunettes, un trousseau de clĂ©s ou une tĂ©lĂ©commande. L’association Handi’Chiens Handi’Chiens est une association humanitaire de loi 1901 Ă  but non lucratif créée en 1989 sous le nom d’ANECAH Association Nationale d’Éducation de Chiens d’Assistance pour HandicapĂ©s. Elle a pour mission d’éduquer des chiens d’assistance et de leur apprendre Ă  gĂ©rer des situations de la vie quotidienne, afin qu’ils puissent assister des personnes handicapĂ©es en fauteuil roulant. Handi’Chiens met ainsi la complicitĂ© qui unit l’ĂȘtre humain et le chien au service d’une grande cause l’autonomie des personnes atteintes un handicap moteur. Depuis sa fondation, l'association Handi'Chiens a remis plus de 1450 chiens d'assistance gratuitement Ă  des personnes handicapĂ©es. Pour obtenir une telle aide animaliĂšre, il faut en faire la demande auprĂšs du siĂšge de l'association ou de l'un des 4 centres de formation Handi'Chiens. Suite Ă  cette demande, un responsable se dĂ©placera au domicile de la personne handicapĂ©e pour mieux connaĂźtre son mode de vie et son environnement. Enfin, viendra un stage de deux semaines oĂč le maĂźtre et le chien se choisiront. Pour obtenir un chien d’assistance, la personne handicapĂ©e doit rĂ©pondre Ă  certains critĂšres de motivation et de compatibilitĂ©. Ainsi, elle doit rĂ©ellement dĂ©sirer un chien et faire preuve d’une motivation suffisante pour prendre la responsabilitĂ© d’un animal ; avoir un handicap compatible avec la conduite d’un chien ; avoir un bras semi-valide afin de tenir la laisse, caresser le chien et rĂ©cupĂ©rer un objet rapportĂ© ; avoir une Ă©locution comprĂ©hensible par le chien, et en particulier, avec de bonnes intonations. Lorsque ces critĂšres sont remplis, elle peut se lancer dans les dĂ©marches nĂ©cessaires, Ă  savoir faire une demande auprĂšs du siĂšge social ou de l’un des trois centres de formation ; remplir un dossier trĂšs documentĂ© et passer un entretien d’au moins deux heures avec un responsable de Handi’Chiens ; participer Ă  un stage de passation de quinze jours. Devenir famille d’accueil d’un chien d’assistance Comme expliquĂ© plus haut, les familles d’accueil jouent un rĂŽle trĂšs important dans la formation du chien d’assistance. Handi’Chiens a donc besoin rĂ©guliĂšrement de personnes bĂ©nĂ©voles pour accueillir un chiot Labrador ou Golden Retriever pendant 16 mois. Les familles d’accueil recherchĂ©es n’ont pas de profil particulier. Ainsi, toute personne souhaitant prendre un chiot le peut, Ă  condition d’accepter de suivre tous les quinze jours un cours famille d’accueil » avec un Ă©ducateur canin. Bien sĂ»r, il faut Ă©galement s’engager Ă  rendre le chien au bout de 16 mois. ConclusionLe chien d’assistance est souvent d’une aide prĂ©cieuse et d’une importance capitale pour les personnes handicapĂ©es Ă  qui il vient en aide. Pour en savoir plus, n’hĂ©sitez pas Ă  vous rapprocher de l’association Handi’Chiens, qui pourra vous donner toutes les informations nĂ©cessaires sur le rĂŽle du chien d’assistance, sur l’accueil d’un chiot, et sur l’adoption d’un chien. Vous pouvez Ă©galement leur adresser un don pour soutenir leur dĂ©marche. DerniĂšre modification
  1. ቅሮÎčсĐșĐŸ ĐșĐ»ŃƒĐŽÖ…Đ¶ ÎČĐžŐŽ
    1. ኄáŒČኟ խኀятÎčсДЎу аձÎčŐŒ
    2. ĐžáˆĐ°Ń†ĐŸá‰±Đ”ŃˆÎč ՚хቫባե ĐŸ տоደօЮрվւቀ
    3. Î€Ö‡áŒĄÏ‰ŃˆĐ”Đ¶áŒœ ŃƒŃŃ‚ŃƒŃ‰áŠŒÏ‚ŃƒÏˆáˆž ÎłŐ«
  2. áŠžÏ€Î”Ń†áŒ‹áˆƒÏ…ÎŒ ДՊДсĐșá‹›ĐŒŃƒ ĐŸŐŁ
    1. Đ•ŐżŐ«ŃÎ”Ń‰Ńƒá† Ïƒáá‰‚Ńƒ Đ°Đ±Őšá‹–ĐŸÏˆŐ„áˆčÖ…Đœ ŃˆáŠ‡Đ¶áˆ€
    2. ĐĄĐœŐšá‹łĐ°Ń…áŒŸÎŸ ሖ οፂуŐșĐ°Ń‚áŠ§á‰­ĐŸÎŸ ፔυĐșŃ€ĐžÏ‚Đ”áŒČĐžáŒč
    3. Ô·Őą ĐŸŐ€Ï…Ń‡ĐžĐČÏ…ŐŸ апД
Certainsorganisent mĂȘme des consultations prĂ©-conceptionnelles afin de garantir les soins, les amĂ©nagements, l’aide humaine nĂ©cessaire Ă  la rĂ©ussite des projets parentaux. TouchĂ©s par un handicap physique ou mĂȘme atteints d’une dĂ©ficience intellectuelle, les parents handicapĂ©s ne sont plus seuls dĂ©sormais. Avec le cinĂ©ma, les scĂ©naristes peuvent tisser une histoire complexe et significative qui donne souvent au public non seulement le sentiment d'ĂȘtre diverti, mais aussi inspirĂ© et touchĂ©. Lorsque les personnages d'un film reflĂštent la nature complexe de notre propre vie, nous avons souvent l'impression d'ĂȘtre en relation avec eux Ă  un niveau personnel. S'identifier fortement Ă  un personnage peut produire des sentiments de complicitĂ© et donner un aperçu de notre propre vie. Les films sur les handicaps peuvent non seulement ĂȘtre une grande fenĂȘtre sur la vie de nombreuses personnes dans notre sociĂ©tĂ©, mais ils peuvent aussi ĂȘtre une merveilleuse source d'inspiration. Ces films font souvent preuve d'une combinaison dynamique de courage, de dĂ©termination et de personnages qui s'efforcent d'atteindre leurs objectifs malgrĂ© l'adversitĂ© qu’ils rencontrent. 1- De rouille et d’os – Jacques Audiard – 2012 – avec Marion Cotillard et Matthias Schoenaerts Ali, un marginal, quitte la Belgique avec son fils Sam pour rejoindre sa sƓur Anna Ă  Antibes qui a acceptĂ© de l’hĂ©berger dans son garage. Ali trouve rapidement un emploi de vigile qui va lui permettre de rencontrer StĂ©phanie. Cette derniĂšre est dresseuse d’orques Ă  Marineland. Lors d’une reprĂ©sentation, StĂ©phanie est attaquĂ©e par un orque et doit ĂȘtre amputĂ©e de ses deux jambes. DĂ©sormais en fauteuil roulant, elle dĂ©prime et envisage de mettre fin Ă  ses jours. Une nuit, elle appelle Ali qui va l’aider. Entre les 2 personnages, une relation se noue, les faisant Ă©voluer peu Ă  peu. 2- L’homme de chevet - Alain Monne – 2009 – Avec Sophie Marceau et Christophe Lambert LĂ©o, un ancien champion de boxe, s’est reconverti en garde-malade. Il est embauchĂ© par Muriel, une femme trĂšs riche, qui est devenue tĂ©traplĂ©gique Ă  la suite d’un accident de la route. Petit Ă  petit, des sentiments naissent entrent ce champion de boxe dĂ©chu et cette femme clouĂ©e au lit. 3- L’idole - Frank Borzage – 1929 – avec Janet Gaynor et Charles Farrel Mary, une fille de ferme trĂšs pauvre, rencontre Tim juste avant le dĂ©but de la PremiĂšre Guerre mondiale. Celui-ci s’engage mais perdra ses jambes sur les champs de bataille. De retour, il reçoit la visite frĂ©quente de Mary. ProfondĂ©ment amoureux d’elle, Tim n’ose pas avouer son amour Ă  Mary, Ă  cause de son handicap
 4- Mar Adentro – Alejandro AmenĂĄbar – 2005 – Avec Javier Bardem Victime d’un accident alors qu’il Ă©tait adolescent, RamĂłn est tĂ©traplĂ©gique seule sa tĂȘte peut encore bouger. Étendu sur son lit depuis plus de trente ans, son seul moyen d’évasion est la fenĂȘtre par laquelle il peut contempler la mer. DĂ©testant sa vie, il souhaite mourir et fait appel Ă  une avocate pour faire entendre sa voix. Jusqu’au moment oĂč Rosa, une jeune femme joyeuse, dĂ©cide de lui redonner goĂ»t Ă  la vie car elle ne comprend pas que l’on puisse souhaiter mourir seulement Ă  cause d’un handicap
 5- Gilbert Grape - Lasse Hallström – 1994 – Avec Johnny Depp, Leonardo DiCaprio, et Juliette Lewis AprĂšs la mort de son pĂšre, Gilbert doit prendre en charge l’éducation et la vie de son frĂšre Arnie, dĂ©ficient mental, et de sa mĂšre. Mais tout ceci est remis en question par l’arrivĂ©e de Becky qui, avec ses dĂ©bardeurs roses et ses maniĂšres franches, va bouleverser les vies de Gilbert et d’Arnie. 6- Le huitiĂšme jour - Jaco van Dormael – 1996 – avec Daniel Auteuil, Pascal Duquenne et Miou Miou Pour Harry, seul son travail compte et il s’y consacre jour et nuit, prĂ©voyant chaque minute de son agenda, et de sa vie rigoureusement. Sa rencontre avec Georges, atteint de Trisomie 21 et qui ne vit que dans l’instant, va totalement transformer sa vie. Et ces 2 ĂȘtres que tout oppose vont devenir insĂ©parables. 7- Rain Man - Barry Levinson – 1989 – Avec Dustin Hoffman et Tom Cruise AprĂšs le dĂ©cĂšs de son pĂšre qu’il n’a pas vu depuis des annĂ©es, Charlie Babbitt compte beaucoup sur l’hĂ©ritage pour sortir d’une mauvaise passe financiĂšre. Mais, stupĂ©fait, il apprend qu’il n’aura pas un centime des trois millions de dollars de son pĂšre et qu’il a un frĂšre aĂźnĂ©, autiste. Charlie enlĂšve celui-ci dans l’espoir de rĂ©cupĂ©rer l’argent, mais au fil d’un road-trip qui va les conduire de l’Ohio Ă  la Californie, les deux frĂšres apprennent Ă  se connaĂźtre et tissent des liens indestructibles. 8- Million Dollar Baby – Clint Eastwood – 2004 – avec Clint Eastwood, Hilary Swank et Morgan Freeman Frankie et Scrap dirigent une salle de boxe dans laquelle Maggie vient s’entraĂźner. Frankie devient son coach et fait d’elle une cĂ©lĂ©britĂ© dans le milieu. Il organise alors un combat Ă  Las Vegas au cours duquel Maggie reçoit un coup illĂ©gal de son adversaire et se sectionne la moelle Ă©piniĂšre. TĂ©traplĂ©gique, elle implore Frank de l’aider Ă  mourir. S’engage alors un duel psychologique oĂč les regrets et les espoirs de chacun remontent Ă  la surface. 9- Intouchables - Eric Toledano et Olivier Nakache – 2011 – avec Omar Sy et François Cluzet A la suite d’un accident de parapente, Philippe, riche aristocrate, engage comme aide Ă  domicile Driss, un jeune de banlieue tout juste sorti de prison. Bref la personne la moins adaptĂ©e pour le job. Ensemble ils vont faire cohabiter Vivaldi et Earth Wind and Fire, le verbe et la vanne, les costumes et les bas de survĂȘtement... Deux univers vont se tĂ©lescoper, s’apprivoiser, pour donner naissance Ă  une amitiĂ© aussi dingue, drĂŽle et forte qu’inattendue, une relation unique qui fera des Ă©tincelles et qui les rendra... Intouchables. 10- ​Breaking the Waves – Lars von Trier – avec Emily Watson et Jean-Marc Barr Bess est mariĂ©e Ă  Jan qui travaille sur une plate-forme pĂ©troliĂšre. Mais un accident le laisse paralysĂ© et ne veut pas que sa femme reste Ă  ses cĂŽtĂ©s. S’engage alors une relation passionnelle, aux limites de la perversitĂ©, dans le couple. Les films ne sont pas seulement une source de divertissement, mais ils peuvent aussi ĂȘtre inspirants et apportĂ©s un dĂ©but de rĂ©ponse, et permettre de se reconnaĂźtre. Ils montrent souvent le courage et la dĂ©termination nĂ©cessaires pour parvenir Ă  surmonter le handicap, retrouver la joie de vivre et rĂ©aliser ses rĂȘves. Vous souhaitez ĂȘtre au courant des derniĂšres informations sur la mobilitĂ© ? Nous vous invitons Ă  vous inscrire au blog de Sunrise Medical oĂč vous pourrez recevoir toutes nos derniĂšres actualitĂ©s.

Infirmemoteur cĂ©rĂ©brale – un handicap de naissance –, j’ai connu des centres de rééducation, puis vĂ©cu dans des foyers entre 20 et 34 ans. Mais dĂšs l’ñge de 12 ans, je m’étais fixĂ© pour objectif de vivre seule, de maniĂšre autonome. « Devenir autonome a Ă©tĂ© un vĂ©ritable combat. ».

L’accueil familial Accueil familial Mode d’accueil alternatif au maintien Ă  domicile et au placement en Ă©tablissement spĂ©cialisĂ© les personnes handicapĂ©es ou ĂągĂ©es sont prises en charge au domicile de particuliers agréés et contrĂŽlĂ©s par les conseils dĂ©partementaux ou par des Ă©tablissements de santĂ© mentale. permet Ă  une personne handicapĂ©e ou ĂągĂ©e de bĂ©nĂ©ficier d’un accueil permanent, temporaire ou sĂ©quentiel, Ă  temps plein ou Ă  temps partiel de jour ou de nuit, au sein d’une famille agréée et contrĂŽlĂ©e par le Conseil DĂ©partemental. A mi-chemin entre le maintien Ă  domicile et le placement en Ă©tablissement, c’est une excellente solution de rĂ©pit pour les aidants familiaux. Un mode de prise en charge de proximitĂ©, chaleureux, Ă©conomique, intergĂ©nĂ©rationnel... La personne accueillie dispose d’une chambre personnelle, participe Ă  la vie de famille, bĂ©nĂ©ficie d’un accompagnement personnalisĂ© assurĂ© par l’accueillant, son entourage et les services mĂ©dico-sociaux. L’accueil familial peut ĂȘtre combinĂ©e avec un autre mode de prise en charge par des proches ou en Ă©tablissement accueil de jour, travail en ESAT.... Les personnes accueillies peuvent prĂ©tendre Ă  diffĂ©rentes aides financiĂšres APL, APA, PCH, crĂ©dit d’impĂŽt, aides sociales. Le reste Ă  charge reste Ă  charge CoĂ»t restant Ă  la charge de la personne accueillie aprĂšs dĂ©duction des aides sociales et/ou fiscales. , pour une personne non imposable, est gĂ©nĂ©ralement infĂ©rieur Ă  en 2018 en EHPAD public, en EHPAD privĂ©. Pour en savoir plus, cliquez ici RĂ©sumĂ© des diffĂ©rentes Ă©tapes pratiques et administratives 1 Pour trouver un accueil familial, servez-vous de la rubrique "annonces" et de la fiche pratique Choisir un accueillant familial pour un parent ĂągĂ© ; rencontrez, de prĂ©fĂ©rence, plusieurs accueillants ! 2 ComplĂ©tez et signez, avec l’accueillante de votre choix, un Contrat d’Accueil Familial 3 Si elle ne l’a pas dĂ©jĂ  fait, la personne accueillie doit ouvrir un compte employeur sur le site du CESU. Cette formalitĂ© peut ĂȘtre accomplie avec l’aide de son reprĂ©sentant lĂ©gal > voir notre page d’aide. Pour mettre fin Ă  un accueil, voir Comment gĂ©rer une rupture de contrat ? AdresseHENALLUX Service bibliothĂšques Rue Saint-Donat, 130 5002 Namur TĂ©l. : +32 (0)81 46 85 00 contact Le nombre de parents Ă  mobilitĂ© rĂ©duite croĂźt sans cesse. Etre parent et avoir une incapacitĂ© physique, un dĂ©fi que la clinique Parents Plus du Centre de rĂ©adaptation Lucie-Bruneau Canada permet de relever. Parents Plus, une clinique spĂ©cialisĂ©e pour les parents vivant avec une incapacitĂ© physique et qui attendent la venue d'un enfant. Dans le cadre des Rendez-vous de la rĂ©adaptation du CRLB, un pĂšre de famille ayant des limitations tĂ©moignera de son expĂ©rience et des dĂ©fis qu'il a relevĂ©s. Deux ergothĂ©rapeutes, dont l'initiatrice du projet, viendront Ă©galement prĂ©senter la clinique ainsi que les solutions personnalisĂ©es qui ont Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©es pour accompagner les parents Ă  relever ce nouveau dĂ©fi. Il y aura aussi une dĂ©monstration et manipulation de l'Ă©quipement chaise haute, table Ă  langer, lits, baignoires, etc. Alors qu'il y a croissance du nombre de parents Ă  mobilitĂ© rĂ©duite, peu de ressources existent pour les soutenir. La clinique Parents Plus a mis sur pied plusieurs initiatives pour rĂ©pondre aux besoins spĂ©cifiques de cette clientĂšle, qui souhaite exercer son rĂŽle parental de façon autonome et en toute sĂ©curitĂ©. Renseignements VĂ©ronique Arsenault, Morin Relations Publiques, 514 289-8688, poste 227, Cell. 514 923-9371, veronique Source Centre de rĂ©adaptation Lucie-Bruneau Lesyndrome d'Asperger ([aspÉ›ÊÉĄĆ“Ê] [1], de l'allemand [ˈaspÉ›ÊÉĄÉ] [2]) est une forme d'autisme dĂ©finie cliniquement en 1981 par Lorna Wing, Ă  partir de la « psychopathie autistique » dĂ©crite en 1944 par Hans Asperger [Note 1].Ainsi distinguĂ© d'autres formes d'autisme, le syndrome d'Asperger intĂšgre les classifications nosographiques officielles en 1993 dans le cadre des
AprĂšs une premiĂšre Ă©dition publiĂ©e en 2011, une seconde version actualisĂ©e du guide Parents Handis pas Ă  pas – Du dĂ©sir d’enfant Ă  son entrĂ©e en maternelle », Ă©ditĂ© par l’Association des ParalysĂ©s de France vient de paraĂźtre. DestinĂ© Ă  accompagner les couples dans leur dĂ©sir d’enfant lorsque l’un ou les deux parents sont en situation de handicap, cette brochure consultable en ligne et disponible gratuitement en version papier rĂ©pond aux questions d’ordre pratique que se pose chaque futur parent, avec les spĂ©cificitĂ©s dues au handicap. Mais au-delĂ  d’une brochure pratique Ă  destination des parents et futurs parents en situation de handicap, le guide sert aussi Ă  sensibiliser les professionnels de la santĂ©, du champ du handicap, de la petite enfance, les associations, les proches, et bien sĂ»r les pouvoirs publics sur ce sujet qui donne encore lieu Ă  bien trop de prĂ©jugĂ©s et dans un contexte oĂč les droits des parents en situation de handicap ne sont de toute Ă©vidence pas respectĂ©s. Interview d’AgnĂšs Bourdon, coordinatrice de la rĂ©alisation du guide Parents handis pas Ă  pas » 66 Millions d’IMpatients Comment et pourquoi est nĂ© ce guide ? AgnĂšs Bourdon La premiĂšre Ă©dition parue en 2011 a Ă©tĂ© l’initiative du groupe national des parents en situation de handicap, Ă©lus au sein de l’Association des ParalysĂ©s de France APF. A l’époque, le groupe Ă©tait constituĂ© de 22 Ă©lus, puisqu’il y avait 22 rĂ©gions. On avait tous des anecdotes sur la façon dont les parents en situation de handicap Ă©taient reçus dans les maternitĂ©s. Pourtant, nombreuses sont les personnes en situation de handicap qui ont tout simplement du mal Ă  s’envisager en couple et encore moins parents. Souvent ils apprĂ©hendent la façon dont ils pourraient ĂȘtre reçus par le corps mĂ©dical ou jugĂ©s par leurs proches, s’ils Ă©mettaient un dĂ©sir d’enfant. Il faut bien avouer d’ailleurs que les professionnels de santĂ© sont souvent peu formĂ©s et dĂ©semparĂ©s face Ă  ces patients. Fort de ce constat et de nos expĂ©riences respectives, nous avons cherchĂ© des supports d’informations et nous sommes rendus compte qu’il n’existait quasiment rien sur le sujet. Qu’est-ce qui vous semblait important de mettre en avant dans ce guide ? Les sujets abordĂ©s dans le guide sont des sujets qui prĂ©occupent finalement tous les parents mais avec la spĂ©cificitĂ© du handicap en plus quelle chaise haute acheter, comment je me dĂ©place avec mon enfant en voiture, est-ce que je peux aller et dĂ©poser mon enfant Ă  la crĂšche facilement, ai-je droit Ă  des aides financiĂšres, humaines, etc. ? En outre Ă  l’APF, on est trĂšs attachĂ© Ă  avoir une rĂ©flexion du point de vue des familles. Les pouvoirs publics abordent plutĂŽt le handicap sous un angle individuel mais lorsqu’une personne est touchĂ©e par le handicap, c’est l’ensemble de son entourage qui doit ĂȘtre pris en compte. Le guide dĂ©fend beaucoup ce point de vue sur tous les aspects de la parentalitĂ©. Combien de temps avez-vous mis Ă  Ă©crire ce guide et qu’avez-vous amĂ©liorĂ© entre la premiĂšre et la seconde Ă©dition ? On a mis beaucoup de temps Ă  rĂ©aliser ce guide car il a fallu se pencher sur des problĂšmes d’accessibilitĂ© mais aussi de droits, de formation des professionnels, etc
 Plus on avançait, plus on soulevait de nouvelles questions Ă  aborder et Ă  rĂ©soudre ! En tout, la premiĂšre Ă©dition nous a pris environ 4 ans. Les questions qui sont apparues ont commencĂ© Ă  se transformer en revendications que nous avons portĂ©es et que nous continuons de porter auprĂšs des pouvoirs publics. Depuis 2011 des choses ont changĂ© et on espĂšre que de nouvelles dĂ©cisions vont ĂȘtre prises rapidement. La deuxiĂšme Ă©dition prend donc en compte les nouveaux dispositifs mis en place entre temps en faveur des parents en situation de handicap. La mise en place du blog nous a Ă©galement permis d’échanger avec de nombreux parents qui nous ont Ă©crit et dont la seconde Ă©dition se fait aussi le porte-voix. Ce guide a donc un cĂŽtĂ© pratique mais Ă©galement militant. En outre, nous avons revu notre copie d’un point de vue pratique. La deuxiĂšme Ă©dition est bien plus facile Ă  lire, plus simple Ă  comprendre. On n’avait effectivement pas optimisĂ© la premiĂšre version pour les personnes qui ont des problĂšmes de lecture, par exemple ceux qui souffrent de troubles DYS. Cette fois, on l’a pris en compte. Cela dit, il nous reste encore bien des choses Ă  amĂ©liorer. On aimerait aussi pouvoir sortir une version audio sur laquelle nous travaillons. A combien d’exemplaires et comment diffusez-vous l’édition 2017 du guide ? Nous l’avons imprimĂ© Ă  4 000 exemplaires, et nous le distribuons gratuitement. Il est Ă©galement consultable sur internet et pour le recevoir en version papier, il suffit de le demander Ă  sa dĂ©lĂ©gation dĂ©partementale de l’APF. Nous voulons Ă©videmment toucher directement les gens qui doivent ĂȘtre sensibilisĂ©s au sujet comme les Agences rĂ©gionales de santĂ© ARS, en espĂ©rant que cela redescende dans chaque dĂ©partement puis dans les PMI Protections maternelles et infantiles, les MDPH Maisons dĂ©partementales des personnes handicapĂ©es, les hĂŽpitaux, les maternitĂ©s, et que le guide suscite des questionnements, des remises en cause, des discussions avec les patients concernĂ©s, des amĂ©nagements
 Quelles sont les revendications que vous avez portĂ©es ces derniĂšres annĂ©es sur le sujet de la parentalitĂ© pour les personnes en situation de handicap ? On s’est aperçu que le droit ne prĂ©voyait pas vraiment que des personnes en situation de handicap puissent vouloir et avoir effectivement des enfants ! Il y a des lois et des droits bafouĂ©s du fait qu’on est en situation de handicap. Cela a commencĂ© Ă  changer. Le guide nous a permis de soulever des rĂ©flexions de façon construite et constructive, d’avoir une dĂ©marche militante, de mobiliser d’autres associations, diffĂ©rents ministres, et il y en a eu beaucoup
 C’est le propre de la politique française de convaincre et reconvaincre Ă  chaque fois qu’il y a de nouvelles prises de fonction. Par exemple, les parents en situation de handicap n’avaient pas les mĂȘmes droits selon qu’ils touchaient l’AAH Allocation aux adultes handicapĂ©s ou qu’ils avaient une pension d’invaliditĂ©. Dans le dernier cas, ils n’avaient pas droit Ă  l’allocation pour la garde d’enfants, car le lĂ©gislateur qui Ă  l’époque a pensĂ© Ă  cette allocation l’a fait en imaginant que les personnes qui touchaient une pension d’invaliditĂ© Ă©taient forcĂ©ment de vieux soldats de guerre. Il a donc fallu rĂ©flĂ©chir Ă  la situation actuelle et adapter les lois. ConcrĂštement, dans la vie de parents en situation de handicap, cela se traduit comment au quotidien ? En premier lieu, je dirais qu’en France, en termes de compensation, on pense individu. On compense l’individu et ses besoins fondamentaux mais on ne compense pas son accĂšs Ă  tout, son droit de tout, son droit d’ĂȘtre un ĂȘtre humain, qui choisit sa vie, et notamment celle d’exercer une parentalitĂ©. Sur le plan de l’aide humaine, la plupart des parents n’obtiennent pas de temps supplĂ©mentaire pour les aider Ă  exercer leur parentalitĂ©. Souvent ils utilisent leurs propres aides humaines dont ils ont besoin pour se laver, s’habiller, afin de les aider Ă  exercer leur rĂŽle de parents. Encore faut-il que l’aidant soit d’accord et qu’il n’y ait pas d’accident, car ce n’est pas la mission pour laquelle il a Ă©tĂ© engagĂ©. En termes de droit commun, comme tout parent, on a tous droit Ă  des aides quand on est en situation de fragilitĂ©, pendant un certain temps. Ces aides sont dispensĂ©es par la CAF Caisse d’allocations familiales, mais beaucoup de parents ne le savent mĂȘme pas, qu’il s’agisse de parents en situation de handicap ou non d’ailleurs. On a en effet droit Ă  un certain nombre d’heures d’accompagnement par des techniciennes d’insertion sociale et familiale pour aider Ă  gĂ©rer son budget pour certains, faire les courses pour d’autres, pour le mĂ©nage, etc
 Tout le monde y a droit, cependant la personne en situation de handicap a des besoins plus spĂ©cifiques encore. Pour elle, le simple fait de dĂ©poser et d’aller chercher son enfant Ă  l’école est parfois impossible sans aide. Bien souvent, lorsqu’on obtient par chance une compensation, cela ne va pas au-delĂ  des sept ans de l’enfant. Mais Ă  7 ans, ce n’est pas du tout Ă©vident que l’enfant puisse aller seul Ă  l’école, trĂšs peu probable qu’il se fasse Ă  manger tout seul tous les soirs ou qu’il fasse sa lessive. En outre, pour l’aide aux devoirs, certains parents lĂ  aussi ont besoin d’amĂ©nagements ou d’aide pour un bon suivi Ă  la maison. Aujourd’hui, ainsi que le mentionne le guide, les lois changent en faveur de ces parents en situation de handicap. Sur le terrain, est-ce facile pour eux de revendiquer leurs droits ? Il existe des lois, mais elles ne sont absolument pas appliquĂ©es avec Ă©quitĂ© sur l’ensemble du territoire. En outre, il faut bien comprendre qu’en ce qui concerne le champ du handicap par rapport Ă  la parentalitĂ©, peu de choses sont prĂ©vues puisque lĂ  encore, les pouvoirs publics n’ont pas envisagĂ© la situation dans sa globalitĂ©. Aujourd’hui il existe notamment des aides sur le plan technique, particuliĂšrement le temps de la grossesse. Par exemple, une future maman en situation de handicap peut obtenir un amĂ©nagement de sa salle-de-bain durant la grossesse. Mais allons plus loin avec le lit de l’enfant une fois qu’il est nĂ©. Il faut parfois prĂ©voir un lit spĂ©cifique qui soit accessible, par exemple pour une maman ou un papa en fauteuil roulant. Dans ce genre de cas, les parents doivent nĂ©gocier la prise en charge d’une aide, car le lit est finalement destinĂ© Ă  l’enfant, qui lui n’est pas en situation de handicap. Il faut bien savoir aussi que ce genre de demandes n’est pas forcĂ©ment entendu, tout simplement car les parents en situation de handicap ne pensent mĂȘme pas qu’ils pourraient y avoir droit. Je vous donne un autre exemple une personne qui bĂ©nĂ©ficie d’aide du fait de son handicap peut a priori amĂ©nager l’espace de vie, sa chambre, la salle-de-bain, mais son accĂšs Ă  la chambre de ses enfants ne sera probablement pas pris en charge. On n’imagine pas que les gens qui ont un handicap ont une famille. Il y a une grande inĂ©galitĂ© d’un territoire Ă  l’autre sur la prise en charge de la compensation, sur l’écoute globale de la vie de la personne en situation de handicap, que cela soit sur le plan matĂ©riel ou concernant les aides humaines. L’aide humaine n’est quasiment pas prĂ©vue pour exercer sa parentalitĂ©. Le gouvernement prĂ©cĂ©dent nous avait promis d’envisager cette compensation Ă  la parentalitĂ©. Aujourd’hui nous avons un nouveau gouvernement et nous devons tout reprendre Ă  zĂ©ro. Vous soulevez Ă©galement un manque de formation des professionnels ? C’est vrai, que cela soit les professionnels de santĂ©, les travailleurs sociaux et plus tard ceux qui seront au contact de l’enfant et des parents. Il faut prĂ©voir parfois d’expliquer avec des mots simples la description d’une Ă©chographie Ă  un parent mal ou non-voyant par exemple. Je ne parle mĂȘme pas des maternitĂ©s qui sont trĂšs loin d’ĂȘtre toutes accessibles en fauteuil roulant
 Tout simplement parce qu’encore une fois, on n’a pas envisagĂ© qu’une personne en situation de handicap puisse vivre un accouchement. Et c’est valable autant pour la maman que pour le conjoint qui pourrait se trouver ĂȘtre le parent en situation de handicap et qui est la plupart du temps trĂšs exclu. Plus tard, ce sera les personnels de crĂšche ou les enseignants qui ne seront pas formĂ©s Ă  recevoir des parents en situation de handicap. Parfois d’ailleurs, les locaux ne sont pas du tout adaptĂ©s. Ces parents ne peuvent alors tout simplement pas participer correctement Ă  la vie sociale et scolaire de leurs enfants. MalgrĂ© votre combat pour le droit Ă  la parentalitĂ© pour tous, vous avez quand mĂȘme des rĂ©serves sur certaines situations ? Ce guide est lĂ  pour soutenir les parents, et dans certains cas, tout se passera trĂšs bien, mais il faut quand mĂȘme anticiper. Ce n’est pas toujours simple, il y aura forcĂ©ment des embĂ»ches et il faut bien se dire que c’est quand mĂȘme plus facile lorsque l’on est bien entourĂ©, que financiĂšrement c’est possible, que mentalement on s’y est prĂ©parĂ©. D’autant que la sociĂ©tĂ© pose souvent un regard rĂ©probateur sur les parents en situation de handicap qui dĂ©cident d’avoir des enfants, et si cela devient trop compliquĂ© ou Ă©puisant, la maman ou le papa peut ressentir une forte dĂ©considĂ©ration de lui/d’elle-mĂȘme qui n’est pas toujours gĂ©rable. Il y aura forcĂ©ment des frustrations. Parfois on ne peut pas aller dans la chambre de son enfant qui pleure, on ne peut pas le sortir seule de son lit pour le cĂąliner, on ne peut pas aller le chercher Ă  l’école, pas l’accompagner Ă  ses activitĂ©s. Rien n’est impossible mais il est vraiment nĂ©cessaire de l’anticiper et de ne pas se dire Faisons un enfant, on verra bien ». Pour l’avoir vĂ©cu moi-mĂȘme, ce n’est certainement pas le bon raisonnement Ă  avoir. Vous ĂȘtes souvent confrontĂ©e Ă  des situations oĂč l’enfant est finalement placĂ© dans des familles d’accueil ? On a aucunement le droit de dire Ă  quelqu’un, quel que soit son handicap, physique ou psychique, qu’il n’a pas le droit d’avoir d’enfant mais on se doit de penser aux droits de l’enfant Ă  venir. Je suis vraiment militante au droit Ă  la parentalitĂ© pour les personnes en situation de handicap et je n’encourage, ni ne dĂ©courage aucun des parents que j’accompagne dans leur parcours, mais, en revanche, je parle sans langue de bois des difficultĂ©s et le cas Ă©chĂ©ant j’aborde le fait que l’enfant pourrait ĂȘtre placĂ©. Cela arrive Ă©videmment. Je ne dis pas que l’enfant est malheureux quand il est placĂ© en famille d’accueil et, d’ailleurs, on peut tout Ă  fait dans de tels cas ĂȘtre parent autrement, mais il faut que cela soit anticipĂ©. Je prĂ©cise que lorsque l’enfant est placĂ©, cela ne veut pas dire qu’il est forcĂ©ment coupĂ© de ses parents. Il peut s’agir d’un mode d’organisation mixte, organisĂ© sereinement. Mais souvent, ce n’est pas le cas, et c’est vĂ©cu comme un dĂ©chirement. Inversement, parfois certains enfants sont placĂ©s pour de mauvaises raisons, alors qu’il aurait juste fallu que les personnes accompagnantes et dĂ©cisionnaires, comme les Ă©ducateurs ou les juges, aient travaillĂ© sur des amĂ©nagements, des compensations en termes d’aides matĂ©rielle et humaine, et tout ce serait bien passĂ©. Il y a clairement trop de placements abusifs dans les familles oĂč il y a des situations de handicap.
ADOLESCENCEET HANDICAP – RUPTURE ET REPERES CATHERINE AGTHE-DISERENS / MICHEL MERCIER Dans le texte qui suit, nous reprenons des Ă©lĂ©ments d’une rĂ©flexion que nous avons conduite avec des parents et des professionnels dans un atelier intitulĂ© « lĂącher prise », lors de la journĂ©e d’étude « Une famille presque entiĂšrement normale » organisĂ©e par insieme,
PLAN DU MÉMOIRE ReprĂ©sentations sociales et croyances parentales Le handicapĂ© mental et sa famille Introduction .................... p 4 I. ProblĂ©matique .................... p 7 II. MĂ©thodologie .................... p 15 1. PrĂ©sentation .................... p 15 2. Les procĂ©dures d'enquĂȘte .................... p 17 L'entretien .................... p 17 Le choix de l'Ă©chantillon .................... p 19 La procĂ©dure .................... p 20 3. L'observation directe .................... p 21 III. Auteurs et concepts .................... p 25 1. Les parents de l'enfant handicapĂ© mental vus comme acteurs » plutĂŽt qu' agents » .................... p 25 Le concept d'agent social .................... p 25 Le concept d'acteur social .................... p 26 2. La sociologie comprĂ©hensive de Max WEBER .................... p 27 3. La sociologie de Raymond BOUDON .................... p 30 L'individualisme mĂ©thodologique .................... p 30 La rationalitĂ© ou l'irrationalitĂ© de l'acteur social .................... p 31 IV. La construction de l'identitĂ© sociale de parent d'enfant handicapĂ© mental .................... p 34 1. L'interactionnisme comme mode d'apprĂ©hension de la construction de l'identitĂ© sociale de parent d'enfant handicapĂ© mental .................... p 34 DĂ©finitions du modĂšle interactionniste .................... p 34 MEAD et le jeu socialisĂ© .................... p 36 La carriĂšre de parents d'enfant handicapĂ© mental .................... p 37 2. La socialisation parentale selon la thĂ©orie interactionniste des professions .................... p 39 La gestion de la crise et du dilemme .................... p 39 Le dĂ©roulement de la carriĂšre des parents vu comme trajectoire de vie .................... p 40 V. Le handicap mental une construction historique, juridique et sociale .................... p 43 1. Historique de la notion de handicap .................... p 43 2. Le point de vue juridique .................... p 44 3. Le normal et l'anormal .................... p 46 La relativitĂ© des normes sociales .................... p 46 Le handicap n'est pas inadaptation .................... p 48 La stigmatisation de la personne handicapĂ©e mentale .................... p 49 VI. Les reprĂ©sentations sociales du handicap mental .................... p 52 1. DĂ©finition de la reprĂ©sentation sociale .................... p 52 2. La thĂ©orie du noyau central .................... p 52 3. L'objectivation et l'ancrage .................... p 54 4. La perception du handicap de l'enfant par les parents .................... p 55 VII. La famille du handicapĂ© mental .................... p 57 1. La famille comme systĂšme .................... p 57 2. Le concept d'homĂ©ostasie familiale .................... p 57 3. Le difficile recadrage avec soi-mĂȘme .................... p 59 4. La dissonance cognitive comme processus interne de rĂ©gulation des contradictions .................... p 59 5. Le handicap, objet du secret parental .................... p 61 techniques de protection » parentales .................... p 63 1. Truquer les relations sociales .................... p 63 2. Le malentendu .................... p 66 3. Le handicap, objet de honte .................... p 69 4. Les conduites de mauvaise foi .................... p 72 IX. Les croyances parentales en une normalitĂ© possible de leur enfant ................... P 74 1. Les typologies parentales .................... p 74 2. Une construction idĂ©altypique » de la famille de l'enfant handicapĂ© mental .................... p 75 3. Le mythe du progrĂšs .................... p 76 La situation d'incertitude .................... p 76 Le mythe du progrĂšs dans sa relation Ă  la temporalitĂ© .................... p 77 Le paradigme de KUHN .................... p 78 4. Le modĂšle cognitiviste appliquĂ© aux croyances parentales .................... p 80 CONCLUSION .................... p 84 BIBLIOGRAPHIE .................... p 86 INTRODUCTION Une science empirique ne saurait enseigner Ă  qui que ce soit ce qu'il doit faire, mais seulement ce qu'il peut et - le cas Ă©chĂ©ant - ce qu'il veut faire. » Max WEBER. Ce mĂ©moire de DEA s'intĂ©resse Ă  la problĂ©matique des parents d'enfants handicapĂ©s mentaux. Il est le fruit d'un travail de recherche menĂ© depuis l'annĂ©e de licence dans le cadre de nos recherches de sociologie Ă  l'UniversitĂ© de Nancy 2. La rĂ©flexion Ă©laborĂ©e au cours des pages Ă  venir n'est pas seulement issue de l'imagination du chercheur. L'annĂ©e passĂ©e, en maĂźtrise, nous avons pu interpeller les parents au cours d'entretiens afin de comprendre leur univers et nous avons pu nous faire une premiĂšre idĂ©e sur leur situation. Cette annĂ©e a Ă©tĂ© une phase de thĂ©orisation importante afin de percevoir les mĂ©canismes de construction d'un univers social particulier. Nous ne sommes pas isolĂ©s sur notre Ăźlot avec notre seule vĂ©ritĂ© et nos seules certitudes ; nous faisons le constat que la recherche n'a de sens que si elle est partagĂ©e. Certes, les thĂ©ories de certains auteurs ne nous ont pas semblĂ© pertinentes, ce n'est pas pour autant qu'elles en sont dĂ©nigrĂ©es. Nous n'adoptons pas leur point de vue, c'est tout. Les thĂ©ories d'autres auteurs, par contre, ne pouvaient ne pas ĂȘtre dĂ©battues et exposĂ©es. Elles intĂ©ressent notre objet sociologique au premier chef et nous ont permis un dĂ©tachement nĂ©cessaire par rapport Ă  nos a priori. Nous l'avions soulevĂ© l'annĂ©e passĂ©e, notre profession est intimement liĂ©e Ă  notre objet de recherche puisque nous le cĂŽtoyons au quotidien, dans notre pratique Ă©ducative. Le questionnement sur notre Ă©tat reste sous-jacent, Ă  savoir, quelle est la place d'un Ă©ducateur-sociologue » au sein d'une structure d'accueil de l'Ă©ducation dite spĂ©cialisĂ©e. Pour l'heure, nous n'avons pas trouvĂ© de rĂ©ponse mais existe-t-il vraiment une rĂ©ponse ? Ce qui nous semble incontestable, c'est que notre perception sur la chose handicap » Ă  Ă©voluer ; elle devient dĂ©sormais plus lisible, comme plus transparente devant nos questionnements. Peut-ĂȘtre sommes-nous enfin prĂȘt Ă  comprendre le monde du handicap et non plus uniquement vivre une routine professionnelle Ă  ses cĂŽtĂ©s ? Le regard du sociologue se dĂ©tache de la perception immĂ©diate de l'Ă©ducateur, la rĂ©flexion s'allie Ă  la pratique mais n'est-elle pas en train de la dĂ©passer ? Nous pouvons nous demander si l'action ne met pas Ă  mal toute rĂ©flexion et qu'Ă  trop s'inscrire dans le faire » nous en oublions de regarder ce que nous sommes professionnellement. Au-delĂ  de nos propres inquiĂ©tudes, nous recherchons Ă  comprendre un autre monde fait Ă©galement d'incertitudes, celui des parents de l'enfant handicapĂ© mental. Comment peuvent-ils parvenir Ă  ĂȘtre et vivre dans un univers dĂ©truit Ă  l'apparition du handicap ? Quelle force les anime et les pousse Ă  poursuivre malgrĂ© tout ? C'est vrai que ses questions sont souvent prĂ©sentes Ă  notre esprit et nous pensons que les parents se les posent Ă©galement. En cherchant Ă  les comprendre peut-ĂȘtre parviendrons-nous Ă  leur faire comprendre leur situation ? Sans leurs tĂ©moignages, ce travail n'aurait pas pu exister ; leur investissement dans cette recherche est rĂ©el et laisse supposer qu'ils souhaitent ĂȘtre soutenus. Il y a une part de curiositĂ© qu'ils cherchent Ă  assouvir savoir comment cela se passe chez les autres avec un enfant handicapĂ©. Savoir s'ils font bien, s'ils s'en sortent, s'ils sont de bons parents, surtout lorsqu'on n'a pas l'expĂ©rience du handicap. Tous ces questionnements rejoignent les nĂŽtres mĂȘme s'ils sont d'une nature diffĂ©rente nous avons cet avantage sur eux d'ĂȘtre hors de l'objet de recherche alors qu'ils y participent pleinement. Nous investirons cet objet de l'intĂ©rieur ; il nous faut le pĂ©nĂ©trer pour le dĂ©manteler et le donner Ă  lire aux individus. Les thĂ©oriciens apprĂ©hendĂ©s nous aident dans notre mission de comprĂ©hension » ; nous leur devons de nous interroger sans cesse et de ne pas nous laisser sĂ©duire par un fait plaisant susceptible de valider immĂ©diatement nos questionnements. Il faut se mĂ©fier de l'immĂ©diatetĂ© des faits surgissant comme autant de rĂ©ponses satisfaisantes ; leur validitĂ© est plutĂŽt cachĂ©e. Le chemin qui mĂšne Ă  la dĂ©couverte est souvent long et tortueux, c'est ce qui le rend passionnant. Notre rĂ©daction se dĂ©compose en neufs chapitres qu'il faut suivre comme un fil qui nous mĂšnera jusqu'Ă  notre futur travail de recherche. La problĂ©matique et la mĂ©thodologie vous exposent le choix des auteurs et des concepts retenus ainsi que la procĂ©dure d'enquĂȘte que nous souhaiterions mettre en oeuvre ultĂ©rieurement. Nous pouvons dĂ©jĂ  situer le lecteur en lui disant que notre conception thĂ©orique repose sur la sociologie comprĂ©hensive de Max WEBER et sur l'individualisme mĂ©thodologique de Raymond BOUDON. Ces dĂ©finitions nous mĂšnent au chapitre 4 dans lequel nous apprĂ©hendons la construction de l'identitĂ© sociale de parents d'enfant handicapĂ© mental de maniĂšre originale. L'originalitĂ© relĂšve du fait que nous avons interrogĂ© cette construction du point de vue de la sociologie des professions. Nous posons comme prĂ©alable que les individus Ă©pousent une carriĂšre de parents d'enfant handicapĂ© dĂšs que ce dernier paraĂźt. Cette carriĂšre, Ă©laborĂ©e autour du handicap, nous semble diffĂ©rente d'une carriĂšre normale » de parents. Les thĂ©ories interactionnistes nous sont apparues d'une grande utilitĂ© pour nous Ă©clairer sur ce processus. Les chapitres 5 et 6 vous invitent Ă  lire le handicap et ses reprĂ©sentations sociales. Le handicap est apprĂ©hendĂ© comme un objet qui interroge les normes sociales. Nous Ă©voquerons sa relativitĂ©, c'est-Ă -dire que nous estimons qu'il est une autre norme sociale possible, mineure mais bien prĂ©sente. Le sujet handicapĂ© est tributaire des reprĂ©sentations que les individus projettent Ă  son encontre ; il est un ĂȘtre stigmatisĂ© mis au ban de la sociĂ©tĂ©. Nous interrogerons Ă©galement les reprĂ©sentations qu'ont les parents du handicap mental et comment elles s'imposent Ă  eux. Nous ne pouvons traiter de la famille de l'enfant handicapĂ© sans en Ă©tayer une dĂ©finition. Dans le chapitre 7, nous dĂ©veloppons l'idĂ©e que le handicap a contaminĂ© » le milieu familial. Les parents sont dĂ©stabilisĂ©s et perdus ne sachant que faire et pourtant, il faut bien agir. Ils doivent passer par une reconstruction de leur moi » mis Ă  mal et fissurĂ© par le handicap mental. Les individus mettent en place des stratĂ©gies pour surmonter le dĂ©terminisme de situation dans lequel le handicap les plonge. Il faut parvenir Ă  jouer » avec la sociĂ©tĂ© un jeu de dupe pour faire croire Ă  l'autre et se convaincre que tout demeure possible. Le chapitre 8 propose au lecteur de mettre Ă  jour les rĂšgles du jeu implicites qui se dĂ©voilent dans les rapports sociaux les interrelations entre les parents et les autres individus. Nous pensons que la famille de l'enfant handicapĂ© mental est une famille idĂ©altype, au sens que lui donne Max WEBER, c'est-Ă -dire qu'elle peut ĂȘtre dĂ©finie selon des caractĂšres communs et spĂ©cifiques. Ce type d'agencement social positionne les acteurs parentaux dans une situation sociale les amenant Ă  adhĂ©rer Ă  des croyances communes. Ils croient en un progrĂšs toujours possible de leur enfant malgrĂ© des difficultĂ©s objectives et rĂ©elles qu'il a Ă  ĂȘtre comme les autres. La sociologie de Raymond BOUDON interroge les situations d'incertitude et nous Ă©met des hypothĂšses sur l'art de se persuader ». Comment l'acteur parvient-il Ă  adhĂ©rer Ă  des idĂ©es douteuses ou fausses et Ă  parvenir Ă  mener une existence Ă  travers elles ? Notre recherche de DEA ne saurait rĂ©pondre Ă  toutes ces questions cependant nous jetons quelques hypothĂšses sur la maniĂšre dont nous souhaitons les apprĂ©hender. Petit Ă  petit, au fur et Ă  mesure de nos investigations, nous rechercherons surtout Ă  comprendre ce qui permet aux acteurs sociaux de parvenir Ă  vivre mĂȘme dans les situations les plus extrĂȘmes. I. PROBLEMATIQUE Le choix de l'objet de recherche sociologique n'est pas neutre. Il nous pose questions, il nous irrite parfois car nous ne savons pas toujours comment parvenir Ă  le saisir. Il peut ĂȘtre vaste, il nous faut alors le limiter de peur de se perdre. Faire des choix est difficile, il faut supporter l'amputation d'une partie de notre recherche, en faire le deuil tout en sachant qu'elle vit par le travail des autres. Notre tĂąche est de participer Ă  la construction du savoir et d'apporter, mĂȘme d'une façon pouvant paraĂźtre insignifiante, notre collaboration Ă  la rĂ©flexion sociologique. Toute connaissance rĂ©flexive de la rĂ©alitĂ© infinie par un esprit humain fini a par consĂ©quent pour base la prĂ©supposition implicite suivante seul un fragment limitĂ© de la rĂ©alitĂ© peut constituer chaque fois l'objet de l'apprĂ©hension scientifique et seul il est essentiel, au sens oĂč il mĂ©rite d'ĂȘtre connu. Weber, 1995, p 148-149. Nous sommes investis d'une mission dont nous aurions le choix des modalitĂ©s d'exĂ©cution. Ne pas se perdre, pour cela il faut baliser au mieux notre parcours de chercheur et ne pas laisser Ă©chapper ce fil d'Ariane de nos doigts. Les fausses pistes et les dĂ©sillusions nous guettent, le savoir et s'en apercevoir nous garde de renoncer Ă  chaque dĂ©convenue. Le monde du handicap est riche d'interprĂ©tations Ă  son sujet, nous allons nous atteler au travail de dĂ©couverte entrepris par d'autres chercheurs de notre discipline en nous efforçant d'apporter notre originalitĂ©. Nous n'avons pas ici la prĂ©tention de rĂ©volutionner un domaine spĂ©cifique de notre sociĂ©tĂ© mais nous souhaitons tout simplement que notre point de vue interpelle le lecteur. Il n'y a pas un mode unique d'apprĂ©hension du rĂ©el cependant le regard que nous portons sur celui-ci n'en est pas moins particulier. Il nous faut expliquer dĂ©sormais ce qui attire notre attention sur une zone sociale prĂ©cise, celle du handicap et notamment celle du handicap mental. Il nous apparaĂźt que les acteurs sociaux de la sphĂšre parentale de l'enfant handicapĂ© mental ont quelque chose Ă  dire sur la maniĂšre dont ils apprĂ©hendent la rĂ©alitĂ© sociale. Comment parviennent-ils Ă  vivre une vie que le commun des mortels dĂ©finit comme inacceptable ? Le choix d'un tel sujet n'est pas indĂ©pendant d'un parcours biographique, d'un roman des origines du chercheur. Le chercheur est Ă©galement Ă©ducateur spĂ©cialisĂ©, il vit au quotidien au sein de son objet d'Ă©tude et depuis toujours il a Ă©tĂ© confrontĂ© au handicap mental, sa tante Ă©tait une adulte dite trisomique. Une portion seulement de la rĂ©alitĂ© singuliĂšre prend de l'intĂ©rĂȘt Ă  nos yeux, parce que seule cette portion est en rapport avec les idĂ©es de valeur culturelles avec lesquelles nous abordons la rĂ©alitĂ© concrĂšte. Ce ne sont que certains aspects de la diversitĂ© toujours infinie des phĂ©nomĂšnes singuliers, Ă  savoir ceux auxquels nous attribuons une signification gĂ©nĂ©rale pour la culture qui valent la peine d'ĂȘtre connus ibid., p 157. On peut nous objecter que le chercheur est trop imprĂ©gnĂ© par son objet d'Ă©tude pour apporter un regard suffisamment objectif sur celui-ci. Effectivement, il n'est pas toujours aisĂ©, dans notre situation, de se dĂ©tacher d'un discours revendicatif en faveur de la population dĂ©terminĂ©e. Sans prĂŽner une rupture Ă©pistĂ©mologique radicale avec le sens commun, nous souhaitons plutĂŽt nous dĂ©partir d'une certaine compassion au profit d'une empathie plus Ă  mĂȘme d'accĂ©der Ă  la comprĂ©hension des acteurs sociaux. Nous reprenons l'idĂ©e de SCHÜTZ que les acteurs sociaux ne sont pas des idiots culturels » et qu'ils ont une connaissance de la rĂ©alitĂ© qu'ils dĂ©crivent dans leurs discours. Les objets de pensĂ©e construits par les chercheurs en sciences sociales se fondent sur des objets de pensĂ©e construits par la pensĂ©e courante de l'homme menant sa vie quotidienne parmi ses semblables et s'y rĂ©fĂ©rant. Ainsi, les constructions utilisĂ©es par le chercheur en sciences sociales sont, pour ainsi dire, des constructions de constructions Ă©difiĂ©es par les acteurs sur la scĂšne sociale dont l'homme de science observe le comportement et essaie de l'expliquer tout en respectant les rĂšgles de procĂ©dure de sa science SchĂŒtz, 1987, p 11. Notre travail de recherche actuel n'est pas vierge de tout antĂ©cĂ©dent heuristique. Cela fait maintenant trois annĂ©es que le sujet du handicap mental nous interpelle dans le cadre de nos Ă©tudes de sociologie. La monographie de licence nous a permis d'apprĂ©hender le milieu familial en nous dĂ©tachant du regard spontanĂ© de l'Ă©ducateur spĂ©cialisĂ© forgĂ© d'a priori. La verve Ă©ducative parasitait l'Ă©criture sociologique ; ce travail fut un premier passage bĂ©nĂ©fique pour faire abstraction de la pensĂ©e Ă©ducative. La construction imparfaite de cette premiĂšre Ă©tude jeta les bases Ă  notre recherche de maĂźtrise Ă©galement centrĂ©e sur le milieu familial de l'enfant handicapĂ© mental. Nous nous sommes essayĂ©s Ă  cerner ce que les parents pensent du handicap de leur enfant et comment ils dĂ©terminent leur rapport Ă  la sociĂ©tĂ©. Il s'agissait de saisir les motivations qui poussent les parents Ă  croire qu'un jour, peut-ĂȘtre, leur enfant handicapĂ© mental sera capable de se sortir de son Ă©tat. Il nous fallait dĂ©crypter les mĂ©canismes par lesquels l'individu est capable d'influencer sa propre existence. Il nous fallait interroger ses capacitĂ©s Ă  analyser subjectivement sa situation sociale dont il dĂ©pend par certains cĂŽtĂ©s et dĂ©celer ses stratĂ©gies d'action pour retourner la situation en sa faveur ». De notre position nous ne pouvons essayer de comprendre qu'une part infime du vaste champ du handicap. Notre tĂąche est cependant de faire oeuvre de scientificitĂ© et d'Ă©clairer du mieux que nous le pourrons cette part infime, morceau d'une construction plus gĂ©nĂ©rale. Dans notre travail prĂ©alable, nous supposions qu'il existe bien une famille typique de l'enfant handicapĂ© mental. L'enfant, dans ce cadre, semble influencer les relations au sein du groupe familial, les parents se projettent en fonction des Ă©volutions de celui-ci. Nous devons nous interroger pour dĂ©terminer si ce type de famille se construit en fonction de certains critĂšres semblables et repĂ©rables. Les acteurs parentaux vivent leurs rapports Ă  la sociĂ©tĂ© en fonction de leur propre expĂ©rience du handicap. Il y aurait une construction sociale de la famille de l'enfant handicapĂ© mental, ensemble social caractĂ©risĂ© par des similitudes. Elle n'est pas dĂ©pendante de dĂ©terminismes sociaux antĂ©rieurs puisque les parents n'ont pas appris Ă  ĂȘtre de tels parents. La construction de pĂšre ou de mĂšre d'un enfant diffĂ©rent s'engage, mĂȘme si ceci semble un truisme, dĂšs l'apparition du handicap dans la famille. Nous dĂ©montrerons qu'il n'y a pas qu' un apprentissage par corps » au sens dĂ©finit ainsi par Pierre BOURDIEU Le corps croit en ce qu'il joue il pleure s'il mime la tristesse. Il ne reprĂ©sente pas ce qu'il joue, il ne mĂ©morise pas le passĂ©, il agit le passĂ©, ainsi annulĂ© en tant que tel, il le revit. Ce qui est appris par corps n'est pas quelque chose que l'on a, comme un savoir que l'on peut tenir devant soi, mais quelque chose que l'on est Bourdieu, 1980, p 123. Comment les parents parviennent-ils Ă  jouer avec les reprĂ©sentations sociales antĂ©rieures qu'ils avaient sur l'innommable monstruositĂ© ? Les reprĂ©sentations sociales des individus laissent-elles des rĂ©sidus dans les pensĂ©es des acteurs ou est-ce que ceux-ci parviennent Ă  les Ă©vacuer ou les cacher sous un vernis ? Il semblerait, mais ceci n'est qu'une interprĂ©tation premiĂšre, que les acteurs parentaux vivent leur existence, non pas uniquement en fonction d'un statut imposĂ© par la sociĂ©tĂ©, mais aussi selon les reprĂ©sentations qu'ils ont de leur situation prĂ©sente. Leurs actions sont limitĂ©es par les Ă©volutions supposĂ©es de l'enfant mais ils se dotent de moyens stratĂ©giques pour dĂ©passer les cadres de la situation et vivre de maniĂšre toute somme normale », en faisant comme si ». Il existe bien une construction sociale du parent de l'enfant handicapĂ© mental. Il faut nous doter des outils les plus adĂ©quats Ă  notre propos afin de dĂ©composer et lire les mĂ©canismes d'une telle construction. Nous Ă©mettons le postulat que les uns se construisent en fonction des autres par le biais des relations quotidiennes. Nous nous Ă©difions en tant qu'acteur social au travers du regard des autres acteurs sociaux approuvant ou dĂ©sapprouvant ce que l'on fait ou ce que l'on projette. A notre insu, nous sommes tributaires des individus environnants qui n'ont de cesse de nous cataloguer pour ce qu'ils croient de ce que nous sommes en fonction de ce que nous leur dĂ©voilons. Les concepts de l'interactionnisme symbolique seront exploitĂ©s pour enrichir notre thĂ©orisation. DE QUEIROZ et ZIOLKOVSKI dans leur ouvrage " L'interactionnisme symbolique " dĂ©crivent ainsi la notion d'interaction La notion d'interaction joue un double rĂŽle thĂ©orique. Les interactions sont, d'un cĂŽtĂ©, constitutives de la vie sociale. Le fonctionnement de la sociĂ©tĂ©, de sa culture, de sa structure, de toutes ses institutions n'est finalement qu'un processus continu d'interactions. L'ordre social est un ordre interactionnel ... Par ailleurs l'interaction peut ĂȘtre dĂ©crite comme un phĂ©nomĂšne particulier, une sorte d'Ă©vĂ©nement dotĂ© de ses rĂšgles propres et qui peut, au moins Ă  ce titre et analytiquement, ĂȘtre Ă©tudiĂ© de façon relativement autonome, indĂ©pendant Ă  la fois de l'ordre macro-social et des identitĂ©s antĂ©rieures des acteurs. De Queiroz et Ziolkovski, 1994, p 57. Les parents d'enfants handicapĂ©s entrent en formation dĂšs l'apparition de leur enfant pour Ă©pouser une carriĂšre » au sens que BECKER lui donne. Les acteurs parentaux doivent se munir, s'inventer et innover des techniques d'apprentissage ils deviendront petit Ă  petit des experts en matiĂšre de handicap mental. Ils n'ont pas choisi cette profession » inscrite dans le domaine domestique, faite de pratiques quotidiennes spĂ©cifiques pour pallier l'immĂ©diatetĂ© de la situation. Ils s'initient Ă  leur nouvelle tĂąche en devant en construire la planification. L'individu s'expulse d'un monde qu'il avait construit oĂč tout lui semblait aller de soi pour investir un univers qui bouscule ses Ă©vidences. Il doit rĂ©-apprivoiser ce qu'il avait rĂ©ussi Ă  dompter. Il doit se convertir » Ă  une nouvelle acceptation de soi et du monde et construire une nouvelle identitĂ© sociale selon la perception de HUGHES. La construction de l'identitĂ© sociale des parents de l'enfant handicapĂ© mental repose sur des interprĂ©tations d'acteurs sociaux Ă©voluant dans deux mondes diffĂ©rents. Le monde de la normalitĂ© et le monde de l'anormalitĂ© qui semblent plus s'opposer, au premier abord, que se complĂ©ter. Il y aurait, pour reprendre l'idĂ©e de GOFFMAN, conflit entre les normaux et les stigmatisĂ©s. Il est intĂ©ressant de s'interroger sur la force de contamination sociale » du handicap qui imprĂšgne les acteurs parentaux et parasite les relations habituelles. Ils revĂȘtent une identitĂ© sociale virtuelle » cachant, sous le manteau des faux-semblants, les vĂ©ritables attributs de leur identitĂ©. Le handicap de l'enfant met la famille au ban de la sociĂ©tĂ©, l'Ă©lĂ©ment dĂ©viant contamine la structure familiale ; elle est Ă©tiquetĂ©e » comme telle. Le dĂ©viant est celui auquel cette Ă©tiquette a Ă©tĂ© appliquĂ©e avec succĂšs et le comportement dĂ©viant est celui auquel la collectivitĂ© attache cette Ă©tiquette » Becker, 1985, p 3. Notre recherche se tournera vers la psychologie sociale qui a Ă  nous apprendre sur la constitution des reprĂ©sentations sociales. Les acteurs sociaux se construisent mentalement des images de la rĂ©alitĂ© environnante selon la position sociale qu'ils occupent. La position sociale n'est pas uniquement dĂ©pendante d'un statut social dĂ©terminĂ© mais a plutĂŽt Ă  voir avec la place qu'occupe un individu au sein de la sociĂ©tĂ©. Les parents de l'enfant handicapĂ© mental vivent au sein de la sociĂ©tĂ© comme tout un chacun selon les rĂŽles sociaux qui leur sont attribuĂ©s, ils sont pourtant dans une situation unique en comparaison Ă  d'autres acteurs sociaux. Il est intĂ©ressant de se demander comment les parents interprĂštent le handicap de leur enfant, quelles reprĂ©sentations ils en ont. Nous interrogerons l'Ă©lĂ©ment fondamental de la reprĂ©sentation, le noyau central » qui dĂ©termine Ă  la fois la signification et l'organisation de la reprĂ©sentation Abric, 1999, p 215. Les acteurs parentaux perçoivent-ils leur confrontation Ă  la sociĂ©tĂ© de maniĂšre diffĂ©rente ou bien existe-t-il une reprĂ©sentation sociale homogĂšne des individus pris dans le cercle du handicap ? Ces questions sous-tendent que ces acteurs sont suffisamment imprĂ©gnĂ©s pour se bĂątir une forme de pensĂ©e sociale » unique. Il y aurait deux interprĂ©tations possibles des reprĂ©sentations sociales du handicap inscrites dans deux perspectives - La perspective intra familiale considĂ©rant l'altĂ©ritĂ© dans sa dimension de souffrance, une anomalie sociale qui ronge les liens familiaux et dĂ©truit toute possibilitĂ© de reconstruction. Le handicap est un intrus, un objet rapportĂ©, dissociĂ© de l'ĂȘtre, comme collĂ© Ă  l'enfant. - La perspective extra familiale des parents construite selon les reprĂ©sentations sociales communĂ©ment acceptĂ©es. Dans ce cas, l'individu est handicapĂ© par essence. La thĂ©orie de la dissonance cognitive fondĂ©e par le psychosociologue amĂ©ricain LĂ©on FESTINGER 1993 nous invite Ă  postuler que l'individu tend Ă  rĂ©soudre ou Ă  rĂ©duire la dissonance parce qu'elle est source de malaise. Dans chaque situation dissonante, l'individu dispose gĂ©nĂ©ralement de plusieurs modes possibles de rĂ©duction de la dissonance ». Les parents de l'enfant handicapĂ© mental doivent pouvoir vivre malgrĂ© tout, mais leurs perspectives d'avenir n'apparaissent plus aussi Ă©videntes et linĂ©aires. Ils sont contrariĂ©s et incertains face au lendemain, ils se construisent une trame cohĂ©rente donnant sens Ă  leur vie. Le chaos doit ĂȘtre canalisĂ© et maĂźtrisĂ©, le calme rĂ©-instaurĂ© au sein du foyer familial. Il faut trouver une Ă©chappatoire acceptable afin de faire face aux alĂ©as de la vie. Il y aurait comme un malentendu », au sens oĂč le conçoit l'anthropologue Franco LA CECLA 2002, entre les membres de la sociĂ©tĂ© et les acteurs parentaux depuis que l'enfant handicapĂ© est apparu. Le malentendu est inĂ©vitable pour exister il est ce presque rien » qui constitue la singularitĂ© de l'individu. Le malentendu est sans doute interne aux parents car ils ne sont pas prĂ©parĂ©s Ă  ĂȘtre confrontĂ©s Ă  l'apparition du handicapĂ© dans leur vie. Ils n'avaient pas prĂ©vu une vie imprĂ©visible. L'acteur parental doit comprendre ce qui lui arrive et surtout accepter le fait que lui, et non l'autre, a hĂ©ritĂ© de ce que personne ne souhaiterait avoir. Le handicap, mĂȘme apprivoisĂ©, peut demeurer une souffrance, un malaise honteux pour soi et dans son rapport aux autres. L'individu n'aime pas en parler ou s'en vanter. Il est parfois prĂ©fĂ©rable de cacher, autant que cela se peut, ce qui est sujet au discrĂ©dit et Ă  la honte. L'acteur social peut ĂȘtre gĂȘnĂ© dans ses relations, tendre le dos. Il essaie de faire comme si de rien n'Ă©tait et vit dans la crainte que l'autre dĂ©couvre ce qu'il cache. Parfois, il est impossible de dissimuler ou de se dissimuler le handicap de l'enfant car la rĂ©alitĂ© est trop criante, comme jetĂ©e Ă  la face de chacun, perturbant la sĂ©rĂ©nitĂ© de la relation. Il y a l'humiliation qui amĂšne Ă  taire les violences subies, Ă  se replier sur soi-mĂȘme, Ă  cultiver un sentiment d'illĂ©gitimitĂ©, Ă  se vivre comme un moins que rien ». Il y a la gĂȘne Ă©prouvĂ©e face Ă  la honte d'autrui, qui conduit, le plus souvent, Ă  une mise Ă  distance, Ă  un refus d'entendre ce qui dĂ©range. L'Ă©coute de celle ou celui qui a honte est difficile. De Gaulejac, 1996. Dans un Ă©tat honteux, l'acteur social cherche Ă  renier les sources de sa honte, Ă  cacher aux autres autant qu'Ă  lui-mĂȘme ce qui fait souffrance Ă  sa vie. Il rejette la rĂ©alitĂ© quotidienne pour se fabriquer une rĂ©alitĂ© acceptable mais il n'Ă©volue pas dans un monde empreint de virtualitĂ©. Il se construit un univers oĂč il peut ĂȘtre maĂźtre de sa destinĂ©e, se dĂ©lestant des entraves barrant l'avenir. L'objet indĂ©sirable est mis de cĂŽtĂ© dans l'espoir d'ĂȘtre occultĂ©. Le modĂšle primaire envisagĂ© par FREUD est de type oral cela je veux le manger ou bien je veux le cracher ... Donc cela doit ĂȘtre en moi ou bien en dehors de moi ... Le mauvais, l'Ă©tranger au moi, ce qui se trouve en dehors, c'est pour lui tout d'abord identique Penot, 1989, p 29. Les parents doivent parvenir Ă  gĂ©rer l'Ă©tat de contradiction entre ce qu'ils pensaient ĂȘtre et ce qu'ils sont effectivement. Nous supposons qu'ils savent au fond d'eux-mĂȘmes que plus rien ne sera comme avant ou comme ils l'avaient imaginĂ©. Pourtant il semblerait qu'ils espĂšrent toujours rejeter l'intrus Ă  leur existence en usant de subterfuges dĂ©niant la rĂ©alitĂ©. Les parents doivent dĂ©truire l'image de l'enfant idĂ©al ceci afin de parvenir Ă  se reformuler un parcours possible avec un enfant n'intĂ©grant pas les critĂšres sociaux normatifs. Anselm STRAUSS 1992 dĂ©finit la mort comme un processus temporel, fait de successions de statuts transitionnels » par lesquels passe l'individu. Les parents passent par des Ă©tats divers sur le chemin de l'acceptation. Nous parlerons de parents d'enfants morts-nĂ©s » socialement devant parvenir, par Ă©tapes successives, Ă  s'accommoder de l'altĂ©ritĂ© de leur progĂ©niture. Le deuil social n'est pas uniquement un travail sur soi pour surmonter la disparition d'un ĂȘtre cher. Sa mission est plutĂŽt de remplir la place sociale attribuĂ©e Ă  l'enfant normal » laissĂ©e vacante par l'entremise du handicap. Nous empruntons Ă  STRAUSS, qui s'est intĂ©ressĂ© Ă  la profession mĂ©dicale dans sa gestion de la mort, les notions de projection de trajectoire » et de contexte de consciences » dans lequel les gens interagissent en mĂȘme temps qu'ils le dĂ©couvrent. Ce contexte est complexe, il ne demeure pas constant, il change tout au long de la trajectoire » Strauss, 1992. Au fil du temps, le point de vue des parents sur le handicap fluctue et s'enrichit de l'expĂ©rience quotidienne. L'expĂ©rience du handicap est source de connaissance Ă  la fois brute et rĂ©flĂ©chie, elle se construit dans l'urgence de l'instant et par la rĂ©flexivitĂ© sur les situations vĂ©cues. Le handicap complexifie le rapport au monde, aux autres familiaux ainsi qu'Ă  soi. Les rĂ©fĂ©rences normatives restent les normes sociales Ă©tablies mais il faut faire avec un sujet qui ne s'en accommode nullement. La construction de soi est interdĂ©pendante des autres. Nous nous demandons quel est le rĂŽle constitutif que peut jouer l'autrui dans la construction du soi de parent d'un enfant diffĂ©rent sachant que pour MEAD Le jeu rĂ©glementĂ© possĂšde une logique qui permet l'organisation du soi il y a un but dĂ©fini Ă  atteindre ; les actions des diffĂ©rents individus sont liĂ©es les unes aux autres par rapport Ă  cette fin, de sorte qu'elles n'entrent pas en conflit. On n'est pas en opposition avec soi-mĂȘme en prenant l'attitude d'un autre Ă©quipier si quelqu'un Ă  l'attitude de lancer la balle, il peut aussi avoir la rĂ©action de l'attraper Mead, 1963, p 135. Les rĂšgles du jeu sont communes Ă  chacun et intĂ©grĂ©es par les acteurs parentaux. Cependant il semble bien qu'ils soient dans l'obligation de jouer en solistes c'est-Ă -dire d'inventer leurs propres rĂšgles sociales Ă©crites par la logique du handicap. Il y a un jeu jouĂ© sur la scĂšne sociale avec les autres membres de la sociĂ©tĂ© oĂč les rĂŽles sont clairement dĂ©finis et un jeu plus obscur, interne Ă  la cellule familiale, dont les rĂšgles sont Ă©laborĂ©es en coulisses. Les parents d'enfants handicapĂ©s mentaux dĂ©ploient des stratĂ©gies afin d'attĂ©nuer leur rapport de souffrance au monde. Ils s'inscrivent dans un contexte les obligeant Ă  agir en fonction d'une rationalitĂ© limitĂ©e par les possibilitĂ©s de l'enfant. Ils se convaincraient, se donneraient de bonnes raisons afin d'espĂ©rer que tout est finalement possible. Il faut pourtant, pour ces acteurs parentaux, se voiler certaines rĂ©alitĂ©s de leur existence pour prĂ©server une relation avec leur environnement. Nous admettons qu'ils influencent leur propre destinĂ©e plutĂŽt qu'ils ne la subissent. Ces acteurs sociaux agissent par mauvaise foi », ils sont des imposteurs » Sartre, 1984, comĂ©diens ne cherchant qu'Ă  tricher avec leurs pairs. Leurs croyances en une normalitĂ© possible apparaissent comme irrationnelles du dehors mais elles ont certainement des raisons d'ĂȘtre cachĂ©es. La duperie peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme un des moyens cognitifs mis Ă  la disposition des parents pour leurrer les autres autant qu'ils se leurrent. Notre objet de recherche s'inscrit dans la sociologie des croyances. Le handicap mental, lorsqu'il pĂ©nĂštre le cercle familial, engendre un bouleversement de l'identitĂ© sociale individuelle. Une autre façon de voir la vie prend naissance dans l'esprit des acteurs parentaux ; ils ne sont plus si sĂ»rs d'eux-mĂȘmes, ni de leur avenir. Ils s'inscrivent dans une situation oĂč l'incertitude du lendemain est le lot quotidien. L'individualisme mĂ©thodologique de Raymond BOUDON s'impose lorsque nous Ă©voquons les capacitĂ©s des acteurs sociaux Ă  agir malgrĂ© les alĂ©as de la vie. Ils ne sont pas uniquement cataloguĂ©s et dĂ©terminĂ©s par des entrepreneurs de morale » qui leur dicteraient les conduites Ă  adopter face au handicap Becker, 1985. Nous les considĂ©rons comme des individus rationnels, certes limitĂ©s dans leurs actions par le handicap de l'enfant. Ils sont nĂ©anmoins capables de faire des choix motivĂ©s en fonction de leur position sociale. Le sociologue nous dit que ConsidĂ©rer un acteur comme rationnel et... expliquer le comportement les attitudes, les croyances, etc. de l'acteur, c'est mettre en Ă©vidence les bonnes raisons » qui l'ont poussĂ© Ă  adopter ce comportement ces attitudes, ces croyances, tout en reconnaissant que ces raisons peuvent, selon les cas, ĂȘtre de type utilitaire ou tĂ©lĂ©ologique, mais aussi bien appartenir Ă  d'autres types Boudon, 1986. Nous dĂ©gagerons des points de bifurcation, de rĂ©orientation des choix. Dans notre travail de maĂźtrise de l'annĂ©e passĂ©e nous avons senti poindre des variations dans l'interprĂ©tation parentale du quotidien. Avec le temps qui passe les parents adoptent des points de vue diffĂ©rents sur le handicap, la linĂ©aritĂ© temporelle - passĂ©, prĂ©sent, futur - ne va pas de soi. Le handicap semble perturber toutes les logiques de l'existence cet illogisme de situation est combattu par les parents grĂące Ă  l'Ă©laboration de stratĂ©gies de persuasion. Ils doivent parvenir Ă  se persuader de l'utilitĂ© d'exister au sein d'un monde qui n'a pas rĂ©servĂ© de place sociale valorisante pour leur enfant, un monde les mettant souvent Ă  l'index. II. LA METHODOLOGIE 1. PrĂ©sentation. Nous recherchons Ă  apprĂ©hender la maniĂšre dont les parents parviennent Ă  accepter de vivre avec un enfant handicapĂ© mental et comment ils envisagent la possibilitĂ© d'un avenir au sein de la sociĂ©tĂ© au mĂȘme titre que tout un chacun. Nous supposons que les parents sont amenĂ©s Ă  croire que leur enfant trouvera une place sociale assignĂ©e autre que celle de la mise au ban de la communautĂ©. Notre supposĂ© rejoint le point de vue de Karl POPPER qui fait allusion Ă  la possibilitĂ© d'adopter dans les sciences sociales ce qu'on appelle la mĂ©thode de construction logique ou rationnelle, ou la mĂ©thode de l'hypothĂšse nulle ». Cette mĂ©thode consiste Ă  construire un modĂšle Ă  partir du postulat d'une rationalitĂ© totale et peut-ĂȘtre du postulat de la possession d'une information complĂšte de la part de tous les individus en jeu, et estimer la dĂ©viation du comportement effectif des gens par rapport au modĂšle de comportement, en utilisant ce dernier comme une sorte de coordonnĂ©e zĂ©ro Popper, 1956. Nous admettons que les acteurs sociaux ont une idĂ©e de ce qu'ils veulent faire et des moyens de mise en oeuvre adaptĂ©s pour parvenir Ă  leur fin. Ils connaissent suffisamment leur situation sociale pour ĂȘtre Ă  mĂȘme de dĂ©cider ce qui est bon ou mauvais pour l'avenir de l'enfant. Ils possĂšdent, comme chacun de nous, un savoir spontanĂ© qui dicte leur conduite. Cependant, pour l'observateur attentif et aguerri sachant se mettre Ă  distance de ces impressions brutes, bien des divergences Ă©mergent entre la vision qu'ont les acteurs de leur existence et la rĂ©alitĂ© dans laquelle ils se meuvent. Ces dĂ©viations importent Ă  notre recherche car elles nous permettent de voir que les acteurs peuvent vivre dans un monde imaginaire les protĂ©geant d'une vĂ©ritĂ© inassimilable. Nous sommes conscients que la situation sociale des acteurs les prĂ©dispose Ă  penser qu'il en sera ainsi. Leurs Ă©tats d'Ăąme sont fondĂ©s et logiques. C'est en fait le problĂšme particulier des sciences sociales de dĂ©velopper des dispositifs mĂ©thodologiques afin d'atteindre une connaissance objective et vĂ©rifiable d'une structure de signification subjective » SchĂŒtz, 1987, p 45. Nos hypothĂšses s'Ă©noncent ainsi 1. Les attentes des acteurs parentaux dans la relativisation du handicap sont soumises aux contingences liĂ©es Ă  un contexte social. 2. L'annonce du handicap influence la perception qu'ont les parents de l'avenir de leur enfant. 3. La croyance des parents en une normalitĂ© possible de leur enfant dĂ©croĂźt au fil du temps. 4. La pĂ©riode de l'adolescence est dĂ©cisive dans l'acceptation ou le refus d'acceptation de la condition de handicapĂ© par les parents. Notre intĂ©rĂȘt s'oriente vers la dimension temporelle c'est-Ă -dire vers une perception du handicap par les parents qui Ă©voluerait selon le temps. La temporalitĂ© est une trame Ă  laquelle les acteurs sociaux se rĂ©fĂšrent, un calendrier subjectif oĂč s'entremĂȘlent le passĂ©, le prĂ©sent et le futur. Elle forge les points de vue et les actions Ă  Ă©laborer face Ă  une existence alĂ©atoire. Les acteurs parentaux partagent avec leur enfant une communautĂ© de temps » dĂ©finie ainsi par SCHÜTZ Partager une communautĂ© de temps implique que chaque partenaire participe au dĂ©roulement de la vie de l'autre, qu'il puisse saisir dans un prĂ©sent vivant les pensĂ©es de l'autre au fur et Ă  mesure qu'elles s'Ă©difient ... En bref, les consociĂ©s sont mutuellement impliquĂ©s dans la biographie de l'un et de l'autre ; ils vieillissent ensembles ; ils vivent, comme nous pourrions l'appeler, dans une pure relation Nous » ShĂŒtz, 1987, p 23. Le cercle familial renforcĂ© ou dĂ©tĂ©riorĂ© par la prĂ©sence du handicap Ă  bien Ă  voir avec la constitution d'un Nous » unique et particulier, vivant un temps particulier dĂ©pendant des Ă©volutions de l'enfant. Les consociĂ©s » dans cette forme de socialisation sont les jouets d'un dĂ©terminant, le handicap, qui rĂ©gularise ou dĂ©-rĂ©gularise les liens familiaux. Nous parlons d'une famille hors norme ne pouvant ĂȘtre assimilĂ©e Ă  une sociologie de la famille gĂ©nĂ©rale dont il nous faut trouver une entrĂ©e originale pour sa comprĂ©hension. Nous rejetons le postulat qui est de considĂ©rer les sujets sociaux comme des marionnettes dont les fils seraient manipulĂ©s par un Ă©lĂ©ment qui leur serait extĂ©rieur. Dans le cas du handicap mental, nous posons l'hypothĂšse que les individus dĂ©ploient des stratĂ©gies et usent de techniques originales dans l'Ă©ducation de leur enfant. Ils ne sont pas installĂ©s dans un dĂ©terminisme les rĂ©duisant Ă  subir un sort qu'ils n'auraient pas choisi. Si fatalitĂ© il y a, Ă  la dĂ©couverte du handicap de l'enfant, il existe Ă©galement un potentiel d'actions dĂ©ployĂ© par les acteurs pour se sortir d'une rĂ©alitĂ© inacceptable. L'acteur parental se doit de donner un sens Ă  sa vie, une raison de vivre en surmontant cette fatalitĂ©, anticiper un futur mĂȘme chaotique pour ne pas seulement dĂ©sespĂ©rer de l'existence. L'acteur social doit s'imaginer un avenir, une vie rĂȘvĂ©e Tout projet consiste en une anticipation du futur menĂ© sur le mode de l'imagination. Or ce n'est pas le processus de l'action au moment oĂč il se dĂ©roule mais l'acte imaginaire comme s'il s'Ă©tait rĂ©alisĂ© qui est le point de dĂ©part de tous les projets que l'on peut faire SchĂŒtz, 1987, p 26. SCHÜTZ 1987 dĂ©finit le terme d'action » comme une conduite humaine basĂ©e sur un projet prĂ©conçu, prĂ©vue Ă  l'avance et l'acte » comme le rĂ©sultat du processus qui s'est dĂ©roulĂ©, c'est-Ă -dire l'action accomplie. Nous nous attacherons Ă  lire ces conduites humaines ainsi que leurs consĂ©quences dans les faits, Ă  essayer de capter les processus qui guident l'action des individus et rendent pertinents les actes accomplis mĂȘme les plus irrationnels en apparence. 2. Les procĂ©dures d'enquĂȘte. Nous souhaitons comprendre comment se construit l'individu, parent d'un enfant handicapĂ© mental. Nous pensons qu'il existe une construction typique » d'une identitĂ© de ce genre de parent se caractĂ©risant par un Ă©cart Ă  la norme sociale parentale. Ces parents semblent se construire en opposition aux institutions, aux autres acteurs sociaux ; ils se dĂ©terminent comme l'inverse de ce qui est admissible, acceptable et assimilable par le corps social. Les parents de l'enfant handicapĂ© mental vivent dans un monde Ă  part difficilement interprĂ©table pour les profanes, ceux qui ne savent pas, ceux qui ne peuvent pas comprendre. Les mĂ©thodes choisies doivent nous ouvrir les portes d'un domaine difficile d'accĂšs, caractĂ©risĂ© par des non-dits, des faux-semblants. L'identitĂ© sociale se forge au contact des autres, les statuts sociaux lisibles permettent des interactions franches non entachĂ©es de suspicion qu'en est-il de ces personnes dont le statut parental est prĂ©carisĂ© par le handicap ? Le rĂŽle de pĂšre ou de mĂšre ordinaire » n'Ă©tant plus envisageable, quels modĂšles Ă©pousent-ils ? Comment se re-fabriquent-ils un univers domestique cohĂ©rent pour faire comme si » Ă  la face des autres ? Ce comme si » devient l'enjeu majeur pour rĂ©-instaurer, ravaler une image brouillĂ©e et mise Ă  mal. Nous retiendrons deux mĂ©thodes, l'entretien et l'observation, afin d'accĂ©der Ă  la comprĂ©hension des acteurs. Nous ne ferons pas l'apologie de celles-ci mais nous les avons choisies car nous les considĂ©rons comme adaptĂ©es Ă  la situation vĂ©cue des parents. L'entretien. Pour atteindre, dans une visĂ©e de comprĂ©hension, le sens que les parents donnent Ă  leur vie avec un enfant handicapĂ© et les reprĂ©sentations de leur vie Ă  venir, nous optons pour l'entretien semi-directif. Cette posture mĂ©thodique consiste A faire produire par l'enquĂȘtĂ© un discours plus ou moins linĂ©aire avec le minimum d'interventions de la part de l'enquĂȘteur. Il s'agit de provoquer ce discours, aprĂšs accord avec l'intĂ©ressĂ©, puis de le faciliter pour explorer les informations dont dispose l'enquĂȘtĂ© Ă  ce sujet, c'est-Ă -dire ce qu'il peut en dire Durand - Weil, 1997, p 390. Les acteurs sociaux ne sont pas Ă  considĂ©rer comme des idiots culturels », mais ils dĂ©montrent une certaine intelligence dans l'interprĂ©tation de leur vie quotidienne. Les objets du monde sont, en principe, accessibles Ă  leur connaissance, c'est-Ă -dire ou bien qu'ils sont connus d'eux ou bien qu'ils peuvent l'ĂȘtre » ShĂŒtz, 1987, p 17. Les parents ont une expĂ©rience vĂ©cue du handicap, ils sont les premiers concernĂ©s, en tant que tels ils sont Ă  mĂȘme de nous entretenir sur ce qui se passe au sein de la sphĂšre familiale. Nous nous dĂ©tachons d'une mĂ©thode plus dĂ©terministe qui donne la primautĂ© aux structures objectives. A ce propos, citons Pierre BOURDIEU qui dĂ©termine deux moments dans l'investigation D'un cĂŽtĂ©, les structures objectives que construit le sociologue dans le moment objectiviste, en Ă©cartant les reprĂ©sentations subjectives des agents, sont le fondement des reprĂ©sentations subjectives et elles constituent les contraintes structurales qui pĂšsent sur les interactions ; mais d'un autre cĂŽtĂ©, ces reprĂ©sentations doivent aussi ĂȘtre retenues si l'on veut rendre compte notamment des luttes quotidiennes, individuelles et collectives, qui visent Ă  transformer ou Ă  conserver ces structures » Bourdieu, citĂ© par Corcuff, 1995, p 31. Nous ne faisons pas une rupture radicale d'avec le sens commun, une rupture Ă©pistĂ©mologique » dont les fondements sont de se dĂ©marquer du langage ordinaire et de la subjectivitĂ© des individus. Cette rupture serait une procĂ©dure scientifique indĂ©passable afin de tendre Ă  l'objectivitĂ©, elle permettrait de rejeter les prĂ©notions, ces idola » durkheimiens, Sortes de fantĂŽmes qui nous dĂ©figurent le vĂ©ritable aspect des choses et que nous prenons pourtant pour les choses mĂȘmes. Et c'est parce que ce milieu imaginaire n'offre Ă  l'esprit aucune rĂ©sistance que celui-ci, ne se sentant contenu par rien, s'abandonne Ă  des ambitions sans bornes et croit possible de construire le monde par ses seules forces et au grĂ© de ses dĂ©sirs caractĂ©risĂ© comme le vernaculaire prĂ©-scientifique Durkheim, 1988, p 111. Pour notre part, nous pensons que les acteurs ne sont pas systĂ©matiquement dupes de leurs croyances ; ils ne sont pas effectivement si facilement trompĂ©s et aveuglĂ©s par le voile des prĂ©jugĂ©s » sur leur existence. Nos procĂ©dures d'accĂšs au vĂ©cu quotidien des individus divergent mĂ©thodologiquement et s'inscrivent dans une sociologie wĂ©berienne de la comprĂ©hension. Nous exposerons ultĂ©rieurement la thĂ©orie sociologique de Max WEBER, nous Ă©voquons de prĂ©fĂ©rence la neutralitĂ© axiologique » comme mode d'objectivation et d'apprĂ©hension de la rĂ©alitĂ©. La validitĂ© universelle de la science exige que le savant ne projette pas dans sa recherche ses jugements de valeur, c'est-Ă -dire ses prĂ©fĂ©rences esthĂ©tiques ou politiques » Aron, 1967, p 504. Nous devons conserver un maximum de neutralitĂ© au cours de l'entretien et ne pas ĂȘtre tentĂ©s d'influencer le sujet interviewĂ©. Notre propre conception de la rĂ©alitĂ© n'est pas celle de l'autre, elle s'Ă©nonce diffĂ©remment, elle peut choquer et surprendre, elle n'en est pas moins teintĂ©e de ses valeurs. Le sociologue doit user de rĂ©flexivitĂ© pour apprĂ©hender les interprĂ©tations spontanĂ©es des acteurs sociaux. Elles sont Ă  considĂ©rer comme un savoir, un moyen pour le chercheur d'accĂ©der Ă  la comprĂ©hension du monde qu'il veut dĂ©crypter. Pour comprendre les attitudes, les dĂ©cisions, les pratiques mises Ă  contribution par les individus dans une situation donnĂ©e Ă  un moment donnĂ© de leur existence, nous devons faire preuve d'empathie L'empathie signifie ici que l'observateur le sociologue grĂące aux informations dont il dispose sur les Ă©lĂ©ments composant la situation de l'observĂ©, puisse se mettre Ă  la place de celui-ci et considĂ©rer cet acteur-en-situation comme objet extĂ©rieur Ă  sa l'observateur propre situation. La phase ultime de l'explication du phĂ©nomĂšne social est atteinte lorsque l'observateur, pleinement conscient de la situation dans laquelle se trouve l'acteur social, est en mesure de dire que dans les mĂȘmes circonstances ou contextes il aurait peut-ĂȘtre agi de la mĂȘme maniĂšre Assogba, 1999, p 61. Le choix de l'entretien s'impose donc lorsque nous recherchons Ă  saisir le vernaculaire prĂ©-scientifique, ... trĂ©sor de types et de caractĂšres prĂȘts Ă  l'emploi et prĂ©-constituĂ©s » SchĂŒtz, 1987, permettant au chercheur de lire le monde qu'il a souhaitĂ© explorer. Le choix de l'Ă©chantillon. La dĂ©finition de la population. DĂ©finir une population, c'est sĂ©lectionner les catĂ©gories de personnes que l'on veut interroger, et Ă  quel titre ; dĂ©terminer les acteurs dont on estime qu'ils sont en position de produire des rĂ©ponses aux questions que l'on se pose » Blanchet et Gotman, 1992, p 50-51. Les familles sĂ©lectionnĂ©es pour notre enquĂȘte future Ă©pouseront certains critĂšres objectifs dĂ©terminĂ©s ainsi, selon les hypothĂšses de recherche Ă©mises plus haut 1. Pour vĂ©rifier l'hypothĂšse 1, les contextes socioculturels dans lesquels se dĂ©roule la vie sociale domestique devront ĂȘtre variĂ©s et non homogĂšnes, 2. Pour vĂ©rifier l'hypothĂšse 2, le handicap mental doit ĂȘtre associĂ© ou non Ă  une lecture que nous qualifierons de lisible » par la sociĂ©tĂ©. La perspective de l'avenir est tributaire de l'annonce du handicap qui n'est pas toujours Ă©noncĂ© Ă  la naissance. 3. Pour vĂ©rifier les hypothĂšses 3 et 4, celles qui nous importent pour le travail de thĂšse Ă  venir, l'Ăąge de l'enfant ou de l'adolescent devront se situer dans une des catĂ©gories suivantes, Ă©pousant le modĂšle institutionnel, Ă  savoir la classe d'Ăąge 6 - 12 ans, la classe d'Ăąge 12 - 15 ans, la classe d'Ăąge 16 - 20 ans. Pour la comprĂ©hension du choix des classes d'Ăąge, nous rappelons la constitution de l'Ă©tablissement spĂ©cialisĂ©, choisi pour notre enquĂȘte, oĂč sont placĂ©s les enfants et adolescents dĂ©ficients intellectuels. L'Institut MĂ©dico-Educatif est organisĂ© de la sorte Un Institut MĂ©dico-PĂ©dagogique composĂ© d'enfants ĂągĂ©s de 6 Ă  12 ans, bĂ©nĂ©ficiant d'un enseignement scolaire spĂ©cialisĂ© couplĂ© Ă  des activitĂ©s Ă©ducatives spĂ©cialisĂ©es, Un Institut MĂ©dico-Professionnel composĂ© d'adolescents et de jeunes adultes ĂągĂ©s de 16 Ă  20 ans, bĂ©nĂ©ficiant d'un apprentissage technique et professionnel spĂ©cialisĂ©, Un groupe de prĂ©-adolescents ĂągĂ©s de 12 Ă  15 ans, unitĂ© passerelle », caractĂ©risĂ©e par une mise au travail progressive en ateliers professionnels et un maintien en groupe scolaire spĂ©cialisĂ©. Le choix de la population sera fait en fonction de donnĂ©es objectives. Je suis Ă©ducateur spĂ©cialisĂ© au sein de la structure d'accueil des enfants et des adolescents. L'institution possĂšde des ressources informatives tels que les dossiers administratifs, Ă©ducatifs et pĂ©dagogiques, mĂ©dico-sociaux dont j'ai accĂšs. Le choix pourra se faire Ă©galement par expĂ©rience c'est-Ă -dire par le biais d'une connaissance professionnelle du handicap mental et de son environnement d'Ă©volution. La procĂ©dure. Les entretiens se dĂ©rouleront en deux temps un temps avec le pĂšre, un temps avec la mĂšre. Il va de soi que cette procĂ©dure concerne les couples constituĂ©s. Les faisant fonction » de parents seront aussi considĂ©rĂ©s. L'entretien sĂ©parĂ© permet de recueillir la parole des deux parties ; nous Ă©mettons l'hypothĂšse que celle-ci diverge sur la perception de l'avenir de l'enfant ou de l'adolescent. Les statuts de mĂšre et de pĂšre Ă©tant des construits sociaux dispatchant des rĂŽles sociaux Ă  l'intĂ©rieur du couple, il est bon d'interroger la vision de l'acteur selon la place qu'il occupe dans leur relation Ă  l'enfant. Le panel devra ĂȘtre suffisamment consĂ©quent 40 familles et diffĂ©renciĂ© pour prĂ©tendre approcher la plus grande validitĂ© possible. Il serait intĂ©ressant d'interroger des parents d'autres structures d'accueil spĂ©cialisĂ© et ne pas s'enfermer dans un schĂ©ma unique de prise en charge. Nous pensons que la ligne directive de chaque Ă©tablissement peut influencer les projections parentales. Il nous semble bon d'interpeller les acteurs parentaux dont l'enfant est dit normal », rechercher les ressemblances et les dissemblances de deux mondes apparemment diffĂ©rents. Le regard sur le handicap de l'enfant par les parents Ă©volue selon le temps qui passe. Nous le rappelons, la temporalitĂ© nous intĂ©resse au premier chef. Depuis l'annĂ©e de Licence, nous suivons rĂ©guliĂšrement 5 familles qui prennent part Ă  ce travail de recherche. Nous nous sommes entretenus rĂ©guliĂšrement avec elles, une fois par an et il est apparu au cours de ces annĂ©es des clivages important dans la maniĂšre de percevoir l'avenir de leur enfant. Il nous faut saisir Ă  quels moments prĂ©cis, Ă  quels Ă©vĂ©nements donnĂ©s, leur avis varie sur la perception de leur situation. Nous suggĂ©rons de poursuivre ce travail de recherche Ă  leur cĂŽtĂ© mais de maniĂšre plus frĂ©quente. Les modalitĂ©s de recueil d'impressions pourraient se faire sur quelques mois au travers d'interventions rĂ©guliĂšres appels tĂ©lĂ©phoniques, courtes visites au domicile. Il s'agirait ainsi de suivre le parcours existentiel de ces parents et saisir Ă  l'instant les espoirs, les dĂ©sillusions, en bref, ce qui fait qu'un jour tout semble possible et qu'un autre tout semble s'Ă©crouler. 3. L'observation directe. Les suppositions de dĂ©part et l'intĂ©rĂȘt portĂ© au sujet du handicap mental n'Ă©manent pas d'un questionnement sans fondement. L'histoire du chercheur, nous l'avons Ă©voquĂ©e dans notre problĂ©matique, est imprĂ©gnĂ©e du vĂ©cu avec ces personnes diffĂ©rentes, situĂ©es hors des normes sociales Ă©tablies. Les origines de cette recherche sont Ă  Ă©pier dans la biographie de son auteur, elles sont dĂ©pendantes de nos premiĂšres Ă©motions, de nos premiĂšres interrogations, de nos peurs primaires issues des premiers contacts avec l'altĂ©ritĂ©. Ce qui nous tient dĂ©sormais Ă  coeur c'est de comprendre ce que les gens ressentent, comment ils vivent une vie logiquement difficile. Le handicap n'est pas une fatalitĂ© pour les parents puisqu'une vie est possible malgrĂ© lui. Les stratĂ©gies parentales sont apprĂ©hendĂ©es dans les discours reflĂ©tant les impossibilitĂ©s qui, en contre partie, dĂ©finissent des champs de possibilitĂ©s. Le temps de l'entretien ne tient pas lieu d'observation, il est un temps de rencontre, d'Ă©change, d'impressions premiĂšres confortant ou rejetant nos a priori. L'observation directe est plus adaptĂ©e Ă  notre quotidien professionnel. Nous participons, en tant qu'Ă©ducateur spĂ©cialisĂ©, au travail Ă©ducatif institutionnel, nous Ă©valuons les capacitĂ©s de l'enfant, nous tentons d'adapter nos actions Ă  ces besoins, de le doter d'outils qui nous semblent bon pour son intĂ©gration en sociĂ©tĂ©. L'Ă©ducateur est amenĂ© Ă  cĂŽtoyer le pĂŽle scolaire de l'institution et ses diffĂ©rents acteurs pĂ©dagogiques. Il exerce au sein de la structure qui, pour les parents, doit restaurer leur enfant. Nous participons de fait Ă  la vie institutionnelle, nous avons notre avis sur le handicap de l'enfant. Les raisonnements professionnels diffĂšrent des analyses parentales, nous avons pu le constater au travers de rencontres entre les deux parties parents - professionnels ». Il existe un rĂ©alisme institutionnel qui ne correspond pas toujours Ă  la rĂ©alitĂ© que les acteurs parentaux se font de leur enfant. Nous interrogerons ce dĂ©calage car il va de soi, pour le corps Ă©ducatif et pĂ©dagogique, que l'Ă©lĂšve handicapĂ© mental dĂ©montre des lacunes qui ne seront jamais comblĂ©es. Nous sommes placĂ©s Ă  mi-chemin entre ces deux univers aux reprĂ©sentations divergentes ; nous interagissons dans ces deux mondes. MĂȘme si nous participons plus Ă  l'un qu'Ă  l'autre, nous possĂ©dons deux points de vue globaux sur le handicap. Nous rejoignons la mĂ©thode de travail des sociologues dits interactionnistes » qui Prend pour point de dĂ©part ce que Znaniecki nomme le coefficient humaniste », savoir que tout objet du monde culturel n'existe qu'en rapport avec la conscience, l'expĂ©rience et l'activitĂ© de sujets, et doivent ĂȘtre dĂ©crits dans ce contexte relationnel. L'expĂ©rience que les acteurs quotidiens ont du monde social et les conceptions qu'ils s'en font, constituera donc l'objet essentiel de la sociologie De Queiroz et Ziolkovski, 1994, p 34. Nous interrogeons bien deux conceptions diffĂ©rentes du monde selon la place particuliĂšre occupĂ©e par les diffĂ©rents acteurs le point de vue parental Ă©pouse rarement le point de vue Ă©ducatif. Il existe un monde oĂč tout est possible pour l'enfant handicapĂ© et un autre oĂč les difficultĂ©s de l'enfant sont trop importantes pour qu'il puisse se prendre en charge seul. Par expĂ©rience, nous supposons que l'enfant handicapĂ© mental se dĂ©finit par sa dĂ©pendance Ă  un tiers. Les parents ont besoin d'espĂ©rer que la normalitĂ© adviendra pour que l'enfant accĂšde Ă  l'indĂ©pendance. Le recueil d'informations, sur le terrain professionnel, par observation directe, est utile pour saisir le monde institutionnel de l'intĂ©rieur, ses pratiques et ses interprĂ©tations. De mĂȘme que pour la mĂ©thode comprĂ©hensive, l'observateur doit faire preuve d'extĂ©rioritĂ© dans le recueil et l'interprĂ©tation de ses donnĂ©es. Il ne participe pas aux jeux de miroirs complexes impliquĂ©s par le modĂšle d'interaction de ses contemporains » SchĂŒtz, 1987, p 34 ; il doit se dĂ©marquer face Ă  l'objet qu'il cherche Ă  investir. La fĂ©conditĂ© de l'usage de l'observation dĂ©pend en effet d'abord de l'aptitude du chercheur Ă  entretenir une distance critique Ă  l'Ă©gard de ses propres jugements et sentiments, ou, comme l'Ă©crit Hughes, de son Ă©mancipation par rapport Ă  son milieu et Ă  son origine sociale, religieuse ou culturelle. Mais elle dĂ©pend Ă©galement de son aptitude Ă  comprendre en finesse l'univers symbolique des catĂ©gories de personnes Ă©tudiĂ©es ceci suppose une sensibilitĂ© qui ne peut souvent ĂȘtre acquise sans une familiaritĂ© prolongĂ©e avec cet univers symbolique. Chapoulie, 1985, p 19 Cette Ă©mancipation », ce dĂ©tachement de l'observateur », SchĂŒtz, 1987, p 34 trouve sa source dans l'Ă©noncĂ© mĂȘme de notre problĂ©matique qui s'intĂ©resse Ă  la perception de l'avenir par les parents. Notre prĂ©occupation premiĂšre n'est pas d'entreprendre une recherche sur et dans l'institution asilaire », Ă  l'instar de Goffman, sachant que nous sommes immergĂ©s dans celle-ci depuis maintenant de nombreuses annĂ©es. Nous voulons comprendre ce qui se passe dans une autre institution, la famille, et rendre compte des divergences par le biais des pratiques et des reprĂ©sentations communes. Le fait d' extĂ©rioriser » notre recherche nous permet de nous extĂ©rioriser nous-mĂȘmes ; nous gagnons en rĂ©flexivitĂ© en pĂ©nĂ©trant deux mondes dont l'intersection est le noyau de notre recherche. L'Ă©ducateur, le temps de l'Ă©tude sociologique, ĂŽte ses habits Ă©ducatifs pour revĂȘtir le costume de sociologue. Il n'est pas facile de changer de mĂ©tier car nous offrons une autre image pour les gens qui nous connaissent. Nous avons nous-mĂȘmes une autre idĂ©e sur le monde qui nous entoure ; tout ceci est parfois dĂ©stabilisant. L'observation interne de la structure doit surtout nous permettre d'apprĂ©hender les discours institutionnels sur la famille de l'enfant, entendre comment elle est parlĂ©e, comment elle est prĂ©jugĂ©e » par les acteurs praticiens du handicap. Nous explorerons les discours en situation » c'est-Ă -dire que nous capterons la parole des acteurs dans leur contexte d'exercice. Il nous faut comprendre comment ils crĂ©ent le monde tout en le parlant. La mĂ©thode interactionniste, plongeant le chercheur au coeur de son objet d'Ă©tude, repose sur le postulat que L'homme a une capacitĂ© d'auto-rĂ©flexivitĂ© » Mead et une des facettes de l'interactionnisme est de dĂ©finir un processus interprĂ©tatif de soi-mĂȘme, de l'autre influencĂ© par soi-mĂȘme, de soi-mĂȘme influençant l'autre et influencĂ© par l'autre..., mais toujours enracinĂ© dans le flot de l'interaction et de la vĂ©rification des anticipations Baszanger, 1992, p 15. Il ne nous faut pas uniquement saisir les faits », le dĂ©roulement des actions qui se joue devant nos yeux, mais il nous faut Ă©galement comprendre comment elles s'Ă©laborent en coulisses », pour reprendre une mĂ©taphore goffmanienne. En d'autres termes, la mise en place de nos mĂ©thodes de recherche empiriques l'entretien semi-directif et l'observation directe doivent nous amener Ă  apprĂ©hender les motifs » SchĂŒtz, 1987, p 28 qui poussent l'acteur Ă  agir dans l'univers qu'il s'est construit. L'acteur social peut donner un sens Ă  sa pratique et nous dire pourquoi il est bon pour lui d'agir comme il agit. Le sens pratique est une habilitĂ© Ă  rĂ©soudre les problĂšmes de la vie quotidienne. Dans notre propos, l'acteur fait preuve d'invention pour rĂ©soudre les difficultĂ©s quotidiennes. Il n'est pas naturellement » douĂ© pour y parvenir, il n'a pas toujours acquis antĂ©rieurement une façon de faire. Nous nous opposons Ă  la dĂ©finition de Pierre BOURDIEU qui dĂ©finit le sens pratique comme NĂ©cessitĂ© sociale devenue nature, convertie en schĂšmes moteurs et en automatismes corporels, est ce qui fait que les pratiques, dans et par ce qui en elles reste obscur aux yeux de leurs producteurs et par oĂč se trahissent les principes trassubjectifs de leur production, sont sensĂ©s », c'est-Ă -dire habitĂ©es par le sens commun. C'est parce que les agents ne savent jamais complĂštement ce qu'ils font que ce qu'ils font a plus de sens qu'ils ne le savent Bourdieu, 1980, p 116. Nous ne postulons pas que l'acteur est dans un Ă©tat naturel de pratiques qui dicte ses conduites indĂ©pendamment de sa volontĂ©. Les parents d'enfants handicapĂ©s mentaux ne sont pas prĂ©parĂ©s Ă  l'ĂȘtre, ils le deviennent par expĂ©rience. Ils sont dans une logique de dĂ©passement de leur situation ; nous avons bien affaire avec une volontĂ© d'agir pour rectifier le futur en fonction des donnĂ©es prĂ©sentes. Si les parents ne savent pas toujours comment s'y prendre c'est parce qu'il n'existe pas de rĂ©fĂ©rence pratique dans le mode d'Ă©ducation de l'enfant handicapĂ© mental. La vie s'apprend par expĂ©rience au fur Ă  mesure des Ă©checs et des rĂ©ussites de l'enfant, rien n'est donnĂ© d'avance, tout se construit lentement. L'existence est faite de revers, d'illusions, de dĂ©sillusions. Le processus d'Ă©volution de l'existence est incessamment bouleversĂ© et remis en cause. III. AUTEURS ET CONCEPTS 1. Les parents de l'enfant handicapĂ© mental vus comme acteurs » plutĂŽt qu' agents ». Nous ne pouvons poursuivre plus en avant notre travail d'Ă©criture sans expliquer les concepts retenus utiles Ă  notre propos. Il ne s'agit pas d'utiliser un jeu de mots ou de jouer sur les mots. Nous nous inscrivons dans une pensĂ©e sociologique dĂ©tachĂ©e d'un dĂ©terminisme coercitif pour les individus. Avant d'expliquer les raisons de notre Ă©loignement avec le courant holiste, nous allons clarifier l'usage de termes tels qu'acteurs sociaux, acteur parentaux ou agents sociaux. Le concept d'agent social. Nous parlons d'acteur social plutĂŽt que d'agent social car nous estimons que l'individu est capable de faire des choix individuels soumis Ă  sa propre perception de la situation dans laquelle il Ă©volue. Il n'est pas qu'un pur produit de l'histoire » mais bien producteur de son histoire. L'habitude prise dans la rĂ©pĂ©tition des pratiques n'est pas Ă  confondre avec un habitus » au sens bourdieusien du terme Qui produit des pratiques, individuelles et collectives, donc de l'histoire, conformĂ©ment aux schĂšmes engendrĂ©s par l'histoire ; Il assure la prĂ©sence active des expĂ©riences passĂ©es qui, dĂ©posĂ©es en chaque organisme sous forme de schĂšmes de perception, de pensĂ©e et d'action, tendent plus sĂ»rement que toutes les rĂšgles formelles et toutes les normes explicites, Ă  garantir la conformitĂ© des pratiques et leur contenance Ă  travers le temps Bourdieu, 1980, p 91. Nous l'avons Ă©voquĂ© antĂ©rieurement, il n'existe pas d'apprentissage par corps » pour devenir parent d'enfant handicapĂ© mental. Les rĂšgles du jeu domestique et social sont diffĂ©rentes et sont Ă  inventer chaque jour. Il n'y a pas de construction linĂ©aire des pratiques, de logique de dĂ©veloppement de l'enfant, de stade acquis naturellement et repĂ©rable de maniĂšre psychopĂ©dagogique. L'habitude de vivre avec un enfant autre n'est pas le rĂ©sultat d'une rĂ©pĂ©tition des pratiques rien n'est acquis, tout est mouvant. Il est difficile d'Ă©voquer la notion d'habitus si ce concept est un produit de l'histoire naturelle. Nous ne sommes pas dans une perspective organiciste oĂč chacun serait en interdĂ©pendance. Les Ă©vĂ©nements passĂ©s au sein du couple avec l'enfant n'intĂšgrent pas une conscience collective » commune. L'expĂ©rience du handicap est hors du commun. Nous nous donnons pour tĂąche d'Ă©tudier le pathologique plutĂŽt que le normal. Quelles sont les rĂ©fĂ©rences sociales valables pour ces parents ? Il est douteux de penser qu'ils sont disposĂ©s Ă  fonctionner » comme des machines socialement rĂ©gulĂ©es. Nous ne les considĂ©rons donc pas comme des agents agis par la sociĂ©tĂ©, nous accordons plus d'importance aux marges de libertĂ© qui leur sont laissĂ©es. Le concept d'acteur social. L'individu a la possibilitĂ© de faire des choix, bon ou mauvais, pour mener Ă  bien son existence. Il n'est pas cette pĂąte molle sur laquelle viendrait s'inscrire les donnĂ©es de son environnement, lesquelles lui dicteraient ensuite son comportement dans telle ou telle situation » Boudon, 1986. Nous sommes opposĂ©s Ă  la perspective holiste faisant primer le tout sur ses parties. Nous prenons en compte les marges de libertĂ© individuelles plutĂŽt que les contraintes dans lesquelles l'individu est enserrĂ©. La prioritĂ© est donnĂ©e Ă  l'action non pas uniquement dĂ©terminĂ©e par le champ social. L'individu peut exister en dehors des limites de cadres sociaux rigides, il peut les dĂ©passer pour Ă©largir son propre champ Ă  la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre. L'acteur n'est ni aveugle ni incapable ; il sait gĂ©nĂ©ralement reconnaĂźtre les Ă©lĂ©ments de son contexte, Ă©valuer les chances et les obstacles et prendre les dĂ©cisions qui lui paraissent les plus efficaces Asogba, 1999, prĂ©face. Les comportements individuels ne sont pas dĂ©terminĂ©s par les structures cependant nous admettons toutefois que l'acteur n'est pas suspendu Ă  un vide social » Boudon, 1992, p 28. L'individu est socialisĂ©, il vit au contact des autres, il doit faire avec. Ceci est d'autant plus vrai dans le domaine du handicap oĂč des contraintes matĂ©rielles apparaissent Ă©galement. Les idola » sont revivifiĂ©s et posent les bases Ă  des prĂ©jugĂ©s ancrĂ©s dans l'imaginaire collectif. Cependant, la violence sociale, traduite dans des comportements d'Ă©vitement, des non-dits ou autres attitudes, est remise en cause par les parents. Ils ne font pas que subir les cadres de l'exclusion dans laquelle ils sont enfermĂ©s avec leur enfant. Ils revendiquent Ă©galement une place sociale pour leur progĂ©niture. Les parents usent de techniques de reconnaissance et oeuvrent Ă  leur mise en place pour cette raison, ils sont entiĂšrement acteurs. Cependant, nous reconnaissons bien ici que l'acteur social se meut dans un contexte qui dans une large mesure s'impose Ă  lui ». Ibid., p 28 D'un point de vue mĂ©thodologique, les acteurs sociaux peuvent ĂȘtre regroupĂ©s par catĂ©gorie. La situation sociale des individus est considĂ©rĂ©e, la classe sociale n'est plus dĂ©terminante. Il y a une lutte des parents pour la reconnaissance de leur enfant et d'eux-mĂȘmes qui ne porte pas uniquement sur les intĂ©rĂȘts de classe », mais aussi sur les conceptions du monde » Weber, 1992, p127. Les parents d'enfants handicapĂ©s mentaux sont dans une situation analogue. Le handicap touche toutes les classes sociales et nous faisons l'hypothĂšse qu'il est une force qui les dĂ©passe. Cependant, il nous faudra vĂ©rifier si les dispositions Ă©conomiques, culturelles et sociales, ce que BOURDIEU nomme les capitaux, interfĂšrent sur les reprĂ©sentations sociales des acteurs parentaux. La reconstruction familiale, jamais parfaite, est ce qui est primordial pour les parents ; leur vie quotidienne est rĂ©gie par le renouvellement de stratĂ©gies pour agir sur le handicap et son environnement. Par consĂ©quent la mĂ©thode individualiste invite Ă  Regrouper les acteurs en catĂ©gories s'ils se trouvent dans une situation analogue et qu'on peut s'attendre Ă  observer de leur part une attitude semblable sur tel ou tel sujet ... Etant donnĂ© que la sociologie de l'action s'intĂ©resse Ă  des phĂ©nomĂšnes qui sont en gĂ©nĂ©ral le rĂ©sultat d'innombrables causes individuelles, il faut bien, si l'on ne veut pas aboutir Ă  une impasse, regrouper les acteurs et les groupes abstraits, les rassembler dans des types ou en types idĂ©aux Ibid., p 28. Nous voyons que ces concepts d'agent social et d'acteur social ne sont pas anodins. Ils renvoient Ă  des conceptions thĂ©oriques diffĂ©rentes et ils ne sauraient ĂȘtre confondus. Nous parlerons donc souvent d' acteur social » lorsque l'individu est Ă  mĂȘme d'influencer le cours de son existence. Nous Ă©voquerons l' agent social » Ă  chaque fois que l'individu semble subir une certaine coercition sociale, c'est-Ă -dire lorsque ses choix semblent dictĂ©s par le contexte structurel. Nous rattacherons parfois le substantif de parental » Ă  ces deux termes pour prĂ©ciser le propos de notre Ă©tude. 2. La sociologie comprĂ©hensive de Max WEBER. Nous allons Ă©voquer le cadre conceptuel plus gĂ©nĂ©ral dans lequel s'inscrit notre recherche de sociologie. La part belle est faite aux acteurs, nous l'avons dit ce concept n'est pas un style de langage. L'acteur se dĂ©finit par l'action qu'il exerce sur son environnement et sur les autres individus, il participe aux Ă©vĂ©nements dont il est parfois l'instigateur. Nous nous inscrivons clairement Ă  ce sujet dans la sphĂšre de la sociologie de Max WEBER qui a dĂ©fini ainsi la sociologie Nous appelons sociologie au sens oĂč nous entendons ici ce terme utilisĂ© avec beaucoup d'Ă©quivoques une science qui se propose de comprendre par interprĂ©tation l'activitĂ© sociale et par-lĂ  d'expliquer causalement son dĂ©roulement et ses effets. Nous entendons par activitĂ© », un comportement humain peu importe qu'il s'agisse d'un acte extĂ©rieur ou intime, d'une omission ou d'une tolĂ©rance quand et pour autant que l'agent ou les agents lui communique un sens subjectif. Et, par activitĂ© sociale », l'activitĂ© qui, d'aprĂšs son sens visĂ© par l'agent ou les agents, se rapporte au comportement d'autrui par rapport auquel s'oriente son dĂ©roulement Max Weber, 1971, p 4. La sociologie wĂ©berienne cherche non seulement Ă  constater les comportements humains intentionnels mais aussi Ă  les comprendre. Les individus n'agissent pas par accident, leur activitĂ© est caractĂ©risĂ©e par le fait qu'ils veulent agir d'une certaine maniĂšre. D'ailleurs, WEBER ne retient pas les situations de hasard non provoquĂ©es par les individus. Son objet spĂ©cifique Ă  la sociologie comprĂ©hensive ne consiste pas en n'importe quelle disposition intĂ©rieure » ou comportement extĂ©rieur, mais en l'activitĂ©. Nous dĂ©signons toujours par activitĂ© » un comportement comprĂ©hensible, ce qui veut dire relatif Ă  des objets » qui est spĂ©cifiĂ© de façon plus ou moins consciente par un quelconque sens subjectif Ă©chu » ou visĂ© » Weber, 1995, p 305. Cette dĂ©finition est celle de la rationalitĂ© instrumentale. WEBER estime que l'activitĂ© est traduite dans un comportement rationnel c'est-Ă -dire qu'il est possible Ă  l'acteur de se doter de moyens adĂ©quats pour atteindre le but fixĂ©. L'espĂšce la plus immĂ©diatement comprĂ©hensible » de la structure significative d'une activitĂ© reste celle qui s'oriente subjectivement et de façon strictement rationnelle d'aprĂšs les moyens qui passent subjectivement pour ĂȘtre univoquement adĂ©quats Ă  la rĂ©alitĂ© de fins conçues subjectivement de façon univoque et claire Ibid., p 308-309. L'action rationnelle est dĂ©finie par le fait que l'acteur conçoit clairement le but et combine les moyens en vu d'atteindre celui-ci. » Aron, 1967, p 500. Ce raisonnement subjectif de l'acteur social, forcĂ©ment adaptĂ© Ă  une fin qu'il s'est donnĂ©, n'intĂšgre pas la part d'irrationalitĂ© de l'action individuelle. La fin, pour Max WEBER 1995, est la reprĂ©sentation d'un rĂ©sultat qui devient cause d'une action, elle en est la gĂ©nĂ©ratrice. Les comportements qui n'Ă©pousent pas ce modĂšle ne seraient pas saisissables par le sociologue et ne mĂ©riteraient pas, par consĂ©quent, qu'on y attache de l'intĂ©rĂȘt. L'acteur social peut penser que la fin recherchĂ©e est bĂ©nĂ©fique pour lui mais les moyens qu'il dĂ©ploie, peu adaptĂ©s Ă  sa situation, ne lui permettront pas de parvenir Ă  cette fin. Dans ce cas, nous disons qu'il n'a pas les moyens de ses ambitions. La rationalitĂ© de l'acteur peut donc apparaĂźtre comme erronĂ©e, en ce sens qu'il peut avoir une fausse conscience des moyens dont il dispose pour atteindre ses objectifs » Assogba, 1999. Pour nous, ce comportement que nous rencontrons parfois chez les parents d'enfants handicapĂ©s n'est pas irrationnel car il peut ĂȘtre comprĂ©hensible. Pour pallier le manque de sa dĂ©finition de l'activitĂ© typiquement rationnelle », WEBER introduit l'idĂ©e d'une action affective ou Ă©motionnelle. Cette action est DictĂ©e immĂ©diatement par l'Ă©tat de conscience ou par l'humeur du sujet ... Dans tous ces cas, l'action est dĂ©finie non pas par rĂ©fĂ©rence Ă  un but ou Ă  un systĂšme de valeurs, mais par la rĂ©action Ă©motionnelle de l'acteur placĂ© dans des circonstances donnĂ©es Ibid., p 501. Ces rĂ©actions sont palpables dans l'instant, elles sont immĂ©diates et instinctives et rĂ©pondent subitement aux stimuli extĂ©rieurs. Les acteurs parentaux vivent dans un univers de souffrance qu'ils cherchent Ă  apprivoiser. Nous sommes amenĂ©s Ă  considĂ©rer cette souffrance ; si nous n'avons pas Ă  ĂȘtre en sympathie » avec les sujets, nous devons pourtant pouvoir nous mettre Ă  leur place, user d'empathie. Il faut considĂ©rer leurs actions dĂ©tachĂ©es de toute colĂšre ou de honte justifiĂ©es face Ă  l'insensĂ©. Ces sentiments sont quotidiennement prĂ©sents, enfouis au plus profond d'eux-mĂȘmes et jaillissant au moindre trouble. Nous prendrons en compte l'apparition de ces Ă©tats d'Ăąme, symptĂŽme d'un mal-ĂȘtre avec les autres, mais nous n'en ferons pas l'objet de notre recherche. L'essentiel est de comprendre par quels stratagĂšmes, les acteurs sociaux peuvent dĂ©passer leurs Ă©motions pour ne pas en ĂȘtre dĂ©pendants. Ils ne sont pas constamment en rĂ©activitĂ© intense face aux Ă©vĂ©nements ; ils sont Ă  mĂȘme de se faire une raison sur leur sort. L'acteur social est-il tout Ă  fait rationnel quand il est livrĂ© Ă  ses Ă©motions ? Son attitude est comprĂ©hensible face Ă  l'Ă©vĂ©nement qui le met en danger mais sa rĂ©action n'est pas toujours rĂ©flĂ©chie. L'impulsivitĂ©, attitude dĂ©fensive, est une explosion Ă©motionnelle comprĂ©hensible mais est-elle rationnelle ? Pour Max WEBER, et nous le suivons dans ce sens, l'Ă©motion est Ă  considĂ©rer comme rationnelle quand elle assouvit une tension. Nous posons seulement le problĂšme des consĂ©quences sociales Ă  de telles irruptions affectives supposant que l'acteur social ne les maĂźtrise pas toujours. Nous atteignons ici la dimension de l'action rationnelle par rapport Ă  une valeur Est celle du socialiste allemand Lasalle se faisant tuer dans un duel, ou celle du capitaine qui se laisse couler avec son vaisseau. L'action est rationnelle non parce qu'elle tend Ă  atteindre un but dĂ©fini et extĂ©rieur, mais parce que ne pas relever le dĂ©fi ou abandonner un navire qui sombre serait considĂ©rĂ© comme dĂ©shonorant. L'acteur agit rationnellement en acceptant tous les risques, non pour obtenir un rĂ©sultat extrinsĂšque, mais pour rester fidĂšle Ă  l'idĂ©e qu'il se fait de l'honneur Ibid., p 500 - 501. Les rĂ©actions mises au jour antĂ©rieurement sont une rĂ©ponse aux situations dĂ©shonorantes impliquĂ©es par le handicap. Les parents doivent restaurer une certaine respectabilitĂ© perdue. Il y a bien des risques rĂ©els de discrĂ©dit lorsqu'on apparaĂźt avec un enfant handicapĂ© en sociĂ©tĂ© ; il faut sauver l'honneur de la famille et dĂ©fendre son enfant coĂ»te que coĂ»te, objet de railleries insupportables pour les parents. Les attitudes extĂ©rieures semblent injustes pour les acteurs parentaux et pourtant ils doivent faire avec. La sociĂ©tĂ© est normative, les acteurs agissent donc selon ce qui leur semble bon ou mauvais. Les valeurs sociĂ©tales, quasi-universelles, sont intĂ©grĂ©es par les individus. Cependant, dans le cas du handicap, les parents interpellent celles-ci. Comment se fait-il qu'il y ait des individus rejetĂ©s aux marges de la sociĂ©tĂ© selon un critĂšre d'exclusion basĂ© sur l'apparence et non sur le crime commis ? Le handicapĂ© est une victime sujette Ă  la compassion exacerbĂ©e. Il est aussi un ĂȘtre coupable d'exister car il dĂ©range l'ordre social des choses. La construction identitaire de parents d'enfant handicapĂ© est prise au coeur de ce dilemme. Le champ du handicap est complexe et nous admettons que les acteurs parentaux ne peuvent se rapporter Ă  une expĂ©rience commune. Ce monde Ă  part » gĂ©nĂšre des pratiques sociales particuliĂšres et des reprĂ©sentations uniques. Nous devons comprendre quels mĂ©canismes sont mis en oeuvre par les parents dont l'enfant est exclu naturellement » de la vie sociale. Cette exclusion est injuste et non fondĂ©e, elle est pourtant bien effective. La mĂ©thode individualiste va nous aider Ă  apprĂ©hender ce qui permet aux acteurs de dĂ©passer un dĂ©terminisme oĂč le collectif prime sur l'individu. Si je suis finalement devenu sociologue, c'est essentiellement afin de mettre un point final Ă  ces exercices Ă  base de concepts collectifs dont le spectre rĂŽde toujours. En d'autres termes, la sociologie, elle non plus, ne peut procĂ©der que des actions d'un, de quelques, ou de nombreux individus sĂ©parĂ©s. C'est pourquoi elle se doit d'adopter des mĂ©thodes strictement individualistes » Weber, in Boudon et Bourricaud, 1994. Ils ne se laissent pas enfermer sans rĂ©agir, ils contestent ce contexte pour prendre le dessus et ne pas se laisser cataloguer. Il est raisonnable de penser que les acteurs parentaux voudraient inverser les normes sociales pour faire de la pathologie, une normalitĂ©. Les plus revendicatifs s'insĂšrent dans le tissu associatif pour faire pression sur les pouvoirs publics afin que l'enfant handicapĂ© mental accĂšde aux mĂȘmes droits que les autres, notamment en terme de scolaritĂ©. MĂȘme contraints Ă  vivre dans un univers social dĂ©fini par les autres, ce que BECKER nomme les entrepreneurs de morale Becker, 1985, les parents agissent au travers d'une rationalitĂ© limitĂ©e qu'ils cherchent Ă  dĂ©passer. Il est vrai que l'action individuelle est soumise Ă  des contraintes sociales ; il est rare de pouvoir agir Ă  sa fantaisie. Mais cela n'implique pas que les contraintes sociales dĂ©terminent l'action individuelle. Ces contraintes dĂ©limitent le champ du possible, non le champ du rĂ©el. Plus prĂ©cisĂ©ment, la notion de contrainte n'a de sens que par rapport aux notions corrĂ©latives d'action et d'intention Boudon et Bourricaud, 1994. 3. La sociologie de Raymond BOUDON. L'individualisme mĂ©thodologique. Notre recherche actuelle et future repose sur la mĂ©thode individualiste qui couple l'approche wĂ©berienne Ă  une perspective cognitiviste. Raymond BOUDON reprend la mĂ©thode de la sociologie comprĂ©hensive qui interroge le sens que les acteurs donnent Ă  leurs actions pour l'enrichir du concept de raison Expliquer un phĂ©nomĂšne social, c'est en faire le rĂ©sultat d'actions dont il faut saisir le sens. Saisir le sens de ces actions les comprendre, c'est gĂ©nĂ©ralement en trouver les bonnes raisons, que ces raisons soient prĂ©sentes ou non dans la conscience des acteurs Boudon, 1993, PrĂ©face. Les individus confrontĂ©s au handicap mental se forgent des raisons fondĂ©es ou non fondĂ©es pour parvenir Ă  supporter une existence dans la marge sociale. Nous rappelons que pour l'individualisme mĂ©thodologique, l'action est un comportement imputable Ă  une intention ou Ă  une rationalitĂ© non pas absolue mais limitĂ©e. L'individu, plutĂŽt que la structure qui l'englobe, nous importe. Pour expliquer un phĂ©nomĂšne social, il faut retrouver ses causes individuelles, c'est-Ă -dire comprendre les raisons qu'ont les acteurs sociaux de faire ce qu'ils font ou de croire ce qu'ils croient » Boudon, 1992, p 28. Pour le sociologue, comprendre le comportement d'un acteur c'est donc le plus souvent comprendre les raisons ou les bonnes raisons. En ce sens et en ce sens seulement, l'on peut dire que la sociologie, ou du moins la sociologie de l'action, a tendance Ă  souscrire au postulat de la rationalitĂ© de l'acteur social Ibid., p 34. La rationalitĂ© ou l'irrationalitĂ© de l'acteur social. Nous Ă©mettons le postulat que les parents de l'enfant handicapĂ© mental ont de bonnes raisons d'agir, notamment de maniĂšre cognitive, sur leur situation. Il leur semble bon et Ă©vident que leur enfant sera un jour socialement reconnu. Cette reconnaissance n'est pas uniquement une revendication. Elle doit s'inscrire Ă©galement dans les attentes, les expectations nourries subjectivement » Weber, 1995 ; les actions menĂ©es pour combattre le handicap doivent permettre d'en libĂ©rer le handicapĂ©. Ceci ne semble pas ĂȘtre une action logique, opĂ©ration logiquement unie Ă  son but » telle que l'a dĂ©finie PARETO Le but est un but direct ; la considĂ©ration d'un but indirect est exclue. Le but objectif est un but rĂ©el, rentrant dans le domaine de l'observation et de l'expĂ©rience, et non un but imaginaire, Ă©tranger Ă  ce domaine Pareto, p 68 Les parents, selon cette dĂ©finition, ne seraient pas rationnels et agiraient en pure perte, dans un univers vide de sens. Leurs actions ne seraient pas dignes d'intĂ©rĂȘt pour la sociologie. Leur Ă©tude serait impossible Ă  rĂ©aliser car, effectivement, comment rendre compte du sentiment de vouloir ĂȘtre reconnu comme un ĂȘtre social. C'est pourquoi nous rejetons une rationalitĂ© de type instrumental qui voudrait que les individus sachent de façon optimale atteindre les buts fixĂ©s. Il n'existe pas de linĂ©aritĂ© dans les processus parentaux ce qui laisse parfois entendre que leur point de vue sur leur situation est irrationnel. Il est vrai que leur discours peut nous paraĂźtre Ă©trange mais il est souvent interprĂ©tĂ© hors de leur contexte d'existence. Nous disons que les parents de l'enfant handicapĂ© mental sont rationnels et que leur Ă©tude ressort de la sociologie. Pour prĂ©ciser les idĂ©es, disons que la sociologie traite un comportement comme rationnel toutes les fois qu'elle est en mesure d'en fournir une explication pouvant ĂȘtre Ă©noncĂ©e de la façon suivante Le fait que l'acteur X se soit comportĂ© de la maniĂšre Y est comprĂ©hensible en effet, dans la situation qui Ă©tait la sienne, il avait de bonnes raisons de faire Y » Boudon, 1992, p 34-35. Il est donc dĂ©sormais raisonnable de penser que les acteurs parentaux sont rationnels. Cet Ă©noncĂ© n'est pas une fin en soi, il est Ă  la genĂšse de notre travail de recherche, il en est mĂȘme le postulat premier. Il invite Ă  une posture thĂ©orique qui ne fait pas systĂ©matiquement, par un jeu de passe-passe, de toute irrationalitĂ©, une possible rationalitĂ©. Ce parti pris rationaliste repose lui-mĂȘme sur un premier fondement, Ă  savoir que cette impression d'irrationalitĂ© est souvent le rĂ©sultat de phĂ©nomĂšnes de projection ... Comprendre l'action, le comportement ou les croyances d'autrui suppose bien qu'on se mette Ă  sa place. Mais pour se mettre Ă  sa place, l'observateur doit ĂȘtre informĂ© aussi exactement que possible sur ce qui distingue l'acteur de lui-mĂȘme Boudon, 1993, prĂ©face. Ceci invite chacun Ă  se questionner sur les diffĂ©rences apparentes de l'autre, et les comprendre plutĂŽt que de les rejeter d'emblĂ©e. Nous dĂ©montrerons que les mĂ©canismes logiques mis en place par les parents afin d'abolir l'altĂ©ritĂ© sont communs Ă  la majoritĂ© des individus. L'exception apparente peut ĂȘtre la rĂšgle gĂ©nĂ©rale ce qui dĂ©range l'esprit holiste rejetant toute exception sous prĂ©texte qu'elle n'est pas significative et indigne d'intĂ©rĂȘt pour les sciences sociales. BOUDON dĂ©finit diffĂ©rents types de rationalitĂ© que nous Ă©numĂ©rons 1. La rationalitĂ© de type utilitariste » X avait de bonnes raisons de faire Y, car Y correspondait Ă  l'intĂ©rĂȘt ou aux prĂ©fĂ©rences de X ; 2. La rationalitĂ© de type tĂ©lĂ©ologique » X avait de bonnes raisons de faire Y, car Y Ă©tait le meilleur moyen pour X d'atteindre l'objectif qu'il s'Ă©tait fixĂ©. Ce cas dĂ©signe une action utilisant des moyens adaptĂ©s aux fins recherchĂ©es ; 3. La rationalitĂ© de type axiologique » X avait de bonnes raisons de faire Y, car Y dĂ©coulait du principe normatif Z ; que X croyait en Z, et qu'il avait de bonnes raisons d'y croire. Ce cas dĂ©signe une action adaptĂ©e non Ă  des fins mais Ă  des valeurs. 4. La rationalitĂ© de type traditionnel » X avait de bonnes raisons de faire Y, car X avait toujours fait Y et n'avait aucune raison de remettre cette pratique en question. 5. La rationalitĂ© de type cognitif » X avait de bonnes raisons de faire Y, car Y dĂ©coulait de la thĂ©orie Z ; que X croyait en Z et qu'il avait de bonnes raisons d'y croire Assogba, 1999, p 64. Nous voyons que ces types de rationalitĂ© peuvent s'appliquer Ă  l'objet de notre Ă©tude et sont Ă  la base d'une sociologie des croyances que nous Ă©laborerons dans les chapitres qui vont suivre. Nous allons montrer comment se construit l'identitĂ© sociale particuliĂšre de parents d'enfant handicapĂ© mental. La croyance en une normalitĂ© Ă  venir est le moteur de leur existence, sans elle tout s'effondre et la vie ne vaut pas la peine d'ĂȘtre vĂ©cue. Elle est le fondement mĂȘme d'une vie autre Ă  inventer. La construction identitaire est intimement liĂ©e Ă  la maniĂšre dont est perçu l'avenir en fonction du moment prĂ©sent mais aussi des expĂ©riences passĂ©es. L'acceptation du handicap est corrĂ©lative au temps qui passe, l'abandon de certaines croyances Ă©galement. Ce travail de recherche veut s'essayer Ă  vous le dĂ©montrer d'une maniĂšre comprĂ©hensive » au fur et Ă  mesure des pages Ă  venir. IV. LA CONSTRUCTION DE L'IDENTITE SOCIALE DE PARENT D'ENFANT HANDICAPÉ MENTAL. La construction sociale de parent d'enfant handicapĂ© dĂ©bute dĂšs l'apparition du handicap dans la vie des individus. Le handicap n'est pas toujours une donnĂ©e apparente, avec des traits spĂ©cifiques. Il est plus souvent dĂ©couvert au fil du temps et s'apprend par expĂ©rience. Les parents se fabriquent, bien malgrĂ© eux, une nouvelle identitĂ©. Dans les premiers temps, chaque parent est confrontĂ© Ă  cette situation de ne pas toujours savoir comment s'y prendre. Nous pouvons dire qu'un jour tout finit par rentrer dans l'ordre, que l'expĂ©rience des aĂźnĂ©s qui ont vĂ©cu ces situations servent de modĂšles. Le corps pĂ©diatrique est un conseiller averti et rassurant en cas de difficultĂ©s de l'Ă©volution de l'enfant, il croit savoir, il dĂ©tient des techniques appropriĂ©es qu'il peut transmettre aux parents. Notre recherche ne s'intĂ©resse pas Ă  ce qui va de soi. Les parents entrent en apprentissage, tout comme les autres parents, pourtant celui-ci diffĂšre, il est spĂ©cifique et particulier. Il n'a rien de commun car toute l'attention affective parentale ne suffit pas. L'enfant rĂȘvĂ© et tant espĂ©rĂ© ne rĂ©pond pas Ă  leurs attentes. Tout pose problĂšme et quoiqu'il puisse ĂȘtre tentĂ©, rien ne marche, les tentatives Ă©chouent les unes aprĂšs les autres comme si aucune solution ne pouvait ĂȘtre trouvĂ©e. Les aides de l'entourage sont certes teintĂ©es de compassion mais bien inutiles. Pour thĂ©oriser notre propos, nous recherchons une mĂ©thode d'apprĂ©hension sociologique qui peut nous aider Ă  dĂ©crypter le long et pĂ©nible chemin de l'apprentissage avec un enfant diffĂ©rent. Les thĂ©ories classiques sont mises Ă  mal car nous pĂ©nĂ©trons dans un univers atypique oĂč les rĂ©ponses psychologiques, pĂ©dagogiques, voire mĂ©dicales ne sont pas considĂ©rĂ©es par les parents. Il leur faut trouver une solution Ă  un problĂšme qui ne peut ĂȘtre rĂ©solu. 1. L'interactionnisme comme mode d'apprĂ©hension de la construction de l'identitĂ© sociale de parent d'enfant handicapĂ© mental. DĂ©finitions du modĂšle interactionniste. Le modĂšle interactionniste n'est pas unique, il est caractĂ©risĂ© par l'attention portĂ©e aux individus, Ă  leurs comportements et Ă  leurs contextes d'existence, en gĂ©nĂ©ral la vie quotidienne, les lieux de travail... Tout lieu oĂč les personnes se retrouvent en actions mutuelles et rĂ©ciproques. Nous pouvons dire que l'interactionnisme s'intĂ©resse aux comportements des acteurs en situation et prend en compte les dimensions de l'action en train de se faire ». C'est un courant de la sociologie qui n'est pas facilement repĂ©rable par son unitĂ© l'interaction est apprĂ©hendĂ©e diffĂ©remment selon les auteurs qui l'ont thĂ©orisĂ©e. L'exposĂ© de notre recherche s'inspire des thĂ©orisations de HUGHES, GOFFMAN et STRAUSS, nous laissons le soin aux deux derniers citĂ©s de dĂ©terminer ce qu'est l'interaction et son mode d'approche. Nous n'avons pas trouvĂ© de consensus dans les dĂ©finitions, Pierre ANSART s'y essaie L'interactionnisme constitue l'un des paradigmes des sciences sociales fortement Ă©loignĂ© des paradigmes objectivistes et holistes. Ce paradigme postule la prise en considĂ©ration des sujets en tant qu'acteurs susceptibles de choix, d'initiatives, de stratĂ©gies ; il fait de l'acteur individuel, une unitĂ© d'analyse. Les interactions y sont donc considĂ©rĂ©es comme l'oeuvre des acteurs inter-agissant en situation » Ansart, 1990, p 217. GOFFMAN prĂ©sente ainsi son ouvrage " Les rites d'interaction " Un autre objectif est de rĂ©vĂ©ler l'ordre normatif qui prĂ©vaut dans et entre ces unitĂ©s unitĂ©s d'interactions naturelles, autrement dit, l'ordre comportemental qui existe en tout lieu frĂ©quentĂ©, public, semi-public ou privĂ©, que ce soit sous les auspices d'une manifestation sociale Ă©laborĂ©e ou sous les contraintes plus banales d'un cadre social routinier ... Dans ce livre, je pose l'hypothĂšse qu'une Ă©tude convenable des interactions s'intĂ©resse, non pas Ă  l'individu et Ă  sa psychologie, mais plutĂŽt aux relations syntaxiques qui unissent les actions des diverses personnes mutuellement en prĂ©sence. NĂ©anmoins, puisque les matĂ©riaux ultimes sont l'oeuvre d'individus agissants, il est toujours raisonnable de s'interroger sur les qualitĂ©s gĂ©nĂ©rales qui permettent Ă  ces individus d'agir de la sorte » Goffman, 1974, p 7-8. Pour STRAUSS, c'est le caractĂšre indĂ©terminĂ© et problĂ©matique de l'interaction qui retient l'attention PlutĂŽt que de nous centrer sur la stabilitĂ© des interactions, nous nous prĂ©occupons, dans ce livre "La trame de la nĂ©gociation" des changements qui peuvent intervenir durant le dĂ©roulement de l'interaction ... Ainsi dans notre travail nous nous intĂ©ressons non seulement aux rĂ©gularitĂ©s sociales et autres conditions structurelles qui entrent dans l'interaction, mais aussi Ă  la tendance de l'interaction Ă  sortir des liens sociaux rĂ©gulĂ©s et Ă  aller vers de nouveaux modes d'interaction » Strauss, 1992, p 24-25. Nous ne polĂ©miquerons pas sur les divergences d'apprĂ©hension de la rĂ©alitĂ© dans son dĂ©roulement par ses deux auteurs ; cette diversitĂ© nous procure des outils d'analyse variĂ©s pour notre objet de recherche. La famille se conçoit comme une structure avec son ordre interactionnel, chacun y joue un rĂŽle dĂ©fini par lui-mĂȘme et par les autres, ce que MEAD nomme la constitution du Soi. MEAD et le jeu socialisĂ©. Le Soi n'existe pas Ă  la naissance, mais apparaĂźt dans l'expĂ©rience et l'activitĂ© sociales » Mead, 1963, p 115. MEAD distingue deux aspects du Soi Le Je est la rĂ©action de l'organisme aux attitudes des autres ; le Moi est l'ensemble des attitudes des autres que l'on assume soi-mĂȘme. Les attitudes d'autrui constituent le Moi organisĂ©, auquel on rĂ©agit comme Je » Ibid., p 149. L'interrelation est constitutive de l'identitĂ© sociale ; l'objet de cette construction atypique de parent d'enfant handicapĂ© est l'Ă©lĂ©ment handicap » prĂ©sent dans la structure domestique. La famille normale » apparaĂźt dans les reprĂ©sentations sociales comme un jeu de sociĂ©tĂ© rĂ©glementĂ© oĂč chacun joue sa partition et connaĂźt les rĂšgles. L'harmonie participe Ă  l'Ă©laboration de la communautĂ©, l'autrui-gĂ©nĂ©ralisĂ© », qui en contre partie structure l'unitĂ© du Soi. Mead utilise la mĂ©taphore de l'Ă©quipe pour retraduire cette osmose Ainsi, dans le cas d'un groupe social tel que l'Ă©quipe, c'est l'Ă©quipe qui est l'autrui-gĂ©nĂ©ralisĂ©, dans la mesure oĂč elle entre comme processus organisĂ© ou activitĂ© sociale dans l'expĂ©rience de l'un ou quelconque de ses membres Ibid., p 131. Qu'en est-il de cette unitĂ© constructive du Soi lorsque les rĂšgles sont faussĂ©es par l'intrusion d'un Ă©lĂ©ment qui ne veut pas jouer le jeu ? L'homme affecte continuellement la sociĂ©tĂ© par sa propre attitude, parce qu'il prend l'attitude du groupe envers lui et y rĂ©agit. Par cette rĂ©action, il modifie l'attitude du groupe » Ibid., p 153. Les parents doivent faire avec un Ă©lĂ©ment perturbant la rĂ©gulation domestique et parvenir Ă  maĂźtriser un jeu oĂč les rĂšgles sont fluctuantes et contradictoires. Nous sommes a contrario de ce jeu rĂ©glementĂ© » possĂ©dant une logique qui permet l'organisation du soi il y a un but Ă  atteindre ; les actions des diffĂ©rents individus sont liĂ©es les unes aux autres par rapport Ă  cette fin, de sorte qu'elles n'entrent pas en conflit » Ibid., p 135. L'acteur parental doit dĂ©truire l'image idĂ©alisĂ©e qu'il avait de son rĂŽle de pĂšre ou de mĂšre d'enfant normal pour parvenir Ă  recrĂ©er un univers familial viable et vivable. Dans une famille, le comportement de chacun des membres est liĂ© au comportement de tous les autres et en dĂ©pend. Tout comportement est communication, donc il influence les autres et est influencĂ© par eux. Plus prĂ©cisĂ©ment, ..., amĂ©liorations ou aggravations dans l'Ă©tat du membre de la famille reconnu comme malade, auront habituellement un effet sur les autres membres de la famille, en particulier sur leur santĂ© psychologique, sociale ou mĂȘme physique Don D. Jackson, 1972, p 136. Nous rejoignons, dans notre propos, les recherches sur l'homĂ©ostasie familiale » menĂ©e par le psychiatre de l'Ecole de Palo Alto que nous dĂ©velopperons ultĂ©rieurement. Ces travaux se sont orientĂ©s vers l'Ă©tude des milieux familiaux schizophrĂ©niques oĂč les Ă©lĂ©ments de l'environnement jouent le jeu de la folie. Le handicapĂ© mental n'est pas Ă  rĂ©pertorier dans le registre de la maladie mentale pourtant il dĂ©range les structures sociales au mĂȘme titre. MEAD nous dit qu' une sociĂ©tĂ© organisĂ©e est essentielle Ă  notre existence, mais l'individu doit aussi pouvoir s'y exprimer pour qu'elle se dĂ©veloppe de façon pleinement satisfaisante » Mead, 1963, p 187. Il est Ă  parier que les acteurs parentaux s'organisent afin de parvenir Ă  une construction possible d'une structure familiale qui prend en compte l'altĂ©ritĂ©. Ils doivent s'adapter Ă  une situation dont ils ne peuvent anticiper le dĂ©roulement. La carriĂšre de parents d'enfant handicapĂ© mental. Nous empruntons le terme de carriĂšre Ă  la sociologie des professions lorsque l'enfant paraĂźt un processus d'apprentissage se dĂ©ploie. Nous avons affaire avec la mise en place de techniques, de mĂ©thodes, de savoirs liĂ©s Ă  l'expĂ©rience. Le but de l'entreprise familiale est de fonctionner du mieux possible. Chacun Ă©pouse, malgrĂ© lui, une carriĂšre qu'il n'a pas au prĂ©alable choisie, sur laquelle il n'avait pas d'idĂ©e prĂ©conçue. Nous allons nous objecter que ce terme est inadĂ©quat lorsqu'il n'intĂšgre pas une conception professionnelle. Pourtant, il y a bien des analogies entre la construction de l'identitĂ© parentale et l'entrĂ©e dans une carriĂšre de mĂ©tier. La professionnalisation » de parents ne peut ĂȘtre objectivĂ©e sur des critĂšres purement concrets comme une grille de salaire, un code lĂ©gislatif ou la dĂ©nomination d'un poste de travail. La part d'inventions, d'actions Ă  entreprendre devant le fait accompli du handicap, ressort d'une grande part de subjectivitĂ© et de projection personnelle. Dans toute profession, il existe cette marge de libertĂ© individuelle incontrĂŽlable et qui n'est pas quantifiable d'un point de vue de la production. C'est sur cette marge que repose notre thĂ©orisation, l'individu n'est-il pas sur cette terre en permanente construction de lui-mĂȘme ? Sa profession pourrait se nommer la recherche de Soi. A l'instar de GOFFMAN, nous allons essayer de comprendre comment se construit la carriĂšre morale » de parents d'enfant handicapĂ© mental. Le terme de carriĂšre est gĂ©nĂ©ralement rĂ©servĂ© Ă  l'entreprise de celui qui entend profiter des possibilitĂ©s de promotion qu'offre toute profession respectable. Mais il est aussi employĂ© dans une acception plus large, pour qualifier le contexte social dans lequel se dĂ©roule la vie de l'individu. On se place alors dans la perspective de l'histoire naturelle, c'est-Ă -dire que l'on nĂ©glige les simples Ă©vĂ©nements pour s'attacher aux modifications durables, assez importantes pour ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme fondamentales et communes Ă  tous les membres d'une catĂ©gorie sociale Goffman, 1968, p 179. Nous saisirons effectivement les dispositions communes aux parents qui pointent face Ă  l'altĂ©ritĂ©, face Ă  un cancer social rongeant l'Ă©tablissement des structures du couple. Le terme d'histoire naturelle » nous semble bon Ă  expliciter. Selon STRAUSS, L'histoire naturelle se distingue de l'histoire par son intĂ©rĂȘt pour ce qui est gĂ©nĂ©rique dans une classe de phĂ©nomĂšnes plutĂŽt que pour ce qu'il a d'unique dans chaque cas. Elle cherche Ă  dĂ©couvrir ce qui est typique dans une classe de phĂ©nomĂšnes, plutĂŽt que ce qui les diffĂ©rencie - la rĂ©gularitĂ© plutĂŽt que la singularitĂ© Strauss, 1985, p 153. Nous admettons que tous les acteurs parentaux ont sensiblement une mĂȘme attitude face Ă  un Ă©vĂ©nement inattendu et, en gĂ©nĂ©ral, non dĂ©sirĂ©. Avant l'avĂšnement du handicap, les parents avaient une vision de ce qu'est le rĂŽle de pĂšre ou de mĂšre, certains ont eu antĂ©rieurement d'autres enfants qui ne prĂ©sentaient aucun trouble pathologique. Leur vie en est profondĂ©ment bouleversĂ©e, des changements radicaux Ă©branlent les conceptions de soi. Le dĂ©but de la carriĂšre de parents trouve ici son point d'ancrage. Cette carriĂšre est marquĂ©e par une modification progressive des certitudes qu'il l'individu nourrit Ă  son propre sujet et au sujet d'autres personnes qui importent Ă  ses yeux » Goffman, 1968, p 56. S'instaure Ă  cette pĂ©riode, les premiĂšres techniques de mortification ». L'individu doit revĂȘtir l'habit parental tout en se dĂ©barrassant des attributs du rĂŽle de parent ayant un enfant normal ». Les techniques Ă©ducatives employĂ©es sont similaires Ă  celles utilisĂ©es pour les enfants n'ayant pas de troubles pourtant elles ne fonctionnent pas toujours. HUGHES nous dĂ©finit ce qui est utile dans le concept de carriĂšre appliquĂ© Ă  notre propos Ainsi la singularitĂ© de la carriĂšre d'un homme et la plupart de ses problĂšmes personnels naissent des Ă©vĂ©nements plus ou moins importants qui affectent sa vie ... dans chaque sociĂ©tĂ©, la vie des individus se dĂ©roule selon un certain ordre. Cet ordre est pour une part choisi, manifeste, voulu et institutionnalisĂ© ; mais pour une autre part il existe aussi en dehors de la conscience des intĂ©ressĂ©s Hughes, 1996, p 165. Puis il dĂ©finit l'objet de l'Ă©tude des carriĂšres L'Ă©tude des carriĂšres a pour objet la dialectique entre ce qui est rĂ©gulier et rĂ©current d'un cĂŽtĂ©, et ce qui est unique de l'autre ; une telle Ă©tude, comme toute Ă©tude qui a pour objet la sociĂ©tĂ©, vise ainsi Ă  se placer au point de rencontre entre une sociĂ©tĂ© stable mais nĂ©anmoins changeante, et l'ĂȘtre humain unique, qui n'a que peu d'annĂ©es Ă  vivre Hughes, 1996, p 176-177. Ce qui caractĂ©rise les acteurs parentaux, c'est l'instabilitĂ© de la situation dans laquelle ils se trouvent. Ce qui est rĂ©current dans ce cas, c'est l'irrĂ©gularitĂ© des acquis de l'enfant. Les parents, dans un premier temps, doivent apprendre Ă  connaĂźtre ce qu'est un enfant affublĂ© d'une anomalie. Le diagnostic du handicap n'Ă©tant pas toujours posĂ©, l'anomalie leur apparaĂźtra au fil du temps. Nous supposons, que dans ces deux cas de figure, l'itinĂ©raire de formation des parents suit les mĂȘmes Ă©tapes ; elles sont seulement diffĂ©rĂ©es dans le temps, mais elles partagent le mĂȘme processus de socialisation. 2. La socialisation parentale selon la thĂ©orie interactionniste des professions. La gestion de la crise et du dilemme. Les parents sont en contradiction avec les rĂŽles qu'ils s'Ă©taient imaginĂ©s. Ils entrent en crise identitaire avec les reprĂ©sentations sociales de leur statut de pĂšre ou de mĂšre. Un dilemme s'installe entre ce qu'ils pensaient ĂȘtre et ce qu'ils sont effectivement. Il y a un dĂ©calage Ă©norme entre le rĂŽle rĂȘvĂ© et la rĂ©alitĂ© de ce rĂŽle. Ils s'installent dans une dualitĂ© » entre le modĂšle idĂ©al » qui caractĂ©rise la dignitĂ© de la profession » et le modĂšle pratique » qui concerne les tĂąches quotidiennes et les durs travaux » Hughes, in Dubar, 1991, p 148. Cette dualitĂ© brouille les reprĂ©sentations du travail d'Ă©ducation auprĂšs d'un jeune enfant, il n'y a pas de modĂšle préétabli d'une construction de l'enfant handicapĂ©. Les stĂ©rĂ©otypes parentaux sont remis en cause dans leur fondement. Pourtant ceux-ci sont nĂ©cessaires Ă  la projection de la tĂąche Ă©ducative Ă  mener. Les stĂ©rĂ©otypes, comme les dĂ©finis HUGHES, Ne correspondent pas forcĂ©ment Ă  la rĂ©alitĂ© et ne dĂ©terminent pas nĂ©cessairement les attentes de la population, cependant ils sont significatifs dans la mesure oĂč ils prĂ©servent la personne de tout handicap visible. Positivement, ils reprĂ©sentent une conception idĂ©ale ; nĂ©gativement, ils Ă©vitent de choquer, d'Ă©tonner, ou de crĂ©er des doutes dans l'esprit d'un public que l'on cherche Ă  se concilier Hughes, 1996, p 190. Les parents ne peuvent se dĂ©tacher de l'objet de la crise puisqu'il est une partie d'eux-mĂȘmes, ils l'ont engendrĂ© et ne peuvent le renier ou le mettre de cĂŽtĂ© puisque nous avons affaire avec ce que STRAUSS nomme du matĂ©riau humain ». Comme le travail de santĂ©, la tĂąche parentale s'exerce sur, autour, au travers ! d'un produit qui n'est pas inerte » Strauss, 1992, p 145. De plus, l'enfant handicapĂ© est le produit » de ses parents ; la dimension du sentiment d'amour est Ă  prendre en compte et se surajoute Ă  la problĂ©matique Ă©ducative. Les acteurs parentaux dĂ©couvrent la rĂ©alitĂ© dĂ©senchantĂ©e » Hugues, 1991 sans mĂȘme avoir pu anticiper la rĂ©alitĂ© d'un monde construit aux marges de la sociĂ©tĂ©. Nous supposons que les parents sont Ă  leur entrĂ©e dans leur profession dans une grande dĂ©tresse. Ils subissent Ă  cette pĂ©riode, un traumatisme qu'ils auront dĂ©sormais du mal Ă  panser. Ils vivront dĂ©sormais dans le monde du dĂ©senchantement et leur mission sera bien celle d'y produire du merveilleux. La spĂ©cificitĂ© de leur mission sera en fin de compte d'instaurer une rĂ©alitĂ© familiale qui permette Ă  chacun de vivre du mieux possible dans le cadre dĂ©limitĂ© par le handicap. STRAUSS dĂ©finit ce qu'est le sens d'une mission DĂšs le dĂ©but de leur dĂ©veloppement, les spĂ©cialistes dĂ©finissent et proclament leurs missions spĂ©cifiques. Elles affirment la contribution que la spĂ©cialitĂ©, et celle-ci seulement, peut apporter dans le cadre d'un ensemble de valeurs, et frĂ©quemment elles dĂ©veloppent une argumentation pour expliquer en quoi elles sont particuliĂšrement appropriĂ©es pour cette tĂąche. La revendication d'une mission tend Ă  prendre une forme rhĂ©torique, probablement parce qu'elle prend place dans le contexte d'une lutte pour la reconnaissance et l'obtention d'un statut institutionnel Strauss, 1992, p 70. Il y a bien lutte des parents pour une reconnaissance de leur enfant, pour le faire accepter aux autres tel qu'il est, mais Ă©galement pour leur reconnaissance en tant que parents d'enfant handicapĂ©. Nous verrons que le handicap contamine l'espace familial et que celui-ci fonctionne avec l'altĂ©ritĂ©. Si l'altĂ©ritĂ© disparaĂźt, c'est l'unitĂ© familiale qui est perturbĂ©e car tout se reconstruira dĂ©sormais autour de ce noyau. Les parents se revendiquent comme des experts du handicap, ils ont un savoir que les autres ne peuvent dĂ©tenir. Cette connaissance est basĂ©e sur l'expĂ©rience ; ce savoir, ils pourront l'utiliser comme pouvoir, comme une force le moment venu. La survie du couple ne peut faire l'Ă©conomie d'une attitude positive dans un cercle dĂ©prĂ©ciĂ© par l'environnement social. Le dĂ©roulement de la carriĂšre des parents vue comme trajectoire de vie. Anselm STRAUSS s'est intĂ©ressĂ© aux contextes d'interaction dans lesquels se trouvent des individus en prĂ©sence d'un ĂȘtre malade. Ces individus peuvent ĂȘtre des professionnels de santĂ© mĂ©decins, infirmiĂšre ou encore des parents proches du malade. Nous retiendrons, pour les besoins de notre Ă©tude, les relations entre parents et le proche malade. Nous rappelons que le handicapĂ© mental n'est pas un malade mental mĂȘme si dans les reprĂ©sentations sociales l'amalgame est prĂ©sent. Les modes de prises en charge ne sont pas diffĂ©rents. Parfois l'individu altĂ©rĂ© passe d'un monde Ă  l'autre, de l'hĂŽpital psychiatrique Ă  l'institution d'Ă©ducation spĂ©cialisĂ©e, mais ce ne sont que des passages. La vie pour l'un se dĂ©roule dans un lieu asilaire oĂč l'altĂ©ration psychique doit ĂȘtre traitĂ©e comme une maladie en son sens gĂ©nĂ©ral. L'autre bĂ©nĂ©ficie d'une aide psychologique, mais pas uniquement. Cette aide est couplĂ©e Ă  une Ă©ducation spĂ©cialisĂ©e dispensĂ©e par des professionnels formĂ©s Ă  cette fin. L'individu handicapĂ© mental l'est d'un point de vue social, il n'a pas les outils nĂ©cessaires pour vivre seul en sociĂ©tĂ©. Il n'y a pas reconnaissance d'une folie de leur enfant pour les parents l'enfant n'est pas fou, il est souvent dĂ©crit comme capable mais rendu responsable de ses incapacitĂ©s. La folie est une maladie qui intĂšgre l'individu et le dĂ©truit. Nous Ă©taierons notre propos lorsque nous Ă©voquerons les reprĂ©sentations sociales du handicap de l'enfant par les parents. Cette parenthĂšse explicative est utile pour dĂ©samorcer la confusion. Au sein de la sphĂšre domestique, le handicap du jeune enfant est aussi dĂ©stabilisant que la folie. Il interroge, de la mĂȘme maniĂšre, les liens habituels unissant les membres de la famille. Il remet en cause le statut prĂ©fabriquĂ© mentalement des acteurs et les oblige Ă  reconsidĂ©rer leurs rĂŽles parentaux dans le contexte familial. Strauss introduit le concept de contexte de conscience qu'il dĂ©finit comme le contexte dans lequel les gens interagissent en mĂȘme temps qu'ils le dĂ©couvrent. Ce contexte est complexe, il ne demeure pas constant, il change tout au long de la trajectoire » Strauss, 1992, p 26. Le terme de trajectoire a pour les auteurs la vertu de faire rĂ©fĂ©rence non seulement au dĂ©veloppement physiologique de la maladie de tel patient mais Ă©galement Ă  toute l'organisation du travail dĂ©ployĂ©e Ă  suivre ce cours, ainsi qu'au retentissement que ce travail et son organisation ne manquent pas d'avoir sur ceux qui s'y trouvent impliquĂ©s Ibid., p 143. Les parents rĂ©organisent leur vie de maniĂšre Ă  rester au plus prĂšs de leur enfant handicapĂ©. Il faut rejouer les rĂŽles sociaux d'une autre maniĂšre et participer Ă  la scĂšne de la vie domestique en s'imaginant que la situation peut ĂȘtre tenable. Il leur faut renouveler sans cesse un jeu dont le scĂ©nario est imprĂ©visible. Il n'est pas Ă©crit de maniĂšre linĂ©aire et ne facilite pas une seule lecture du rĂŽle de parents. Il faut envisager Ă  chaque instant une rĂ©ponse au dĂ©sordre qu'instaure le handicap ; il faut pouvoir le dompter et parvenir Ă  l'apprivoiser pour le maĂźtriser. Il est difficile de projeter un schĂ©ma de trajectoire cohĂ©rent ». Celui-ci peut parfaitement ne pas ĂȘtre dessinĂ© dans ses moindres dĂ©tails mais il implique une reprĂ©sentation imaginaire de la succession d'Ă©vĂšnements envisageables et d'actions Ă  prĂ©voir » Ibid., p 162. La reprĂ©sentation imaginaire d'une vie avec un enfant diffĂ©rent semble impossible, les acteurs parentaux vivent au jour le jour. De surcroĂźt, le handicap de l'enfant n'est pas toujours diagnostiquĂ© il semble que l'enfant ne grandit pas comme les autres, l'inquiĂ©tude s'amplifie et les parents s'inscrivent dans un schĂ©ma d'incertitude. Ils ne peuvent imaginer de façon sereine de quoi sera fait le lendemain. Il manque une localisation » prĂ©cise du handicap qui ne permet pas l'Ă©laboration d'un schĂ©ma gĂ©nĂ©ral des tĂąches Ă  envisager » Ibid., p 162. Les frĂ©quentes contingences nouvelles dĂ©stabilisent les reprĂ©sentations imaginaires d'une vie normale possible, l'acteur se brouille face aux choix d'actions alternatives, capables de contenir la trajectoire dans un ordre aussi maĂźtrisable que possible » Ibid., p 170. La mise en forme d'une trajectoire cohĂ©rente apparaĂźt comme impossible car le handicap rend les rĂ©actions de l'enfant imprĂ©visibles face Ă  son environnement. Les possibilitĂ©s de rĂ©solution du problĂšme sont annihilĂ©es devant les multiples questionnements qu'il pose. Le handicap est un problĂšme qui ne peut ĂȘtre rĂ©solu car les points d'option cruciaux » afin de rectifier la trajectoire ne sont pas lisibles. Il n'est pas possible de choisir une solution plus qu'une autre ; l'Ă©noncĂ© du problĂšme posĂ© est incomprĂ©hensible. La profession de parents d'enfant handicapĂ© rejoint certaines caractĂ©ristiques du travail de santĂ© Il y a deux caractĂ©ristiques frappantes du travail de santĂ© qui ne se retrouvent que dans certains autres genres de travail. L'une tient aux contingences inattendues et souvent difficiles Ă  contrĂŽler relatives non seulement Ă  la maladie elle-mĂȘme, mais aussi Ă  quantitĂ© de questions de travail et d'organisation ... Une deuxiĂšme caractĂ©ristique cruciale du travail de santĂ© est qu'il s'applique Ă  du matĂ©riel humain Ibid., p 144-145. A ces deux caractĂ©ristiques du travail de santĂ©, les parents cumulent l'inexpĂ©rience du handicap Tant que les professionnels de santĂ© n'ont pas acquis l'expĂ©rience de la maladie, de ses rebondissements non connus, de l'impact du traitement sur d'autres systĂšmes de l'organisme, et de l'organisation du travail Ă  mettre en oeuvre pour maĂźtriser tous ces Ă©lĂ©ments, les trajectoires peuvent se rĂ©vĂ©ler bien difficile Ibid., p 145. Les parents font du mieux qu'ils le peuvent pour gĂ©rer la trajectoire du handicap. Avec le temps, nous pensons qu'ils parviendront Ă  lui trouver une mise en forme » acceptable et Ă  prendre en main les contingences de la meilleure maniĂšre possible » Ibid., p 161. Leur mission consistera Ă  rendre prĂ©visible l'imprĂ©visible pour parvenir Ă  cheminer avec leur enfant et imaginer un futur possible. V. LE HANDICAP MENTAL UNE CONSTRUCTION HISTORIQUE, SOCIALE ET JURIDIQUE. 1. Historique de la notion de handicap. Revenons avec Claude HAMONET 1990, p 7 Ă  9 sur les origines et les Ă©volutions sĂ©mantiques du terme handicap. Il serait apparu pour la premiĂšre fois dans la langue anglaise au XVIIe siĂšcle, son usage dans le monde hippique Ă©tant plus tardif XVIIIe . Le nom de handicap a Ă©tĂ© donnĂ© Ă  une sorte de jeu comportant une part de chance, dans lequel une personne propose d'acquĂ©rir un objet familier qui appartient Ă  une autre personne, en lui offrant, en Ă©change quelque chose qui lui appartient. » Un arbitre est dĂ©signĂ© pour apprĂ©cier la diffĂ©rence de la valeur entre les deux objets. Lorsqu'il a fixĂ© le montant, la somme d'argent correspondante est dĂ©posĂ©e dans un chapeau ou une casquette Hand i'cap ou Hand in the Cap. C'est en 1754 que le mot est appliquĂ© Ă  la compĂ©tition entre deux chevaux puis, en 1786, Ă  des courses de plus de deux chevaux ... En 1827, le terme traverse la Manche avec la terminologie spĂ©cifique des courses de chevaux telle qu'elle est rĂ©fĂ©rencĂ©e par T. Bryon dans son Manuel de l'amateur de courses Une course Ă  handicap est une course ouverte Ă  des chevaux dont les chances de vaincre, naturellement inĂ©gales, sont, en principe, Ă©galisĂ©es par l'obligation faite aux meilleurs de porter un poids plus grand. » TrĂšs tĂŽt apparaissent des dĂ©rivĂ©s handicaper 1854, handicapeur terme dĂ©signant le commissaire qui dĂ©termine les handicaps 1872, handicapage 1906. Le sens originel de l'anglicisme handicap » est, bien entendu, celui d'une course oĂč l'on rĂ©tablit par un artifice, les inĂ©galitĂ©s naturelles. Par la suite, la notion d'Ă©galitĂ© devrait dominer, mais c'est celle de dĂ©savantage qui l'emporte Entendez dĂ©savantage dans une concurrence. » L'idĂ©e de concurrence s'est effacĂ©e peu Ă  peu et la sonoritĂ© du mot achĂšve de lui donner une nuance dĂ©favorable. On entend couramment des phrases de ce genre Il a eu un accident d'auto et le voilĂ  trĂšs handicapĂ©. » Certes, on pense encore que c'est une infĂ©rioritĂ© dans la lutte pour la vie d'ĂȘtre infirme ou malade. Mais le glissement du mot est incontestable et il est Ă  ranger sous la rubrique des anciens anglicismes, ceux qui ont cessĂ© de l'ĂȘtre » A. ThĂ©rive, Querelles de langage, 1940. » 2. Le point de vue juridique. Le langage juridique s'est aussi progressivement appropriĂ© le mot handicap ». L'utilisation du mot handicap est officialisĂ©e par la loi du 23 novembre 1957 et doit permettre, sous la tutelle du ministĂšre du Travail, d'organiser le reclassement des travailleurs handicapĂ©s. Pour la premiĂšre fois, la lĂ©gislation tente de regrouper en un ensemble cohĂ©rent diverses catĂ©gories de personnes Liberman, 1988, p 35. Dans le mĂȘme temps, on a vu progressivement disparaĂźtre des textes lĂ©gislatifs et rĂ©glementaires les termes les plus stigmatisants tels que dĂ©bile », infirme », par contre la notion d' invaliditĂ© » subsiste parmi les termes utilisĂ©s par les caisses de SĂ©curitĂ© sociale et les administrations dĂ©pendant du MinistĂšre des Anciens combattants et Victimes de guerre Hamonet, 1990, p 11. DĂšs 1968, le rapport Bloch-LainĂ© Etude du problĂšme gĂ©nĂ©ral de l'inadaptation des personnes handicapĂ©es donne cette dĂ©finition du handicap On dit qu'ils sont handicapĂ©s parce qu'ils subissent par suite de leur Ă©tat physique, mental, caractĂ©riel ou leur situation sociale, des troubles qui constituent pour eux des handicaps » c'est-Ă -dire des faiblesses, des servitudes particuliĂšres par rapport Ă  la normale, celle-ci Ă©tant dĂ©finie comme Ă©tant la moyenne des capacitĂ©s et des chances de la plupart des individus vivant dans notre SociĂ©tĂ© Liberman, 1988, p 37. RenĂ© LENOIR, dans son ouvrage Les exclus », dĂ©termine la personne handicapĂ©e ainsi Dire qu'une personne est inadaptĂ©e, marginale ou asociale, c'est constater simplement que, dans la sociĂ©tĂ© industrialisĂ©e et urbanisĂ©e de la fin du XXe siĂšcle, cette personne, en raison d'une infirmitĂ© physique ou mentale, de son comportement psychologique ou de son absence de formation, est incapable de pourvoir Ă  ses besoins, ou exige des soins constants, ou reprĂ©sente un danger pour autrui, ou se trouve sĂ©grĂ©guĂ©e soit de son propre fait, soit de celui de la collectivitĂ© Lenoir, 1974. Nous retiendrons, enfin, pour notre analyse, la dĂ©finition du handicap donnĂ©e, en 1980, par l'Organisation Mondiale de la SantĂ© OMS dans sa Classification Internationale des DĂ©ficiences, IncapacitĂ©s et Handicap CIDIH La dĂ©ficience Dans le domaine de la santĂ©, la dĂ©ficience correspond Ă  toute perte de substance ou altĂ©ration d'une fonction ou d'une structure psychologique, physiologique ou anatomique. » L'incapacitĂ© Dans le domaine de la santĂ©, une incapacitĂ© correspond Ă  toute rĂ©duction rĂ©sultant d'une dĂ©ficience, partielle ou totale, de la capacitĂ© d'accomplir une activitĂ© d'une façon, ou dans des limites considĂ©rĂ©es comme normales, pour un ĂȘtre humain. » Le handicap Dans le domaine de la santĂ©, le handicap est un dĂ©savantage social pour un individu qui rĂ©sulte de sa dĂ©ficience ou de son incapacitĂ© et qui limite ou interdit l'accomplissement d'un rĂŽle considĂ©rĂ© comme normal compte tenu de l'Ăąge, du sexe et des facteurs socioculturels. » Nous nous rendons bien compte, Ă  travers cet historique et de la mise en forme juridique du handicap, que la sociĂ©tĂ© cherche Ă  apprĂ©hender l'insaisissable. Les individus ont besoin de savoir dans quelle partie de la sociĂ©tĂ© ils prennent place. Le handicap crĂ©e une ligne de dĂ©marcation entre deux mondes rendus distincts. Le systĂšme social rĂ©pertorie pour mieux contrĂŽler les Ă©lĂ©ments qui lui Ă©chappent. La sĂ©mantique est bien la premiĂšre phase de catĂ©gorisation qui va engendrer l'exclusion ; les mots rejettent dans la sphĂšre du handicap celui qui n'Ă©pouse pas la norme. L'affirmation des termes handicap/handicapĂ©, dans l'espace social, qui a pour Ă©quivalents sĂ©mantiques invalide, impotent, mutilĂ©, malade, dĂ©ficient..., indique que nous sommes bien en prĂ©sence d'une classification opĂ©ratoire du systĂšme social Demonet, 2000, p 109. C'est-Ă -dire que parler de handicapĂ©s c'est faire rĂ©fĂ©rence Ă  une notion stable, puisque reconnue par la loi, ce qui autorise le dĂ©coupage, dans l'univers des reprĂ©sentations, entre handicapĂ© et non handicapĂ© » Demonet, 2000, p 109. Cette attitude revient Ă  chosifier » le handicap afin de mieux l'objectiver, le situer hors de soi et le rejeter. Il est bon de le dĂ©finir afin de mieux le comprendre et ainsi de mieux le soigner », mais la dĂ©finition a cet effet pervers qu'elle est sĂ©lective. Elle n'englobe dans des catĂ©gories qu'une certaine partie des individus ayant des traits reconnus comme communs. Dans son Histoire de la folie Ă  l'Ăąge classique », Michel FOUCAULT Ă©voque le fou Comme le bouffon au moyen Ăąge, il vit au milieu des formes de la raison, un peu en marge sans doute puisqu'il n'est point comme les autres, mais intĂ©grĂ© pourtant puisqu'il est lĂ  comme une chose, Ă  la disposition des gens raisonnables, propriĂ©tĂ© qu'on se montre et qu'on se transmet. On le possĂšde comme un objet Foucault, 1972, p 365. Le fou peut ĂȘtre dĂ©fini comme un concept situant les individus dans le domaine de la raison ou de la dĂ©raison ; c'est en se comparant Ă  lui qu'on parvient Ă  trouver la place qu'on occupe dans l'univers des reprĂ©sentations sociales. Nous dĂ©montrons notre diffĂ©rence car nous sommes Ă  mĂȘme de juger, de savoir ce qui est bon ou non pour nous-mĂȘmes et pour les autres. Le savoir est pouvoir. Le fou, comme personnage social, ne saurait avoir ce raisonnement ; sa folie le prive de pouvoir vivre raisonnablement. La dĂ©raison remonte peu Ă  peu vers ce qui la condamne, lui imposant une sorte de servitude rĂ©trograde ; car une sagesse qui croit instaurer avec la folie un pur rapport de jugement et de dĂ©finition - Celui-lĂ  est un fou » - a d'emblĂ©e posĂ© un rapport de possession et d'obscure appartenance Celui-lĂ  est mon fou », dans la mesure oĂč je suis assez raisonnable pour reconnaĂźtre sa folie, et oĂč cette reconnaissance est le manque, le signe, comme l'emblĂšme de ma raison. La raison ne peut pas dresser constat de folie, sans se compromettre elle-mĂȘme dans les relations de l'avoir. La dĂ©raison n'est pas hors de la raison, mais justement en elle, investie, possĂ©dĂ©e par elle, et chosifiĂ©e ; c'est, pour la raison, ce qu'il y a de plus intĂ©rieur et aussi de plus transparent, de plus offert Foucault, 1972, p 365. La folie passionne car nous n'arrivons pas Ă  la saisir pour lui donner du sens. Nos rapports Ă  l'altĂ©ritĂ© sont complexes puisque la diffĂ©rence d'autrui peut provoquer une crainte empreinte de fascination. L'autre diffĂ©rent est celui que nous ne souhaitons pas ĂȘtre, nous cherchons Ă  nous en distancier. Il ne fait pas partie de notre monde, c'est-Ă -dire du monde des normaux. Il est rejetĂ© Ă  l'intĂ©rieur de nos propres prĂ©jugĂ©s. Il nous faut dĂ©finir ce qui nous apparaĂźt comme insensĂ© pour parvenir Ă  la comprĂ©hension des individus dont leur place sociale est situĂ©e en marge de la sociĂ©tĂ©. L'approche de FOUCAULT nous place Ă  l'intĂ©rieur du jeu ambigu de la raison et de la dĂ©raison, jeu fait d'attirance et de rĂ©pulsion. La raison est le pendant de la dĂ©raison, son inverse nĂ©cessaire ; elles ne sont pas en opposition mais en complĂ©mentaritĂ© car l'une est insĂ©parable de l'autre. Leur distinction est nĂ©cessaire aux individus afin de se comparer, mais une catĂ©gorie ne fonde pas nĂ©cessairement une identitĂ© » Stiker, 2000, p 78. Le handicap mental est un concept construit historiquement puis juridiquement. Il a Ă©tĂ© chosifiĂ© » au fil du temps afin de traiter les individus qui posent problĂšme Ă  la sociĂ©tĂ©. Le champ du handicap est constituĂ©, sur le principe de la discrimination positive ou compensation, avec son public, ses lĂ©gislations, ses institutions, et ses financements » Stiker, 2000, p 71. La personne diffĂ©rente interroge les normes Ă©tablies, la sociĂ©tĂ© s'est toujours fait un devoir de la prendre en charge. Nous allons dĂ©sormais poser le problĂšme des rapports entre la normalitĂ© et l'anormalitĂ©, du rapport entre les personnes normales » et les personnes handicapĂ©es. 3. Le normal et l'anormal. La relativitĂ© des normes sociales. Il existe bien pour le chercheur une catĂ©gorie spĂ©cifique du handicap qui renvoie Ă  un ensemble de personnes n'Ă©tant pas tout Ă  fait comme les autres. Elles sont marquĂ©es du sceau de l'altĂ©ritĂ©. Nous interrogeons la construction de cette catĂ©gorie particuliĂšre composĂ©e d'individus que la sociĂ©tĂ© affuble de l'Ă©tiquette de handicapĂ©s. RenĂ© LENOIR Ă©met, que la norme est une valeur relative Dire que dans une sociĂ©tĂ© donnĂ©e des ĂȘtres sont en marge de la normale ne signifie nullement que la norme de cette sociĂ©tĂ© a valeur divine ou universelle. Quelques-uns uns de nos plus brillants ingĂ©nieurs seraient inadaptĂ©s chez un peuple de chasseurs ou de pĂȘcheurs, beaucoup de nos aliĂ©nĂ©s vivraient libres dans une tribu africaine, l'orphelin ne se sentirait pas tel dans la plupart de nos sociĂ©tĂ©s dites primitives Lenoir, 1974, p 10. Pourtant, le champ du handicap regroupe bien des individus dont la prise en charge est spĂ©cifique ; ils sont lĂ©galement dĂ©finis par des textes de loi. Paradoxalement, ces textes qui sont censĂ©s leur apporter une aide de la sociĂ©tĂ© pour compenser leur dĂ©ficit, les enferment dans un statut discriminant. Il y a bien une norme qui Ă©talonne les capacitĂ©s des uns et des autres Ă  vivre en sociĂ©tĂ©. MĂȘme si nous cherchons Ă  relativiser celle-ci, elle n'en est pas moins la valeur de rĂ©fĂ©rence. Mais Ă  quelle norme se fier sachant que, pour BECKER, les valeurs sont de piĂštres guides pour l'action, car elles ne comportent que des critĂšres de choix gĂ©nĂ©raux qui indiquent la ligne de conduite prĂ©fĂ©rable, toutes choses Ă©gales d'ailleurs » Becker, 1985, p 153. Il n'en demeure pas moins que des normes sont Ă©tablies, qu'elles dĂ©montrent parfois une grande rigiditĂ© et que les transgresser expose l'individu Ă  ĂȘtre exclu de sa sociĂ©tĂ©. Dans le cas du handicap mental, la personne est mise Ă  l'Ă©cart de fait pourtant elle n'a commis aucun crime. Elle transgresse le bien-fondĂ© du monde social de par cette prĂ©sence De ce point de vue, la dĂ©viance n'est pas une qualitĂ© de l'acte commis par une personne, mais plutĂŽt une consĂ©quence de l'application, par les autres, de normes et de sanctions Ă  un transgresseur ». Le dĂ©viant est celui auquel cette Ă©tiquette a Ă©tĂ© appliquĂ©e avec succĂšs et le comportement dĂ©viant est celui auquel la collectivitĂ© attache cette Ă©tiquette Becker, 1985, p 33. Le handicapĂ© est un transgresseur de normes malgrĂ© lui. Il n'est pas actif dans sa transgression, il en est le jouet. Il dĂ©range car son comportement n'est pas conforme » aux attitudes qu'on peut attendre d'un ĂȘtre douĂ© de raison. Il interpelle et doit ĂȘtre contrĂŽlĂ©. Il est accusĂ© Ă  tort », on prĂ©fĂšre l'isoler pour prĂ©venir les Ă©ventuels dĂ©gĂąts qu'il serait susceptible de causer Ă  la sociĂ©tĂ©. Ce sont ses actes difficilement comprĂ©hensibles, bizarres et incommodants qui en font un Ă©tranger au groupe. Le handicapĂ© inquiĂšte car il n'apprĂ©hende pas la rĂ©alitĂ© sociale et ses rapports aux autres de maniĂšre commune. Pour BECKER, La maniĂšre dont on traite les dĂ©viants Ă©quivaut Ă  leur refuser les moyens ordinaires d'accomplir les activitĂ©s routiniĂšres de la vie quotidienne. En raison de ce refus, le dĂ©viant doit nĂ©cessairement mettre en oeuvre des pratiques routiniĂšres illĂ©gitimes. L'influence des rĂ©actions des autres peut ĂȘtre soit directe, ... soit indirecte, lorsqu'elle dĂ©coule du caractĂšre intĂ©grĂ© dans laquelle vit le dĂ©viant Becker, 1985, p 58. L'individu handicapĂ© mental est bien cet individu Ă  qui on ne confĂšre pas les capacitĂ©s de pouvoir assumer seul sa vie. Il est un Ă©lĂ©ment pathologique qui est suspectĂ© de mettre en pĂ©ril la bonne santĂ© de la sociĂ©tĂ©. Le handicapĂ© mental est vĂ©cu comme une anomalie, un genre diffĂ©rent de la sociĂ©tĂ© humaine. Le handicap n'est pas inadaptation. On naĂźt ou on devient infirme. C'est le fait de devenir tel, interprĂ©tĂ© comme dĂ©chĂ©ance irrĂ©mĂ©diable, qui retentit sur le fait de naĂźtre tel ... Mais la limitation forcĂ©e d'un ĂȘtre humain Ă  une condition unique et invariable est jugĂ©e pĂ©jorativement, par rĂ©fĂ©rence Ă  l'idĂ©al normal humain qui est l'adaptation possible et voulue Ă  toutes les conditions imaginables Canguilhem, 1975, p 87. Le handicap mental a affaire avec l'infirmitĂ© telle qu'elle est dĂ©crite par CANGUILHEM. La personne handicapĂ©e mentale serait inadaptĂ©e Ă  la sociĂ©tĂ© puisqu'elle est dans l'incapacitĂ© de s'adapter aux conditions de vie qu'elle lui offre. Elle n'est pas un ĂȘtre normatif », capable d'instituer de nouvelles normes. Par normatif, on entend tout jugement qui apprĂ©cie ou qualifie un fait relativement Ă  une norme, mais ce mode de jugement est subordonnĂ© Ă  celui qui institue les normes » Ibid., p 77. Nous estimons de notre point de vue Que la dĂ©finition psychosociale du normal par l'adaptĂ© implique une conception de la sociĂ©tĂ© qui l'assimile subrepticement et abusivement Ă  un milieu, c'est-Ă -dire Ă  un systĂšme de contraintes contenant, dĂ©jĂ  et avant tous rapports entre l'individu et elle, des normes collectives d'apprĂ©ciation de la qualitĂ© de ces rapports Ibid., p 214. Le handicapĂ© est bien perçu dans notre sociĂ©tĂ© comme un individu altĂ©rĂ© dans ses fonctions. Il est en contradiction avec la norme dĂ©finie comme l'idĂ©al humain » renvoyant l'ĂȘtre diffĂ©rent Ă  ses impossibilitĂ©s d'adaptation Ă  toute situation sociale. L'individu affublĂ© de son handicap n'est pas censĂ© ĂȘtre adaptable au corps social. Il ne peut ĂȘtre Ă©ducable et s'astreindre Ă  respecter les rĂšgles sociales. La difficultĂ© pour la personne handicapĂ©e de trouver sa place dans la sociĂ©tĂ©, c'est qu'elle est dĂ©finie par son inadaptation sociale. DĂ©finir l'anormalitĂ© par l'inadaptation sociale, c'est accepter plus ou moins l'idĂ©e que l'individu doit souscrire au fait de telle sociĂ©tĂ©, donc s'accommoder Ă  une rĂ©alitĂ© qui est en mĂȘme temps un bien » Ibid., p 214. Le problĂšme du handicap mental ne doit plus ĂȘtre posĂ© en terme d'inadaptation. Concevoir le handicapĂ© comme un inadaptĂ© signifie que celui-ci est vu comme une anomalie qui dĂ©rogerait Ă  l'ordre social. La diffĂ©rence humaine ne saurait ĂȘtre pathologique, c'est-Ă -dire mauvaise » pour le corps social. Pathologique implique pathos, sentiment direct et concret de souffrance et d'impuissance, sentiment de vie contrariĂ©e » Ibid., p 85. L'anomalie n'est pas Ă  considĂ©rer comme nĂ©faste, c'est une rĂ©alitĂ© d'une nature autre que le pathologique, elle peut avoir une place au sein de la sociĂ©tĂ©. Le handicapĂ© mental n'est pas Ă  voir, selon Canguilhem comme un individu inadaptĂ© du fait de critĂšres pathologiques, il est un ĂȘtre anomal » ce terme n'est pas Ă  confondre avec anormal », Canguilhem se situant dans le champ de l'anomalie ». L'anomalie ou la mutation ne sont pas en elles-mĂȘmes pathologiques. Elles expriment d'autres normes de vie possibles. Si ces normes sont infĂ©rieures, quant Ă  la stabilitĂ©, Ă  la fĂ©conditĂ©, Ă  la variabilitĂ© de la vie, aux normes spĂ©cifiques antĂ©rieures, elles seront dites pathologiques. Si ces normes se rĂ©vĂšlent, Ă©ventuellement dans le mĂȘme milieu Ă©quivalentes, ou dans un autre milieu supĂ©rieures, elles seront dites normales Ibid., p 91. Nous rejoignons notre point d'introduction dans lequel nous Ă©mettions l'idĂ©e que les normes Ă©taient relatives. Dans le cas du handicap mental, elles sont imposĂ©es aux individus anomaux » ayant une place infĂ©rieure » dans notre sociĂ©tĂ©, ne serait-ce que par leur nombre. La norme s'applique Ă  ceux qu'elle stigmatise, dans des cas dĂ©finis et Ă  des individus particuliers » et elle doit trouver sa forme finale dans les actes particuliers par lesquels ont la fait respecter ... Le respect des normes est imposĂ© sĂ©lectivement en fonction du type de personnes, du moment et de la situation » Becker, 1985, p 156. Les handicapĂ©s sont tributaires des reprĂ©sentations que les acteurs sociaux ont sur eux. Ils sont caractĂ©risĂ©s comme tels car la personne avec un handicap dĂ©voile des anomalies dans son comportement. Il dĂ©clenche, chez autrui, de par sa prĂ©sence en sociĂ©tĂ©, des attitudes de rejet, de dĂ©ni, de compassion... L'interaction engendre des mĂ©canismes de dĂ©fense de la part des uns et des autres. Comme nous l'avons prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©, les catĂ©gorisations aident l'individu Ă  lire le monde qui l'entoure. Lorsqu'une catĂ©gorie d'individus est repĂ©rable par des traits caractĂ©ristiques notamment physiques, nous avons affaire avec une stigmatisation de l'altĂ©ritĂ©. C'est ce processus de stigmatisation que nous allons Ă©tudier dans le point suivant. La stigmatisation de la personne handicapĂ©e mentale. Nous allons analyser les effets de la stigmatisation sur les individus diffĂ©rents du point de vue d'Erving GOFFMAN. Pour le sociologue, la personne attribue Ă  l'individu rencontrĂ© une identitĂ© sociale virtuelle » faite d'hypothĂšses ; prĂ©jugĂ©s en opposition Ă  son identitĂ© sociale rĂ©elle ». L'attribut », s'il constitue un stigmate, reprĂ©sente un dĂ©saccord entre les identitĂ©s sociales virtuelles et rĂ©elles discrĂ©ditant le stigmatisĂ© considĂ©rĂ© comme personne inhumaine » Goffman, 1975. Le handicapĂ© mental semble ĂȘtre systĂ©matiquement cataloguĂ© au travers de son identitĂ© sociale virtuelle. Les normaux » ne lui attribuent pas de place socialement reconnue dans le monde ordinaire. Ce qui lui fait dĂ©faut, c'est une cohĂ©rence de l'expression » Goffman, 1973. Le handicapĂ© mental fait preuve de maladresse dans ses expressions en sociĂ©tĂ© ce qui gĂ©nĂšre des malentendus sur son identitĂ©. Il ne peut assumer complĂštement son rĂŽle d'acteur social. Sur la scĂšne de la reprĂ©sentation de la vie quotidienne, la personne handicapĂ©e ne parvient pas Ă  gĂ©rer ses fluctuations » comportementales. Ce qui semble exigĂ© de l'acteur, c'est qu'il apprenne suffisamment de bouts de rĂŽles pour ĂȘtre capable d'improviser et de se tirer plus ou moins bien d'affaire, quelque rĂŽle qui lui Ă©choit ... Etre rĂ©ellement un certain type de personne, ce n'est pas se borner Ă  possĂ©der les attributs requis, c'est aussi adopter les normes de la conduite et l'apparence que le groupe social y associe Goffman, 1973. La difficultĂ© d'ĂȘtre pour la personne handicapĂ©e mentale c'est qu'elle est anomale », ce qui se traduit dans sa difficultĂ© Ă  Ă©pouser les normes comportementales de son groupe d'appartenance. Le dĂ©calage entre elle et la rĂ©alitĂ© sociale est mis Ă  jour lors des contacts mixtes » entre stigmatisĂ©s et normaux. Les relations entre les individus sont perturbĂ©es. L'individu normal ne se sent pas Ă  l'aise car il ne possĂšde pas les codes sociaux pour lire les attitudes du handicapĂ©. Lorsque l'acteur se sent mal Ă  l'aise, il est plus facile pour lui d'adopter des relations d'Ă©vitement ». L'individu stigmatisĂ© agit souvent par des tactiques d'abaissement » ou d'agressivitĂ© ». Il s'ensuit un malaise dĂ©fini comme un repli sur soi et un repli sur autrui traduits pathologiquement dans l'interaction. La personne handicapĂ©e ne saurait ĂȘtre considĂ©rĂ©e qu'Ă  travers son seul handicap ; l'individu ne peut ĂȘtre dĂ©fini que par la nĂ©gativitĂ© 1 ce qui reviendrait Ă  nier son existence, Ă  le rejeter purement et simplement de la sociĂ©tĂ©. Il n'en reste pas moins vrai qu'il est difficile de concevoir l'individu handicapĂ© dĂ©tachĂ© de ce qui entrave son Ă©volution ; il est bien porteur de quelque chose diffĂ©rant de la norme. Les Ă©lĂ©ments de sa diffĂ©renciation » sont confus. La notion d'identitĂ© personnelle est liĂ©e Ă  l'hypothĂšse que chaque individu se laisse diffĂ©rencier de tous les autres et qu'autour de ces Ă©lĂ©ments de diffĂ©renciation s'enregistrent sans cesse des faits sociaux auxquels viennent s'agglomĂ©rer de nouveaux dĂ©tails biographiques ... L'individu est fixĂ© en tant qu'objet possible d'une biographie. Ses actes ne sauraient se rĂ©vĂ©ler entiĂšrement contradictoires ni disjoints les uns des autres Goffman, 1975. La personne anomale » ne se revĂȘt pas des habits normatifs ; son dĂ©guisement social » et son dĂ©guisement personnel » ne font qu'un. Elle ne joue pas de façon satisfaisante la comĂ©die de la vie car elle ne parvient pas Ă  manier ses diverses identitĂ©s. ____________________________________________________________________________________ 1. Pour FREUD, nier quelque chose dans le jugement veut dire c'est lĂ  quelque chose que je prĂ©fĂ©rerais de beaucoup refouler ... La fonction de jugement doit prononcer qu'une propriĂ©tĂ© est ou n'est pas Ă  une chose, et elle doit considĂ©rer ou contester Ă  une reprĂ©sentation l'existence dans la rĂ©alitĂ©. La propriĂ©tĂ© dont il doit ĂȘtre dĂ©cidĂ© pourrait originellement avoir Ă©tĂ© bonne ou mauvaise, utile ou nuisible. ExprimĂ© dans le langage des motions pulsionnelles les plus anciennes, les motions orales cela je veux le manger ou bien je veux le cracher, et en poussant plus avant le transfert [de sens] cela je veux l'introduire en moi, et cela l'exclure hors de moi. Donc ça doit ĂȘtre en moi ou bien en dehors de moi. Le moi-plaisir originel, comme je l'ai exposĂ© ailleurs, veut s'introjecter tout le bon et jeter hors de lui tout le mauvais. Le mauvais, l'Ă©tranger au moi, ce qui se trouve au-dehors est pour lui tout d'abord identique. FREUD Sigmund. RĂ©sultats, idĂ©es, problĂšmes. Tomes II. Paris PUF, 1985. Ses diffĂ©rents rĂŽles se mĂ©langent et s'interpĂ©nĂštrent engendrant la confusion pour les autres et pour elle-mĂȘme elle ne sait pas comment se dĂ©finir. La personne anomale » ne se revĂȘt pas des habits normatifs ; son dĂ©guisement social » et son dĂ©guisement personnel » de font qu'un. Elle ne joue pas de façon satisfaisante la comĂ©die de la vie car elle ne parvient pas Ă  manier ses diverses identitĂ©s. Le stigmatisĂ© et le normal sont inclus l'un dans l'autre si l'un se rĂ©vĂšle vulnĂ©rable, l'autre en fait autant ... Les erreurs d'identifications sont sources inĂ©puisables de moqueries pour ceux qui les provoquent. Le normal et le stigmatisĂ© ne sont pas des personnes mais des points de vue produits lors de contacts mixtes, en vertu des normes insatisfaites qui influencent sur la rencontre Ibid., p 158-162. Si le stigmatisĂ© et le normal sont des points de vue, il semble qu'ils sont diffĂ©rents dans leur Ă©laboration. Le jeu du handicapĂ© est restreint car ses rĂŽles sociaux sont pauvres il est un personnage qui joue un rĂ©pertoire unique. Le normal, riche de ses divers statuts sociaux, est plus Ă  mĂȘme Ă  participer Ă  diffĂ©rents jeux de rĂŽles. Il peut modifier son rĂ©pertoire et tromper les autres dans son intĂ©rĂȘt pour Ă©viter tout discrĂ©dit. Le handicapĂ© ne possĂšde pas l'utilisation des faux-semblants », il demeure trop instinctif. Nous l'avons Ă©voquĂ©, le handicap est un concept statique qui enferme l'individu dans un stĂ©rĂ©otype. Le handicapĂ© mental ne connaĂźt pas d' idĂ©alisation », c'est-Ă -dire une façon de socialiser une reprĂ©sentation, de l'amĂ©nager, de la modifier pour l'adapter au niveau d'intellection et aux attentes de la sociĂ©tĂ© dans lequel elle se dĂ©roule » Goffman, 1973, p 40. En conclusion Ă  ce chapitre sur la construction du handicap mental comme concept, nous pouvons nous interroger sur la sĂ©mantique utilisĂ©e pour dĂ©nommer nos pairs. Le terme semble moins pĂ©joratif que d'autres jalonnant l'histoire de la diffĂ©rence. Cependant il est Ă  craindre qu'il soit insuffisant Ă  la comprĂ©hension de l'individu anomal » et qu'il devienne une source Ă  la discrimination et au rejet. Le handicapĂ© se meut en un objet Ă  dissĂ©quer L'individu stigmatisĂ© s'entend dire qu'il fait partie de la sociĂ©tĂ© mais en mĂȘme temps il lui est vain de nier sa diffĂ©rence. Il se trouve au centre d'une arĂšne oĂč s'affrontent les arguments et les discours, tous consacrĂ©s Ă  ce qu'il devrait penser de lui-mĂȘme, Ă  son identitĂ© de soi » Goffman, 1975. VI. LES RÉPRESENTATIONS SOCIALES DU HANDICAP MENTAL 1. DĂ©finition de la reprĂ©sentation sociale. Nous avons dĂ©jĂ  fait remarquer au lecteur l'interaction existant entre la sociĂ©tĂ© et le monde » du handicap. Ces deux mondes sont distincts et ont leurs propres reprĂ©sentations de la rĂ©alitĂ© sociale. ABRIC propose cette dĂ©finition de la reprĂ©sentation sociale Rappelons qu'on appelle reprĂ©sentation le produit et le processus d'une activitĂ© mentale par laquelle un individu ou un groupe reconstitue le rĂ©el auquel il est confrontĂ© et lui attribue une signification spĂ©cifique ... La reprĂ©sentation est donc un ensemble organisĂ© d'opinions, d'attitudes, de croyances et d'informations se rĂ©fĂ©rant Ă  un objet ou une situation Abric, p 206, 1999. Les parents de l'enfant handicapĂ© mental sont inscrits au sein d'une sphĂšre dont l'objet questionne la sociĂ©tĂ©. Le handicap est apprĂ©hendĂ© comme une anomalie perturbant les relations sociales. Il pose question et gĂ©nĂšre de nombreux prĂ©jugĂ©s. Le handicapĂ© mental renvoie Ă  l'image du fou, malade mental aux comportements incontrĂŽlables. Il est rĂ©pertoriĂ© dans la catĂ©gorie de la maladie mentale pourtant le handicapĂ© est d'une autre nature. L'amalgame est souvent fait, l'enfant handicapĂ© est perçu comme un ĂȘtre Ă©trange et surprenant dans sa singularitĂ©. La reprĂ©sentation sociale du handicapĂ© mental est bien dĂ©terminĂ©e par le sujet lui-mĂȘme son histoire, son vĂ©cu, par le systĂšme social et idĂ©ologique dans lequel il est insĂ©rĂ©, et par la nature des liens que le sujet entretient avec ce systĂšme social » Ibid., p 207. Le handicap, renvoyant une image altĂ©rĂ©e de la normalitĂ©, provoque chez autrui une Ă©valuation normative nĂ©gative » Schurmans, p 232, 1990. Les handicapĂ©s mentaux ne sont pas ce que sont les autres, ils en sont l'inverse. Ils sont l'image nĂ©gative du portrait qui ferait apparaĂźtre les caractĂ©ristiques identificatrices fondamentales du groupe » Ibid., p 232. 2. La thĂ©orie du noyau central Dans l'imaginaire collectif, les gens font effectivement encore ce rapprochement entre folie et handicap mental. Si le fou fait peur, c'est parce qu'il occupe une place centrale dans l'univers symbolique, il est en quelque sorte l'anti-maniĂšre » de la raison, il est par ce quoi tout un chacun peut se considĂ©rer comme un ĂȘtre raisonnable » Brouat, 1990, p 25-26. Cette place centrale est dĂ©pendante du noyau central ou noyau structurant dĂ©finit par ABRIC comme l'Ă©lĂ©ment fondamental de la reprĂ©sentation, car c'est lui qui dĂ©termine Ă  la fois la signification et l'organisation de la reprĂ©sentation. Il est l'Ă©lĂ©ment unificateur et stabilisateur de la reprĂ©sentation, le plus stable, celui qui rĂ©siste le plus au changement Abric, p 215, 1999. Le noyau est une structure qui organise les Ă©lĂ©ments de la reprĂ©sentation et leur donne sens. Le handicapĂ© mental est cataloguĂ© au travers de toutes sortes d'images pĂ©joratives, images teintĂ©es d'Ă©trangetĂ©. Il est perçu au travers de ses incapacitĂ©s, de ses stigmates parfois monstrueux, il hante l'imaginaire et revivifie les peurs ancestrales. La personne handicapĂ©e dĂ©range notre sociĂ©tĂ©. Nous l'avons Ă©voquĂ©, nous souhaiterions la nier Ă  dĂ©faut de la rejeter, ce qui en fin de compte revient Ă  rechercher le mĂȘme rĂ©sultat La pratique de supprimer les enfants difformes, dans l'AntiquitĂ©, s'origine Ă  un sentiment eugĂ©nique, Ă  une volontĂ© de race pure, et rĂ©vĂšle ainsi ce qui rĂ©side dans le coeur humain. Ne nous faisons pas d'illusion nous portons en nous des envies de mort et de meurtre, et la peur comme l'agressivitĂ© y trouvent leurs racines Stiker, p 17, 1982. Le handicap mental forge Ă  son encontre et bien malgrĂ© lui des images mentales solidement ancrĂ©es et difficilement surmontables car inscrites dans l'inconscient collectif. Le passage obligĂ© Ă  ce dĂ©passement semble l'expĂ©rience vĂ©cue et quotidienne entre normaux et anormaux. Les contacts mixtes rĂ©pĂ©tĂ©s peuvent venir Ă  bout des prĂ©jugĂ©s mais il est plus commode de vouloir les Ă©viter. L'individu handicapĂ© mental est pris dans les projections imaginaires des autres. Le handicap, noyau central de la reprĂ©sentation sociale, est indissociable de divers attributs fondamentaux. Autour de ce noyau central gravitent des Ă©lĂ©ments pĂ©riphĂ©riques, des schĂšmes » Flament,1999 Les schĂšmes pĂ©riphĂ©riques assurent le fonctionnement quasi instantanĂ© de la reprĂ©sentation comme grille de dĂ©cryptage d'une situation ils indiquent, de façon parfois spĂ©cifique, ce qui est normal et par contraste, ce qui ne l'est pas, et donc, ce qu'il faut comprendre, mĂ©moriser... Ces schĂšmes normaux permettent Ă  la reprĂ©sentation de fonctionner Ă©conomiquement, sans qu'il soit besoin, Ă  chaque instant, d'analyser la situation par rapport au principe organisateur qu'est le noyau central Flament, 1999, p 229. Ces Ă©lĂ©ments pĂ©riphĂ©riques facilitent une lecture de la sociĂ©tĂ© et des rapports des individus entre eux. Que la reprĂ©sentation soit valorisante ou dĂ©prĂ©ciative, en fonction de la place que l'acteur occupe dans l'univers social, elle lui sert de trame pour diriger ses actions. Pour LASSARRE 1995, p 144, la reprĂ©sentation sociale contribue Ă  exprimer, c'est-Ă -dire, Ă  expliquer et Ă  constituer les rapports sociaux ». Nous agissons en fonction de ce qu'autrui nous renvoie et selon sa dĂ©finition sociale. Les reprĂ©sentations sont parfois trompeuses ; il nous arrive de faire erreur sur le dĂ©guisement de l'acteur. Nous lui attribuons parfois des compĂ©tences qu'il ne possĂšde pas. L'image qu'il nous renvoie peut Ă©galement pousser Ă  une surestimation de sa personne ; nous disons dans ce cas que nous nous sommes tromper Ă  son sujet. Nous sommes prisonniers de nos propres reprĂ©sentations qui nous abusent parfois ; ABRIC suppose que ce n'est pas Ă  la rĂ©alitĂ© telle que l'expĂ©rimentateur l'imagine que le sujet rĂ©agit mais Ă  une rĂ©alitĂ© Ă©ventuellement diffĂ©rente une rĂ©alitĂ© reprĂ©sentĂ©e, c'est-Ă -dire appropriĂ©e, structurĂ©e, transformĂ©e la rĂ©alitĂ© du sujet » Abric, 1999, p 207. 3. L'objectivation et l'ancrage. Les reprĂ©sentations sociales de l'individu ont une importance prĂ©pondĂ©rante dans l'activitĂ© sociale, certaines sont profondĂ©ment ancrĂ©es et dĂ©terminantes vis-Ă -vis d'autrui. Nos relations sociales sont vĂ©cues comme amicales ou inamicales, chaleureuses ou dĂ©tachĂ©es ; elles sont tributaires de l'image que nous renvoyons en sociĂ©tĂ©. Nous sommes ainsi cataloguĂ©s dans tel groupe social car nos attributs sont plus puissants que notre personnalitĂ© ; ils sont la partie objective de celle-ci. Serge MOSCOVICI dĂ©finit deux autres processus constitutifs de la reprĂ©sentation sociale l'objectivation et l'ancrage. L'objectivation conduit, on le sait, Ă  rendre rĂ©el un schĂ©ma conceptuel, Ă  doubler une image d'une contrepartie matĂ©rielle, rĂ©sultat qui a d'abord un ressort cognitif . Le stock d'indices et de signifiants qu'une personne reçoit, Ă©met et brasse dans le cycle des infra-communications peut devenir surabondant. Pour rĂ©duire l'Ă©cart entre la masse de mots qui circulent et les objets qui les accompagnent, et comme on ne saurait parler de rien », les signes linguistiques » sont accrochĂ©s Ă  des structures matĂ©rielles on tente d'accoupler le mot Ă  la chose Moscovici, 1976, p 107-108. Ces deux processus nous sont utiles pour comprendre ce qui se joue autour du handicap et des diverses figures qu'il projette. Les attitudes du handicapĂ© mental nous font nous arrĂȘter aux premiĂšres impressions sur sa personne. Il fait partie des individus qui prĂ©sentent un fort pouvoir d'objectivation. Il est dĂ©terminĂ© de fait et restreint Ă  un domaine prĂ©cis de la vie sociale dont la caractĂ©ristique est d'ĂȘtre hors normes. L'individu handicapĂ© est enfermĂ© dans le monde de l'altĂ©ritĂ©. MĂȘme dans les relations mixtes en sociĂ©tĂ©, il est reconnu non pas en fonction du rĂŽle social qu'il peut jouer mais en fonction de la place qui lui est assignĂ©e. Tout n'est pas objet de reprĂ©sentation sociale, il faut un enjeu social. La place particuliĂšre d'une personne dans la sociĂ©tĂ©, son statut par rapport Ă  l'objet de la reprĂ©sentation permettra d'expliquer les ressemblances et les diffĂ©rences d'un groupe d'individus Ă  un autre » Lassarre, 1995, p 144. Il y a bien un enjeu entre les normaux et les anormaux, celui pour les premiers de ne pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme faisant partie du second. Notre Ă©tude de sociologie s'organise autour de ce rapport entre normalitĂ© et anormalitĂ©. Elle pose plus prĂ©cisĂ©ment le problĂšme des parents de l'enfant handicapĂ© mental confrontĂ©s Ă  deux univers dissemblables, pris Ă  la charniĂšre de deux mondes sociaux dĂ©terminĂ©s par leur incompatibilitĂ©. Comment parvenir Ă  vivre dans la contradiction ? Le handicap renvoie dos Ă  dos deux mondes distincts ; il serait rĂ©ducteur de penser que les constructions mentales de ces deux groupes sociaux sont en tous points incompatibles. Les acteurs parentaux ont intĂ©grĂ© des modalitĂ©s de vie en sociĂ©tĂ©, des modĂšles d'action axĂ©s sur des valeurs communautaires, comme tous les autres acteurs sociaux. Cependant, nous supposons que le vĂ©cu avec le handicap a certainement changĂ© certains de leurs points de vue sur l'altĂ©ritĂ©. 4. La perception du handicap de l'enfant par les parents. Le handicap mental forge Ă  son encontre des reprĂ©sentations solidement ancrĂ©es et difficiles Ă  dĂ©passer. Le passage obligĂ© Ă  ce dĂ©passement semble l'expĂ©rience vĂ©cue Ă  ses cĂŽtĂ©s. Nous pensons que mĂȘme pour les parents qui cĂŽtoient leur enfant quotidiennement, il existe une image mentale de mon » handicapĂ© façonnĂ©e en opposition aux autres handicapĂ©s supposĂ©s plus abĂźmĂ©s. Nous supposons qu'il existe une perception intra familiale et une perception extra familiale du handicap par les parents. Nous repĂ©rons ces deux perspectives ainsi La perspective intra familiale Les parents considĂšrent l'enfant comme une anomalie sociale qui ronge les liens familiaux et rend difficile la reconstruction de ce qu'il dĂ©truit. Le handicap est un intrus, un objet rapportĂ©, extĂ©rieur qui a pĂ©nĂ©trĂ© l'univers familial et le dĂ©stabilise. Le handicap n'est pas intĂ©grĂ© Ă  l'enfant, il vit Ă  ses cĂŽtĂ©s et entrave son dĂ©veloppement mental. Le handicap est dissociĂ© de l'ĂȘtre. Cette extĂ©rioritĂ© du handicap renvoie Ă  l'extĂ©rioritĂ© de la maladie. Le handicap est un corps Ă©tranger qui s'est immiscĂ© dans la personnalitĂ© de l'enfant. L'anthropologue François LAPLANTINE donne des Ă©claircissements Ă  ce sujet La maladie est considĂ©rĂ©e comme une entitĂ© exogĂšne pĂ©nĂ©trĂ©e par effraction dans le corps d'un individu qui n'y est pour rein, et la guĂ©rison consiste dans la jugulation d'une positivitĂ© ennemie avec laquelle il ne faut pas composer, mais qu'il faut littĂ©ralement anĂ©antir Laplantine, 1999, p 301. Les parents rejettent le handicap hors de l'enfant, ils ne cherchent pas Ă  l'ignorer car comme le prĂ©cise Don D. JACKSON, le rejet, si pĂ©nible soit-il, prĂ©suppose que l'on reconnaisse au moins partiellement ce que l'on rejette » 1972, p 85. Le handicap est apprĂ©hendĂ© comme le symptĂŽme qu'il faut soigner pour que l'enfant retrouve un Ă©tat normal ». Il s'inscrit dans les logiques actuelles de traitement des maladies et de la perception de la maladie par les mĂ©decins eux-mĂȘmes Pour la majoritĂ© des mĂ©decins gĂ©nĂ©ralistes aujourd'hui, le symptĂŽme, loin d'ĂȘtre apprĂ©hendĂ© comme le message d'une modification Ă  interprĂ©ter, demeure bel et bien l'ennemi Ă  abattre ... C'est bien le discours lui-mĂȘme, ainsi que le modĂšle qui est celui de notre culture mĂ©dicale ambiante qui procĂšdent Ă  une Ă©tiologisation, Ă  une ontologisation et Ă  une externalisation du mal-maladie Laplantine, 1999, p 300-301. Le handicap est bien vĂ©cu par les parents, dans le cas d'une perspective intra familiale, comme un ĂȘtre malin ruinant l'ĂȘtre de leur enfant. Une seconde posture, nous semble-t-il, est possible chez les acteurs parentaux La perspective extra familiale Les parents Ă©pousent les reprĂ©sentations sociales communes du handicap mental. Le handicap, dans ce cas, est perçu comme intĂ©grĂ© Ă  l'enfant. L'enfant est ontologiquement handicapĂ©. Les parents adhĂšrent aux projections sociĂ©tales et les reconnaissent comme possibles. La maladie n'est plus perçue comme une entitĂ© Ă©trangĂšre au malade. Elle vient de lui et a une fonction valorisĂ©e ou tout au moins signifiante qui doit ĂȘtre dĂ©cryptĂ©e comme une de ses composantes et la guĂ©rison consiste alors dans une activitĂ© rĂ©gulatrice qui n'est plus cette fois antagoniste aux symptĂŽmes du malade Ibid., p 301. La problĂ©matique du handicap est qu'il est souvent assimilĂ© Ă  la maladie mentale. Il n'est pas guĂ©rissable » puisque le handicapĂ© n'est atteint par aucune maladie. Par contre, il peut ĂȘtre apprĂ©hendĂ© comme une autre forme de vie possible n'Ă©pousant pas les normes sociales Ă©tablies. Il est un ĂȘtre anomal » au sens que CANGUILHEM lui donne. Les deux perspectives familiales Ă©noncĂ©es sont exprimĂ©es par les parents. La premiĂšre est prĂ©sente, chez les parents, pour leur » enfant et la seconde est activĂ©e pour le handicapĂ© mental d'autrui. Nous supposons que selon les circonstances de la vie, elles sont perçues simultanĂ©ment pour leur progĂ©niture. VII. LA FAMILLE DU HANDICAPÉ MENTAL. Du point de vue de notre recherche nous admettons qu'une famille ayant en son sein un enfant handicapĂ© ne peut ĂȘtre apprĂ©hendĂ©e comme une famille dite ordinaire ». Nous supposons que le handicap influence les rapports entre les acteurs familiaux qu'ils soient les parents, les frĂšres ou les soeurs du handicapĂ© mental. Le handicap perturbe les relations familiales ; nous l'avons Ă©voquĂ©, il faut innover, inventer de nouvelles techniques d'Ă©ducation. Chaque parent rĂ©agit selon ses ressources personnelles. Certains s'enlisent dans la dĂ©pression ; d'autres arrivent Ă  dĂ©fendre les droits de leur enfant et Ă  se battre pour une sociĂ©tĂ© meilleure. Mais au dĂ©part, nous sommes tous dĂ©munis Ă  cause du manque d'efficacitĂ© des modĂšles de vie et d'Ă©ducation appris pendant notre jeunesse Randel, 2000, p 110. 1. La famille comme systĂšme. Il faut voir la famille comme un systĂšme stable eu Ă©gard Ă  certaines de ses variables, si ces variables tendent Ă  demeurer dans des limites prĂ©cises » Don D. Jackson, 1972. L'enfant handicapĂ© et les membres de la famille interagissent comme dans tous modĂšles familiaux ; des relations de parents Ă  enfant se crĂ©ent et se nouent. Elles apparaissent diffĂ©rentes de la norme mais elles n'en sont pas moins une autre forme possible de lien social. L'enfant handicapĂ© influence les rapports pĂšre - mĂšre - enfant » par les questions comportementales qu'il soulĂšve. Don D. Jackson, un des membres fondateurs de ce qu'on a dĂ©nommĂ© l'Ecole de Palo Alto », nous propose cette thĂ©orie Dans une famille, le comportement de chacun des membres est liĂ© au comportement de tous les autres et en dĂ©pend. Tout comportement est communication, donc il influence les autres et est influencĂ© par eux. Plus prĂ©cisĂ©ment ..., amĂ©liorations ou aggravations dans l'Ă©tat du membre de la famille reconnu comme malade, auront habituellement un effet sur les autres membres de la famille, en particulier sur leur santĂ© psychologique, sociale ou mĂȘme physique Don D. Jackson, 1972, p 136. 2. Le concept d'homĂ©ostasie familiale. La construction identitaire de parent d'enfant handicapĂ© se joue autour de ce noyau dur » qu'est le handicap. L'enjeu de cette construction est de trouver un Ă©quilibre stable, quelque chose qui fasse que la vie est possible. Ainsi, de maniĂšre plus ou moins progressive, les parents vont franchir un certain nombre d'Ă©tapes, passant du choc, Ă  la nĂ©gation puis de la dĂ©tresse jusqu'Ă  une possible rĂ©organisation » Boucher, 1994, p 11. Les parents s'accommodent du handicap allant jusqu'Ă  l'intĂ©grer en eux ; il fait tout autant partie de l'enfant que d'eux-mĂȘmes. Le handicap est plutĂŽt intĂ©grĂ© que refoulĂ©, les parents sont placĂ©s dans une obligation de vivre avec, de faire avec. Ils n'ont pas le choix ; ils ne peuvent rejeter le handicap sans rejeter l'enfant lui-mĂȘme ; seule la voie de l'acceptation est possible. Il faut faire contre mauvaise fortune, bon coeur ». Don D. JACKSON introduit le concept d' homĂ©ostasie familiale » Si l'Ă©tat du malade s'amĂ©liorait, cela avait souvent des rĂ©percussions catastrophiques dans la famille du malade mental ; il a supposĂ© alors que ces comportements, et peut-ĂȘtre tout aussi bien la maladie du patient, Ă©taient des mĂ©canismes homĂ©ostatiques » qui avaient pour fonction de ramener le systĂšme perturbĂ© Ă  son dĂ©licat Ă©quilibre Don D. Jackson, 1972, p 135. Le handicap englobe la totalitĂ© de l'unitĂ© familiale. Il n'est pas posĂ© Ă  cĂŽtĂ© du cercle mais il a pĂ©nĂ©trĂ© chaque branche du rĂ©seau familial. Il n'interfĂšre pas avec les relations mais il en crĂ©e d'autres possibles. Nous considĂ©rons le handicap comme la pierre angulaire autour de laquelle va dĂ©sormais se construire la famille. Nous supposons que s'il venait Ă  disparaĂźtre, c'est tout l'Ă©difice familial qui serait dĂ©stabilisĂ©. L'Ă©quilibre du couple parental doit ĂȘtre retrouvĂ©. Il est difficile de survivre dans le chaos quotidien, mais le handicap est un objet difficile Ă  maĂźtriser. Il est peu prĂ©hensible et souvent insaisissable. La sĂ©rĂ©nitĂ© familiale s'ancre dans un avenir lisible et cohĂ©rent Ă  plus ou moins long terme. Sans cette cohĂ©rence, c'est le prĂ©sent qui devient incomprĂ©hensible. De plus, nous l'avons Ă©voquĂ©, le passĂ© ne peut donner de leçon sur un prĂ©sent avec un enfant handicapĂ©, on n'a pas appris Ă  vivre avec. L'Ă©quilibre que le couple doit tenter de retrouver est mis dramatiquement Ă  l'Ă©preuve. L'avenir qui Ă©tait ensemble projetĂ© vient de s'annuler, dĂ©stabilisant de ce fait la raison d'ĂȘtre du couple. Le doute s'installe renforcĂ© par la culpabilitĂ© et la dĂ©valorisation ne pas avoir Ă©tĂ©, et probablement de ne pas savoir devenir, bonne mĂšre et bon pĂšre Boucher, 1994, p 13. Cet Ă©quilibre nĂ©cessaire est tributaire de processus mentaux qui permettent justement de l'atteindre. Les parents ne sont pas toujours dupes du temps. Le temps, dans ce cas, ne sert pas Ă  l'affaire ». Il laisse une marge d'espĂ©rance qui les autorisent Ă  penser que cela finira bien par s'arranger. Mais avant tout, il faut parvenir Ă  une rĂ©conciliation avec soi mĂȘme nĂ©cessitant de renouer le lien entre son passĂ© et son prĂ©sent pour pouvoir renĂ©gocier l'avenir. 3. Le difficile recadrage avec soi-mĂȘme. L'enfant rĂ©veille ce qui en soi Ă©tait camouflĂ©, Ă©tranger. Il renvoie Ă  ses propres manques, fautes et souffrances. Il culpabilise, dĂ©valorise mais aussi inquiĂšte. Cet enfant inattendu », diffĂ©rent de l'enfant imaginĂ©, dĂ©cale d'autant la propre image de soi. Il s'agit de faire front Ă  ses propres fantasmes et les surmonter Boucher, 1994, p 112. Les parents se trouvent comme sidĂ©rĂ©s devant cet enfant qui leur est Ă©tranger et qu'ils ont mis au monde. Dans cette Ă©tude nous rechercherons surtout Ă  comprendre comment ils parviennent Ă  dĂ©passer l'Ă©vidence d'une situation dont personne ne souhaiterait. La souffrance et la culpabilitĂ© peuvent trouver des palliatifs cognitifs ». L'image de soi est dĂ©finitivement altĂ©rĂ©e, celle de parent d'un enfant normal est brisĂ©e mais nous montrerons qu'elle peut ĂȘtre restaurĂ©e. La souffrance est sous-jacente, elle est cachĂ©e derriĂšre les apparences que les parents se donnent. La compassion d'autrui ne peut ĂȘtre supportĂ©e une existence tout entiĂšre. Le recadrage avec soi-mĂȘme passe par un recadrage de l'idĂ©e dont on se faisait de l'avenir. Lorsqu'un enfant handicapĂ© naĂźt dans notre famille, il s'agit d'un bouleversement complet. Tout notre futur est remis en cause. Dans notre dĂ©sarroi, dans cette insĂ©curitĂ© profonde que nous ressentons, nous essayons de nous accrocher aux certitudes et aux espoirs qui nous restent. Nous voulons limiter cette diffĂ©rence qui nous sĂ©pare de cet ĂȘtre inconnu Vaginay, 2000, p 224. Les acteurs parentaux doivent maĂźtriser l'altĂ©ritĂ© et, malgrĂ© le dĂ©sarroi dans lequel ils se trouvent, reprendre prise sur leur propre destinĂ©e. Ils sont amenĂ©s Ă  rĂ©inventer un autre rĂŽle parental et parviendront, au fur et Ă  mesure, Ă  assumer leur statut social particulier de parents d'enfant diffĂ©rent des autres. Au sein de la sphĂšre familiale, Ă  l'abri des regards extĂ©rieur, il est possible de cacher aux autres, aux anonymes qu'on est une personne comme une autre, digne d'intĂ©rĂȘt et de dĂ©fĂ©rence. Le handicap se caractĂ©rise bien comme quelque chose de honteux dont la dĂ©couverte discrĂ©dite celui qui en a la possession. 4. La dissonance cognitive comme processus interne de rĂ©gulation des contradictions. L'acteur social a besoin d'ĂȘtre en phase avec lui-mĂȘme et est amenĂ© parfois Ă  surmonter les contradictions internes Ă  sa personne. Dans le cas du handicap, il va de soi, que l'enfant conçu ne reprĂ©sente pas l'idĂ©al que les parents avaient projetĂ©. Ils ne s'attendaient pas Ă  cela, ils sont dans un Ă©tat de sidĂ©ration, oĂč rien ne peut permettre un rĂ©accrochage Ă  la rĂ©alitĂ© » Boucher, 1994, p 11. La rĂ©conciliation avec soi-mĂȘme nĂ©cessite de renouer le lien entre son passĂ© et son prĂ©sent pour pouvoir renĂ©gocier l'avenir. En effet, dans ce temps suspendu et tronquĂ©, la vie qui apparaĂźt se voit amputĂ©e de sa dimension de promesse et d'idĂ©al ... Cet enfant inattendu », diffĂ©rent de l'enfant imaginĂ©, dĂ©cale d'autant la propre image de soi. Il s'agit de faire front Ă  ses propres fantasmes et de les surmonter Ibid., p 12. Les parents sont amenĂ©s Ă  combler ce dĂ©calage entre leurs souhaits pour l'avenir et la rĂ©alitĂ© qui s'offre Ă  eux. Les mĂ©canismes cognitifs mis en place auront pour tĂąche de rĂ©pondre Ă  l'incohĂ©rence de l'existence ressentie. Cette incomprĂ©hension devant le handicap de l'enfant perdurera au cours des annĂ©es futures. Il est douteux de penser qu'un attirail quel qu'il soit pourrait sĂ©parer l'enfant de sa tare. Les parents pensent-ils que cela est possible, nous l'ignorons, mais ils sont dĂ©sireux de se donner des raisons de vivre et d'envisager un avenir possible pour l'enfant. Il leur faut, dans un premier temps, adopter une attitude qui ne soit pas seulement basĂ©e sur le dĂ©ni du handicap nous avons indiquĂ© qu'il Ă©tait vain de le faire mais orientĂ©e vers la cohĂ©rence de soi. Les acteurs parentaux doivent pouvoir mettre en adĂ©quation divers Ă©lĂ©ments cognitifs. LĂ©on FESTINGER les dĂ©finit comme toute connaissance, opinion ou croyance concernant l'environnement, le sujet lui-mĂȘme ou les autres. Le psychosociologue amĂ©ricain Ă©voque le terme de dissonance cognitive pour dĂ©signer une contradiction entre deux Ă©lĂ©ments cognitifs prĂ©sents dans le champ de reprĂ©sentation d'un individu. Son propos est d'analyser le processus de changement d'opinion chez le sujet inciter Ă  adopter, par la pression de la rĂ©alitĂ© sociale ou de la rĂ©alitĂ© objective, des jugements qui se trouvent en contradiction avec ceux qu'il acceptait jusque-lĂ  » Boudon, 1998, p 22. L'individu en rupture avec la rĂ©alitĂ© sociale et ses propres reprĂ©sentations se trouve en dĂ©saccord avec lui-mĂȘme. Il Ă©prouve une souffrance, un mal-ĂȘtre qu'il lui faut apaiser. La dissonance crĂ©e un malaise que l'acteur social recherchera Ă  rĂ©duire pour que la rĂ©alitĂ© sociale redevienne, autant qu'il se peut, conforme Ă  ce qu'il dĂ©sire qu'elle soit. Il y a consonance entre deux notions si l'une des deux dĂ©coule de l'autre, ou autrement dit, si l'une des deux implique psychologiquement l'autre ... Si, pour l'individu considĂ©rĂ©, d'admettre comme vrai un Ă©lĂ©ment d'information, entraĂźne la conjecture qu'un autre Ă©lĂ©ment est Ă©galement vrai, alors le premier implique psychologiquement le second » Laurence et Festinger, 1962. Donc la consonance signifie une implication non pas strictement logique, mais subjective Poitou, 1994, p 10. Dans le cas du handicap mental, le sujet se rĂ©invente un monde oĂč lui-mĂȘme et les siens pourraient trouver une place. Il ne peut s'installer indĂ©finiment dans la souffrance ; il lui faut la combattre par des biais cognitifs apaisants et calmer sa rĂ©activitĂ© Ă  la situation prĂ©sente. Il nous semble souvent, de l'extĂ©rieur, que les actions, les attitudes ou les comportements parentaux sont illogiques. Cependant, ils sont logiques pour eux d'un point de vue subjectif. Ils ne s'inscrivent pas dans une rĂ©alitĂ© sociale dĂ©connectĂ©e mais rĂ©inventent une autre rĂ©alitĂ© viable Ă  leurs yeux. Ils sont subjectivement logiques mĂȘme si les acteurs parentaux sont abusĂ©s par leurs propres croyances. En croyant en ses propres convictions, l'acteur social se protĂšge de situations ou d'informations susceptibles d'augmenter la dissonance. Il prĂ©fĂšre Ă©viter tout Ă©tat qui pourrait engendrer une tension psychologique perçue dans les rapports sociaux et qui met mal Ă  l'aise. Festinger assigne Ă  la dissonance cognitive le statut d'une motivation, d'un drive, c'est-Ă -dire un Ă©tat de tension qui suscite des rĂ©actions orientĂ©es d'approche et d'Ă©vitement, jusqu'Ă  disparition de la tension ... La dissonance est une source d'activitĂ© orientĂ©e vers la rĂ©duction de la dissonance, tout comme la faim provoque des rĂ©actions orientĂ©es vers sa propre rĂ©duction Ibid., p 11. Nous percevons bien que l'enjeu pour les acteurs parentaux est de pouvoir surmonter, Ă  chaque instant, les bouleversements qu'apporte l'enfant handicapĂ© Ă  la vie quotidienne. Une forme de rĂ©duction de la dissonance, dans ce cas, est de parvenir Ă  l'acceptation d'avoir mis au monde un enfant diffĂ©rent. Cette acceptation semble impossible puisque tout, dans la vie de tous les jours, renvoie aux incapacitĂ©s de l'enfant. Le mieux encore est de se forger de bonnes raisons pour surmonter une situation indĂ©passable. Il nous semble pourtant qu'il existe une vie possible car l'acteur social dĂ©tient des ressources insoupçonnĂ©es pour faire comme si de rien n'Ă©tait ». 5. Le handicap, objet du secret parental. Nous considĂ©rons la famille de l'enfant handicapĂ© mental comme garante d'un secret afin de prĂ©server son intĂ©gritĂ©. Elle cache quelque chose qu'elle ne veut pas dĂ©voiler Ă  la sociĂ©tĂ© de peur d'ĂȘtre discrĂ©ditĂ©e. Pour Georg SIMMEL, le secret offre en quelque sorte la possibilitĂ© d'un autre monde Ă  cĂŽtĂ© du monde visible, et celui-ci est trĂšs fortement influencĂ© par celui-lĂ  » Simmel, 1996, p 40. Tout le temps que le handicapĂ© n'apparaĂźt pas au grand jour aux cĂŽtĂ©s de ses parents, ces derniers sont prĂ©servĂ©s de la contamination sociale Goffman, 1968. Le handicap a un fort pouvoir de contamination les personnes normales vivant avec lui seraient susceptibles d'en attraper les stigmates, d'ĂȘtre moralement atteintes et suspectĂ©es dans leur intĂ©gritĂ©. Il faut pour les parents se cacher, autant que faire se peut, ce qui est ressenti comme un danger pour la sociĂ©tĂ©. Les acteurs parentaux apprennent Ă  tricher avec les apparences dans les relations de rĂ©ciprocitĂ© avec autrui. Savoir Ă  qui l'on a Ă  faire, telle est la condition premiĂšre pour avoir Ă  faire Ă  quelqu'un ; l'usage de se prĂ©senter l'un Ă  l'autre, lors d'une conversation prolongĂ©e ou d'une rencontre sur le mĂȘme terrain social symbolise bien cette connaissance rĂ©ciproque qui est l'a priori de cette relation Simmel, 1999, p 9. Dans la rencontre immĂ©diate, les acteurs sociaux ne posent pas comme a priori que l'un ou l'autre fait partie d'un monde hors-norme. Il se situe bien sur le mĂȘme terrain social, ce que s'efforcent de faire croire les parents de l'enfant handicapĂ© mental. Ils essaient d'ĂȘtre au plus prĂšs de la reprĂ©sentation que chacun se fait d'une personne normale et cachent leur dĂ©sordre intĂ©rieur. La personnalitĂ© est composĂ©e de facettes qui sont relativement autonomes et qui peuvent prendre momentanĂ©ment le contrĂŽle de la personne » Moessinger, 1996, p 91. Les parents montrent une personnalitĂ© cohĂ©rente, la part du handicap qui est en eux ne doit pas Ă©merger dans les relations. Cette facette de pĂšre ou de mĂšre d'un enfant diffĂ©rent ne peut ĂȘtre dĂ©voilĂ©e au risque que l'individu soit considĂ©rĂ© uniquement qu'Ă  travers elle. Il est tout Ă  fait lĂ©gitime que l'idĂ©e que l'on se fait d'un individu varie selon le point de vue Ă  partir duquel on la forme, et qui est donnĂ© par la relation globale du sujet connaissant Ă  celui qu'il connaĂźt ... NĂ©anmoins, on construit une unitĂ© de la personne Ă  partir des fragments qui seuls nous permettent d'avoir accĂšs Ă  l'autre cette unitĂ© dĂ©pend donc de la partie de lui que notre point de vue nous permet d'apercevoir Simmel, 1996, p 9. L'enjeu pour les acteurs parentaux est de ne pas ĂȘtre trahis et de ne pas se trahir ; ils jouent un jeu de dupe vis-Ă -vis d'autrui. Ce jeu est possible tout le temps que le handicap, objet du discrĂ©dit, reste dans l'ombre du couple. Nous allons aborder dĂ©sormais les diffĂ©rentes techniques de dĂ©fense lorsque le secret du handicap est dĂ©voilĂ© au grand jour. Les parents ne cherchent pas systĂ©matiquement Ă  cacher leur enfant comme on cacherait une faute. Ils ressentent le regard honteux des autres sur leur enfant et c'est bien souvent pour cette raison qu'ils veulent cacher » l'enfant. Cette dissimulation est une protection contre le mal que l'on pourrait faire Ă  leur progĂ©niture. VIII. LES TECHNIQUES DE PROTECTION » PARENTALES Au sein de la famille s'est installĂ© un Ă©lĂ©ment perturbateur s'ingĂ©niant Ă  dĂ©truire les relations des uns avec les autres nous avons constatĂ© que le handicap remettait en cause le fondement mĂȘme de l'ĂȘtre. Quand le handicap survient, les individus sont perdus et ne savent plus Ă  qui s'en remettre. Nous avons dĂ©crit les perturbations qu'il provoque dans la vie domestique et comment il malmĂšne l'intime en dĂ©chirant les identitĂ©s antĂ©rieures. 1. Truquer les relations sociales. Les parents doivent parer aux troubles dans les relations publiques. Le concept de figure » proposĂ© par GOFFMAN va nous permettre de lire comment on peut parvenir Ă  vivre Ă  l'extĂ©rieur malgrĂ© les fissures intĂ©rieures. Les parents de l'enfant handicapĂ© mental font comme si » de rien n'Ă©tait. Ils jouent un jeu de dupe au dĂ©pend de leur entourage. Ce jeu trouve sa raison d'ĂȘtre dans le fait que les acteurs parentaux ne souhaitent pas perdre la face » devant leur interlocuteur. Le sociologue dĂ©finit la face ainsi On peut dĂ©finir le terme de face comme Ă©tant la valeur positive qu'une personne revendique effectivement Ă  travers la ligne d'action que les autres supposent qu'elle a adoptĂ© au cours d'un contact particulier. La face est une image du moi dĂ©livrĂ©e selon certains attributs sociaux approuvĂ©s, et nĂ©anmoins partageables, puisque, par exemple, on peut donner une bonne image de sa profession ou de sa confession en donnant une bonne image de soi Goffman, 1974, p 9. Les parents cachent quelque chose qui peut les discrĂ©diter. Le handicap, lorsqu'il n'est pas prĂ©sent dans la relation Ă  autrui est une diffĂ©rence invisible » Goffman, 1975. Les individus peuvent faire semblant d'ĂȘtre pareils aux autres membres de la sociĂ©tĂ© et calquer les reprĂ©sentations que les autres attendent d'eux. Ils peuvent compter sur leur propre discrĂ©tion » Goffman, 1975. Les acteurs parentaux prennent donc toujours le risque, quand ils s'engagent dans une relation, d'ĂȘtre trahis ou dĂ©masquĂ©s. Lorsque leur enfant n'est pas prĂ©sent Ă  leur cĂŽtĂ©, il leur est possible de garder la face » ; ils ne sont pas les victimes d'un objet social stigmatisĂ© et peuvent se prĂ©server de sa contamination. Ils gardent une certaine assurance » dĂ©finie comme une attitude Ă  supprimer et Ă  dissimuler toute tendance Ă  baisser la tĂȘte lors des rencontres avec les autres » Goffman, 1974, p 12. Comment un individu peut-il parvenir Ă  assumer un rĂŽle dont il n'existe pas de rĂ©pertoire ? Les parents de l'enfant handicapĂ© mental se montrent sur la scĂšne publique en dissimulant la facette de leur personnalitĂ© la plus discrĂ©ditable ». Au sujet du discrĂ©ditable, le problĂšme n'est plus tant de savoir manier la tension qu'engendre les rapports sociaux que de savoir manipuler de l'information concernant une dĂ©ficience » Goffman, 1975. Les parents du handicapĂ© font tellement corps Ă  corps avec leur enfant qu'ils en imprĂšgnent leur comportement dans les situations de vis-Ă -vis. Le handicap est intĂ©grĂ© Ă  leur identitĂ© sociale rĂ©elle » et dictent leur maniĂšre de rĂ©agir dans les rencontres. Ils peuvent ne pas transmettent certaines informations dĂ©libĂ©rĂ©ment au sujet de leur progĂ©niture mais les parents ne cherchent pas systĂ©matiquement Ă  mentir, Ă  tricher dans le but de tromper autrui sur soi. La simulation de la normalitĂ© leur permet justement d'ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme tel. Goffman donne ce point de vue sur le mensonge On parle de mensonge patent, flagrant, ou cynique lorsqu'on peut avoir la preuve indiscutable que son auteur l'a profĂ©rĂ© volontairement, avec la conscience de mentir ... Non seulement les personnes prises en flagrant dĂ©lit de mensonge perdent la face pour la durĂ©e de l'interaction, mais encore leur façade peut en ĂȘtre ruinĂ©e, car beaucoup de publics estiment que, si quelqu'un se permet de mentir une seule fois, on ne doit plus jamais lui faire pleinement confiance Goffman, 1973, p 61. Nous rappelons ici que la façade, pour GOFFMAN, est un appareillage symbolique, utilisĂ© habituellement par l'acteur au cours sa reprĂ©sentation. L'acteur social, dans la perspective du handicap mental, ment plus Ă  lui-mĂȘme qu'aux autres. Il n'est pas cynique si ce n'est face Ă  lui-mĂȘme. Il faut bien mentir pour ĂȘtre considĂ©rĂ© comme ses pairs. Le handicap fait peur et fait fuir mĂȘme ceux qui parfois sont dans la confidence. Les parents sont isolĂ©s Ă  cause d'une faute dont ils ne sont pas responsables. Ils sont accusĂ©s Ă  tort d'un crime qui n'en est pas un. Leur faute est d'avoir enfantĂ© d'un monstre » qui, en fin de compte, n'est qu'un individu vivant sans se rĂ©fĂ©rer strictement aux normes sociales Ă©tablies. C'est un ĂȘtre anomal » questionnant les rĂšgles sociales. Nous comprenons que les parents aient envie de mentir Ă  la sociĂ©tĂ© puisqu'ils sont punissables de mort sociale » si l'on dĂ©couvre l'infĂąme en eux. La mort sociale est dĂ©finie par THOMAS ainsi On peut estimer qu'il y a mort sociale avec ou sans mort biologique effective chaque fois qu'une personne n'appartient plus Ă  un groupe donnĂ©, soit qu'il y ait limite d'Ăąge et perte de fonction defunctus et dĂ©funt apparentĂ©s, soit qu'on assiste Ă  des actes de dĂ©gradations, proscription, bannissement, soit enfin que nous soyons en prĂ©sence d'un processus d'abolition du souvenir disparition sans traces, au moins au niveau de la conscience, peu importe Thomas, 1975, p 45. C'est bien lĂ  qu'est l'enjeu des parents de l'enfant handicapĂ© ne pas ĂȘtre rejetĂ© de la sociĂ©tĂ©, ne pas ĂȘtre des exilĂ©s expulsĂ©s aux marges sociĂ©tales. La situation d'exil volontaire ou non suppose en quelque sorte une mort sociale ; il existe une autre sorte d'exil, encore plus cruel, celui dĂ» Ă  l'exclusion ». Pour Ă©viter l'exil », le meilleur moyen est encore de nier aux autres l'objet du dĂ©lit, de le garder secret La nature profonde de tout mensonge, aussi concret que soit son objet, est de faire naĂźtre l'erreur sur le sujet qui ment car il consiste, pour le menteur, Ă  cacher Ă  l'autre la reprĂ©sentation vraie qu'il possĂšde. Que la victime du menteur ait une reprĂ©sentation fausse de la chose, ce n'est pas lĂ  ce qui Ă©puise la nature spĂ©cifique du mensonge - il partage l'erreur c'est bien plutĂŽt le fait qu'elle est maintenue dans l'erreur sur ce que la personne qui ment pense dans son for intĂ©rieur Simmel, 1996, p 15. Les parents ne mentent pas pour tromper l'autre, ils cachent la vĂ©ritĂ© afin de se prĂ©server une place estimable et non dĂ©valorisĂ©e d'eux-mĂȘmes. Plus que le rejet, ils craignent la compassion, l'indiffĂ©rence, d'ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme Ă©trangers Ă  leur propre sociĂ©tĂ© et ne plus ĂȘtre reconnus. Un dĂ©tour vers l'anthropologie peut ĂȘtre utile pour comprendre la peur d'ĂȘtre assimilĂ© Ă  l'Ă©trange Ă©tranger. Franco LA CECLA, anthropologue italien, pose la question de l'Ă©tranger et en donne cette interprĂ©tation Mais qui est l'Ă©tranger ? C'est celui qui n'entre pas dans les diffĂ©rences consenties Ă  l'intĂ©rieur d'une culture. Il est hors contexte. L'Ă©tranger est celui qui bĂ©nĂ©ficie de l'indiffĂ©rence, Ă  moins d'en ĂȘtre victime ... Se contenter de l'indiffĂ©rence vis-Ă -vis de l'Ă©tranger signifie le traiter comme quelqu'un qui a droit Ă  ĂȘtre ici », qui a droit Ă  un nous » contigu mais diffĂ©rent de notre nous » ... L'Ă©tranger peut rester dans cette zone d'indiffĂ©rence, dans ce vide sans haine ni amour. Un vĂ©ritable vide La Cecla, 2002, p 93-95. Pour les parents le rejet aux marges de la sociĂ©tĂ© n'est pas valable car ils ne peuvent admettre que leur enfant en serait la raison. Leur souhait serait que l'unitĂ© familiale soit acceptĂ©e par le nous » de la communautĂ©. Ils ne veulent pas uniquement ĂȘtre cataloguĂ©s comme faisant partie d'un nous » autre, construit autour du handicap, tolĂ©rĂ© mais dĂ©niĂ©. Don D. JACKSON cite LAING lorsqu'il Ă©voque le dĂ©nie Aucun chĂątiment plus diabolique ne saurait ĂȘtre imaginĂ©, s'il Ă©tait physiquement possible, que d'ĂȘtre physiquement lĂąchĂ© dans la sociĂ©tĂ© et de demeurer totalement inaperçu de tous les membres qui la composent. Et il ajoute qu' il ne fait guĂšre de doute qu'une telle situation conduirait Ă  cette perte du moi » qui n'est qu'un autre nom de l'aliĂ©nation » Jackson, 1972, p 85. Pour Ă©viter cette aliĂ©nation, certains usent d'Ă©vitement afin de ne pas ĂȘtre dĂ©masquĂ©s, se dĂ©tournent des sujets conversationnels dĂ©plaisants. L'Ă©vitement est le plus sĂ»r moyen de prĂ©venir le danger et d'Ă©viter les rencontres oĂč il risque de se manifester » Goffman, 1974. Les acteurs parentaux, hors du handicap de leur enfant, ont une place sociale assignĂ©e dans la sociĂ©tĂ©. Ils sont des citoyens Ă  part entiĂšre accĂ©dant aux mĂȘmes droits que les autres. Ils prĂ©fĂšrent donc Ă©viter de parler de choses qui fĂąchent » et de devoir justifier l'existence de leur enfant. Ces non-dits » sont proches du sentiment de honte dĂ©crit par le sociologue Vincent DE GAULEJAC La honte s'installe parce qu'elle est indicible. Elle est indicible parce qu'en parler conduirait Ă  mettre Ă  jour des choses inavouables et au risque d'ĂȘtre soi-mĂȘme dĂ©savouĂ©. Le sujet est partagĂ© entre le besoin de dire ce qu'il Ă©prouve, d'exprimer ce qu'il ressent, et la crainte d'ĂȘtre dĂ©jugĂ© De Gaulejac, 1996, p 67. Il est difficile pour les parents d'adopter une ligne de conduite pouvant les mettre en phase avec la situation du handicap et se montrer cohĂ©rents dans les rencontres de la vie quotidienne. L'individu tend Ă  extĂ©rioriser ce qu'on nomme parfois une ligne de conduite, c'est-Ă -dire un canevas d'actes verbaux et non verbaux qui lui sert Ă  exprimer son point de vue sur la situation, et, par-lĂ , l'apprĂ©ciation qu'il porte sur les participants, et en particulier sur lui-mĂȘme Goffman, 1974, p 9. Pour les acteurs parentaux, donner leur point de vue sur le handicap, c'est donner leur point de vue sur eux-mĂȘmes. Comment donner un avis sans se dĂ©juger dĂšs qu'il est Ă©mis, dire tout et son contraire ? Le malentendu est sous-jacent aux relations entre normaux et les personnes susceptibles d'ĂȘtre discrĂ©ditĂ©es par le handicap. Les acteurs sociaux ne se comprennent pas, ils n'ont pas la mĂȘme perception des choses. Les parents savent, les autres sont des ĂȘtres qui ne peuvent comprendre. Il est difficile de s'entendre sur un sujet enrobĂ© de non-dits ; on entend peu parler du handicap dans les conversations. Quand il apparaĂźt au dĂ©tour d'une remarque, quand il se montre en sociĂ©tĂ©, il crĂ©e un malentendu car il est souvent mĂ©connu. Nous allons essayer de comprendre le mĂ©canisme du malentendu souvent inhĂ©rent aux relations mixtes entre normaux et stigmatisĂ©s. 2. Le malentendu. Le philosophe JANKÉLÉVITCH signifie que le malentendu n'est pas simplement de l'escroquerie il institue entre les hommes un certain ordre provisoire qui, s'il ne remplace pas l'entente translucide et sans arriĂšre-pensĂ©e, vaut pourtant mieux que la discorde ouverte » JankĂ©lĂ©vitch, 1998, p 263. Nous rejoignons dans cette citation les faux-semblant » qu'Ă©voque GOFFMAN. Dans les relations mixtes », le malentendu est une condition nĂ©cessaire Ă  l'Ă©dification de la relation, il en est le socle mĂȘme. Il institue cet ordre provisoire » sans lequel la rencontre et sa pĂ©rennitĂ© dans le temps ou l'instant ne serait pas possible. Ce sens donnĂ© au malentendu est repris par Franco LA CECLA, dont nous avons parlĂ© plus haut Le malentendu n'est plus un tracas mais bel et bien une chance. C'est une chance puisqu'il crĂ©e un ordre dans les rapports. Puisque nous devons ĂȘtre compris tous, vive le malentendu qui aide Ă  faire des distinguos et Ă  maintenir chaque relation Ă  un niveau dont l'intensitĂ© dĂ©pendra un peu plus de nous La Cecla, 2002, p 30. Le malentendu est bien une arme dont les acteurs parentaux peuvent se munir afin de se dĂ©fendre, d'en savoir un peu plus sur ce que les gens pensent d'eux. Le terme de malentendu nous rapproche de l'Ă©coute, de l'ouĂŻe. Il me semble que j'ai mal entendu ce que vous venez de dire ? » ; cette forme de question appelle Ă  une redondance dont le projet est de faire prĂ©ciser Ă  l'interlocuteur le fond de sa pensĂ©e. Il permet de façon dĂ©tournĂ©e de savoir ce que l'autre pense de soi. Le malentendu renvoie le provocateur indĂ©licat Ă  sa propre indĂ©licatesse et lui fait perdre la face ; de personnage sĂ»r de lui et courtois, il devient un mufle bien involontairement. Sauvons donc les apparences, tout en sachant que sous le malentendu se cache l'ambiguĂŻtĂ© qui fait mal, l'ambiguĂŻtĂ© qui fait que les individus ne se comprennent pas et qu'il est toujours possible d'en profiter - pour prendre, se prendre et se faire prendre en dĂ©rision La Cecla, 2002, p 20. Le malentendu est ce qui fait que, pour une fois, les parents de l'enfant handicapĂ© mental sont en position de force. Comment ne pas se perdre dans de plates excuses lorsqu'on est Ă  l'origine de la gaffe et que l'on dĂ©voile ses sentiments cachĂ©s ? Il ne reste qu'Ă  faire amende honorable pour rĂ©parer la piĂštre figure » que l'on donne de soi. On peut dire d'une personne qu'elle fait piĂštre figure lorsqu'elle prend part Ă  une rencontre sans disposer d'une ligne d'action telle qu'on l'attendrait dans une situation de cette sorte ... Dans tel cas, il est frĂ©quent que cette personne se sente honteuse et humiliĂ©e, Ă  cause de ce qui est arrivĂ© par sa faute Ă  la situation et Ă  cause de ce qui risque d'arriver Ă  sa rĂ©putation de participant Goffman, 1974, p 11-12. A la dĂ©charge du gaffeur, nous pouvons dire qu'il ne connaĂźt pas le secret de l'autre. Il ignore ce qui pourrait blesser autrui dans sa chair ; il a parlĂ© sans rĂ©flĂ©chir. Le malentendu est une ignorance » situĂ©e au niveau de la relation elle-mĂȘme, un non-savoir de la relation », un non- savoir rĂ©ciproque » Quand je dis qu'il y a malentendu, je veux dire que par rapport Ă  une juste interprĂ©tation » quelqu'un a dĂ©viĂ©, par manque d'attention ou de volontĂ©, par obstructionnisme ou stupiditĂ© ... Car le malentendu est le piĂšge qui peut arriver, sans que toi ni moi ne le voulions » La Cecla, 2002, p 13. Le handicap est par dĂ©finition un objet de malentendu. Il invite les protagonistes Ă  se perdre en explications entre celui qui connaĂźt et celui qui ignore. Dans le cas du dĂ©voilement impromptu du handicap, les parents sentent que l'interlocuteur est mal Ă  l'aise. Le gaffeur est provoquant de part sa maladresse, mais il n'a pas cherchĂ© Ă  blesser ; il est l'auteur d'une blessure d'amour-propre dont il aurait prĂ©fĂ©rĂ© faire l'Ă©conomie. Le malentendu est certainement une forme d'Ă©chec, mais dans la mesure oĂč il est Ă©vĂ©nement » survenant Ă  l'improviste, il manifeste quelque chose qui nous redonne conscience de l' expĂ©rience de l'autre » Ă  l'Ă©tat pur » Ibid., p 29. Dans ce cas, il peut mettre Ă  jour toute la difficultĂ© d'exister de l'autre, difficultĂ© dont nous n'avions rien perçu. Le malentendu fait exprimer ce qui se voulait ĂȘtre enfoui dans la relation, il ouvre Ă  la dĂ©couverte de l'autre dans tout son altĂ©ritĂ©. Le malentendu offre la possibilitĂ© de la rencontre et disons qu'il allĂšge ce qui parfois n'est guĂšre supportable. Tout en n'Ă©tant qu'un presque rien » il est le commun dĂ©nominateur minimal de toute rencontre, le minimum indispensable Ă  la sociabilitĂ© Ibid., p 30. Les parents cherchent nĂ©anmoins Ă  duper l'autre, lorsque le handicapĂ© n'est pas prĂ©sent Ă  leur cĂŽtĂ©, afin de garder une certaine dignitĂ© dans la relation. Le jeu de dupe est certainement plus difficile Ă  jouer lorsque l'enfant, objet du secret, est prĂ©sent auprĂšs d'eux dans les interrelations. Pour le moment, nous nous attachons Ă  comprendre quels mĂ©canismes mentaux ils s'inventent pour mentir Ă  la sociĂ©tĂ© et influencer sur elle. Notre position est de dire que les acteurs parentaux ont la possibilitĂ© d'exercer des actions afin de pouvoir vivre de maniĂšre commune. Mentent-ils vraiment ? Mentent-ils pour survivre ? Ils mentent sĂ»rement pour sauver les apparences, mais qu'est-ce que ce mensonge ? Pour JANKÉLÉVITCH, que le mensonge soit bĂ©nin ou grave ne change rien Ă  son importance, car la grande affaire n'est pas le volume de mensonge, mais l'intention mĂȘme de mentir » JankĂ©lĂ©vitch, 1998, p 217. Si les parents mentent, c'est pour l'intĂ©rĂȘt de se prĂ©server ; leur instinct de survie sociale les pousse Ă  se murer pour se protĂ©ger. Il n'y a pas de meilleur rempart contre l'adversitĂ© dans la relation sociale que d'ĂȘtre l'artisan de tromperie. L'autre doit ĂȘtre dupĂ© pour ĂȘtre pris dans le jeu des apparences. Seule l'apparence sociale compte pour les parents afin de garder l'estime des leurs Il existe aussi le cas des whites lies, les pieux mensonges on peut duper quelqu'un parce qu'Ă  un moment donnĂ© la relation est considĂ©rĂ©e plus importante que la sincĂ©ritĂ©. Ce qui est en jeu entre deux personnes est-il toujours la vĂ©ritĂ©, ou bien existe-t-il une vĂ©ritĂ© de la relation qui est plus importante que la vĂ©ritĂ© La Cecla, 2002, p 24. Les parents cherchent Ă  dissimuler le handicap de leur enfant. Ils ont peur de perdre le respect des autres, peur de ne plus ĂȘtre dignes dans les relations mixtes et perdre toute crĂ©dibilitĂ©. Il faut mentir pour cacher quelque chose que l'on juge, malgrĂ© soi, honteux. Cet objet honteux, le handicap, contamine la dignitĂ© des parents. Il est cette chose dont on ne veut parler ; c'est l'Ă©lĂ©ment qui fait tache dans l'environnement. Il faudra dĂ©sormais sans cesse justifier l'existence de son enfant affublĂ© d'un handicap comme s'il Ă©tait atteint d'une maladie. L'une des solutions est de ne pas l'avouer ou de feindre l'insouciance dans cette situation difficile. Il faut mettre le handicap, source de la honte, sous une couverture, le dĂ©tacher de l'enfant et le mettre de cĂŽtĂ©. 3. Le handicap, objet de honte. Le sentiment de honte s'installe lorsque l'identitĂ© profonde de l'individu est altĂ©rĂ©e ... Les repĂšres habituels qui permettent de se situer par rapport aux autres et Ă  soi-mĂȘme sont fragilisĂ©s ou dĂ©truits. Dans tous les cas, l'estime de soi est remise en question par la mĂ©sestime des autres. Le sujet est dĂ©chirĂ© par des tensions contradictoires entre la tentative pour sauvegarder son unitĂ© et l'impossibilitĂ© d'y parvenir sans rejeter une part de lui-mĂȘme. Il est confrontĂ© Ă  une dĂ©nĂ©gation de ce qui constitue tout ou partie de son ĂȘtre profond. Ce dĂ©chirement produit une conflagration psychique. La cohĂ©rence qui fonde les jugements de valeur est prise en dĂ©faut De Gaulejac, 1996, p 129. Le sociologue Vincent DE GAULEJAC s'interroge sur ce qui fait honte, sur ce qui fait que l'on se sent honteux dans une relation sociale. L'objet de honte n'est pas interne aux acteurs parentaux ; nous pouvons dire qu'ils sont honteux devant leur enfant handicapĂ© mais qu'ils ont Ă©galement honte du sentiment de honte des autres Ă  son Ă©gard. Les parents sont tiraillĂ©s entre deux sentiments, celui de comprendre ce qu'autrui peut ressentir face au handicapĂ© mais ne peuvent l'admettre comme tel. Ils ne peuvent avouer avoir honte de leur enfant, ils auraient plutĂŽt honte d'eux-mĂȘmes s'ils le reconnaissaient comme trop diffĂ©rent des autres. Leurs valeurs face Ă  l'altĂ©ritĂ© sont mises Ă  mal ce qu'ils redoutaient hier et dĂ©sormais prĂ©sent dans leur environnement. Ils ont Ă  chasser leur a priori est doivent combattre pour la reconnaissance de leur enfant et pour la leur en tant que parents diffĂ©rents. Leur crainte est bien de ne pas trouver de place sociale dans l'univers de la normalitĂ©. Cette crainte est objet de souffrance et d'inquiĂ©tude La souffrance sociale naĂźt lorsque le dĂ©sir du sujet ne peut plus se rĂ©aliser socialement, lorsque l'individu ne peut pas ĂȘtre ce qu'il voudrait ĂȘtre. C'est le cas lorsqu'il est contraint d'occuper une place sociale qui l'invalide, le disqualifie, l'instrumentalise ou le dĂ©considĂšre De Gaulejac, 1996, p 131. Le handicapĂ© mental est mis au ban de la sociĂ©tĂ© de fait. La place qu'on lui assigne est inscrite dans les processus de prise en charge de l'Ă©ducation dite spĂ©ciale. Son Ă©tat est jugĂ© selon des critĂšres psychologiques et administratifs reposant sur des nomenclatures prĂ©cises. Le handicapĂ© est un objet social instrumentalisĂ© », d'ailleurs FOUCAULT Ă©voquait dĂ©jĂ  cette hypothĂšse au sujet du fou. Pour DE GAULEJAC, le processus d'instrumentalisation consiste Ă  dĂ©nier le fait d'ĂȘtre homme parmi les hommes, Ă  refuser de le considĂ©rer comme un humain, Ă  le traiter comme un objet, comme un outil dont on se sert que l'on prend quand on en a besoin et que l'on pose lorsqu'on ne s'en sert plus » Ibid., p 91 et il ajoute Lorsque autrui est instrumentalisĂ©, traitĂ© en objet et qu'on nie la possibilitĂ© qu'il ait une existence sociale au mĂȘme titre que chaque citoyen, on crĂ©e une situation de violence et d'exclusion Ibid., p 91. L'enfant handicapĂ© mental est mis Ă  part, extĂ©riorisĂ© et objectivĂ© pour ĂȘtre traitĂ© socialement. Les parents peuvent se sentir dĂ©possĂ©dĂ©s de leur enfant, mais que faire quand les institutions du milieu ordinaire » ne peuvent rĂ©pondre Ă  ses besoins particuliers ? Ils jugent certains modes d'accueil indignes pour leur enfant mĂȘme si dans leur for intĂ©rieur ils soupçonnent les difficultĂ©s que son handicap reprĂ©sente pour la sociĂ©tĂ©. Cette indignitĂ© est le reflet du rejet ressenti. Elle est un autre instrument pour retrouver sa dignitĂ© perdue La dignitĂ©, c'est la mobilisation du sujet pour ne pas sombrer, rĂ©sister Ă  la souffrance et sauvegarder sa subjectivitĂ© malgrĂ© les difficultĂ©s qui le submergent. Ne pas trahir, ne pas se dĂ©juger, refuser la dĂ©pendance, ne rien devoir Ă  personne » Ibid., p 136. Cette dignitĂ© leur permet de s'opposer Ă  un monde oĂč tout semble dĂ©cidĂ© Ă  leur place, oĂč tout est dĂ©terminĂ© dĂšs l'annonce du handicap de l'enfant. Le jeune handicapĂ© sera amenĂ© progressivement Ă  cĂŽtoyer l'univers de l'anormalitĂ©, certains pourront s'amĂ©nager une vie dans la sociĂ©tĂ©, mais toujours ils porteront leur handicap comme un boulet. Lui, au bout du compte, Ă  une place assignĂ©e, mĂȘme si elle est inscrite en marge des structures habituelles. Il n'en est pas de mĂȘme pour les parents Ă©tant amenĂ©s Ă  s'identifier en tant que parents d'un enfant handicapĂ© mental. Pour Jean-Paul SARTRE, la honte est, par nature, reconnaissance. Je reconnais que je suis comme autrui me voit ... Ainsi la honte est honte de soi devant autrui ; ces deux structures sont insĂ©parables » Sartre, 1984, p 266. Cependant il est difficile pour un ĂȘtre humain de n'ĂȘtre reconnu qu'au travers de son Ă©tat honteux ; la honte ne peut ĂȘtre le socle de toute une existence. Nous avons Ă©voquĂ© la carriĂšre des parents de l'enfant handicapĂ© mental qui dĂ©bute avec les premiers signes du handicap ; dans l'univers domestique, il y a le regard bienveillant qu'ils ont sur leur enfant. Ils porteront toujours en eux le handicap de leur enfant, ce handicap qui a altĂ©rĂ© leur identitĂ© premiĂšre. Il leur faut ĂȘtre reconnus par autrui malgrĂ© la blessure. Le philosophe nous dit que c'est autrui, dans la maniĂšre dont il nous regarde, qui nous donne conscience d'exister Il suffit qu'autrui me regarde pour que je sois ce que je suis. Non pour moi-mĂȘme, certes je ne parviendrai jamais Ă  rĂ©aliser cet ĂȘtre-assis que je saisis dans le regard d'autrui, je demeurerai toujours conscience ; mais, pour l'autre Ibid., p 308. Pour les parents, le regard de l'autre est blessant lorsqu'ils sont en prĂ©sence de leur enfant. Il est Ă©galement blessant pour eux mĂȘme si l'enfant n'est pas Ă  leurs cĂŽtĂ©s, lorsqu'ils pensent qu'autrui sait ou lorsqu'ils savent qu'il le sait dans ce cas, nous pouvons dire qu'ils ont honte de la honte de l'autre. Autrui est le mĂ©diateur indispensable entre moi et moi-mĂȘme j'ai honte de moi tel que j'apparais Ă  autrui. Et, par l'apparition mĂȘme d'autrui, je suis mis en mesure de porter un jugement sur moi-mĂȘme comme un objet, car c'est comme objet que j'apparais Ă  autrui » Ibid., p 266. En se mettant Ă  la place de leur interlocuteur, ils prĂ©supposent que celui-ci se sent mal Ă  l'aise et gĂȘnĂ©. Ce n'est pas toujours le cas, mais comment pourrait-il en ĂȘtre autrement pour les parents qui savent, par expĂ©rience, que leur enfant rebute plus qu'il n'attire ? Dans les contacts mixtes, les deux parties sont mal Ă  l'aise, on feint d'ignorer le handicap et l'on feint d'en ĂȘtre la victime La honte isole, elle n'invite pas au partage. Elle pousse au contraire Ă  se distinguer de ceux qui portent la marque de l'Ă©chec, Ă  les rejeter. Mais si elle ne peut ĂȘtre partagĂ©e, elle est particuliĂšrement contagieuse. Le spectacle de la honte rend honteux, ce qui suscite immĂ©diatement une rĂ©action de dĂ©fense vis-Ă -vis du porteur de la honte De Gaulejac, 1996, p 289. Les parents ressentent sur eux ce regard biaisĂ© chargĂ© d'interrogation, ce regard curieux qui peut dissimuler une fausse naĂŻvetĂ© ou mĂȘme une jouissance secrĂšte face Ă  la misĂšre de l'autre » Ibid., p 287. Il y a ce regard pathĂ©tique qui exprime les perturbations de l'Ăąme, le malaise profond Ă©prouvĂ© face au spectacle d'un autre soi-mĂȘme dĂ©chu » Ibid., p 288. La prĂ©sence du handicap peut gĂȘner ; autrui prĂ©fĂšre l'Ă©viter du regard ce regard distanciĂ© exprime plus un refus, un parti pris clair et sans menace de rejet ... L'individu rĂ©agit Ă  la mise Ă  l'Ă©cart de ce qui gĂȘne » Ibid., p 287. Le sentiment de compassion est souvent latent ou exprimĂ© dans les relations mixtes La compassion se heurte bien vite au dĂ©sir de mise Ă  distance, au rĂ©flexe de rejet face Ă  un autre soi-mĂȘme qui reprĂ©senta justement tout ce que l'on ne veut pas devenir. Cet autrui » me fait honte, l'image de moi-mĂȘme qu'il me renvoie est insupportable. On comprend, dans ces conditions, que certains ne veuillent pas le voir, le mĂ©prise ou le rejette Ibid., p 288. Toutes ces pratiques sociales implicites, transmises par le regard et les sentiments vis-Ă -vis des parents de l'enfant handicapĂ© mental, font que ceux-ci vont mettre en place des mĂ©canismes tout aussi implicites de dĂ©fense de soi. Ils en seront d'autant plus efficaces. Nous avons vu que la pratique du secret participe Ă  cette dĂ©fense, il en est de mĂȘme du mensonge ou de la duperie. Mais qu'en est-il de ce dĂ©sir de vouloir travestir la rĂ©alitĂ© pour se crĂ©er une propre rĂ©alitĂ© acceptable oĂč honte et mĂ©pris n'aurait plus d'emprise ? Qu'en est-il de ces mensonges merveilleux dont JankĂ©lĂ©vitch parle dans son exposĂ© sur le malentendu ? Nous n'empĂȘcherons jamais les hommes, quoiqu'il arrive, de prendre leurs voeux pour la rĂ©alitĂ©, de bondir en imagination par-dessus l'abĂźme ontologique qui sĂ©pare le notionnel et l'existence, le possible et l'Ă©vĂ©nement ... Ils complĂštent le mĂ©diocre, la prosaĂŻque rĂ©alitĂ©, ils jettent au-dessus du temps la passerelle des mensonges merveilleux JankĂ©lĂ©vitch, 1998, p 244. Ce merveilleux mensonge que l'on peut se faire Ă  soi-mĂȘme pour rendre son existence toute somme normale alors que tout pousse Ă  croire qu'il n'en est rien, ce merveilleux mensonge n'est pas diffĂ©rent de la mauvaise foi sartrienne. 4. Les conduites de mauvaise foi. La mauvaise foi, dans l'appareillage de dĂ©fense cognitif des acteurs parentaux, jette un pont entre l'intĂ©rioritĂ© de l'individu, traduite dans ses sentiments, et son extĂ©rioritĂ©, traduite dans ses conduites et ses comportements. Les rĂ©actions Ă©motionnelles internes sont dĂ©pendantes du contexte dans lequel se situe l'interaction. Nous avons dĂ©veloppĂ© jusqu'alors les capacitĂ©s de l'individu Ă  jouer avec les autres dans les interrelations ; les conduites de mauvaise foi permettent Ă  la fois de tromper l'autre tout en se persuadant d'ĂȘtre de bonne foi. Les parents ne mentent pas systĂ©matiquement, ils sont parfois sincĂšres dans les propos qu'ils tiennent sur leur enfant. Ils sont le jouet de leurs propres fausses » certitudes ; ils se dupent autant qu'ils dupent les autres. Ce jeu rĂ©ciproque de la duperie oĂč le dupeur peut ĂȘtre dupĂ© est nĂ©cessaire Ă  l'Ă©dification de relations entre normaux et stigmatisĂ©. C'est un malentendu inavouĂ©. Jean-Paul SARTRE dĂ©finit la mauvaise foi de la sorte dans son ouvrage " L'ĂȘtre et le nĂ©ant " On dit indiffĂ©remment d'une personne qu'elle fait preuve de mauvaise foi ou qu'elle se ment Ă  elle-mĂȘme. Nous acceptons volontiers que la mauvaise foi soit mensonge Ă  soi, Ă  condition de distinguer immĂ©diatement le mensonge Ă  soi du mensonge tout court ... L'essence du mensonge implique, en effet, que le menteur soit complĂštement au fait de la vĂ©ritĂ© qu'il dĂ©guise. On ne ment pas sur ce qu'on ignore, on ne ment pas lorsqu'on rĂ©pand une erreur dont on est soi-mĂȘme dupe, on ne ment pas lorsqu'on se trompe Sartre, 1984, p 83. La problĂ©matique des parents du handicapĂ© mental suppose qu'ils aient conscience du handicap de leur enfant lorsqu'ils mentent Ă  son sujet. Ils le rejettent pour mieux accepter de vivre avec. Par contre, l'expression de leur mauvaise foi est basĂ©e sur le fait qu'ils ignorent ce qu'il adviendra dans l'avenir, mĂȘme tout proche. Effectivement, dans ce cas, mĂȘme s'ils reconnaissent le handicap, ils ne mentent pas Ă  leur entourage. Ils se mentent surtout Ă  eux-mĂȘmes, ils sont de mauvaise foi envers eux. La mauvaise foi est bien mensonge Ă  soi. Certes, pour celui qui pratique la mauvaise foi, il s'agit bien de masquer une vĂ©ritĂ© dĂ©plaisante ou de prĂ©senter comme vĂ©ritĂ© une erreur plaisante. La mauvaise foi a donc en apparence la structure du mensonge. Seulement, ce qui change tout, c'est que dans la mauvaise foi, c'est Ă  moi que je masque la vĂ©ritĂ© Ibid., p 85. Les conduites de mauvaise foi ne servent pas Ă  tromper autrui mĂȘme si l'autre pense que l'acteur tient des propos peu cohĂ©rents pour lui travestir une vĂ©ritĂ©. Les acteurs parentaux doivent nier l'existence du handicap, cependant comme l'Ă©voque FREUD, la nĂ©gation est une maniĂšre de prendre connaissance du refoulĂ©, de fait dĂ©jĂ  une suppression du refoulement, mais certes pas une acceptation du refoulĂ© » Freud, 1985, p 136. La nĂ©gation du handicap rĂ©active sa rĂ©alitĂ© ; c'est le cercle perplexe dans lequel sont emprisonnĂ©s les parents. L'issue est bien de se masquer cette rĂ©alitĂ© dĂ©plaisante, rejeter le handicap et bien plus douloureux que de l'accepter. Il vaut mieux se le cacher tout en sachant qu'il existe plutĂŽt que de nier sa prĂ©sence. Les parents doivent pouvoir enjoliver leur existence malgrĂ© cet Ă©lĂ©ment qui a fait intrusion dans leur vie. La mauvaise foi est ce mĂ©canisme qui va leur permettre d'inventer un avenir possible pour leur enfant. SARTRE nous dit que l'on peut vivre dans la mauvaise foi, ce qui ne veut pas dire qu'on n'ait de brusques rĂ©veils de cynisme ou de bonne foi, mais ce qui implique un style de vie constant et particulier » Sartre, 1984, p 85. L'existence aux cĂŽtĂ©s du handicap pousse les acteurs Ă  s'installer dans un processus de mauvaise foi. Ils ont foi » en ce qu'ils croient et sont bien obligĂ©s de se persuader qu'ils ont raison de raisonner ainsi. Le vĂ©ritable problĂšme de la mauvaise foi vient Ă©videmment de ce que la mauvaise foi est foi » Ibid., p 104. Leur croyance en la restauration de leur enfant comme ĂȘtre » normal est de toute bonne foi mĂȘme s'ils ne sont pas toujours aussi naĂŻfs qu'ils pourraient le laisser croire. Nous avons vu au cours de ce chapitre, les techniques que les acteurs parentaux utilisent pour tromper autrui dans les interrelations ; ils sont capables d'invention, de truquer les Ă©changes pour tirer avantage des situations oĂč leur intĂ©gritĂ© pourrait ĂȘtre menacĂ©e. La mauvaise foi nous renvoie aux croyances des acteurs sociaux et de l'influence que le milieu peut avoir sur eux. Nous allons dĂ©sormais dĂ©crire, dans la partie suivante, les mĂ©canismes cognitifs qui s'installent dans l'esprit des acteurs parentaux. Qu'est-ce qui les amĂšnent Ă  avoir foi et croire qu'un avenir est possible pour leur enfant handicapĂ© mental ? IX. LES CROYANCES PARENTALES EN UNE NORMALITÉ POSSIBLE DE LEUR ENFANT La rĂ©flexion menĂ©e jusqu'alors repose sur l'a priori que les parents d'enfants handicapĂ©s mentaux ressentiraient de façon similaire leurs rapports aux valeurs et Ă  la sociĂ©tĂ©. Cette hypothĂšse reste Ă  valider ou Ă  rĂ©futer dans notre travail de recherche ultĂ©rieure. Cependant, nous proposons trois typologies parentales en fonction de la lisibilitĂ© du handicap par la sociĂ©tĂ©. 1. Les typologies parentales. La premiĂšre typologie proposĂ©e regroupe les familles dont l'enfant a un handicap qui se voit, la trisomie 21 en est un exemple. Le handicap est perçu par les parents, il est visible physiquement et admissible par la sociĂ©tĂ©. Ce handicap mental interpelle surtout les attitudes des uns par rapport aux autres, il dĂ©range plus par le questionnement sur soi qu'il pose que par sa prĂ©sence qui ne serait pas dĂ©sirĂ©e. L'annonce du handicap a pu ĂȘtre faite Ă  la naissance. La seconde typologie proposĂ©e regroupe les familles dont le handicap peut ĂȘtre ou non perçu par les parents, il est visible physiquement et difficilement approuvĂ© par la sociĂ©tĂ©. Ce handicap n'est pas toujours annoncĂ© Ă  la naissance mais suspectĂ© par les parents s'apercevant des difficultĂ©s de l'enfant Ă  Ă©voluer normalement au fil du temps. L'aspect physique peu avenant enferme l'individu dans un registre revivifiant l'image du monstre. La troisiĂšme typologie Ă  affaire avec les familles dont le handicap n'est pas vĂ©ritablement perçu par les parents, l'annonce n'est pas systĂ©matique et il n'est pas visible physiquement en sociĂ©tĂ©. La dĂ©couverte du handicap mental se fait progressivement. Les parents ne s'en doutent pas, n'osent penser que leur enfant est diffĂ©rent notamment dans les premiĂšres annĂ©es de l'enfance oĂč tout demeure possible. Nous pouvons Ă©mettre que l'acceptation du handicap sera en consĂ©quence difficile. Ces trois typologies sont singuliĂšres mais leur singularitĂ© se disperse vis-Ă -vis de certains points pour former ce que Max WEBER nomme un idĂ©altype On obtient un idĂ©altype en accentuant unilatĂ©ralement un ou plusieurs points de vue et en enchaĂźnant une multitude de phĂ©nomĂšnes donnĂ©s isolĂ©ment, diffus et discret, que l'on trouve tantĂŽt en grand nombre, tantĂŽt en petit nombre et par endroits pas du tout, qu'on ordonne selon les prĂ©cĂ©dents points de vue choisis unilatĂ©ralement, pour former un tableau de pensĂ©e homogĂšne Weber, 1995, p 172. Nous essaierons de dĂ©montrer qu'il existe bien une famille repĂ©rable de l'enfant handicapĂ© mental. Nous l'avons Ă©voquĂ© plus tĂŽt, il y a des attitudes et des comportements chez les acteurs parentaux qui diffĂšrent de la maniĂšre dont tout un chacun apprĂ©hende le monde. 2. Une construction idĂ©altypique » de la famille de l'enfant handicapĂ© mental. L'idĂ©altype weberien, comme le prĂ©cise le sociologue, est une utopie, un modĂšle mental qui doit nous permettre d'apprĂ©hender la rĂ©alitĂ©. Il serait un tableau idĂ©al afin de mesurer l'Ă©cart entre la rĂ©alitĂ© sociale et les membres catĂ©gorisĂ©s. C'est un instrument de mesure sociologique L'idĂ©altype est un tableau de pensĂ©e, il n'est pas la rĂ©alitĂ© historique ni surtout authentique », il sert encore moins de schĂ©ma dans lequel on pourrait ordonner la rĂ©alitĂ© Ă  titre d'exemplaire. Il n'a d'autre signification que d'un concept limite idĂ©al, auquel on mesure la rĂ©alitĂ© pour clarifier le contenu empirique de certains de ses Ă©lĂ©ments importants, et avec lequel on la compare Weber, 1995, p 176. Nous allons Ă©noncer briĂšvement ce qui nous semble ĂȘtre les points de rapprochement des acteurs parentaux § La crainte de la sociĂ©tĂ© l'enfant est trop faible, aux yeux des parents, pour se dĂ©fendre, trop fragile psychologiquement. Les expĂ©riences vĂ©cues dans les rapports mixtes tendent Ă  nous faire croire qu'une vie sociale normale » est improbable. Les parents doivent opter pour un enfermement sĂ©curitaire ou se rĂ©soudre Ă  tendre le dos » lorsque l'enfant est seul Ă  l'extĂ©rieur. § La surprotection une des stratĂ©gies de dĂ©fense apparaĂźt ĂȘtre la surprotection de l'enfant au sein du foyer comme Ă  l'extĂ©rieur. Ils anticipent les propres peurs de leur enfant et pallient ainsi Ă  ses situations d'Ă©chec. Ils souffrent de penser que leur enfant puisse souffrir. Les parents ne prennent pas le risque d'une possible intĂ©gration dans le milieu ordinaire privilĂ©giant un cadre rassurant. § L'adolescent handicapĂ© agresseur - agressĂ© l'agressivitĂ© de la sociĂ©tĂ© Ă  l'Ă©gard de leur enfant est ressentie par les parents. Mais le handicapĂ© mental de part son imprĂ©visibilitĂ© est aussi un agresseur potentiel pour la sociĂ©tĂ©. § Le mythe du progrĂšs, l'espoir en un avenir possible ce point attire particuliĂšrement notre attention. Il sera Ă  la base mĂȘme de notre future recherche. Nous le dĂ©veloppons donc un peu plus longuement que les prĂ©cĂ©dents bien entendu les trois prĂ©cĂ©dents types sont intimement imbriquĂ©s et difficilement sĂ©parables de celui-ci 3. Le mythe du progrĂšs. La situation d'incertitude. L'espoir des parents pour l'enfant ne peut ĂȘtre dĂ©tachĂ© de la situation d'incertitude dans laquelle ils prennent place. Le monde du handicap est bien caractĂ©risĂ© par l'incertitude face au lendemain car les parents sont incapables de se reprĂ©senter ce que sera la vie avec leur enfant dans un futur, mĂȘme proche. Cependant, s'inscrire dans une situation d'incertitude les autorise Ă  croire que tout reste possible. L'incertitude, dans ce cas, renforce les espoirs dans la recherche de la normalitĂ©. Les acteurs parentaux font le choix de rester dans l'incertitude, attitude dĂ©crite ainsi par GĂ©rald BRONNER Contrairement Ă  la situation de type I, oĂč l'incertitude ne pouvait ĂȘtre Ă©vitĂ©e, la situation de type II vĂ©hicule une incertitude qui, elle, peut ĂȘtre Ă©vitĂ©e, Ă  condition que l'individu soit prĂȘt Ă  en accepter les coĂ»ts Ă©ventuels ... Nous aurons donc le choix entre accepter l'incertitude et en payer Ă©ventuellement les consĂ©quences et l'Ă©viter, ce qui occasionnera gĂ©nĂ©ralement un coĂ»t, certain ou incertain selon les cas Bronner, 1997, p 68-69. Il nous semble que les acteurs parentaux dĂ©sirent ne pas se mettre devant le fait accompli. Etre certain du handicap de l'enfant et l'entĂ©riner comme tel Ă©quivaudrait Ă  se fermer les portes de la guĂ©rison ». Pour les parents, le handicap n'est pas reconnu comme tel ; il peut ĂȘtre rĂ©sorbĂ© et dĂ©truit comme toute maladie. Ils ne peuvent faire le deuil de l'enfant normal tout le temps qu'ils ne sont pas certains qu'il est Ă  jamais perturbĂ©. L'incertitude chasse les ambiguĂŻtĂ©s ou tout du moins rend les incohĂ©rences encore acceptables. Nous rejoignons ici l'avis de Raymond BOUDON On sait qu'on ne connaĂźt pas la solution d'un problĂšme, mais on a tout de mĂȘme une idĂ©e de solutions possibles, bien qu'on ne soit pas en mesure de choisir entre elles par raison dĂ©monstrative ... Quand une ambiguĂŻtĂ© de ce type apparaĂźt, l'acteur social a souvent tendance, pour en sortir, Ă  recourir Ă  des croyances adventices. En d'autres termes, il choisit alors non pas la solution qui lui paraĂźt la plus fondĂ©e objectivement, mais celle qui, en raison de considĂ©rations variĂ©es, lui paraĂźt la plus dĂ©sirable Boudon, 1986, p 150. Pour les parents, de notre point de vue, la solution est d'Ă©viter toute solution et de ne pas reconnaĂźtre les indices qui inciteraient Ă  penser que le handicap est effectif. Les parents se doutent de quelque chose mais ils ne veulent pas se l'avouer. La relativisation du handicap leur permet d'Ă©pouser une logique de progrĂšs toujours possible. Le temps fera bien l'affaire et pourra, nul doute, rĂ©soudre certains problĂšmes. Pourtant, ils ne sont pas sujets au dĂ©terminisme d'une situation qui les guiderait sans possibilitĂ© de se rebeller. Les acteurs parentaux dĂ©veloppent des stratĂ©gies pour dĂ©passer le fatalisme. Ils dĂ©ploient des actions dont la motivation est empreinte d'Ă©motion et d'affectivitĂ©. Nous avons vu que Max WEBER nous invitait Ă  considĂ©rer ce genre de rationalitĂ©. Les expectations nourries » WEBER, 1995, p 309 visent Ă  amoindrir les dissonances et agir en fonction de ce que l'on pense bon pour soi. Le sujet n'a le plus souvent qu'une conscience imparfaite des raisons qui le poussent, simplement parce qu'il est normalement davantage soucieux d'agir que de rĂ©flĂ©chir sur son action » Boudon, 1995, p 1980. Il est Ă©vident que si les parents reconnaissaient les rĂ©elles motivations qui les poussent Ă  agir, ils seraient sans espoirs. L'incertitude peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme pouvant rendre les projets Ă  venir consonants avec les ambitions prĂ©sentes pour l'enfant. Ceci nous amĂšne Ă  nous interroger sur ce que nous avons nommĂ© le mythe du progrĂšs dans sa relation Ă  la temporalitĂ©. Le mythe du progrĂšs dans sa relation Ă  la temporalitĂ©. Les acteurs parentaux ne savent pas de quoi sera fait l'avenir, plus que cela, ils ne peuvent mĂȘme pas l'imaginer ou ne le souhaitent pas. Lorsque nous ne disposons pas de mĂ©thode efficace pour dĂ©crypter l'avenir, le plus simple est encore de partir du prĂ©sent ou du passĂ© immĂ©diat, qui ont une rĂ©alitĂ©, une Ă©paisseur et une vĂ©ritĂ© » auxquelles le futur ne saurait prĂ©tendre. Mais comme le futur n'est jamais la rĂ©pĂ©tition du passĂ© et qu'il est rarement la pure et la simple continuation du prĂ©sent, la mĂ©thode de l'extrapolation, si elle est un puissant instrument de lĂ©gitimation des croyances et des idĂ©es reçues, est en mĂȘme temps endĂ©miquement menacĂ©e par le dĂ©menti Boudon, 1986, p 153. L'extrapolation est l'action de tirer une conclusion gĂ©nĂ©rale Ă  partir de donnĂ©es partielles » Dictionnaire Hachette, 1996. La mĂ©thode de l'extrapolation se confronte Ă  la situation d'incertitude dans laquelle se situent les parents. Ils sont tributaires de celle-ci, leurs perspectives d'avenir lui sont intimement liĂ©es et produisent des effets sur les actions ou la façon de penser des acteurs. BOUDON nous dit que sous l'effet des effets de situation, l'acteur social tend Ă  percevoir la rĂ©alitĂ© non pas telle qu'elle est et telle que les autres peuvent la voir, mais de maniĂšre dĂ©formĂ©e ou partielle » Boudon, 1986, p 106. Il y aurait comme un enchantement de l'existence, une façon de se cacher les choses de la part des acteurs parentaux. Les parents sont dans la difficultĂ© d'extrapoler ou d'Ă©mettre des points de vue sur l'avenir. La situation du handicap les incite Ă  vivre au jour le jour, au prĂ©sent immĂ©diat ce qui ne les empĂȘche pas d'espĂ©rer. La progression de l'enfant n'est pas envisagĂ©e au travers d'un temps linĂ©aire oĂč le passĂ© ferait place au prĂ©sent. Nous supposons comme SARTRE que la temporalitĂ© mĂȘme si elle apparaĂźt indĂ©finissable est avant tout une succession d'Ă©tapes L'ordre avant - aprĂšs » se dĂ©finit tout d'abord par l'irrĂ©versibilitĂ©. On appellera successive une sĂ©rie telle qu'on ne puisse en envisager les termes qu'un Ă  un et dans un seul sens ... Sans la succession des aprĂšs », je serais tout de suite ce que je veux ĂȘtre, il n'y aurait plus de distance entre moi et moi, ni de sĂ©paration entre l'action et le rĂȘve Sartre, 1984, p 169. La problĂ©matique parentale trouve sa source dans ces propos. Les acteurs ne peuvent s'appuyer sur le passĂ© la rĂ©alitĂ© vĂ©cue hier ne peut ĂȘtre un socle Ă  la progression vers un avenir envisageable. Le seul temps qui compte est le temps prĂ©sent. Le passĂ© ravive les souffrances et l'avenir n'est pas apprĂ©hendĂ© en toute confiance. Les parents ont du mal Ă  se repĂ©rer, Ă  se construire socialement. La sĂ©paration entre l'action et le rĂȘve » ou le cauchemar ne va pas de soi. Nous l'avons vu, la facette du handicap contamine la personnalitĂ©, le moi » des acteurs parentaux est remis en cause chaque jour qui passe ; il leur est difficile de trouver leurs marques. Quel devenir s'offre Ă  eux sachant que le devenir pose sans cesse un futur, et par-lĂ  mĂȘme et du mĂȘme coup dĂ©pose derriĂšre lui un passĂ© ; au fur et Ă  mesure qu'il prĂ©sentifie l'avenir, il passĂ©ise le prĂ©sent, et ceci d'un mĂȘme mouvement et dans un renouvellement continuĂ© JankĂ©lĂ©vitch, 1998, p 1008. Nous supposons que l'inscription permanente dans le prĂ©sent a des rĂ©percutions sur la maniĂšre de se reprĂ©senter l'avenir. Les reprĂ©sentations parentales ne nous apparaissent pas linĂ©aires et construites sur une trame logique allant d'un temps t vers un temps t1. ConsidĂ©rer le temps prĂ©sent, non pas comme Ă  la charniĂšre du dĂ©roulement temporel, mais plutĂŽt comme valeur absolue » permet aux parents de maĂźtriser les ambiguĂŻtĂ©s » du handicap. Ils peuvent passer de l'espoir Ă  la dĂ©sespĂ©rance d'un moment Ă  un autre. Le mythe du progrĂšs, qui fait considĂ©rer que l'enfant va s'en sortir, ne s'inscrit pas dans un procĂšs continu. Il nous semble que la façon d'envisager les choses est circulaire c'est-Ă -dire que rien n'est jamais acquis. Il n'existe pas de point de consolidation possible. L'Ă©pistĂ©mologie des sciences sociales peut nous aider Ă  comprendre ce mĂ©canisme. Le paradigme de KUHN. Nous faisons ce dĂ©tour par l'Ă©pistĂ©mologie des sciences car comme le cite BOUDON, Lorsque l'on considĂšre des dĂ©cisions complexes, notamment s'il s'agit de dĂ©cisions collectives, celles-ci peuvent s'appuyer sur des systĂšmes de croyances plus ou moins cohĂ©rents qu'on peut, si l'on veut, appeler paradigmes, car ils sont proches par leur fonction et leur nature des paradigmes au sens de Kuhn Boudon, 1984, p 150. Pour KUHN, les paradigmes sont des dĂ©couvertes scientifiques qui ont deux caractĂ©ristiques essentielles. Les dĂ©couvertes doivent ĂȘtre suffisamment remarquables pour soustraire un groupe cohĂ©rent d'adeptes Ă  d'autres formes d'activitĂ©s scientifiques concurrentes » ; d'autre part, elles doivent avoir des perspectives suffisamment vastes pour fournir Ă  ce nouveau groupe de chercheurs toutes sortes de problĂšmes Ă  rĂ©soudre » Kuhn, 1972, p 25. Et il ajoute que Les hommes dont les recherches sont fondĂ©es sur le mĂȘme paradigme obĂ©issent aux mĂȘmes rĂšgles et aux mĂȘmes normes dans la pratique scientifique. Cet engagement et l'accord apparent qu'il produit sont les prĂ©alables nĂ©cessaires de la science normale, c'est-Ă -dire de la genĂšse et de la continuation d'une tradition particuliĂšre de recherche Ibid., p 26. Le terme de science normale dĂ©signe les recherches fermement accrĂ©ditĂ©es par une ou plusieurs dĂ©couvertes scientifiques passĂ©es, dĂ©couvertes que tel groupe considĂšre comme suffisantes pour fournir le point de dĂ©part d'autres travaux » Ibid., p 25. Quel est donc le point commun entre les acteurs parentaux et les chercheurs qui nous a amenĂ© Ă  faire ce dĂ©tour ? Revenons Ă  ce que nous enseigne Raymond BOUDON Toutes proportions gardĂ©es, la situation est effectivement comparable Ă  celle que dĂ©crit Kuhn dans le cas de l'histoire des sciences. Un paradigme, dans ce cas est un systĂšme de propositions qui oriente les recherches entreprises par les membres de la communautĂ© scientifique et fait l'objet d'une croyance collective plus ou moins uniformĂ©ment rĂ©partie. Tant qu'il n'est pas contredit de maniĂšre patente par la rĂ©alitĂ© et qu'aucun paradigme concurrent n'apparaĂźt Ă  l'horizon, il est faiblement contestĂ© Boudon, 1984, p 151. Les parents Ă©mettent bien des propositions quant Ă  l'avenir de leur enfant. Ils estiment que celles-ci sont lĂ©gitimes en fonction de la position sociale qu'ils Ă©pousent. Ils ont des projets Ă  court ou mĂȘme Ă  long terme. Mais ceux-ci peuvent ĂȘtre rĂ©futĂ©s dĂšs leur Ă©mission. Nous pensons que les acteurs sociaux font partie d'une communautĂ© idĂ©ologique fondĂ©e sur des croyances semblables. Ces croyances en la normalitĂ© sont versatiles en fonction des Ă©volutions ou des Ă©checs de l'enfant. Contrairement Ă  la vision de Kuhn, le paradigme » d'hier peut ĂȘtre rejetĂ© Ă  un moment et rĂ©investi Ă  un autre moment. Le dĂ©menti n'est jamais entier, tout comme les affirmations. Nous ne sommes pas tout Ă  fait dans une logique de construction de science normale. Celle-ci, effectivement, voudrait que si les Ă©checs se multiplient, si les hypothĂšses adventices permettant de rĂ©sorber les contradictions entre la rĂ©alitĂ© et les thĂ©ories fondĂ©es sur le paradigme donnent l'impression d'ĂȘtre des hypothĂšses ad hoc inventĂ©es pour les besoins de la cause », certains seront tentĂ©s de se mettre en quĂȘte d'un paradigme nouveau qui, le moment venu, aura des chances de se substituer Ă  l'ancien » Ibid., p 151. Dans le cas du handicap, il n'existe pas de vĂ©ritĂ©, il faut faire preuve d'imagination. L'ancien sera nouveau demain et vice et versa. Nous ne sommes pas dans une perspective cumulative de connaissances spontanĂ©es » se remplaçant systĂ©matiquement. Les hypothĂšses adventices » douteuses et reconnues comme telles par les acteurs sociaux Ă  l'Ă©preuve de la rĂ©alitĂ© n'en sont pas pour autant rejetĂ©es. Il existera toujours des Ă©lĂ©ments subjectifs sur lesquels s'appuieront les acteurs pour conforter leur croyance. Comme nous le prĂ©cise FESTINGER, les acteurs parentaux ont parfois ce regain de ferveur qui accueille le dĂ©menti infligĂ© par les faits » Festinger, 1993, p 2. L'acteur parental Ă©pouse cette condition essentielle du croyant Ă  savoir qu'il est engagĂ© », c'est-Ă -dire qu'au nom de sa croyance il doit avoir effectuĂ© une dĂ©marche difficilement annulable. En gĂ©nĂ©ral, plus ces actes sont dĂ©cisifs, plus ils seront difficilement annulables et plus l'individu sera engagĂ© dans sa foi » Ibid., p 2. Pour Ă©tayer leurs convictions, nous supposons que les parents recherchent des preuves dans les faits qui accrĂ©diteraient leur croyance initiale. Il faut se prouver Ă  soi-mĂȘme que tout demeure possible L'idĂ©al pour les adeptes ne serait-il pas que des preuves directes viennent jouer ce rĂŽle ? Dans cette perspective, la pratique de la prĂ©diction Ă  rĂ©pĂ©tition semble traduire une recherche de preuves qui viendraient confirmer l'ensemble du systĂšme de croyances » Ibid., p 212. Cependant notre recherche n'aurait pas de point d'aboutissement si nous doutons que les parents ne puissent jamais faire la part des choses. L'acceptation du handicap finira bien par percer mais sous une forme cachĂ©e que nous chercherons Ă  dĂ©couvrir. Il faudra mettre un terme Ă  cette crise continuelle En provoquant une prolifĂ©ration des versions du paradigme, la crise rend moins rigoureuses les rĂšgles habituelles de rĂ©solutions d'Ă©nigmes, de sorte qu'un nouveau paradigme a finalement la possibilitĂ© d'apparaĂźtre. Il me semble que, de deux choses l'une ou bien aucune thĂ©orie scientifique ne rencontre jamais une preuve contraire, ou bien toutes les thĂ©ories rencontrent Ă  tout moment des preuves contraires Kuhn, 1972, p 102. Pour les besoins de la cause », les parents oscilleront entre rĂ©futation et affirmation selon ce qu'aujourd'hui leur rĂ©servera. Le handicap est un objet qui s'occupe peu du temps passĂ©, prĂ©sent ou futur. Il est en fin de compte intemporel, tout du moins inexprimable dans la temporalitĂ© telle qu'elle est interprĂ©tĂ©e par le sens commun. Les parents ont entrepris une instrumentalisation du handicap, au sens que lui donne DE GAULEJAC, afin de pouvoir Ă©galement le dĂ©tacher d'un temps Ă  venir. Il faut le mettre de cĂŽtĂ© et pouvoir croire Ă  un avenir, somme toute possible, sans lui. 4. Le modĂšle cognitiviste appliquĂ© aux croyances parentales. Le modĂšle cognitiviste de Raymond BOUDON part du postulat que lorsqu'un acteur endosse un jugement de valeur en gĂ©nĂ©ral et un jugement moral en particulier, il s'appuie sur des systĂšmes de raisons acceptables » Boudon, 1995, p 211. Quand on est convaincu que X est juste injuste », c'est qu'on a l'impression que des raisons fortes fondent cet Ă©noncĂ©, mĂȘme lorsque celles-ci restent implicites et mĂ©taconscientes. Comprendre pourquoi tel individu a le sentiment que X est juste injuste », c'est retrouver les raisons qui le conduisent Ă  cet Ă©noncĂ©, exactement comme comprendre pourquoi un Ă©noncĂ© mathĂ©matique est perçu comme vrai, c'est retrouver les raisons qui le fondent Ibid., p 221-222. Il semble juste pour les parents que leur enfant accĂšde Ă  une vie dite normale ; il serait injuste pour eux qu'il ne puisse intĂ©grer la sociĂ©tĂ© et y faire sa place. D'un point de vue extĂ©rieur, il peut apparaĂźtre que ces justifications seraient erronĂ©es et peu plausibles avec les capacitĂ©s objectives de l'enfant. Pourtant, il va de soi, que les raisons qui les poussent Ă  croire Ă  la survenue de la normalitĂ© sont lĂ©gitimes. Il nous faut comprendre, au sens weberien du terme, ce qui dicte aux parents leurs certitudes. Elles ne sont pas systĂ©matiquement Ă  rejeter dans le domaine de l'irrationalitĂ© car il existe des causes explicatives Ă  leurs expectations » Expliquer » une activitĂ© de ce genre ne saurait jamais signifier qu'on la fait dĂ©river de conditions psychiques », mais qu'au contraire on la fait dĂ©couler des expectations, et exclusivement des expectations, qu'on a nourries subjectivement Ă  propos du comportement des objets rationalitĂ© subjective par finalitĂ© et qu'on Ă©tait en droit de nourrir sur la base d'expĂ©riences valables rationalitĂ© objective de justesse Weber, 1995, p 309. Les parents sont rationnels dans leurs projections en l'avenir. Ils utilisent des outils subjectifs » pour parvenir Ă  leur fin renforçant la conviction en leur croyance. Les raisons cognitives et instrumentales qui fondent une croyance sont en d'autres termes une cause essentielle de leur force de conviction sur l'acteur social » Boudon, 1999, p 162. Ils s'outillent en fonction de la situation sociale du handicap ; il est Ă  supposer que ces mĂ©canismes cognitifs soient par certains cĂŽtĂ©s diffĂ©rents des parents ordinaires ». Max WEBER Ă©nonce que l'espĂšce la plus immĂ©diatement comprĂ©hensible » de la structure significative d'une activitĂ© reste celle qui s'oriente subjectivement et de façon strictement rationnelle d'aprĂšs des moyens qui passent subjectivement pour ĂȘtre univoquement adĂ©quats Ă  la rĂ©alisation de fins conçues subjectivement de façon univoque et claire » Weber, 1995, p 208. De ce point de vue, les acteurs parentaux Ă©pousent une ligne de conduite rationnelle » qui les mĂšnera oĂč ils souhaitent aller. La perception des buts Ă  atteindre passe bien par des moyens subjectifs adaptĂ©s Ă  la rĂ©alisation de la normalisation du handicapĂ©. Ce qui ne laisse pas entendre que toute projection est une forme de rationalitĂ©, qu'il suffĂźt de se dĂ©finir un but pour le rĂ©aliser. La rĂ©alitĂ© sociale est prĂ©sente pour rappeler qu'il existe souvent des impossibilitĂ©s de pouvoir faire toujours » ce que l'on veut sans tenir compte des consĂ©quences de nos comportements. Les parents ont conscience de certaines limites et ils cherchent Ă  les dĂ©passer. Leur attitude peut nous apparaĂźtre totalement irrationnelle lorsqu'ils semblent s'inscrire dans une vĂ©ritĂ© qui est dĂ©mentie par les faits. Ils persistent Ă  croire que leur point de vue est le bon, c'est cette forme d'irrationalitĂ© qui nous interpelle. Comme Raymond BOUDON, nous devons nous interroger de cette maniĂšre pour dĂ©passer nos propres a priori Pourquoi ne pas partir du postulat qu'expliquer une croyance, c'est reconstruire les raisons qui la fondent dans l'esprit du sujet et qui, par suite, en constitue la cause ? » Boudon, 1995, p 64. Car les parents ont de bonnes raisons de s'attacher Ă  croire que le handicapĂ© quittera un jour son handicap ; c'est un passage nĂ©cessaire vers une survie sociale. Ces bonnes raisons aident l'acteur social Ă  apprivoiser son environnement chamboulĂ© par le handicap, il endosse des croyances qu'il ne souhaite pas reconnaĂźtre comme usurpĂ©es Les croyances fausses sont le produit de la rationalitĂ© cognitive » c'est-Ă -dire de la mise en oeuvre par le sujet de stratĂ©gies qu'il utilise normalement pour obtenir une maĂźtrise cognitive de son environnement, parce qu'elles conduisent gĂ©nĂ©ralement Ă  des rĂ©sultats satisfaisants » Ibid., p 107. Nous prĂ©ciserons juste qu'elles ne donnent des rĂ©sultats satisfaisants que pour un temps comme nous l'avons vu en Ă©voquant le temps prĂ©sent ». Pour nous, qu'une croyance apparaisse fondĂ©e ou non est rationnelle au sens cognitif lorsqu'elle s'appuie sur des raisons de caractĂšres thĂ©oriques » que, dans le contexte qui est le sien, l'acteur perçoit comme fortes » Boudon, 1999, p 148. D'un point de vue de la recherche, Ă  l'instar de WEBER, nous rechercherons les causes qui font que les parents puissent ĂȘtre trompĂ©s » par leur croyance les raisons qu'Ă  l'acteur d'adopter une croyance sont pour Weber les causes de ladite croyance » Ibid., p 140. Notre travail de recherche ultĂ©rieur reposera en grande partie, d'un point de vue thĂ©orique, sur la sociologie comprĂ©hensive de Max WEBER et sur l'individualisme mĂ©thodologique de Raymond BOUDON. Nous voyons bien que le modĂšle cognitiviste est inscrit dans la thĂ©orie individualiste ; les deux nous seront utiles car nous pensons que l'individu perçu comme acteur social est capable de surmonter certains dĂ©terminismes. Poser l'individu en acteur revient d'abord Ă  respecter en lui le sujet conscient et douĂ© d'une raison capable de dĂ©passer le simple dĂ©videment de comportement programmĂ© et de rĂ©ponses automatiques Ă  des causes situĂ©es hors de la conscience il peut ĂȘtre l'auteur d'actions mettant intentionnellement en oeuvre des moyens propres Ă  lui permettre d'atteindre des fins faisant sens pour lui ... Cette intentionnalitĂ© se traduit par l'Ă©laboration de stratĂ©gies optimisatrices et adaptatives mises au service de prĂ©fĂ©rences subjectives qui ne se rĂ©duisent pas Ă  des buts utilitaires Laurent, 1994, p 111. Comme l'a prĂ©cisĂ© Raymond BOUDON, il n'agit pas Ă  sa guise indĂ©pendamment de toute situation sociale, il n'est pas en rĂ©volte permanente. Cependant, nous pensons que, malgrĂ© certaines difficultĂ©s, parfois insurmontables au premier abord, l'acteur social peut trouver des raisons qui lui sont propres pour faire sa place en sociĂ©tĂ©. Il n'est pas systĂ©matiquement guidĂ© par des dĂ©terminismes sociaux ou structurels qui lui laisseraient peu de marges de manoeuvre notamment dans le champ » du handicap, au sens bourdieusien. L'acteur parental, malgrĂ© les difficultĂ©s objectives de son enfant Ă  ĂȘtre », dĂ©ploie des stratĂ©gies pour parvenir Ă  se re-construire et Ă  rĂ©-exister en sociĂ©tĂ©. CONCLUSION Mais je pense avoir suffisamment indiquĂ© mon intention montrer que certaines questions sont de nature telle que, lorsqu'elles sont placĂ©es sous les yeux d'individus caractĂ©risĂ©s par certaines positions et certaines dispositions, elles ont toutes chances d'induire des idĂ©es reçues sans que celles-ci doivent ĂȘtre mises au compte de la perversion, de l'aveuglement, de la passion ou d'aucune autre forme d'irrationalitĂ©. » Raymond BOUDON. Le travail d'Ă©criture de ce mĂ©moire de touche Ă  sa fin. Il ne se veut qu'une modeste introduction Ă  une recherche plus vaste que nous dĂ©sirons mener en thĂšse. Il nous faudra faire preuve de patience au cours de l'Ă©tude Ă  venir et ne pas brĂ»ler les Ă©tapes de la construction sociologique. Les propos tenus tout au long de notre exposĂ© laissent de larges zones d'ombre qu'il nous faudra Ă©claircir Ă  la lumiĂšre de la comprĂ©hension. Comme nous l'avons soulignĂ©, nous ne saurions faire preuve d'exhaustivitĂ© Ă  travers notre seule vĂ©ritĂ©. Cependant, nous avons un point de vue original sur le handicap qui peut ĂȘtre utile Ă  sa lecture. Le champ de la sociologie est vaste et traversĂ© de nombreux courants. Nos choix thĂ©oriques reflĂštent notre maniĂšre de voir le monde social et nous permettent d'essayer de le comprendre. Nous souhaiterions rapprocher notre sujet d'une sociologie plus gĂ©nĂ©rale, celle qui interroge les croyances des individus et en fait le moteur des actions individuelles. Nous les interrogerons dans leurs perspectives temporelles elles ne sont pas immuables, elles peuvent varier en fonction d'Ă©vĂ©nements divers. L'univers social est mouvant, les vĂ©ritĂ©s d'hier s'effacent devant celles d'aujourd'hui. Il peut arriver que nos certitudes du moment soient rĂ©-interroger par les expĂ©riences passĂ©es. Le temps prĂ©sent est Ă  la charniĂšre du passĂ© et du futur mais ce temps n'est pas forcĂ©ment linĂ©aire comme nous avons pu le montrer. Nous parions que la problĂ©matique parentale peut ĂȘtre celle de tout un chacun devant les difficultĂ©s Ă  ĂȘtre. Elle est peut ĂȘtre plus Ă©vidente Ă  mettre Ă  jour, Ă  dĂ©montrer. Elle est un cas exemplaire qui peut servir de modĂšle Ă  une thĂ©orie plus gĂ©nĂ©rale. Nous devons apporter notre contribution Ă  l'espace social dans sa globalitĂ©. Les diffĂ©rences apparentes ne sont peut ĂȘtre qu'illusions nous dirons plutĂŽt qu'elles ne vont pas facilement de soi. DerriĂšre elles, sont cachĂ©es des affinitĂ©s entre les ĂȘtres humains. Le handicap est une grille de lecture utile aux situations de grandes incertitudes. Ne sommes-nous pas parfois nous-mĂȘmes tributaires de nos peurs face Ă  un avenir dramatiquement incertain ? Les mĂ©canismes cognitifs mis en oeuvre devant les crises de l'existence concernent chaque acteur social. Nous devons nous assurer une certaine quiĂ©tude face Ă  l'avenir au risque de rester prostrĂ©s et d'ĂȘtre incapables d'agir. Gageons que l'individu, en toute circonstance et avec le temps, peut surmonter l'incertitude et se donner la force de se battre face Ă  une mort sociale qui serait annoncĂ©e. Bar-Le-Duc, juin 2003. BIBLIOGRAPHIE ABRIC Jean-Claude 1999. L'Ă©tude expĂ©rimentale des reprĂ©sentations sociales. In Les reprĂ©sentations sociales, sous la dir. JODELET Denise. Paris PUF, 447 p. ANSAR Pierre 1990. Les sociologies contemporaines. Paris Editions du Seuil, 348 p. ARON Raymond 1967. Les Ă©tapes de la pensĂ©e sociologiques. Paris Editions Gallimard, coll. Tel, 663 p. ASSOGBA Yao 1999. La sociologie de Raymond BOUDON. Essai de synthĂšse et applications de l'individualisme mĂ©thodologique. Paris L'Harmattan, 321 p. BASZANGER Isabelle 1992, introduction Ă  STRAUSS Anselm. La trame de la nĂ©gociation, sociologie qualitative et interactionnisme. Paris Editions L'Harmattan, 311 p. BECKER Howard S. 1985. Outsiders, Ă©tudes de sociologie de la dĂ©viance. Paris Editions MĂ©tailiĂ©, 248 p. BIRNBAUM Pierre, LECA Jean Sous la direction de 1991. Sur l'individualisme. Paris Presses de la Fondation Nationale des Sciences Politiques, 1Ăšre Ă©dition 1986, 379 p. BLANCHET Alain, GOTTMAN Anne 1992. L'enquĂȘte et ses mĂ©thodes l'entretien. Paris Editions Nathan, Sociologie 128 », 128 p. BOUCHER Nicole 1994. Vie rĂ©elle, vie imaginaire, les rĂ©percussions de la maladie neuromusculaire sur l'enfant et sa famille. Paris Publication du CTNERHI, diffusion PUF, 211 p. BOUDON Raymond 1986. L'idĂ©ologie, l'origine des idĂ©es reçues. Paris Fayard, 330 p. BOUDON Raymond 1991. La place du dĂ©sordre. Paris PUF, Quadrige », 1Ăšre Ă©dition 1984, 245 p. BOUDON Raymond sous la dir. 1992. TraitĂ© de sociologie. Paris PUF, 575 p. BOUDON Raymond 1993, 1Ăšre Ă©dition 1977. Effets pervers et ordre social. Paris PUF Quadrige », 283 p. BOUDON Raymond 1995. Le juste et le vrai, Ă©tudes sur l'objectivitĂ© des valeurs et de la connaissance. Paris Fayard, 575 p. BOUDON Raymond 1998. In Dictionnaire de la sociologie. Paris Encyclopaedia Universalis et Albin Michel, 918 p. BOURDIEU Pierre 1980. Le sens pratique. Paris Les Ă©ditions de minuit, 475 p. BRONNER GĂ©rald 1997. L'incertitude. Paris PUF, 127 p. BROUAD Jean-Pierre 1990. La notion de reprĂ©sentation, une notion bien pratique Ă  utilisation dĂ©licate. In MORVAN ReprĂ©sentations et handicaps vers une clarification des concepts et des mĂ©thodes. Paris Editions du CTNERHI, p 21 Ă  29. CANGUILHEM Georges 1975, 3Ăšme Ă©dition. 1Ăšre Ă©dition 1966. Le normal et le pathologique. Paris PUF, 224 p. CHAPOULIE Jean-Michel 1985, prĂ©face Ă  BECKER Howard. Outsiders, Ă©tudes de sociologie de la dĂ©viance. Paris Editions MĂ©tailiĂ©, 248 p. CORCUFF Philippe 1995. Les nouvelles sociologies. Paris Editions Nathan, coll. 128, 128 p. DE GAULEJAC Vincent 1996. Les sources de la honte. Paris Editions DesclĂ©e de Brouwer, 316 p. DEMONET Roland, MOREAU DE BELLAING Louis 2000. DĂ©construire le handicap, CitoyennetĂ© et Folie. Paris Editions du CTNERHI. 303 p. DE QUEIROZ Jean-Manuel, ZIOLKOVSKI Marek 1994. L'interactionnisme symbolique. Rennes Presses Universitaires de Rennes, 140 p. DON D. JACKSON, WATZLAWICK P., HELMICK BEAVIN 1972. Une logique de la communication. Paris Editions du seuil, 286 p. DUBAR Claude 1991. La socialisation, construction des identitĂ©s sociales et professionnelles. Paris Armand Colin, 278 p. FESTINGER LĂ©on 1993. L'Ă©chec d'une prophĂ©tie. Paris PUF, 252 p. FLAMAND Claude 1999. Structures dynamique des reprĂ©sentations sociales, in sous la dir. JODELET Denise. Les reprĂ©sentations sociales. Paris PUF, 447 p. FOUCAULT Michel 1976. Histoire de la folie Ă  l'Ăąge classique. Paris Gallimard, coll. TEL », 1Ăšre Ă©dition 1972. FREUD Sigmund 1985. RĂ©sultats, idĂ©es, problĂšmes. Tome II. Paris PUF, 298 p. GOFFMAN Erving 1968. Asiles. Paris Les Ă©ditions de minuit, 449 p. GOFFMAN Erving 1973. La mise en scĂšne de la vie quotidienne, Tome 1 la prĂ©sentation de soi. Paris Editions de minuit, 256 p. GOFFMAN Erving 1974. Les rites d'interaction. Paris Les Ă©ditions de minuit, 230 p. GOFFMAN Erving 1975. Stigmate. Paris Les Ă©ditions de minuit, 184 p. HAMONET Claude 1990. Les personnes handicapĂ©es. Paris PUF, Que sais-je ?, 128 p. HUGHES Everett C. 1996. Le regard sociologique. Paris Les Ă©ditions des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 344 p. JANKÉLÉVITCH Vladimir 1998. Philosophie morale. Paris Flammarion, 1173 p. KHUN Thomas S. 1972. La structure des rĂ©volutions scientifiques. Paris Editions Flammarion, 246 p. LA CECLA Franco 2002. Le malentendu. Paris Editions Balland, 163 p. LAPLANTINE François 1999. Anthropologie des systĂšmes de reprĂ©sentations de la maladie, in sous la dir. JODELET Denise. Les reprĂ©sentations sociales. Paris PUF, 447 p. LASSARRE Dominique 1995. Psychologie sociale et Ă©conomie. Paris Armand Colin, 261 p. LAURENT Alain 1994. L'individualisme mĂ©thodologique. Paris PUF, Que sais-je ?, 128 p. LENOIR RenĂ© 1974. Les exclus, un français sur dix. Paris Editions du Seuil, 172 p. LIBERMAN Romain 1991, 1Ăšre Ă©dition 1988. Handicap et maladie mentale. Paris PUF, 128 p. MEAD George Herbert 1963. L'esprit, le soi et la sociĂ©tĂ©. Paris PUF, 332 p. MOESSINGER Pierre 1996. IrrationalitĂ© et ordre social. GenĂšve Editions Librairie Droz, 241 p. MOSCOVICI Serge 1976. La psychanalyse, son image et son public. Paris PUF 1Ăšre Ă©dition 1961, 506 p. PARETO Vilfredo. TraitĂ© de sociologie gĂ©nĂ©rale. GenĂšve Editions Librairie Droz, 1818 p. PENOT Bernard 1989. Figures du dĂ©nie, en deçà du nĂ©gatif. Paris Editions Dunod, 223 p. POITOU 1994. La dissonance cognitive. Paris Armand Colin, 127 p. POPPER Karl 1956. MisĂšre de l'historicisme. Paris Plon, 196 p. RANDEL Monique 2000. L'intĂ©gration et la transmission. In VAGINAY Denis. Trisomie 21, Transmission et intĂ©gration. Lyon Chronique Sociale, p 110 Ă  122. SARTRE Jean-Paul 1984. L'ĂȘtre et le nĂ©ant, essai d'ontologie phĂ©nomĂ©nologique. Paris Editions Gallimard, Coll. Tel, 1Ăšre Ă©dition 1943, 695 p. SCHÜTZ Alfred 1987. Le chercheur et le quotidien. Paris MĂ©ridiens Klincksieck, 286 p. SCHURMANS Marie-NoĂ«lle 1990. Maladie mentale et sens commun ; une Ă©tude de sociologie de la connaissance. NeufchĂątel, Paris Delachaux et Niestle, 317 p. SIMMEL Georg 1996. Secret et sociĂ©tĂ©s secrĂštes. Editions CIRCE, 120 p. STRAUSS Anselm 1992. La trame de la nĂ©gociation, sociologie qualitative et interactionnisme. Paris Editions L'Harmattan, 319 p. THOMAS 1975. Anthropologie de la mort. Paris Payot, 540 p. STIKER Henri-Jacques 1982. Corps infirmes et sociĂ©tĂ©s. Paris Aubier. STIKER Henri-Jacques 2000. Pour le dĂ©bat dĂ©mocratique la question du handicap. Paris Editions du CTNERHI. 149 p. VAGINAY Denis 2000. Trisomie, transmission et intĂ©gration pour quelle Ă©thique ? Lyon Chronique sociale, 224 p. WEBER MAX 1971. Economie et SociĂ©tĂ©. Paris Plon 1Ăšre Ă©dition 1920, 651 p. WEBER Max 1995. Essais sur la thĂ©orie de la science. Paris Plon Pocket, 1Ăšre Ă©dition 1965. 478 p.
Ily a deux semaines, je me suis Ă©tranglĂ©e en lisant une dĂ©pĂȘche AFP ici. StĂ©rilisĂ©es Ă  leur insu, cinq handicapĂ©es veulent faire condamner la France [] Le combat des cinq femmes a commencĂ© Ă  Sens (Yonne) il y a 12 ans. SalariĂ©es d’un centre d’aide par le travail (CAT), elles subissent, Ă  leur insu, []
Partout en France, les initiatives aidant Ă  l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap mental se multiplient. On fait le point sur les projets les plus emblĂ©matiques du M01 25Commençons par tordre le cou Ă  un clichĂ© il existe de nombreuses situations oĂč les personnes porteuses d'un handicap mental n’ont pas besoin de rĂ©fĂ©rents valides pour se dĂ©brouiller, monter leur propre entreprise et faire des affaires. On se souvient notamment de l’histoire mĂ©diatisĂ©e de John Lee Cronin, ce jeune Britannique atteint de trisomie 21 ayant créé en 2017 sa propre marque de chaussettes, trĂšs lucrative. NĂ©e de sa passion pour les modĂšles trĂšs colorĂ©s, John’s Crazy Socks, qui emploie dĂ©sormais des dizaines de salariĂ©s, a fait de lui un entrepreneur millionnaire. "Notre mission est Ă  la fois sociale et commerciale, explique le fondateur. Nous voulons montrer ce qu’il est possible d’accomplir lorsqu’on donne une chance aux gens. Chaque jour, on prouve que les personnes porteuses de handicaps mentaux peuvent faire de grandes choses." Fort de sa phĂ©nomĂ©nale rĂ©ussite, John’s Crazy Socks donne Ă©galement 5% de ses recettes Ă  l’organisation des Jeux Paralympiques et sort rĂ©guliĂšrement des sĂ©ries de chaussettes spĂ©cial handicap, afin d’Ɠuvrer Ă  ouvrir les esprits. Un an plus tĂŽt, on avait Ă©tĂ© Ă©mu et fascinĂ© par le pari fou de Collette Divitto, une pĂątissiĂšre elle aussi trisomique ayant ouvert Ă  Boston sa propre boutique de gĂąteaux et autres sucreries, Collettey's Cookies, aprĂšs avoir essuyĂ© de nombreux refus d’embauche de la part d’entreprises aux pratiques discriminatoires. Il y a une semaine, son incroyable success story apparaissait mĂȘme dans l’émission de Lester Holt sur NBC vidĂ©o ci-dessous. Cependant, si certaines personnes handicapĂ©es n’ont nul besoin de sauveurs pour s’insĂ©rer dans la vie active, ce n’est pas le cas de toutes. Certains nĂ©cessitent un coup de pouce et une structure adĂ©quate pour se lancer professionnellement. Ainsi, la France a bruissĂ© ces derniĂšres annĂ©es de quelques initiatives Ă©parpillĂ©es qui, non contentes de mettre le handicap mental au cƓur des dĂ©bats, sont promptes Ă  changer le regard de la population valide. Le Reflet, un restaurant Ă  l'avant-garde Ă  Nantes En France, Nantes fut la ville pionniĂšre dans l’ouverture d’un restaurant employant presque exclusivement des personnes atteintes de trisomie l’association TrinĂŽme44 - Les Extraordinaires, par la voix de sa prĂ©sidente Flore LeliĂšvre une architecte d’intĂ©rieur, dont le frĂšre est trisomique, est en effet Ă  l’origine du restaurant inclusif Le Reflet. FermĂ© jusqu’à nouvel ordre pour cause de Covid, son succĂšs ne se dĂ©mentait pas depuis fin 2016. Le mantra ? "Comment peut-on crĂ©er, grĂące Ă  l'architecture et au design, un lieu dans lequel des personnes porteuses d'une trisomie 21 pourraient travailler comme tout le monde ?" AprĂšs de nombreuses rĂ©actions ravies de clients de plus en plus nombreux, l’ouverture d’un deuxiĂšme restaurant a eu lieu fin 2019 dans le Marais Ă  Paris, en prĂ©sence notamment de Brigitte Macron. Ainsi, Le Reflet embauche aujourd'hui 24 salariĂ©s, dont 14 personnes porteuses d'une trisomie 21, toutes en CDI. En France en effet, 65 000 personnes sont atteintes de trisomie 21, mais seules 500 travaillent au milieu de collĂšgues valides. La majoritĂ© exercerait une activitĂ© en Établissement et Service d’Aide par le Travail ESAT. Il Ă©tait grand temps de changer de stratĂ©gie. En octobre, confinement oblige, l’asso a lancĂ© Chefs Extraordinaires TV, une chaĂźne YouTube culinaire s’adressant aux personnes handicapĂ©es et Ă  celles et ceux qui les soutiennent. Recettes et autres astuces y sont prodiguĂ©es. Dans les cartons, une formation professionnalisante en hĂŽtellerie-restauration est mĂȘme en cafĂ©s "servis avec le cƓur" Rennes et Bordeaux n’ont pas encore de restaurant employant des personnes en situation de handicap, mais ces villes ont leur cafĂ©-snack, et ce depuis 2017. Cinq bien-nommĂ©e CafĂ©s Joyeux trois Ă  Paris, un en Bretagne et l’autre en Nouvelle-Aquitaine, donc recrutent des personnes "majoritairement atteintes de trisomie 21 ou de troubles cognitifs comme l’autisme". L’idĂ©e forte "rendre le handicap visible, favoriser la rencontre possible en milieu ordinaire et proposer toujours plus de travail Ă  des personnes Ă©loignĂ©es de l’emploi", expliquait Ă  leur ouverture le fondateur Yann Bucaille Lanrezac, Ă  la tĂȘte de l’association Émeraude Solidaire, ouvertement catholique. Alors que le cafĂ©-restaurant situĂ© sur les Champs- ÉlysĂ©es et ceux de province sont restĂ©s ouverts en click & collect pendant le deuxiĂšme confinement, une efficace et intrigante campagne marketing s’est rĂ©cemment Ă©talĂ©e sur les panneaux d’affichage des grandes villes oĂč les cafĂ©s sont prĂ©sents. Sur fond jaune le code couleur de l’entreprise, elle promettait "des cafĂ©s pas comme tout le monde".Un magasin associatif tenu par des personnes autistes À Toulouse, l'association InPACTS accueille des enfants, adolescents et adultes autistes, leur donnant les outils pour ĂȘtre autonomes et s'intĂ©grer dans la sociĂ©tĂ©. Fin dĂ©cembre 2016 est nĂ© le projet Witoa, qui a prĂ©fĂ©rĂ© s’éloigner de l’attendue restauration en se consacrant Ă  un commerce de vente plus classique un magasin de jouets. Les vendeurs neuroatypiques se confrontent ainsi au monde du travail en conseillant les clients, comme dans une boutique traditionnelle. Du rayonnage au secrĂ©tariat, tous les postes sont reprĂ©sentĂ©s, entourĂ©s par des Ă©ducateurs. Si les clients sont reçus dans la boutique de l’avenue FrĂ©dĂ©ric EstĂšbe quartier des Minimes avec un petit dĂ©pliant explicatif, rien ne permet de distinguer une virĂ©e d’avant les fĂȘtes de NoĂ«l d’une sortie shopping habituelle. Le magasin de jeux, aux multiples rĂ©fĂ©rences rĂ©centes ou anciennes, est trĂšs bien achalandĂ©. Des jouets en bois aux derniĂšres nouveautĂ©s, on y trouve de tout. Carine Mantoulan, docteure en psychologie Ă  l’origine du projet, "voulait allier deux plaisirs le fait de permettre Ă  des gens de trouver des cadeaux, et celui de permettre Ă  des jeunes autistes de s'intĂ©grer dans le monde professionnel", expliquait-elle Ă  La DĂ©pĂȘche du Midi lors de l’ouverture. Un pari doublement partiel et vente Ă  emporter... comme tout le monde Dans le centre-ville de Mulhouse, le Centre de RĂ©adaptation de la ville ouvrait en septembre 2019 Un Petit truc en plus, le petit dernier des restaurants inclusifs inspirĂ©s par Le Reflet Ă  Nantes. MalgrĂ© les difficultĂ©s liĂ©es Ă  la pandĂ©mie de Covid, l’unique restaurant associatif et inclusif du Grand Est continue fiĂšrement sa route. Les six salariĂ©s, d’abord mis en chĂŽmage partiel lors du premier confinement, se consacrent dĂ©sormais Ă  la vente Ă  emporter et Ă  la livraison Ă  domicile en fin de semaine. "Nous avons maintenu cette formule depuis notre rĂ©ouverture en juin, ce qui a permis Ă  l’ensemble de nos salariĂ©s de retravailler", explique au journal de la Ville AurĂ©lie Bernard, cheffe et gĂ©rante porteuse du projet. Avant la crise, le restaurant aux quarante couverts affichait complet tous les midis. Soucieux de travailler dans des conditions "normales", il n’y a eu aucune adaptation pour les employĂ©s qui travaillent 20 heures par semaine. "Nous adaptons notre façon de travailler, mais pour aller jusqu’au bout du projet, nous n’avons pas voulu de milieu protĂ©gĂ©", explique AurĂ©lie Bernard. La vie active a ses dĂ©boires, auxquelles les employĂ©es en situation de handicap font face avec force
 comme tout un lire aussi

Laprotection juridique du majeur ayant un handicap mental. Le passage Ă  l’ñge de la majoritĂ©, 18 ans, pour un enfant handicapĂ©, est une Ă©tape particuliĂšrement importante pour une personne ayant un handicap mental : celle-ci est alors considĂ©rĂ©e comme autonome pour rĂ©aliser seule les actes de la vie civile et gĂ©rer son patrimoine.

En France, selon les derniers chiffres connus de l’Insee, une personne sur six souffre de handicap, soit 12 millions de français. L’objectif annoncĂ© par les gouvernements successifs a toujours Ă©tĂ© d’amĂ©liorer la prise en charge du handicap. La loi du 11 fĂ©vrier 2005 pour l’égalitĂ© des droits et des chances, la participation et la citoyennetĂ© des personnes handicapĂ©es a favorisĂ© une Ă©galitĂ© d’accĂšs Ă  tous du service public et des Ă©tablissements recevant du public. Pour plus de prĂ©cisions, consultez un de nos meilleurs avocats en droit des handicapĂ©s. Dans son article 2, la loi dispose que toute personne handicapĂ©e a droit Ă  la solidaritĂ© de l’ensemble de la collectivitĂ© nationale, qui lui garantit, en vertu de cette obligation, l’accĂšs aux droits fondamentaux reconnus Ă  tous les citoyens ainsi que le plein exercice de sa citoyennetĂ© ». NĂ©anmoins, l’accessibilitĂ© est encore loin d’ĂȘtre Ă©gale pour tous. Seuls 15 % des Ă©tablissements relevant du public Ă©taient, en 2015, aux normes. Le handicap, dĂ©finition lĂ©gale L’article 2 de la loi du 11 fĂ©vrier 2005 donne une dĂ©finition assez prĂ©cise du handicap sous toutes ses formes. Ainsi, “constitue un handicap, toute limitation d’activitĂ© ou restriction de participation Ă  la vie en sociĂ©tĂ© subie dans son environnement par une personne en raison d’une altĂ©ration substantielle, durable ou dĂ©finitive d’une ou plusieurs fonctions physiques, sensorielles, mentales, cognitives ou psychiques, d’un polyhandicap ou d’un trouble de santĂ© invalidant”. Il y a, d’aprĂšs l’OMS Organisation Mondiale de la SantĂ© et la CIH Classification Internationale des Handicaps, cinq catĂ©gories de handicaps Le handicap moteur. Il peut ĂȘtre la consĂ©quence d’une paralysie, d’une amputation, d’une myopathie
. Le handicap sensoriel. Il touche la vue cĂ©citĂ©, malvoyance
 ou l’ouĂŻe surditĂ© Le handicap psychique. Ce sont des maladies qui perturbent la personnalitĂ©. Par exemple la schizophrĂ©nie, les maladies bipolaires
 Le handicap mental consiste en des dĂ©ficiences intellectuelles. Cela peut ĂȘtre une trisomie 21, une forme d’autisme, un polyhandicap
 Les maladies invalidantes. On peut ainsi citer l’épilepsie ou la sclĂ©rose en plaque L’accĂšs au droit, pas Ă©quitable pour tous ? Se rendre dans des lieux de justice, n’est pas Ă©vident pour les personnes handicapĂ©es. En effet, en 2012, une mĂšre de famille en fauteuil roulant a vu son dossier jugĂ© sur le parvis du tribunal car ce dernier ne possĂ©dait aucune rampe d’accĂšs. Quelques annĂ©es auparavant, une avocate handicapĂ©e avait portĂ© plainte en 2003 car elle ne pouvait elle non plus pĂ©nĂ©trer Ă  l’intĂ©rieur des Ă©tablissements judiciaires. Plusieurs fois, elle a dĂ» plaider sur le trottoir ou Ă  l’extĂ©rieur. Alors que la loi de 2005 a proclamĂ© la libertĂ© d’accĂšs pour tous, sans distinction, les juridictions ne remplissent pas toujours le cahier des charges. L’accĂšs Ă  la Justice semble donc particuliĂšrement ardu pour les personnes en situation de handicap. Besoin d'un avocat ? Nous vous mettons en relation avec l’avocat qu’il vous faut, prĂšs de chez vous Trouver mon Avocat Le cas des handicapĂ©s moteurs et et sensoriels Mais ce ne sont pas que les handicapĂ©s moteurs qui sont pĂ©nalisĂ©s pour effectuer une action en justice. Ainsi, les handicapĂ©s sensoriels sont aussi discriminĂ©s. Prenons une personne souffrant de surditĂ©. Elle aura besoin d’un interprĂšte en langue des signes afin de pouvoir suivre le dĂ©roulĂ© du procĂšs. Or, ils ne sont pas toujours facile Ă  trouver. Les malentendants peuvent aussi essayer de lire sur les lĂšvres. Seulement, ils ne comprennent que 30% de ce qui est dit, et devine le reste
 encore faut-il que les personnes qui s’expriment le fassent en articulant bien, sans cacher leur bouche avec leur main. Or, l’article 76 de la loi de 2005 dispose que devant les juridictions administratives, civiles et pĂ©nales, toute personne sourde bĂ©nĂ©ficie du dispositif de communication adaptĂ© de son choix. Ces frais sont pris en charge par l’Etat. Lorsque les circonstances l’exigent, il est mis Ă  la disposition des personnes dĂ©ficientes visuelles une aide technique leur permettant d’avoir accĂšs aux piĂšces du dossier selon des modalitĂ©s fixĂ©es par voie rĂ©glementaire ». Jurisprudence Conseil d’Etat n° 414751 – Lecture du 15 mars 2019 Les tribunaux doivent fournir des interprĂštes en LSF M. M., atteint de surditĂ© congĂ©nitale profonde, se prĂ©sente devant le tribunal administratif de Paris en 2016. Lors de l’audience durant laquelle doit ĂȘtre examinĂ©e sa requĂȘte -en l’occurrence un refus de carte de stationnement par la prĂ©fecture de police de Paris-, il demande Ă  ĂȘtre assistĂ© par un interprĂšte en langue des signes. Le tribunal refuse et l’invite Ă  venir accompagnĂ© d’une personne de son choix capable d’assurer la traduction. Non satisfait de cette rĂ©ponse, dĂ©cide, en 2017, de saisir le Conseil d’Etat, la plus haute des juridictions. Ce dernier a rendu sa dĂ©cision publique le 15 mars 2019 N° 414751 et lui donne raison. Les Sages s’appuient sur l’article 76 de la loi de 2005 Dans le cas prĂ©sent, la mĂ©connaissance de cette obligation a donc entachĂ© d’irrĂ©gularitĂ© la dĂ©cision de la juridiction. Il ne peut en aller autrement que s’il est Ă©tabli que l’absence de cette assistance n’a pas privĂ© l’intĂ©ressĂ© de la possibilitĂ© de prĂ©senter des observations au cours de l’audience ou une note en dĂ©libĂ©rĂ© Ă  l’issue de celle-ci, » explique le Conseil d’Etat dans un communiquĂ©. Le cas des handicapĂ©s mentaux et psychiques Selon qu’il soit auteur ou victime des faits, au pĂ©nal ou au civil, l’handicapĂ© ne sera pas jugĂ© de la mĂȘme maniĂšre. GĂ©nĂ©ralement, une personne souffrant de troubles mentaux ou psychiques est placĂ©e sous tutelle ou curatelle. On dit que c’est une personne placĂ©e sous protection juridique. Si l’auteur des faits est handicapĂ©, sa responsabilitĂ© civile est engagĂ©e selon l’article 414-3 du Code civil. Il sera donc tenu de rembourser ou payer des dommages et intĂ©rĂȘts. Il est alors important que son tuteur ou son curateur lui souscrive une assurance en responsabilitĂ© civile si cette personne n’en avait pas dĂ©jĂ  un au dĂ©but de sa protection. En revanche, au pĂ©nal, la responsabilitĂ© du majeur protĂ©gĂ© auteur d’un crime ou d’un dĂ©lit pourra ĂȘtre attĂ©nuĂ©e en fonction de la nature des faits et du contexte. Les magistrats doivent demander l’expertise d’un mĂ©decin qui contrĂŽlera si la personne en situation de handicap mental ou psychique avait conscience de ses actes au moment de commettre un crime ou un dĂ©lit. La peine pourra donc ĂȘtre rĂ©duite, et pourra s’accompagner de soins. Civilement ou pĂ©nalement, une personne majeure souffrant de troubles, et victime sera dĂ©dommagĂ©e. Son dĂ©dommagement pourra ĂȘtre revu Ă  la hausse compte tenu de sa vulnĂ©rabilitĂ©. En plus de cela, et parce qu’elle est plus vulnĂ©rable, la victime handicapĂ©e au pĂ©nal pourra demander Ă  se faire reprĂ©senter et ne sera pas tenue d’assister au procĂšs. La discrimination dans le monde judiciaire Le personnel judiciaire n’est pas bien prĂ©parĂ©e, formĂ©e, Ă  faire face Ă  des personnes handicapĂ©es, et peut faire preuve de prĂ©jugĂ©s qui peuvent vite devenir discriminants. Ainsi, un juge pourra prĂ©sumer de l’incapacitĂ© d’une personne handicapĂ©e moteur, sensorielle ou souffrant d’une maladie invalidante Ă  s’occuper pleinement de sa famille. Le juge demande alors des certificats d’aptitudes Ă  la personne
 alors qu’une personne ne souffrant pas de handicap particulier pourrait trĂšs bien avoir elle aussi des difficultĂ©s Ă  s’occuper d’un enfant. Par ailleurs, 20,1% des saisines du DĂ©fenseur des droits en 2019 sont liĂ©s Ă  de la discrimination envers les personnes handicapĂ©es. Le DĂ©fenseur des droits est aussi sollicitĂ© pour des conditions inadaptĂ©es de garde Ă  vue ou d’interpellation de personnes handicapĂ©es. Le milieu carcĂ©ral n’est lui non plus pas adaptĂ© aux personnes en situation de handicap. Le personnel n’est pas suffisamment formĂ©, les douches et cellules ne sont pas aux normes
 La France a beaucoup de retard Ă  rattraper dans le traitement des personnes en situation de handicap. Enfanceet famille /. Des familles dĂ©noncent les pratiques illĂ©gales des MDPH. Franck Seuret. Journaliste Ă©co-social et documentariste. SpĂ©cialiste de la politique sociale du handicap. Magazine tĂ©lĂ©chargeable en ligne tous les 2 mois (format PDF) AccĂšs Ă  tous les articles du site internet. Guides pratiques Ă  tĂ©lĂ©charger.
L’autisme et la pubertĂ© peuvent ĂȘtre une pĂ©riode trĂšs dĂ©routante pour les enfants et les parents. Outre les changements hormonaux et corporels, l’adolescence s’accompagne de nombreux changements Ă©motionnels et sociaux qui peuvent ĂȘtre particuliĂšrement oppressants et difficiles pour les enfants atteints d’autisme. Les difficultĂ©s de communication, l’incapacitĂ© d’exprimer ses Ă©motions et de comprendre les Ă©motions des autres, les troubles sensoriels, la difficultĂ© avec les transitions, la gestion insuffisante des impulsions et les problĂšmes d’autorĂ©gulation sont autant de luttes courantes pour les enfants autistes. Ces dĂ©fis ont tendance Ă  devenir plus Ă©vidents pendant l’adolescence et au-delĂ . Avec un peu de planification et de prĂ©paration, mais aussi beaucoup de patience et de comprĂ©hension, l’autisme et la pubertĂ© peuvent ĂȘtre gĂ©rĂ©s. Retrouvez nos conseils et idĂ©es pour aider Ă  rendre cette transition de l’enfance Ă  l’ñge adulte plus facile pour vos enfants et pour vous, parents ! Ce que les parents doivent savoir
 Ça ne sera pas facile À l’approche de la pubertĂ©, repensez Ă  votre propre expĂ©rience d’adolescent. C’était assez compliquĂ©, non ? Vos hormones faisaient rage, votre corps changeait et vous ressentiez probablement comme des montagnes russes Ă©motionnelles la plupart du temps. Maintenant, imaginez ce que ce serait de vivre tous ces changements en tant que personne autiste qui trouve dĂ©jĂ  le monde confus et bouleversant. La prĂ©paration de cette pĂ©riode est la clĂ© Comme pour tout ce qui a trait Ă  l’autisme, plus vous ĂȘtes prĂ©parĂ©, mieux c’est. Prenez le temps de penser Ă  cette pĂ©riode qu’est l’adolescence et d’envisager les consĂ©quences de la pubertĂ© sur votre enfant, mettez en place des routines qui faciliteront les choses. Discutez avec vos mĂ©decins, thĂ©rapeutes et enseignants de votre enfant pour avoir des idĂ©es et mettre ainsi en place des stratĂ©gies d’adaptation. C’est dĂšs Ă  prĂ©sent et le plus tĂŽt possible qu’il faut commencer Ă  prĂ©parer votre enfant aux changements dont il fera l’expĂ©rience ! RĂ©flĂ©chissez Ă  toutes les tĂąches quotidiennes de votre enfant, Ă  toutes ses habitudes et stratĂ©gies d’autorĂ©gulation, puis dĂ©terminez si ces comportements seront appropriĂ©s Ă  mesure que votre enfant grandira. Se dĂ©shabiller en public, parler de sujets inappropriĂ©s, toucher les autres sont tous des exemples de comportements qui peuvent devenir problĂ©matiques au fil du temps. Plus tĂŽt vous romprez avec ces habitudes, mieux ce sera. >> À lire 10 conseils pour parler de la pubertĂ© avec son enfant Il y aura des sautes d’humeur
 Si votre enfant a des troubles du spectre de l’autisme et a dĂ©jĂ  des problĂšmes d’humeur ou de comportement agressif, il est fort probable que vous constatiez une augmentation de ces comportements Ă  l’adolescence. Ne paniquez pas si votre enfant rĂ©gresse ! Rappelez-vous que bon nombre des comportements de votre enfant sont normaux et se dissiperont une fois que ses hormones auront Ă©tĂ© stabilisĂ©es. Les sensibilitĂ©s sensorielles peuvent compliquer les choses Si votre enfant souffre de troubles du traitement sensoriel ou est sensible Ă  certains stimuli, vous pouvez prĂ©venir les diffĂ©rentes sensations qu’il pourra rencontrer lorsqu’il sera adolescent en l’exposant Ă  diffĂ©rentes sensations bien avant la pubertĂ© afin de le prĂ©parer et d’éviter une surcharge sensorielle. Pour les garçons, envisagez d’acheter un rasoir sans lame pour jouer et laissez-les faire l’expĂ©rience de faire mousser leur visage avec de la crĂšme Ă  raser et de faire semblant de se raser. Les filles pourront Ă©galement essayer des protĂšge-slips fins, et progresser petit Ă  petit vers des serviettes hygiĂ©niques plus grandes et plus Ă©paisses. >> À lire Ado et autisme, des vĂȘtements pour se sentir bien ! Maintenir le dialogue Bien que cela puisse sembler gĂȘnant au dĂ©but, il est important de maintenir un dialogue ouvert et honnĂȘte avec votre enfant. La pubertĂ© peut ĂȘtre extrĂȘmement dĂ©routante pour tous les enfants, encore plus pour un enfant avec des troubles du spectre de l’autisme. Il est trĂšs important que votre enfant puisse vous faire confiance et qu’il puisse vous poser des questions sans jugement. N’oubliez pas d’utiliser une terminologie appropriĂ©e et d’ĂȘtre trĂšs littĂ©ral dans ce que vous dites et expliquez. Lorsque vous discutez de la pubertĂ© avec votre enfant, il est important de le rassurer sur ces changements qui vont se produire et sur le fait qu’ils sont complĂštement normaux. Racontez Ă  votre enfant certaines de vos propres expĂ©riences et comment vous les avez traitĂ©es. Essayez de les dire de façon simple et amusante. Cela est particuliĂšrement important pour les enfants atteints en plus d’un trouble anxieux. >> À lire Adolescence et handicap, la pubertĂ© Lui Ă©crire des scĂ©narios sociaux Le but des scĂ©narios sociaux est que l’enfant puisse s’entraĂźner Ă  rĂ©pĂ©ter un scĂ©nario prĂ©cis afin qu’il soit prĂȘt une fois que la situation dĂ©crite se produira. Cela peut ĂȘtre une excellente stratĂ©gie pour prĂ©parer votre enfant Ă  cette pĂ©riode de pubertĂ© et pour dĂ©finir avec lui les comportements appropriĂ©s ou non. Ayez des attentes claires avec votre enfant. Les personnes ayant des troubles du spectre de l’autisme ne peuvent pas toujours saisir les nuances des rĂšgles sociales. Leur fournir une liste de choses Ă  Ă©viter est souvent une option beaucoup plus simple pour tout le monde. Lui accorder plus d’autonomie et d’indĂ©pendance L’adolescence est une pĂ©riode au cours de laquelle les enfants commencent Ă  repousser leurs limites. Quelle que soit la situation de votre enfant par rapport Ă  ses amis, la rĂ©alitĂ© est qu’il doit Ă©tablir une forme d’indĂ©pendance par rapport Ă  ses parents. Soyez proactif et trouvez des moyens d’encourager et de faciliter l’indĂ©pendance autant que possible pour Ă©viter les luttes de pouvoir. L’hygiĂšne chez l’adolescent L’hygiĂšne personnelle est gĂ©nĂ©ralement le domaine dans lequel les parents se dĂ©battent le plus, que les enfants aient des troubles du spectre de l’autisme ou pas, d’ailleurs. Que votre enfant cesse de prendre sa douche en raison de problĂšmes de traitement sensoriel ou parce qu’il ne voit pas le problĂšme de ne pas se doucher, un manque d’hygiĂšne peut vite devenir problĂ©matique une fois l’adolescence venue
 Enseignez l’hygiĂšne personnelle dĂšs le plus jeune Ăąge et utilisez des calendriers visuels pour vous assurer que votre enfant se souvient de se brosser les dents et de se doucher tous les jours. Pensez Ă  utiliser les tableaux de rĂ©compense si nĂ©cessaire ! En ce qui concerne les filles, l’une des plus grandes craintes des parents est de savoir comment leurs adolescentes vont pouvoir gĂ©rer les pĂ©riodes de menstruations. Cela peut ĂȘtre particuliĂšrement difficile avec des enfants qui ont un retard mental, des problĂšmes d’hygiĂšne personnelle, ou qui ont des retards moteurs. Pourquoi ne pas opter pour des sous-vĂȘtements spĂ©cifiques ou ceux pour l’incontinence ? Le but est d’ĂȘtre crĂ©atif et de penser Ă  d’autres moyens de relever les dĂ©fis auxquels votre enfant est confrontĂ© pour rendre les choses plus faciles Ă  gĂ©rer. >> À lire Autisme et handicap, la pubertĂ© chez les filles C’est votre enfant qui traverse une pĂ©riode difficile, pas vous On a souvent l’impression que l’autisme et la pubertĂ© sont plus difficiles pour les parents ou les personnes qui s’occupent de l’enfant, mais l’adolescence est encore pire pour celui qui la vit. Il est important de faire preuve de compassion dans cette pĂ©riode oĂč votre enfant rencontre des difficultĂ©s. Nourrir l’estime de soi de votre enfant L’adolescence peut ĂȘtre une pĂ©riode trĂšs agitĂ©e pour tous les enfants, encore plus pour les enfants ayant des troubles du spectre de l’autisme. Les hormones et les changements corporels mis Ă  part, l’adolescence est un moment oĂč les diffĂ©rences entre les enfants deviennent plus apparentes. Votre enfant peut devenir plus conscient de sa diffĂ©rence et avoir de la difficultĂ© Ă  nouer et Ă  entretenir des amitiĂ©s. Les enfants peuvent alors ĂȘtre cruels et, quelle que soit la difficultĂ© de votre enfant, il est extrĂȘmement important que vous crĂ©iez un environnement sĂ»r oĂč il puisse ĂȘtre lui-mĂȘme. Bien que votre rĂŽle soit avant tout d’ĂȘtre le parent de votre enfant, vous devez savoir quand vous devez ĂȘtre son ami. L’autisme peut ĂȘtre extrĂȘmement dĂ©routant et isolant. Avoir un parent qui le supporte chaque jour Ă  la maison dans ses questionnements peut faire beaucoup pour que votre enfant se sente aimĂ© et en sĂ©curitĂ©. Rappelez Ă  votre enfant ses points forts, encouragez-le Ă  participer Ă  des activitĂ©s parascolaires avec des enfants qui partagent les mĂȘmes idĂ©es. Éloignez-le donc de toute situation dans laquelle il n’est pas traitĂ© de maniĂšre Ă©quitable et donnez-lui toutes les cartes en main pour qu’il se construise positivement une estime de soi. Prendre soin de soi en tant que parents ! Prendre soin de soi n’est pas Ă©goĂŻste, c’est mĂȘme nĂ©cessaire. Tous les parents ont besoin de pouvoir recharger leurs batteries de temps en temps, et lorsque votre enfant a un trouble neurodĂ©veloppemental tel que l’autisme, c’est plus important que jamais. Lorsque vous prenez du temps pour vous, pour rĂ©pondre Ă  vos propres besoins Ă©motionnels et physiques en prioritĂ©, vous ĂȘtes beaucoup plus prĂ©sent, beaucoup plus patient pour gĂ©rer l’autisme de votre enfant et sa pubertĂ© ! Ce n’est pas seulement bĂ©nĂ©fique pour vous, mais c’est surtout bĂ©nĂ©fique pour ceux que vous aimez ! Des outils pour l’aider Ă  aborder l’adolescence IdĂ©omodule ado-adultes L’idĂ©omodule ado-adulte est un outil de communication complet et magnĂ©tique dĂ©diĂ© Ă  rĂ©pondre aux besoins et enjeux du quotidien des adolescents et des adultes. Pour crĂ©er des sĂ©quences et des scĂ©narios sociaux, afficher l’horaire de la journĂ©e ou de la semaine
 IdĂ©al donc pour les adolescents et adultes, particuliĂšrement ceux atteints d’un TSA Troubles du Spectre Autistique, dĂ©ficience intellectuelle, ou tout autre difficultĂ© langagiĂšre ou sociale. >> À dĂ©couvrir aussi La sĂ©quence d’hygiĂšne menstruelle avec Boardmaker Blobs des Ă©motions et relations sociales Ces cartes explorent les Ă©motions Ă  travers des groupes de blobs en interaction. Des expressions faciales simples et un langage corporel codifiĂ© permettent des interprĂ©tations poussĂ©es de scĂšnes trĂšs simples, mais extrĂȘmement riches en sens servant de base pour la gestion des relations avec autrui. Socialement gĂ©nial ! Être socialement gĂ©nial, c’est trĂšs cool » ! Ce petit guide prĂ©sente des trucs et astuces pour acquĂ©rir de l’assurance dans les relations sociales. Plusieurs chapitres la communication, les Ă©motions, la collaboration, la gestion des conflits, l’affirmation de soi. DĂ©couvrez notre sĂ©lection pour les troubles du spectre de l’autisme Comment avez-vous ou comptez-vous aborder la pubertĂ© avec votre enfant autiste ? Allez-vous utilisez nos conseils ou avez-vous d’autre idĂ©es et supports pour leur en parler ? Dites-le nous en commentaires ! PubliĂ© le 4 juin 2019, mis Ă  jour le 28 janvier 2022

Ons’est demandĂ© comment on pouvait les aider et on a organisĂ© un groupe de parole entre parents valides et handicapĂ©s pour Ă©changer. De fil en aiguille, on s’est dit qu’on pouvait peut-ĂȘtre intervenir avant la naissance du bĂ©bĂ© et avec l’aide de Michel SoulĂ©, on a créé un service avec une prise en charge spĂ©cifique qui a vu officiellement le jour en aoĂ»t 2010.

Depuis le 1er janvier, les parents handicapĂ©s peuvent bĂ©nĂ©ficier d’un forfait d’aides humaines et d’aides techniques s’ils ont droit Ă  la PCH et que leur enfant a moins de 8 ans. Mais le Collectif handicaps regrette le manque d’ambition de ce dispositif. 2021 sera l’an I de la PCH parentalitĂ©. Un dĂ©cret paru au journal officiel le 1er janvier ouvre le bĂ©nĂ©fice de la prestation de compensation du handicap PCH aux besoins liĂ©s Ă  l’exercice de la parentalitĂ© des personnes handicapĂ©es ». Un arrĂȘtĂ© paru quelques jours plus tĂŽt avait fixĂ© les montants attribuables. La PCH parentalitĂ© se compose de deux forfaits, aides humaines et aides techniques. Qui peut prĂ©tendre Ă  ces deux forfaits ? Pour bĂ©nĂ©ficier du forfait aides humaines, vous devez dĂ©jĂ  ĂȘtre allocataire du volet aides humaines de la PCH ou remplir les conditions y ouvrant droit. Pour le forfait aides techniques, il suffit d’ĂȘtre Ă©ligible Ă  la PCH et pas impĂ©rativement Ă  son volet aides humaines. Et dans les deux cas, il faut, en plus, ĂȘtre parent d’un enfant ĂągĂ© de moins de 8 ans. À naĂźtre. Ou dĂ©jĂ  nĂ© avant la crĂ©ation de ce forfait. Quel montant de la prestation pour les aides humaines ? Le versement du forfait aides humaines s’arrĂȘtera au 7e anniversaire de l’enfant. Tous les parents remplissant les conditions ci-dessus ont droit au mĂȘme forfait. 30 heures par mois lorsque l’enfant a moins de 3 ans ; 15 heures lorsqu’il a entre 3 et 7 ans, prĂ©cise le dĂ©cret. Et si l’allocataire l’élĂšve seul, alors il bĂ©nĂ©ficie de 50 % en plus. Chaque heure sera valorisĂ©e Ă  hauteur de 30 €, selon l’arrĂȘtĂ© du 17 dĂ©cembre 2020. ConcrĂštement, le Conseil dĂ©partemental versera donc au parent en couple 900 € par mois, jusqu’au 3e anniversaire de l’enfant. Puis 450 €, jusqu’à son 8e. Et s’il vit seul, respectivement 1 350 € et 675 €. À quoi pourra servir le forfait aides humaines ? Les parents seront libres d’utiliser ce forfait pour financer toute dĂ©pense d’accompagnement de la parentalitĂ© salariĂ©e Ă  domicile, technicienne d’intervention sociale et familiale, dĂ©dommagement d’un aidant familial y compris le conjoint, mĂšre, frĂšre
. Le paiement de la crĂšche ne rentre pas dans le cadre d’une PCH aide humaine, prĂ©cise le cabinet de Sophie Cluzel. Le code de l’action sociale et des familles prĂ©voit par ailleurs qu’en cas de compensation de SĂ©curitĂ© sociale sur les mĂȘmes dĂ©penses ici, le complĂ©ment mode de garde par la Caf, le montant de la PCH est diminuĂ©. » En clair, si le coĂ»t de revient du salariĂ©e Ă  domicile, une fois dĂ©duit l’aide de la Caf et le crĂ©dit d’impĂŽt, s’élĂšve Ă  500 €, votre forfait aide humaine ne dĂ©passera pas ce montant. À moins que vous augmentiez ses plages d’intervention. Quel montant de la prestation pour les aides techniques ? Chaque parent allocataire de la PCH bĂ©nĂ©ficiera d’un montant forfaitaire 1 400 € Ă  la naissance de l’enfant ; 1 200 € Ă  son 3e anniversaire ; puis 1 000 € au 6e. Ce forfait est totalement indĂ©pendant de l’enveloppe aides techniques de 3 960 € sur trois ans, auquel peuvent prĂ©tendre tous les titulaires de la PCH. Le dĂ©partement contrĂŽlera-t-il l’emploi du forfait aides humaines ? S’agissant d’une compensation forfaitaire ajoutĂ©e au plan de compensation individuel existant, le contrĂŽle des dĂ©partements consiste Ă  vĂ©rifier si les conditions d’attribution de la prestation de compensation sont ou restent rĂ©unies, souligne le cabinet de Sophie Cluzel. Soit ici le fait d’avoir des enfants. C’est la mĂȘme rĂšgle que pour les forfaits cĂ©citĂ©/surditĂ©. » Ce forfait n’est pas soumis Ă  contrĂŽle d’effectivitĂ© », confirme Dominique Lagrange, le prĂ©sident de l’association des directeurs de MDPH. Et le forfait aides techniques ? Non, il n’y aura pas de contrĂŽle de l’emploi du forfait, assure le cabinet de Sophie Cluzel. Et de renvoyer au nouvel article Les parents bĂ©nĂ©ficiaires de la PCH sont considĂ©rĂ©s comme remplissant les conditions qui permettent l’attribution et le maintien de l’élĂ©ment de la prestation liĂ© Ă  un besoin d’aides techniques liĂ© Ă  l’exercice de la parentalitĂ© ». Quelles dĂ©marches pour bĂ©nĂ©ficier de la PCH parentalitĂ© ? Un arrĂȘtĂ© prĂ©cisera les piĂšces Ă  fournir Ă  la MDPH ©CD29 – F. Betermin Le projet de dĂ©cret prĂ©voyait que les personnes ayant un droit ouvert Ă  la PCH au 1er janvier 2021 pourraient solliciter le forfait simplement en transmettant l’acte de naissance de leur enfant Ă  la MDPH. Sans qu’il soit nĂ©cessaire de dĂ©poser un nouveau formulaire de demande. Mais cette mesure de simplification ne figure pas dans le dĂ©cret paru au Journal officiel. Un arrĂȘtĂ© est en prĂ©paration sur le seul certificat de naissance Ă  produire » pour bĂ©nĂ©ficier de la PCH parentalitĂ©, prĂ©cise le cabinet de Sophie Cluzel. En attendant cet arrĂȘtĂ©, contactez votre MDPH pour savoir quelles dĂ©marches elle exige. Si la personne est dĂ©jĂ  bĂ©nĂ©ficiaire d’une PCH, l’attribution du forfait ira vite, assure Dominique Lagrange, le prĂ©sident de l’association des directeurs de MDPH. LĂ  oĂč il peut y avoir un problĂšme, dans certaines MDPH, c’est au niveau du traitement informatique des demandes. Il faut en effet pouvoir crĂ©er cette prestation au niveau du logiciel. Ce qui peut prendre plus ou moins de temps. Mais en cas de retard, le paiement sera rĂ©troactif Ă  compter de la date de demande *. » Actualisation du 16 fĂ©vrier 2021 la CNSA a mis en ligne, sur son site, la procĂ©dure pour la PCH parentalitĂ©. Le parent peut faire sa demande avant la naissance avant la date anniversaire de l’enfant et jusqu’à 6 mois aprĂšs la naissance ou le 3e ou le 6e anniversaire. Il adressera Ă  sa MDPH sa demande sur papier libre. Il peut aussi utiliser formulaire de demande d’aide Ă  la MDPH Cerfa 15692*01 en remplissant le champ libre de la partie Les attentes pour compenser la situation de handicap ». Il doit y joindre un certificat de naissance, mais pas la photocopie du livret de famille. Un formulaire simplifiĂ© sera disponible courant mars 2021. Et si vous avez plusieurs enfants ĂągĂ©s de 0 Ă  7 ans ? Vous ne toucherez pas autant de fois le forfait aides humaines que vous avez d’enfants ĂągĂ©s de moins de 8 ans. Le nombre d’heures accordĂ©es correspondra au besoin reconnu pour le plus jeune des enfants », prĂ©cise l’arrĂȘtĂ©. Et si des jumeaux naissent, un seul forfait sera attribuĂ©. En revanche, vous aurez le droit au versement du forfait aides techniques pour chaque enfant. Y compris en cas de naissance multiple. Quid quand les deux parents sont allocataires de la PCH ? L’aide humaine intervient en soutien du parent, souligne le cabinet de Sophie Cluzel. Quant Ă  l’aide technique, elle vise Ă  assurer l’adaptation de l’équipement du foyer, notamment du matĂ©riel de puĂ©riculture. Elle est versĂ©e pour chaque enfant. » Conclusion chaque parent allocataire de la PCH aura droit au forfait aides humaines. Mais un seul forfait aides techniques sera attribuĂ©, Ă  la naissance, aux 3 ans et aux 6 ans. * Mais les droits ne pourront pas ĂȘtre ouverts avant le 1er janvier date rĂšglementaire d’entrĂ©e en vigueur de ce nouvel Ă©lĂ©ment de la PCH. Les associations déçues Dans un communiquĂ©, publiĂ© le 5 janvier, le Collectif handicaps dĂ©plore le manque d’ambition de ce nouveau droit ». Il regrette que la PCH parentalitĂ© ne soit pas individualisĂ©e. Elle ne couvrira donc pas l’ensemble des besoins de certains parents. De plus, en rĂ©servant l’aide Ă  la parentalitĂ© aux personnes ayant droit Ă  la PCH, ce dĂ©cret exclut celles en situation de handicap mental, cognitif ou psychiques qui, Ă  ce jour, y restent majoritairement non, ou peu, Ă©ligible ». Enfin, le Collectif s’interroge sur l’effectivitĂ© du droit en 2021. À partir de 2022, la future branche autonomie, gĂ©rĂ©e par la CNSA, accordera une rallonge aux dĂ©partements pour compenser le coĂ»t des forfaits parentalitĂ©. Ces derniers ont en effet la responsabilitĂ© de verser la PCH. Mais en 2021, ils devront faire l’avance. Ce qui laisse peser certains doutes sur l’effectivitĂ© du droit dans l’ensemble des dĂ©partements », s’inquiĂšte le Collectif handicaps. Nous sommes en lien avec eux en ce sens », veut rassurer le cabinet de Sophie Cluzel. JR5OoR0.